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Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XXV. Ses expéditions militaires
(1) Voici, en peu de
mots, ce qu'il fit pendant les neuf
années
que dura son commandement. (2) Toute la Gaule
comprise entre les Pyrénées, les
Alpes, les Cévennes, le Rhône et le
Rhin, c'est-à-dire dans un
périmètre de quelque
trois
millions deux cent
mille pas, il
la réduisit
en province
romaine, à l'exception des villes
alliées et de celles qui avaient bien
mérité de Rome,
et il imposa au pays conquis un tribut annuel de
quarante millions de sesterces. (3) Il est le premier
des Romains qui, après avoir jeté un
pont
sur le Rhin,
ait attaqué les Germains au-delà de
ce fleuve, et qui leur
ait infligé de lourdes
défaites. (4) Il attaqua aussi
les Bretons,
jusqu'alors inconnus, les vainquit, et en exigea
des contributions et des otages. Au milieu de tant
de succès, il n'éprouva que trois
revers: l'un en Bretagne, où une
violente
tempête
faillit détruire sa flotte; un autre en
Gaule, devant Gergovie,
où une légion fut
mise en déroute; et
le troisième sur le territoire des Germains,
où ses lieutenants Titurius
et Aurunculeius
périrent dans une embuscade. (1)
Gessit autem nouem annis, quibus in imperio fuit,
haec fere. (2)
Omnem Galliam, quae saltu Pyrenaeo Alpibusque et
monte Cebenna, fluminibus Rheno ac Rhodano
continetur patetque circuitu ad bis et tricies
centum milia passuum, praeter socias ac bene
meritas ciuitates in prouinciae formam redegit,
eique [[CCCC]] in singulos annos
stipendii nomine inposuit. (3)
Germanos, qui trans Rhenum incolunt, primus
Romanorum ponte fabricato adgressus maximis adfecit
cladibus. (4)
Adgressus est et Britannos ignotos antea
superatisque pecunias et obsides imperauit; per tot
successus ter nec amplius aduersum casum expertus:
in Britannia classe ui tempestatis prope absumpta
et in Gallia ad Gergouiam legione fusa et in
Germanorum finibus Titurio et Aurunculeio legatis
per insidias caesis.
CommentaireTrois millions deux cent mille pas : environ 4730 km.
Réduisit en province : cela signifie concrètement que le territoire conquis est soumis au tribut. La Gaule semble être devenue province romaine en 51 a.C. selon Salluste (Histoires, fr. I, 11 : « Ser. Sulpicio et M. Marcello consulibus omni Gallia cis Rhenum atque inter mare nostrum et Oceanum, nisi qua paludibus invia fuit, perdomita ». Dans un premier temps, les régions conquises par César ont été rattachées à la Narbonnaise.
Villes alliées et qui avaient bien mérité : il s'agit des Rèmes, des Éduens et probablement des Lingons (cf. C. Jullian, Histoire de la Gaule, III. La conquête romaine et les premières invasions germaniques, 5e éd. Paris, 1931, p.570, n.5).
Pont sur le Rhin : construit en 55. César décrit avec précision la manière dont ce pont a été construit dans sa Guerre des Gaules, IV, 17.
Bretons : César a mené deux expéditions contre les Bretons, en 55 et en 54, sans grand succès. « La brève expérience de César, si défectueuse qu'elle ait été, avait eu du moins le mérite d'inscrire la Bretagne parmi les objectifs immédiats de la politique romaine, de la faire entrer officiellement dans la pensée impériale, et de perfectionner les notions encore élémentaires et souvent erronées (comme la rigueur excessive attribuée à son climat) relatives à ce pays. Surtout il avait démontré que cette île était aaccessible à des vaisseaux romains » (L. Harmand, L'Occident romain. Gaule - Espagne - Bretagne - Afrique du Nord (31 av. J.C. à 255 ap. J.C.), Paris, 1970, p.152). Récit des deux expéditions : Guerre des Gaules, IV, 20 - 36 ; V, 8 - 23.
Tempête : César a essuyé deux tempêtes en Bretagne (cf. Guerre des Gaules, IV, 28 ; V, 10). C'est lors de la seconde, en 54, que sa flotte a le plus souffert.
Gergovie : oppidum des Arvernes, non loin de Clermont-Ferrand. Vercingétorix défend victorieusement sa forteresse contre César en 52. Cf. Guerre des Gaules, VII, 34 - 52.
Q. Titurius Sabinus, L. Aurunculeius Cotta : légats commandant les troupes placées pour leurs quartiers d'hiver chez les Éburons, en 54, après la seconde invasion de la Bretagne (Guerre des Gaules, V, 24). Les troupes sont à peine installées que les Éburons, sous la conduite d'Ambiorix se révoltent. Titurius Sabinus est tué par traîtrise alors qu'il discute avec Ambiorix ; Aurunculeius, déjà blessé, meurt peu après (Guerre des Gaules, V, 37).