Tacite - Germanie - I à IV - Notes
origine (I 1). De origine et situ Germanorum. Ce titre est porté avec certaines variantes par la plupart des manuscrits. Juxtaposés, comme chez Trogue Pompée (LXII, prol.), ou séparés, origo /origines (en écho aux Origines de Caton l'Ancien) et surtout situs se retrouvent chez d'autres historiens, dont Tacite, lorsqu'il s'agit d'introduire des digressions ethnogaphiques. Cf. Salluste (Iug. XVII 1); Tite-Live (Per.104); Agr.X, 1; Ann. IV 33, 3; Hist. V 2, 1 (primordia). Il est permis de supposer que ce titre ait été donné par Tacite lui-même.Germanie "dans son ensemble"(I 1). L'ouvrage entre ex abrupto dans le vif du sujet sans présenter ni les intentions de l'auteur ni proposer de plan. Il est question de la Germanie libre, qui s'étend à partir de la rive droite du Rhin, et non pas des deux provinces, instituées avant 90 P.C. par Domitien, Germania inferior et Germania superior, contrées de la Gaule Belgique avoisinant la rive gauche des cours supérieur et inférieur du Rhin. D'autre part, même s'il est habituel de commencer la présentation d'un territoire en précisant ses limites naturelles (Cf. Hérodote [II 5 - 18]), Germania omnis rappelle surtout le début du De Bello Gallico I 1, 1 "Gallia est omnis diuisa"... comme si Tacite voulait s'inscrire dans la continuité littéraire de César, dont le livre VI, 21 sqq de la même oeuvre donne une information sur les Germains. Une autre citation presque littérale se trouve en IX 1. Tacite fait d'ailleurs, par la suite, une allusion flatteuse à César (Cf XXVIII 1).
Rhin (I 1). Cf. César (G. IV 10, 3-5) pour la description. Le Rhin, comme le Danube, représente une frontière plus conventionnellement admise que réelle (Cf. XXXVII 1).Tacite lui-même fait d'ailleurs diverses entorses à cette affirmation au cours de l'exposé (Cf. XXVIII 3-4; XXIX 3). César (Cf. G. I 1,1) étant le premier à avoir cité le Rhin comme frontière de la Gaule avec la Germanie, l'allusion claire que Tacite vient de faire au conquérant prend aussi une coloration historique et politique. César a certes opéré en Germanie la première incursion romaine, mais celle-ci est restée sans lendemain, de même que les expéditions de l'époque augustéenne en direction de l'Elbe annihilées en 9 par la défaite de Varus, et aussi la campagne de Germanicus interrompue en 16 par Tibère. Cf. Ann. II 5, 1; 26, 3-6. La conquête de la Bretagne à l'époque de Claude, détourna l'intérêt envers la Germanie. Cf. Agr. XIII 5. Bien plus tard, la tentative de Domitien (Cf. Agr. XLI 3) ne marqua guère d'avancée marquante. La situation est donc pratiquement au même point, au moins du côté du Rhin, à l'époque de Tacite qu'à celle de César! Le thème de la Germanie invaincue s'annonce donc d'emblée. Cf. XXXVII 2 sqq. D'autre part, la conquête d'Agrippa fit considérer les Alpes et le Danube comme limites sud de la Germanie. Puis, après la conquête des Alpes, ce fut le Danube seul. Strabon (II 5, 30; VII 1, 1) fait de ce fleuve la ligne de démarcation entre le sud et le nord de l'Europe, lequel inclut la Germanie. Les deux fleuves apparurent comme la séparation entre la civilisation de l'Empire et la barbarie. Cf. Sénèque (Quaest. I, praef. 9; VI 7, 1).
Gaule (I 1). C'est le territoire le mieux connu des lecteurs de Tacite, le plus proche de l'Italie, conquis et pacifié depuis un siècle et demi - nouvelle allusion à César-, et largement romanisé.
Rétie (I 1). Le territoire de cette province romaine, soumise par Drusus et Tibère en 16-15 A.C., couvrait leTyrol, l'Est de la Suisse et le canton des Grisons. Tacite ne mentionne pas le Norique qui séparait celle-ci de la Pannonie. Cf. XLI 1.
Pannonie (I 1). S'étendant entre le Danube et la Drave, elle comprenait l'Ouest de l'actuelle Hongrie et la Croatie. Conquise entre 35 et 9 A.C, elle devint province romaine en 9 A.C. et fut divisée en Pannonie supérieure et inférieure.
montagnes (I 1). Les Carpates.
Sarmates (I 1). Populations nomades, formées de diverses tribus et vivant entre la Vistule, le Don et la Volga. Elles venaient des steppes d'Asie Centrale et de la Russie Méridionale et parlaient une langue indo-européenne de la branche iranienne. Tacite, qui désigne probablement sous le nom de Sarmates la tribu des Jazygues, les distingue nettement des Germains. Cf. XVII 1; XLVI 1-2.
Daces (I 1). Population d'origine thrace dont le territoire correspondait aux actuelles Valachie, Transsylvanie et Moldavie. Ils entrèrent en conflit avec Rome dès l'époque de César. Trajan les soumit après sa victoire sur leur roi Décébale en 107 P.C. Cette conquête est représentée sur la colonne Trajane.
Océan (I 1). Oceanus désigne de manière générale et plutôt vague l'ensemble des mers qu'on plaçait à la limite du monde. Cf. II 1; XLIV 1. Il s'agit ici de la Mer du Nord (Cf. I 2; III 2) et de la Baltique (Cf. XLV 2 mare Suebicum). Tacite joue sur la fascination inquiétante qu'exerce depuis toujours dans l'imaginaire gréco-romain le terme Oceanus. Toutefois le fait de braver lors de la conquête de la Bretagne le vieil interdit de traverser l'Océan a magnifié la notion de l'autorité impériale qui "dépasse les bornes de l'oekoumène pour atteindre une dimension cosmique". Cf. Bajard, p.188.
péninsules (I 2). Sinus est perçu comme une avancée de la terre dans la mer, comme dans la description de la Grèce par Pline (NH IV 1). Il s'agit ici du Jutland et du Schleswig-Holstein. Ce passage est à rapprocher de Pline (NH IV 95), dont la source est Philémon, géographe grec assez obscur, dont les écrits seraient antérieurs à 40.
îles (I 2). Pline (NH IV 96) et Pomponius Méla (III 31), s'appuyant toujours sur Philémon, décrivent le Golfe de Codanus, soit la partie occidentale de la Baltique parsemée d'îles, dont la Scandinavie est, selon eux, la plus étendue.
guerre (I 2). Allusion aux expéditions de Drusus (Cf. XXXIV 2; Ann. II 8 1; Suétone, Cl. I 2 -3), de Tibère en 5 (cf. Velleius Paterculus [II 106, 3]), et de Germanicus en 16 (Ann. II 5 - 26).
récent (I 2). À prendre de manière relative si on tient compte de ce que Tacite (Cf. II 3) considère comme récente l'appellation de Germains tout en faisant allusion à des faits antérieurs à la conquête de la Gaule par César. Il peut s'agir aussi d'une allusion à Pline l'Ancien.
Rétiques (I 2). Elles s'étendent aux frontières des actuelles Italie, Suisse et Autriche et comprennent les Grisons et les régions limitrophes d'Italie.
la Mer du Nord (I 2). Elle est désignée ici par Oceanus septentrionalis.
Le Danube (I 2). Cette phrase rappelle Pline l'Ancien (NH IV 79), source importante de Tacite pour la composition de la Germanie. Cf. Perret p. 12 sv.
six (I 2). Ce nombre fut discuté dans l'Antiquité. Les Grecs, à la suite d'Hérodote (IV 47, 2), parlent en général de cinq embouchures, les Romains de sept. Cf. Ovide (Tr. II 189); Pline (NH IV 79).
autochtones (II 1). La question de savoir si un peuple est autochtone, immigré ou métissé est conventionnelle dans l'ethnographie ancienne. Cf. Hérodote (I 171, 2 et 4); Salluste (Iug. XVII -XVIII); Agr. XI 1. Selon Rives (p.107), Tacite nie surtout tout lien avec des peuples méditerranéens et voudrait répondre à des théories d'érudits qui tentaient d'introduire les Germains dans les généalogies mythologiques grecques en les identifiant comme les descendants de l'un ou l'autre héros (III 1). L'uniformité du type physique (IV) confirmera la conviction de Tacite, même si, plus loin, il fait allusion à des mouvements de populations à partir de la Germanie vers la Gaule (II 3), et vice-versa (XXVIII 1 - 3).
notre monde (II 1). Les contrées familières ou du moins connues des Romains autour de la Méditerranée, mare nostrum. Tacite (Ann. II 62, 4) signale cependant l'établissement en Germanie de trafiquants romains dès le début du Ier siècle.
menaces (II 1). Cf. Bajard ; XXXIV 2 . Reste aussi le souvenir de la destruction par une tempête de la flotte de Germanicus. Cf. Ann. II 23-24.
hymnes (II 2). Cette poésie épique orale n'a jamais été, comme en Grèce, codifiée par une oeuvre comparable aux épopées homériques et n'a guère laissé de traces. Selon Tacite (Ann. II 88, 3), Arminius a encore été célébré de cette façon.
Tuisto (II 2). On retrouve la racine de l'allemand zwei (deux) et de l'anglais twin (jumeau): soit Tuisto serait né du ciel et de la terre, soit il serait un hermaphrodite né de la terre seule, ce qui expliquerait l'autochtonie de sa descendance.
Mannus (II 2). À rapprocher de l'allemand Mann (homme). Comme beaucoup de peuplades, les Germains ont considéré leur propre apparition sur terre comme celle de la race humaine. Les noms des fils de Mannus ne sont pas cités, mais on peut conjecturer qu'ils sont les héros éponymes de ces groupes ethniques.
Ingévons (II 2). Tacite ne tire aucun parti de cette division des peuples germaniques en trois groupes pour l'organisation de son exposé. Selon Pline (NH IV 99), les Ingévons incluent les Cimbres (XXXVII 1-2), les Teutons et les Chauques (XXXXV 1-2). L'Océan désigne ici la Mer du Nord.
Herminons (II 2). Ils incluent, selon Pline (NH IV 100), les Suèves (Cf. XXXVIII-LVI 1), les Hermundures (Cf. XLI 1), les Chattes (Cf. XXX-XXXI) et les Chérusques (Cf. XXXVI 1). Par contre, Pomponius Méla (III 32) les définit comme les populations germaniques orientales les plus proches des Sarmates. Leur nom serait à rapprocher de la racine germanique -ermin-, qui signifie "grand, puissant" (II 3)..
Istévons (II 2). La tradition de ce nom n'est pas unanime. Cf. Pline (NH IV 100).
certaines sources (II 2). Tacite fait allusion à des érudits grecs et latins. Il ne ressort pas clairement si le dieu en question est Tuisto ou Mannus.
Marses (II 2). Entre la Ruhr et la Lippe.
Gambriviens (II 2). Cités seulement par Strabon et Tacite, ils vivaient sur les bords de la Ruhr.
Suèves (II 2). Ce nom désigne un groupe de populations entre la Mer Baltique, l'Elbe, la Vistule et le Danube. Tacite aurait trop étendu leur aire (XXXVIII-XLVI 1).
Vandiliens (II 2). Ce nom n'apparaît qu'ici et dans Pline (NH IV 99), qui présente les Vandiliens comme un groupe multiethnique. Leur territoire s'étendait entre l'Oder et la Vistule.
récent (II 3). À prendre de manière relative (Cf. I 2), car l'invasion à laquelle Tacite fait allusion remonterait à environ 80 A.C.
Tongres (II 3). Population de la Gaule Belgique établie entre la Meuse et l'Escaut, dont Atuatuca (auj. Tongeren) était le centre.
Germains (II 3). Ils n'apparaissent comme groupe ethnique nord-européen, distinct des Scythes et des Celtes que vers 80 A.C. chez Posidonius (cité par Athénée IV 153 e) (Cf. Rives pp. 21 sqq), et chez les Romains au moment de la révolte des esclaves. Cf. César G. I 40, 5 . Selon Strabon (VII 1, 2), les Germains sont identiques aux Gaulois par leur aspect physique et leur mode de vie, tout en étant plus sauvages, plus grands et aussi plus blonds. Cet auteur croit que les Romains eux-mêmes ont donné ce nom aux Germains pour signifier qu'ils étaient les Gaulois authentiques, germanus ayant ce sens en latin. On trouve d'ailleurs des calembours à ce sujet dans Cicéron (Phil. XI, 14); Velleius Paterculus (II 67, 4) et Sénèque (Apoc. VI 1). D'autres étymologies, dont l'une reprend la racine -ermin- (II 2), demeurent hypothétiques. Selon certains, Germani serait la transposition latine du germain sweboz à rapprocher de Suebi (XXXIX- XLVI 1), qui signifie "de notre race, du même sang".
Hercule (III 1). C'est la première interpretatio Romana du texte sur le plan religieux (Cf. IX 1; XL 2; XLIII 3; XLV 2). Hercule/Héraclès, assimilé ailleurs à un dieu germanique (IX 1), est ici visiblement identifié avec un héros, probablement Béowulph, lui aussi destructeur de monstres. La tradition mythologique grecque mettait Héraclès en relation avec l'ouest dans les épisodes du troupeau de Géryon et du jardin des Hespérides. Cf. Strabon (III 2, 11; 5, 4). Diodore de Sicile (V, 21, 2), en développant longuement cet épisode, présente Héraclès comme porteur de civilisation sur tout le pourtour méditerranéen et ne voit pas d'incompatibilité à ce que le héros se soit rendu en Bretagne. D'autres traditions faisaient d'Héraclès l'ancêtre de divers peuples, notamment des Scythes. Cf. Hérodote (IV 8-10). Selon Timagène (FGrH 88 F2), historien grec de la fin du Ier siècle A.C., les Gaulois prétendent descendre d'Héraclès, qui aurait massacré en même temps Géryon et le tyran de la Gaule, et aurait eu des enfants de plusieurs Gauloises de haut rang. Cf. Diodore de Sicile (V 24, 2-3); Ammien Marcellin (XV 9). La présence d'Hercule parmi les Germains ne serait donc pas vraiment surprenante. Cf. aussi XXXIV 2.
D'autre part, les Grecs admettaient aussi que les Héraclès d'autres peuples fussent différents du leur. Hérodote (II 43, 5) présente ceux d'Égypte et de Phénicie comme plus anciens. Cicéron (Nat. D. III 42) recense six Hercules différents. De même, Tacite considère peut-être que l'Hercule germanique se distingue du gréco-romain, puisqu'il insiste sur l'absence de mélange des Germains avec d'autres peuples. En fait, il tient sans doute à donner un point de repère immédiat à ses auditeurs ou lecteurs, et cette allusion lui permet surtout de souligner l'aspect guerrier, qui est le trait le plus marquant de la société germanique.
bardit (III 1). Ce mot est un hapax, dont cette forme est la plus fréquente dans la tradition manuscrite. Beaucoup d'éditeurs proposent barritus en s'appuyant sur Ammien Marcellin (XVI 12, 43) quand il décrit le grondement des armées germaniques qui s'accroît jusqu'à évoquer le déferlement des vagues contre les rochers. On émet dès lors l'hypothèse d'une corruption dans la tradition manuscrite de barritus, dont le sens premier est barrissement, sous l'influence du vocable d'origine gauloise bardus, i (barde). Cf. Hist. II 22, 2.
présage (III 1). Cf. X . Cette forme de divination est inconnue des Romains. Dans la description de la redoutable tribu des Chattes, Tacite fait précisément allusion à l'aspect déconcertant de la première ligne des combattants. Cf XXXI 3.
résonance (III 1). Elle est difficile à imaginer car ces boucliers étaient de forme plate et n'étaient pas façonnés en métal. Cf. Ann. II 14, 4.
certains (III 2). Il s'agit d'érudits du monde gréco-romain. Selon Apollodore, disciple d'Ératosthène, Ulysse aurait voyagé dans l'Océan. Cf. Strabon (I 2, 37). Cette tradition minoritaire lui attribue d'avoir visité l'Écosse (Solin XXII 1) et d'avoir fondé Lisbonne (ibid. XXIII 6; Isid. Etym. XV 1, 7). Au IVe s. Claudien (Ruf. I 123-125) place l'évocation des morts en Gaule. Quoi qu'il en soit, Tacite se montre sceptique.
Asciburgium (III 2). On tend à l'identifier avec Burgfeld au sud d'Asberg, près de Mörs (région de Duisburg), où se trouve l'emplacement d'un camp romain de la fin du 1er s. p.C. L'hypothèse d'un passage d'Ulysse était corroborée par une fausse étymologie grecque : ho askós, oû "l'outre" et tò purgíon, ou "la petite tour", par référence à l'outre des vents d'Éole. En réalité, il s'agit de la latinisation du toponyme signifiant montagne (all. Berg) des frênes (all. Esche).
autel (III 2). Selon Strabon (III 5, 5-6), placer un autel ou une colonne commémorative était coutumier des voyageurs anciens (par rapport à son propre temps!) pour rappeler leur passage, les colonnes d'Hercule étant le témoignage le plus marquant de ce genre (Cf. XXXIV 2; Lucien, V.H. I 7). Solin (XXII 1) parle aussi de l'édification en Écosse par Ulysse d'un autel avec des inscriptions en grec. Cela étant, on n'a pas trouvé de vestiges préromains sur le site d'Asciburgium pas plus qu'en Écosse.
grecs (III 2). Les caractères grecs étaient utilisés en Gaule. César (G. I 29, 1) mentionne leur usage par les Helvètes. D'autre part des inscriptions en caractères étrusques ont été retrouvées dans le sud de la Rétie et dans le Norique, d'où des confusions possibles au niveau des sources de Tacite.
je suis de ceux (IV). Tacite, fort de son argumentation, exprime son opinion de manière nettement plus affirmée que précédemment (II 1) Cf. Hist. IV 64, 6: Sincerus et integer... populus
même type physique (IV). Cette uniformité distingue aussi les Germains de la population de Rome et du reste de l'Empire, qui est métissée à divers degrés. Cette description est à rapprocher de Agr. XI 2. Elle est conventionnelle et s'appuie sur des théories climatiques présentées par Vitruve (Cf. VI 1, 3). Cf. aussi Isidore de Séville (Et. IX 2, 97). Les hautes statures, qui caractérisent aussi les femmes (Cf. XX 2), sont un lieu commun. Cf. César (G. I 39, 1; IV 1, 9); Velleius Paterculus (II 106) Selon des données archéologiques, la taille moyenne des hommes était de 1, 72 m., celle des femmes de 1, 59 m.! Quid alors de la taille des Romains?!
assaut (IV). Tacite (Ann. II 14, 3) fait remarquer la même chose par Germanicus. Il insiste au cours de l'ouvrage sur le manque d'aptitude et de motivation des Germains à fournir un effort prolongé (Cf. XIV 3; XXVI 3; XLV 3), ce qui du point de vue romain relevait plus du manquement moral que d'une caractéristique physique, et pouvait dès lors avoir une incidence négative sur la valeur militaire. Cf. Cicéron (Tusc. II 37). L'éducation à l'effort et à l'endurance était considéré comme un remède à la défaite. Cf. Salluste (Jug. XLV). Ce constat négatif, que Tite-Live (X 28,4) et d'autres avaient déjà émis au sujet des Gaulois, n'empêcha pas l'incorporation aux armées romaines de Germains comme troupes auxiliaires. Cf. XXIX 1. Il faut aussi relever que Tacite lui-même fait état de l'assimilation par les Germains à une époque bien antérieure à la composition de la Germanie des méthodes romaines de combat. Cf. Ann. II 45, 2. Il fait également une description élogieuse de la discipline militaire des Chattes, comparable, selon lui, à celle de l'armée romaine (Cf. XXX 2).
la soif et la chaleur (IV). L'impact de ce trait sur l'évolution des hostilités est plusieurs fois repris par Tacite, notamment quand il décrit la réaction d'auxiliaires germains au climat italien. Cf Hist. (II 32, 3; 93, 1; 99 1).
leur ciel et leur sol (IV). Cf II 1 ; Sénèque (Prov. IV 14). Tacite conclut cette présentation générale en rappelant que l'habitat modèle le physique de ceux qui l'occupent, ce qui lui permet une transition facile avec le chapitre suivant.
Tacite - Germanie - I à IV - Notes