FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 26 - juillet-décembre 2013
Les trois chroniques allemandes n’apportent pas grand-chose de nouveau
concernant la description même des statues, sauf peut-être l’investissement du
rédacteur de la Kaiserchronik et surtout de Jans Enikel dans un souci de
diversification des statues en fonction des pays qu’elles
représentent.
La question de l’utilisation du motif doit aussi être soulevée. Nous ne
nous trouvons pas devant une simple présentation de la notice dans un
contexte précis (les Miracula mundi ou les Mirabilia
Romae), mais devant une utilisation de la notice à des fins très
particulières. Les trois rédacteurs s’en sont servis en tant que technique
narrative pour introduire un personnage important dans le récit, en l’espèce
César.
C’était déjà au fond ce qui s’était déjà passé dans les Mirabilia
primitifs avec l’affaire d’Agrippa, de la Perse en rébellion et de la fondation
du Panthéon. Mais le procédé est devenu chez les trois chroniqueurs un véritable
système, et Jans Enikel ira même jusqu’à s’en servir à trois reprises : une
fois avec Crassus, une deuxième fois avec Lépide, une troisième fois – la bonne,
si on peut dire – avec César.
Les rapports entre les trois chroniqueurs sont nets, mais le problème de
l’origine de la notice sur les statues présente dans la Kaiserchronik ne
peut pas être résolu en toute certitude. Toutefois la correspondance relevée
entre la technique d’utilisation du motif des statues dans la version la plus
ancienne des Mirabilia Romae et ce que nous lisons dans la
Kaiserchronik (et dans les chroniques ultérieures) donne à penser que le
rédacteur de la Kaiserchronik s’est étroitement inspiré de la notice des
Mirabilia primitifs, ou d’une version qui en était assez
proche.
En ce qui concerne les trois autres auteurs allemands, sur le plan du
contenu, leur traitement du motif n’apporte rien de fondamentalement neuf par
rapport à ce que livrent la tradition des Mirabilia et celle des
chroniqueurs allemands, même si Hermann von Fritzlar, avec ses développements
sur les clochettes, apparaît un peu plus original que les deux
autres.
Ce qui en tout cas sépare ces auteurs des chroniqueurs, c’est l’utilisation qu’ils font du motif des statues. C’est clair pour les deux poètes. En effet, pour autant qu’on puisse valablement en juger, ils se servent du motif pour comparer la situation de la Rome ancienne avec celle de leur temps. Ils travaillent dans une optique de critique politique et sociale. Mais pour Hermann von Fritzlar, le texte dont nous disposons est trop isolé pour autoriser un jugement définitif. Peut-être après tout son œuvre n’est-elle qu’une compilation de textes légendaires...
Introduction - Partie thématique - Partie analytique (Plan) - Conclusions
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