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Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XXXII. Un prodige le détermine à passer ce fleuve
(1) Il
hésitait; un prodige
le détermina. (2) Un homme d'une
taille et d'une beauté remarquables apparut
tout à coup, assis à peu de distance
et jouant du chalumeau. Des bergers et
de
très nombreux
soldats des postes voisins, parmi lesquels il y
avait des trompettes, accoururent pour l'entendre.
Il saisit l'instrument d'un de ces derniers,
s'élança vers le fleuve, et, tirant
d'énergiques accents de cette trompette
guerrière, il se dirigea vers l'autre
rive. (3) "Allons, dit
alors César, allons où nous appellent
les
signes des dieux
et l'injustice de nos ennemis: le sort en est
jeté!" (1)
Cunctanti ostentum tale factum est. (2)
Quidam eximia magnitudine et forma in proximo
sedens repente apparuit harundine canens; ad quem
audiendum cum praeter pastores plurimi etiam ex
stationibus milites concurrissent interque eos et
aeneatores, rapta ab uno tuba prosiliuit ad flumen
et ingenti spiritu classicum exorsus pertendit ad
alteram ripam. (3)
Tunc Caesar: "Eatur," inquit, "quo deorum ostenta
et inimicorum iniquitas uocat. Iacta alea est,"
inquit.
CommentaireProdige : cf. R. Bloch, Les prodiges dans l'antiquité classique (Grèce, Étrurie, Rome), Paris, 1963 (Coll. Mythes et religions). Suétone est le seul à rapporter cette apparition de l'homme au chalumeau qui s'empare d'une trompette et passe sur l'autre rive du fleuve : rien de cela ne se trouve chez Plutarque, pas plus que chez Appien, ce qui amène J. Gascou à faire ce commentaire : « On peut exclure que ce récit soit une invention pure et simple de Suétone : notre auteur est capable de combiner des sources multiples ou de faire un choix dans les différentes versions que lui livrent ses sources, mais il n'est pas dans ses habitudes de faire uvre de faussaire et de puiser dans sa propre imagination pour embellir l'histoire. Nous serions tenté de supposer que ce prodige remonte à un ouvrage de propagande pro-césarienne dans la mesure où selon cette version, César se trouve absous de l'initiative du franchissement du Rubicon ; il se contente d'obéir au signal de la divinité » (Suétone historien, Paris, 1984, Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 152, p.22-23). Il faut signaler que J. Gascou consacre tout son premier chapitre (p.9-172) aux sources utilisées par Suétone dans son récit de la guerre civile.