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Suétone (généralités)
Vie d'Auguste (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
LI. Sa clémence et sa douceur
(1) Il donna beaucoup
de preuves signalées de clémence et
de douceur. (2) Sans parler d'une
foule d'ennemis auxquels il pardonna, et qu'il
laissa même occuper les premiers rangs, je
citerai Junius Novatus et Cassius de Padoue, tous
deux plébéiens. Le premier avait
publié contre lui une lettre virulente sous
le nom du jeune Agrippa; le second avait hautement
déclaré, au milieu d'un festin, qu'il
ne manquait ni de courage ni de bonne
volonté pour tuer Auguste. L'empereur se
contenta de punir l'un d'une amende, et de
prononcer contre l'autre un léger
exil. (3) Dans un
procès criminel, entre autres griefs, on
reprochait à Aemilius Aelianus de Cordoue de
mal penser de l'empereur. Auguste se tournant vers
l'accusateur d'un air ému: "Prouvez-moi
cela, s'écria-t-il. J'apprendrai à
Aelianus que j'ai aussi une langue, et j'en dirai
bien plus encore sur son compte." Dès ce
moment il ne s'en occupa plus. (4) Tibère,
dans une lettre, se plaignait avec
véhémence de ce même genre de
crime. "En cela, mon cher Tibère, lui
répondit Auguste, n'écoutez point la
chaleur de votre âge, et ne vous fâchez
pas trop du mal qu'on dit de moi. C'est assez qu'on
ne puisse pas nous en faire." (1)
Clementiae ciuilitatisque eius multa et magna
documenta sunt. (2)
Ne enumerem, quot et quos diuersarum partium uenia
et incolumitate donatos principem etiam in ciuitate
locum tenere passus sit: Iunium Nouatum et Cassium
Patauinum e plebe homines alterum pecunia, alterum
leui exilio punire satis habuit, cum ille Agrippae
iuuenis nomine asperrimam de se epistulam in uulgus
edidisset, hic conuiuio pleno proclamasset neque
uotum sibi neque animum deesse confodiendi
eum. (3)Quadam
uero cognitione, cum Aemilio Aeliano Cordubensi
inter cetera crimina uel maxime obiceretur quod
male opinari de Caesare soleret, conuersus ad
accusatorem commotoque similis: "Velim," inquit,
"hoc mihi probes; faciam sciat Aelianus et me
linguam habere, plura enim de eo loquar"; nec
quicquam ultra aut statim aut postea
inquisiit. (4)
Tiberio quoque de eadem re, sed uiolentius apud se
per epistulam conquerenti ita rescripsit: "Aetati
tuae, mi Tiberi, noli in hac re indulgere et nimium
indignari quemquam esse, qui de me male loquatur;
satis est enim, si hoc habemus ne quis nobis male
facere possit."
Commentaire
[28 février 2001]