Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS
Suétone (généralités)
Vie d'Auguste (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
LXV. Ses chagrins de famille. Les Julies. Agrippa
(1) Mais la fortune vint
troubler la confiance et la joie que lui inspiraient ses
enfants et la bonne tenue de sa maison. (2) Il exila les deux
Julies, sa fille et sa petite-fille, qui s'étaient
souillées de toutes sortes d'opprobres. Caius et Lucius
lui furent enlevés dans l'espace de dix-huit mois, le
premier en Lycie, le second à Marseille. (3) Alors il
adopta dans le Forum, (4) Plus sensible au
déshonneur qu'à la perte des siens, Auguste ne
fut pas entièrement abattu par la fin de Caius et de
Lucius; mais il instruisit le sénat des motifs de sa
conduite envers sa fille par un mémoire qu'il donna
à lire au questeur en son absence. La honte le tint
longtemps éloigné du commerce des hommes. Il alla
jusqu'à délibérer s'il ne ferait pas tuer
sa fille. (5) Ce qu'il y a de certain, c'est que, vers le
même temps, une de ses complices, une affranchie,
nommé Phoebé, s'étant pendue, il dit qu'il
aimerait mieux être le père de Phoebé. (6)
Il interdit à sa fille exilée l'usage du vin, et
toutes les recherches d'une vie délicate. Il ne souffrit
qu'aucun homme ou libre ou esclave, lui rendît visite
sans sa permission, et par conséquent sans qu'il
sût son âge, sa taille, sa couleur, tout jusqu'aux
marques et aux cicatrices de son corps. (7) Il la transporta,
cinq ans après, de son île sur le continent, et la
traita avec plus de douceur. Mais on ne put jamais obtenir
qu'il la rappelât entièrement. Comme le peuple
romain redoublait d'instances pour solliciter son retour, il
lui souhaita publiquement de telles filles et de telles
épouses. (8) Il défendit qu'on reconnût et
qu'on élevât l'enfant que sa petite-fille Julie
avait mis au jour après sa condamnation. (9) Enfin il
transféra dans une Île Agrippa, qui, loin de
s'adoucir, devenait de jour en jour plus intraitable, et
l'entoura de gardiens. Il fit même rendre un
sénatus-consulte qui le confinait à
perpétuité dans cet endroit. (10) Toutes les fois
qu'on lui parlait de lui et de l'une des Julies, il
s'écriait: " (1) Sed laetum eum atque fidentem et subole et disciplina domus Fortuna destituit. (2) Iulias, filiam et neptem, omnibus probris contaminatas relegauit; G. et L. in duodeuiginti mensium spatio amisit ambos, Gaio in Lycia, Lucio Massiliae defunctis. (3) Tertium nepotem Agrippam simulque priuignum Tiberium adoptauit in foro lege curiata; ex quibus Agrippam breui ob ingenium sordidum ac ferox abdicauit seposuitque Surrentum. (4) Aliquanto autem patientius mortem quam dedecora suorum tulit. Nam C. Lucique casu non adeo fractus, de filia absens ac libello per quaestorem recitato notum senatui fecit abstinuitque congressu hominum diu prae pudore, etiam de necanda deliberauit. (5) Certe cum sub idem tempus una ex consciis liberta Phoebe suspendio uitam finisset, maluisse se ait Phoebes patrem fuisse. (6) Relegatae usum uini omnemque delicatiorem cultum ademit neque adiri a quoquam libero seruoue nisi se consulto permisit, et ita ut certior fieret, qua is aetate, qua statura, quo colore esset, etiam quibus corporis notis uel cicatricibus. (7) Post quinquennium demum ex insula in continentem lenioribusque paulo condicionibus transtulit eam. Nam ut omnino reuocaret, exorari nullo modo potuit, deprecanti saepe p. R. et pertinacius instanti tales filias talesque coniuges pro contione inprecatus. (8) Ex nepte Iulia post damnationem editum infantem adgnosci alique uetuit. (9) Agrippam nihilo tractabiliorem, immo in dies amentiorem, in insulam transportauit saepsitque insuper custodia militum. Cauit etiam S. C. ut eodem loci in perpetuum contineretur. (10) Atque ad omnem et eius et Iuliarum mentionem ingemiscens proclamare etiam solebat: "aith ophelon agamos t'emeni agonos t'apolesthai", nec aliter eos appellare quam tris uomicas ac tria carcinomata sua.
Commentaire
[28 février
2001]