Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS
Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XVII. Il est nommé comme complice de Catilina
(1) D'autres embarras
ne tardèrent pas à l'assaillir: il
fut nommé parmi les complices de Catilina,
devant le questeur Novius
Niger, par
le
délateur Lucius
Vettius,
et dans le
sénat, par Quintus
Curius,
à qui l'on avait décerné des
récompenses publiques pour avoir
révélé le premier les projets
des conjurés. (2) Curius
prétendait tenir de Catilina ce qu'il
avançait. Vettius s'engageait à
produire
un billet écrit par César à
Catilina. (3) César ne
crut pas devoir souffrir ces attaques; il implora
le témoignage de Cicéron, pour
prouver qu'il lui avait, de son plein gré,
transmis certains détails sur la
conjuration; et il
fit priver Curius
des récompenses qu'on lui avait promises.
Quant
à Vettius, dont on saisit les
biens, dont on
pilla les meubles, dont on maltraita la personne,
et qui enfin fut près d'être mis en
pièces en pleine assemblée, au pied
de la tribune, César le fit jeter en prison.
Il y fit conduire aussi le questeur Novius, pour
avoir souffert qu'on accusât à son
tribunal un magistrat supérieur à
lui
en
autorité. (1)
Recidit rursus in discrimen aliud inter socios
Catilinae nominatus et apud Nouium Nigrum
quaestorem a Lucio Vettio indice et in senatu a
Quinto Curio, cui, quod primus consilia
coniuratorum detexerat, constituta erant publice
praemia. (2)
Curius e Catilina se cognouisse dicebat, Vettius
etiam chirographum eius Catilinae datum
pollicebatur. (3)
Id uero Caesar nullo modo tolerandum existimans,
cum inplorato Ciceronis testimonio quaedam se de
coniuratione ultro ad eum detulisse docuisset, ne
Curio praemia darentur effecit; Vettium pignoribus
captis et direpta supellectile male mulcatum ac pro
rostris in contione paene discerptum coiecit in
carcerem; eodem Nouium quaestorem, quod compellari
apud se maiorem potestatem passus esset.
CommentaireL. Novius Niger : tous les manuscrits de Suétone accolent au nom de Novius Niger le titre de « questeur », et à deux reprises dans ce chapitre (§ 1 et 3). Le difficulté vient de ce que les questeurs, en principe, n'ont pas de pouvoirs judiciaires : la plupart des commentateurs pensent donc que Novius n'était pas un quaestor, mais un quaesitor, c'est-à-dire un président de jury. Voir cependant Fr.-X. Ryan, L. Novius Niger, dans Classica et Mediaevalia, 46, 1995, p.151-156 qui défend le texte de Suétone, ne voyant pas d'objection décisive à ce que Novius, questeur, ait reçu la dénonciation de L. Vettius.
L. Vettius : « un espion de bas étage » (J. Carcopino, Histoire romaine, II. La République romaine, II. César, 4e éd., Paris, 1950, p.731). Ce chevalier romain, d'abord partisan de Catilina, passe dans l'autre camp et sert d'informateur, notamment à Cicéron. Il sera, en 59, au centre d'une sombre affaire de prétendue tentative d'assassinat sur la personne de Pompée qui le conduira à la prison et à la mort (cf. J. Carcopino, op.cit., p.730-731). Voir W.C. Mc Dermott, Vettius ille, ille noster index, dans Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 80, 1949, p.351-367.
Q. Curius : questeur en 71 ( ?), chassé du Sénat en 70. Rallié à Catilina, Curius est trop bavard et confie à sa maîtresse Fulvie l'existence du complot qui se trame contre la République : celle-ci s'empresse de prévenir Cicéron (cf. Salluste, Catilina, 23).
Autorité: tous les magistrats romains posèdent une potestas, autorité qui leur permet d'agir dans le domaine civil (les consuls et les préteurs possèdent en plus un imperium, pouvoir militaire et judiciaire). Ces magistrats sont rangés dans un ordre hiérarchique, ce qui fait qu'un magistrat jouissant d'une par majorve potestas (puissance égale ou supérieure) peut s'opposer à un collègue égal ou inférieur mais l'inverse, comme dans le cas présent (un questeur ou un quaesitor acceptant une plainte contre un préteur), n'est pas permis.