FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 26 - juillet-décembre 2013
Ch. 3 : D’autres témoignages sur les statues magiques dans la littérature allemande (XIIe au XIVe siècle)
Jacques Poucet
Professeur émérite de
l'Université de Louvain
Membre de l'Académie
royale de Belgique
<jacques.poucet@skynet.be>
Plan
A.
Les statues magiques dans la Kaiserchronik (entre 1140 et
1150)
B.
Les statues magiques dans la
Weltchronik de
Jans Enikel(XIIIe siècle)
C.
Les statues magiques dans la Sächsische Weltchronik (XIIIe siècle)
Il a déjà été question de littérature allemande puisque le chapitre
deuxième se terminait précisément par un aperçu rapide sur la
branche allemande
de la tradition des
Mirabilia Romae. Le présent chapitre nous mettra en contact avec
d’autres textes allemands qui font état de la notice sur les statues magiques.
Comme leurs auteurs ne travaillent pas dans la même optique que ceux des traités
sur les Mirabilia, ils n’entendent pas décrire les curiosités de
Rome ; ils cherchent à utiliser la notice sur les statues à des fins
différentes, qui leur sont personnelles.
Il sera d’abord question de trois chroniques, un genre important qui apparaît en langue allemande à peu près à l’époque où sont publiées les versions les plus anciennes des Mirabilia Romae. La première chronique, la Kaiserchronik, paraît en effet entre 1140 et 1150. Elle est suivie au XIIIe siècle par la Weltchronik de Jans Enikel et la Sächsische Weltchronik. Les deux premières sont en vers, la troisième en prose, mais toutes intègrent le motif des statues magiques aux clochettes. Leurs rédacteurs – on va le voir – s’en servent essentiellement en tant que technique narrative pour introduire dans leur récit des personnages importants, en particulier César.
Le motif est également présent chez Der Marner et Meister Sigeher, deux poètes vagants du XIIIe siècle, représentant la poésie gnomique (Sangspruchdichtung), et chez un prosateur mystique du XIVe, Hermann von Fritzlar. Eux aussi l’utilisent à des fins qui leur sont propres, en l'occurrence pour juger les réalités politiques et sociales de leur temps.
Se posera la question de savoir où ces auteurs ont puisé la notice aux statues. Les chroniqueurs en tout cas s’influencent l’un l’autre et, dans leurs cas, plusieurs éléments sont en faveur d’un emprunt à la tradition primitive des Mirabilia. Il est plus difficile de répondre pour les représentants de la poésie gnomique et pour Hermann von Fritzlar, car les textes sur lesquels on peut travailler ne sont pas très nombreux, et plutôt allusifs.
Introduction - Partie thématique - Partie analytique (Plan) - Conclusions
FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 26 - juillet-décembre 2013