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OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE VII
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2006]
Autour d'Égine et des Myrmidons (7, 453-660)
Minos cherche des alliances contre Athènes (7, 453-489)
Une ombre trouble la joie d'Égée : Minos, le puissant roi de Crète, cherche des alliances dans les îles grecques pour venger son fils Androgée, mis à mort par les Athéniens. Il gagne ainsi à sa cause un certain nombre d' îles dont l'énumération se termine par l'évocation d'une seule métamorphose. (7, 453-468)
D'autres îles cependant refusent de se rallier au Crétois, qui aborde enfin dans l'île d'Égine (alias Énopie), où règne le vieux roi Éaque. Accueilli avec intérêt et curiosité par les habitants, Minos demande à Éaque et à ses fils (Télamon, Pélée, Phocus) leur aide contre les Athéniens. Mais Éaque, au nom de l'amitié indéfectible qui lie Égine à Athènes, refuse d'aider Minos qui s'en va, se bornant à proférer des menaces. (7, 469-489
7, 453 |
Nec
tamen (usque adeo nulla est sincera uoluptas, sollicitumque aliquid laetis interuenit) Aegeus |
Et
pourtant – tant il est vrai qu'il n'existe
aucun plaisir sans ombre, |
7, 455 |
gaudia
percepit nato secura recepto. Bella parat Minos ; qui quamquam milite, quamquam classe ualet, patria tamen est firmissimus ira Androgeique necem iustis ulciscitur armis. Ante tamen bello uires adquirit amicas, |
la joie
d'Égée, son fils une fois retrouvé, ne fut pas
exempte de souci. Minos prépare la guerre. Sa puissance lui vient de ses troupes et de sa flotte bien sûr, mais sa colère paternelle surtout le rend fort : il cherche à venger dans une guerre juste le meurtre d'Androgée. Cependant au préalable il s'attache des forces alliées en vue de la guerre, |
7, 460 |
quaque
potens habitus uolucri freta classe pererrat. Hinc Anaphen sibi iungit et Astypaleia regna, promissis Anaphen, regna Astypaleia bello ; hinc humilem Myconon cretosaque rura Cimoli florentemque thymo Cythnum planamque Seriphon |
et sa
flotte rapide, qui fonde sa puissance, sillonne
les mers. C'est ainsi qu'il s'allie Anaphé et le royaume d'Astypalée, Anaphé par des promesses, Astypalée par la guerre ; ensuite il s'attache l'humble Myconos et les champs crayeux de Cimolus, ainsi que Cythnus fleurant le thym, et la plate Sériphos, |
7, 465 |
marmoreamque Paron, quamque inpia prodidit Arne Sithonis ; accepto, quod auara poposcerat, auro, mutata est in auem, quae nunc quoque diligit aurum, nigra pedes, nigris uelata monedula pennis. At non Oliaros Didymaeque et Tenos et Andros |
et Paros
avec ses marbres, et l'île que lui livra
l'impie Arné, la Sithonienne. Une fois en possession de l'or exigé par son avidité, elle fut muée en un oiseau, qui aujourd'hui encore aime l'or, le choucas, muni de pattes noires et couvert d'un noir plumage. Mais ni Oliaros, ni Didymes, ni Ténos, ni Andros, |
7, 470 |
et
Gyaros nitidaeque ferax Peparethos oliuae Cnosiacas iuuere rates ; latere inde sinistro Oenopiam Minos petit, Aeacideia regna : Oenopiam ueteres adpellauere, sed ipse Aeacus Aeginam genetricis nomine dixit. |
ni
Gyaros, ni la fertile Péparèthos aux luisantes
olives n'aidèrent les navires Gnosiens. Ensuite, sur sa gauche, Minos gagna l'Énopie, où régnait Éaque : les anciens appelèrent l'île Énopie, mais c'est Éaque lui-même qui la nomma Égine, du nom de sa mère. |
7, 475 |
Turba
ruit tantaeque uirum cognoscere famae expetit ; occurrunt illi Telamonque minorque quam Telamon Peleus et proles tertia Phocus ; ipse quoque egreditur tardus grauitate senili Aeacus et, quae sit ueniendi causa, requirit. |
La foule
se précipita, voulant connaître un héros d'un
tel renom. À sa rencontre viennent Télamon et son frère plus jeune, Pélée, ainsi que Phocos, le troisième fils d'Éaque. Éaque lui aussi, rendu lent par le poids de la vieillesse, sort de sa demeure, et s'enquiert de la raison de la venue de Minos. |
7, 480 |
Admonitus patrii luctus suspirat et illi dicta refert rector populorum talia centum : « Arma iuues oro pro gnato sumpta piaeque pars sis militiae ; tumulo solacia posco. » Huic Asopiades : « Petis inrita » dixit « et urbi |
Ramené à
ses souvenirs de père endeuillé, le souverain qui règne sur cent peuples soupire et lui tient ce discours : « J'ai pris les armes pour venger mon fils et j'implore ton aide ; participe à une pieuse expédition : je veux le consoler dans sa tombe ». Le descendant d'Asopos lui répond : « Ta requête est vaine, |
7, 485 |
non
facienda meae ; neque enim coniunctior ulla Cecropidis est hac tellus ; ea foedera nobis. » Tristis abit : «Stabunt » que « tibi tua foedera magno » dixit et utilius bellum putat esse minari quam gerere atque suas ibi praeconsumere uires. |
ma cité
ne peut faire cela ; en effet, nulle terre
n'est plus unie |
Céphale d'Athènes obtient l'aide d'Éaque, le roi des Éginates, contre l'impérialiste Minos (7, 490-522)
Minos avait à peine mis les voiles qu'arrive à Égine un ambassadeur athénien, Céphale, pour demander de l'aide. Accueilli en véritable ami de la famille royale, il expose avec éloquence l'objet de sa venue, rappelant les traités liant leurs cités et la menace impérialiste de Minos. Il obtient immédiatement satisfaction, le vieil Éaque et ses fils mettant à la disposition des Athéniens toutes leurs troupes. (7, 490-511)
Céphale, étonné de n'avoir vu à son arrivée que des jeunes gens, s'enquiert de toutes les personnes qu'il avait vues lors d'une précédente visite. Éaque lui répond que la prospérité actuelle d'Égine a été précédée d'un fléau terrible, qui décima toute la population, ce dont il propose de faire le récit. (7, 512-522)
7, 490 |
Classis
ab Oenopiis etiamnum Lyctia muris spectari poterat, cum pleno concita uelo Attica puppis adest in portusque intrat amicos, quae Cephalum patriaeque simul mandata ferebat. Aeacidae longo iuuenes post tempore uisum |
La
flotte de Lyctos
était encore en vue des murailles d'Énopie, quand se présente, poussé à pleines voiles, un navire athénien, qui pénètre dans le port allié : il amène Céphale, porteur des messages de sa patrie. Les jeunes fils d'Éaque, qui ne l'avaient pas vu depuis longtemps, |
7, 495 |
agnouere
tamen Cephalum dextrasque dedere inque patris duxere domum ; spectabilis heros et ueteris retinens etiamnum pignora formae ingreditur ramumque tenens popularis oliuae a dextra laeuaque duos aetate minores |
reconnaissent pourtant Céphale, lui
tendent la main et le conduisent à la demeure de leur père. Héros de belle prestance qui gardait encore les traits de sa beauté de jadis, il s'avance en tenant un rameau d'olivier cher à son peuple. En tant qu'aîné, il est escorté, à droite et à gauche, |
7, 500 |
maior
habet, Clyton et Buten, Pallante creatos. Postquam congressus primi sua uerba tulerunt, Cecropidae Cephalus peragit mandata rogatque auxilium foedusque refert et iura parentum imperiumque peti totius Achaidos addit. |
de deux
compagnons plus jeunes,
Clyton
et Butès, fils de Pallas. Après l'échange des propos d'usage au début d'une rencontre, Céphale fait part de la mission que lui a confiée le Cécropide, il demande des secours, rappelle le traité et les devoirs liant leurs parents, ajoutant que Minos aspire à la souveraineté sur l'Achaïe entière. . |
7, 505 |
Sic ubi
mandatam iuuit facundia causam, Aeacus, in capulo sceptri nitente sinistra : « Ne petite auxilium, sed sumite », dixit, « Athenae, nec dubie uires, quas haec habet insula, uestras ducite, et omnia, quae rerum status iste mearum... |
Ainsi,
avec éloquence, Céphale soutient la cause dont
il est chargé. Aussitôt, Éaque, la main gauche posée sur la poignée de son sceptre : « Ne demandez pas des secours, ô Athènes, prenez-les », dit-il, « et sans hésiter, emmenez les forces que possède cette île ; elles sont à vous, et tout ce que l'état actuel de mes biens... |
7, 510 |
Robora
non desunt ; superat mihi miles et
hosti. Gratia dis, felix et inexcusabile tempus. » « Immo ita sit », Cephalus, « crescat tua ciuibus opto urbs » ait ; « adueniens equidem modo gaudia cepi, cum tam pulchra mihi, tam par aetate iuuentus |
Je
ne manque pas de forces ; j'en ai plus qu'il
faut, même contre un
ennemi. |
7, 515 |
obuia
processit ; multos tamen inde requiro, quos quondam uidi uestra prius urbe receptus. » Aeacus ingemuit tristique ita uoce locutus : « Flebile principium melior fortuna secuta est ; hanc utinam possem uobis memorare sine illo ! |
si égaux
par l'âge ; mais, je me demande où sont
beaucoup de ceux que j'avais vus autrefois, quand j'avais été reçu dans votre ville. » Éaque poussa un gémissement et, d'une voix triste, dit : « Après des débuts douloureux, notre destin s'est amélioré. Ah ! Que ne puis-je vous parler du présent, sans rappeler le passé ! |
7, 520 |
Ordine
nunc repetam, neu longa ambage morer uos : ossa cinisque iacent, memori quos mente requiris, et quota pars illi rerum periere mearum ! » |
Je
reprendrai tout dans l'ordre, sans vous retenir
par de longs détours : ils gisent en terre, os et cendres, ceux dont s'informe ta pensée fidèle, et quelle faible partie ne sont-ils pas des biens que j'ai perdus ! » |
Début du récit d'Éaque : la peste d'Égine (7, 523-613)
Junon, jalouse, envoie la peste sur l'île d'Égine, qui porte le nom d'une des innombrables maîtresses de Jupiter. Aucun moyen humain ne put lutter contre ce fléau (obscurité, chaleur étouffante, air vicié, eaux polluées, serpents venimeux répandus partout) qui sévit durant quatre mois. (7, 523-535)
Partout gisent des cadavres d'animaux ; des boeufs de labour s'affalent en pleine tâche, d'autres, jadis ardents, restent prostrés, attendant leur mort prochaine. Les cadavres pourrissent sur place, tandis que la contagion se répand. À l'intérieur des murailles, les hommes eux aussi sont atteints, brûlés intérieurement par la fièvre et extérieurement par une chaleur desséchante, irrespirable. La contagion qui n'épargne personne empêche toute intervention ; les malades, à la recherche d'un peu de fraîcheur, quittent leur maison qu'ils ne supportent plus et, à bout de forces, se laissent mourir un peu partout dans la ville. (7, 536-581)
Éaque, découvrant l'étendue de la catastrophe, et surtout l'inefficacité des prières et des sacrifices accomplis devant le temple de Jupiter, est désespéré. Sa description du désastre prend de plus en plus d'ampleur (morts innombrables, suicides par désespoir, défunts sans funérailles décentes) et il manifeste son incompréhension devant le silence des dieux. (7, 582-613)
« Dira
lues ira populis Iunonis iniquae incidit, exosae dictas a paelice terras. |
« Un
terrible fléau, dû à la colère de l'injuste
Junon,
qui haïssait la terre portant le nom d'une rivale, s'abattit sur notre peuple. |
|
7, 525 |
Dum
uisum mortale malum tantaeque latebat causa nocens cladis, pugnatum est arte medendi ; exitium superabat opem, quae uicta iacebat. Principio caelum spissa caligine terras pressit et ignauos inclusit nubibus aestus ; |
Tant que
l'on jugea comme naturel aux humains ce mal,
fléau si funeste dont la cause restait cachée, on le combattit avec l'art médical. Mais la catastrophe défiait les secours qui, dépassés, restaient vains. D'abord le ciel écrasa la terre sous une obscurité profonde, emprisonnant dans le brouillard une chaleur étouffante. |
7, 530 |
dumque
quater iunctis expleuit cornibus orbem Luna, quater plenum tenuata retexuit orbem, letiferis calidi spirarunt aestibus Austri. Constat et in fontis uitium uenisse lacusque, miliaque incultos serpentum multa per agros |
Pendant
que la
Lune,
quatre fois, cornes jointes, emplit son disque, et que, décroissant à quatre reprises, elle rogna sa forme pleine, les Austers torrides répandirent leurs souffles porteurs de mort. Il est établi que le mal gagna les sources et les lacs, que des serpents par milliers sillonnèrent les champs en friche |
7, 535 |
errasse
atque suis fluuios temerasse uenenis. Strage canum primo uolucrumque ouiumque boumque inque feris subiti deprensa potentia morbi. Concidere infelix ualidos miratur arator inter opus tauros medioque recumbere sulco ; |
et
contaminèrent les cours d'eau de leur venin. Des tas de cadavres de chiens, d'oiseaux, de moutons et de boeufs, puis d'animaux sauvages, révélèrent d'abord la puissance de ce mal subit. Le laboureur s'étonne de voir ses boeufs puissants s'effondrer en plein travail et s'allonger au milieu d'un sillon ; |
7, 540 |
lanigeris gregibus balatus dantibus aegros sponte sua lanaeque cadunt et corpora tabent.
Acer
equus quondam magnaeque in puluere famae |
les
troupeaux de moutons poussent des bêlements
maladifs, leurs toisons tombent d'elles-mêmes, et leurs corps se décomposent. Un cheval naguère ardent, très renommé sur la piste poussiéreuse, se montre indigne de ses palmes et, oubliant les honneurs passés, gémit près de son enclos, attendant sans bouger une mort prochaine. |
7, 545 |
Non aper
irasci meminit, non fidere cursu |
Le
sanglier oublie ses fureurs, la biche a perdu
confiance en sa course et les ours cessent d'attaquer les vaillants troupeaux. L'accablement règne partout : bois et champs, routes sont jonchés de cadavres répugnants, dont la puanteur infecte l'atmosphère. Je vais vous étonner : ces corps, ni les chiens ni les oiseaux de proie |
7, 550 |
non cani
tetigere lupi ; dilapsa liquescunt adflatuque nocent et agunt contagia late. Peruenit ad miseros damno grauiore colonos pestis et in magnae dominatur moenibus urbis. Viscera torrentur primo flammaeque latentis |
ni les
loups au pelage gris ne les touchent ; ils
fondent, se liquéfient, et leurs émanations nuisibles répandent au loin la contagion. La peste, plus pesante encore, atteint les malheureux paysans, et s'installe en maîtresse à l'intérieur des murs de la grande cité. D'abord, les entrailles sont dévorées par un feu caché |
7, 555 |
indicium
rubor est et ductus anhelitus igni ; aspera lingua tumet, tepidisque arentia uentis ora patent, auraeque graues captantur hiatu. Non stratum, non ulla pati uelamina possunt, dura sed in terra ponunt praecordia, nec fit |
que trahissent
la
rougeur de la peau et une haleine brûlante ; la langue est rêche et gonflée ; les bouches béantes, desséchées par les souffles chauds, n'absorbent que de l'air empesté. Personne ne peut supporter une couverture ou le moindre vêtement, on s'étend ventre durci contre la terre ; le contact avec le sol |
7, 560 |
corpus
humo gelidum, sed humus de corpore feruet. Nec moderator adest inque ipsos saeua medentes erumpit clades obsuntque auctoribus artes. Quo propior quisque est seruitque fidelius aegro, in partem leti citius uenit, utque salutis |
ne
rafraîchit pas le corps, mais c'est le corps
qui échauffe la terre. Nul n'est à même de maîtriser la situation et le cruel fléau s'abat sur les médecins eux-mêmes, victimes de l'art qu'il pratiquent. Plus on s'approche d'un malade, plus on se dévoue à le servir, plus vite on arrive dans la zone fatale, et, dès que s'en est allé |
7, 565 |
spes
abiit finemque uident in funere morbi, indulgent animis et nulla, quid utile, cura est : utile enim nihil est. Passim positoque pudore fontibus et fluuiis puteisque capacibus haerent, nec sitis est exstincta prius quam uita bibendo. |
l'espoir
du salut, dès qu'on voit la mort comme issue de
la maladie, on se laisse décourager, sans plus se soucier de ce qui serait utile : en fait, plus rien n'est utile. Pêle-mêle, renonçant à toute pudeur, les malades ne quittent plus les fontaines, les rivières et les puits ; ils boivent, mais c'est leur vie qui s'éteint plus tôt que leur soif. |
7, 570 |
Inde
graues multi nequeunt consurgere et ipsis inmoriuntur aquis, aliquis tamen haurit et illas. Tantaque sunt miseris inuisi taedia lecti, prosiliunt, aut, si prohibent consistere uires, corpora deuoluunt in humum fugiuntque penates |
Aussi,
beaucoup d'entre eux, trop alourdis pour
pouvoir se lever, meurent dans ces eaux où d'autres pourtant viennent encore puiser. Des malheureux éprouvent un si grand dégoût pour leur couche détestée qu'ils en sortent d'un bond ou que, si leurs forces les empêchent de se lever, ils laissent leurs corps rouler sur le sol. Chacun fuit ses pénates ; |
7, 575 |
quisque
suos ; sua cuique domus funesta uidetur, et, quia causa latet, locus est in crimine paruus. Semianimes errare uiis, dum stare ualebant, adspiceres, flentes alios terraque iacentes lassaque uersantes supremo lumina motu ; |
chacun
pense que sa propre demeure est un lieu
funeste, et, parce qu'on ignore la cause du fléau, on accuse l'étroitesse du lieu. On pouvait voir errant dans les rues, tant qu'ils pouvaient rester debout, des êtres à demi morts. D'autres, en pleurs, couchés par terre, tournent leurs regards las dans un ultime mouvement ; |
7, 580 |
membraque pendentis tendunt ad sidera caeli, hic illic, ubi mors deprenderat, exhalantes. Quid mihi tunc animi fuit ? An, quod debuit esse, ut uitam odissem et cuperem pars esse meorum ? Quo se cumque acies oculorum flexerat, illic |
tendant
les bras vers les astres du ciel suspendu [sur
leurs têtes], ils rendent leur dernier souffle ici ou là, où la mort les a surpris. Quel fut alors mon état d'esprit ? N'était-il pas normal que je haïsse de vivre et désire partager le sort des miens ? Partout où se portaient mes regards, une foule de gens gisaient |
7, 585 |
uulgus
erat stratum, ueluti cum putria motis poma cadunt ramis agitataque ilice glandes. Templa uides contra gradibus sublimia longis ; Iuppiter illa tenet. Quis non altaribus illis inrita tura dedit ? Quotiens pro coniuge coniunx, |
étendus
sur le sol, comme des
fruits pourris tombent de branches |
7, 590 |
pro
gnato genitor dum uerba precantia dicit, non exoratis animam finiuit in aris, inque manu turis pars inconsumpta reperta est ! Admoti quotiens templis, dum uota sacerdos concipit et fundit purum inter cornua uinum, |
un père
pour son fils, n'ont-t-ils pas rendu leur
dernier souffle sur des autels sourds aux prières qu'ils étaient en train de prononcer, tandis qu'on trouvait dans leur main de l'encens qui n'était pas consumé ! Que de fois des taureaux, amenés devant le temple, ne sont-ils pas tombés quand le prêtre faisait des voeux et versait du vin pur entre leurs cornes, |
7, 595 |
haud
exspectato ceciderunt uulnere tauri ! Ipse ego sacra Ioui pro me patriaque tribusque cum facerem natis, mugitus uictima diros edidit et subito conlapsa sine ictibus ullis exiguo tinxit subiectos sanguine cultros. |
terrassés qu'ils étaient par un coup qu'on
n'attendait pas alors ! Moi-même, comme j'offrais un sacrifice à Jupiter pour moi, pour ma patrie et mes trois enfants, la victime poussa des mugissements terribles et s'écroula soudainement, sans que lui fût porté le moindre coup ; les couteaux approchés de son cou ne se teignirent que d'un peu de sang. |
7, 600 |
Exta
quoque aegra notas ueri monitusque deorum |
De
plus,
ses
exta
malades avaient perdu le pouvoir de révéler la
vérité et les ordres divins : la funeste maladie pénètre jusqu'aux entrailles. J'ai vu des cadavres jetés devant les portes du sanctuaire. Certains, pour rendre leur mort encore plus odieuse, s'étranglent avec un lacet au pied même des autels et, dans la mort même, |
7, 605 |
morte
fugant ultroque uocant uenientia fata. Corpora missa neci nullis de more feruntur funeribus ; neque enim capiebant funera portae ; aut inhumata premunt terras aut dantur in altos indotata rogos ; et iam reuerentia nulla est, |
fuient la
crainte de la mort, appellant d'emblée
l'instant fatal en marche. Les corps des défunts sont emportés sans les funérailles d'usage ; en effet, les convois ne pouvaient passer par les portes de la ville. Sans être inhumés, les corps jonchent le sol ou, restés sans offrandes, sont placés sur d'immenses bûchers. Le respect n'existe plus : |
7, 610 |
deque
rogis pugnant alienisque ignibus ardent. Qui lacriment, desunt, indefletaeque uagantur natorumque uirumque animae iuuenumque senumque, nec locus in tumulos, nec sufficit arbor in ignes. |
on se
bat pour un bûcher et les corps brûlent sur les
feux d'autres morts. Il manque de gens pour verser des larmes et des âmes errent sans être pleurées, âmes d'enfants, d'époux, de jeunes gens, de vieillards ; la place ne suffit plus pour les tombes, ni les arbres pour les bûchers. |
Suite du récit d'Éaque : la métamorphose des Myrmidons (7, 614-660)
Cependant, dans un ultime sursaut, Éaque supplie son père Jupiter de ne pas le laisser seul ou de le faire mourir lui aussi, et il a l'impression d'être entendu. Mis en confiance, il supplie le dieu de repeupler son pays d'habitants aussi nombreux que les fourmis qu'il a aperçues sur le tronc d'un chêne consacré à Jupiter. Et à nouveau un tremblement de l'arbre lui rend espoir. (7, 614-633)
Au cours de la nuit, il voit en songe le chêne de la veille secouer sa ramure et les insectes progressivement transformés en humains, en tombant sur le sol. Tandis qu'il retrouve à son réveil son manque de confiance dans les dieux, son fils Télamon enthousiaste vient lui présenter des jeunes gens alignés dans le palais, le saluant comme leur roi. Éaque remercie Jupiter et organise le partage du territoire entre ses nouveaux sujets, qu'il appelle les Myrmidons. (7, 634-654)
Ce sont ces hommes, dotés des qualités des fourmis, que Céphale emmènera avec lui pour aider les Athéniens. (7, 655-660)
7, 614 |
Attonitus tanto miserarum turbine rerum, |
Étourdi
par un tel tourbillon de malheurs, j'ai dit : |
7, 615 |
“ Iuppiter o ! ” dixi, “ si te non falsa
loquuntur dicta sub amplexus Aeginae Asopidos isse, nec te, magne pater, nostri pudet esse parentem, aut mihi redde meos aut me quoque conde sepulcro ! ” Ille notam fulgore dedit tonitruque secundo. |
“ Ô
Jupiter !, s'ils ne racontent pas de
mensonges ces récits qui disent que tu as connu l'étreinte d'Égine, fille d'Asopos, et si tu ne rougis pas, père souverain, d'être mon géniteur, rends-moi les miens ou enfouis aussi mon cadavre dans un tombeau ! ” Il me fit signe par un éclair et un coup de tonnerre d'heureux augure. |
7, 620 |
“ Accipio sintque ista precor felicia mentis signa tuae ! ” dixi, “ quod das mihi, pigneror omen. ” Forte fuit iuxta patulis rarissima ramis sacra Ioui quercus de semine Dodonaeo. Hic nos frugilegas adspeximus agmine longo |
“ J'accepte ces signes, et qu'ils
soient bénéfiques, je t'en supplie ”, dis-je, “ J'accepte comme une promesse ce présage que tu me donnes. ” Il y avait par hasard près de là, déployant une ramure exceptionnelle, un chêne consacré à Jupiter, et issu d'un gland de Dodone. C'est là que j'aperçus, en une longue colonne, ramassant des grains, |
7, 625 |
grande
onus exiguo formicas ore gerentes rugosoque suum seruantes cortice callem. Dum numerum miror : “ totidem, pater optime, ” dixi, “ tu mihi da ciues et inania moenia supple ! ” Intremuit ramisque sonum sine flamine motis |
portant
dans leurs petites bouches d'énormes fardeaux,
des fourmis qui suivaient leur parcours à travers les rugosités de l'écorce. Émerveillé par leur nombre, je dis : “ Ô père très bon, donne-moi autant de citoyens que ces fourmis, et repeuple mes murs vides ! ” Le grand chêne trembla et, sans qu'il y ait un souffle de vent, |
7, 630 |
alta
dedit quercus ; pauido mihi membra timore horruerant stabantque comae ; tamen oscula terrae roboribusque dedi, nec me sperare fatebar ; sperabam tamen atque animo mea uota fouebam. Nox subit et curis exercita corpora somnus |
ses
branches s'agitèrent et un bruit se fit
entendre. Éperdu de crainte, j'avais les membres tremblants et les cheveux hérissés ; toutefois, je baisai la terre et le chêne, sans exprimer mon espoir ; j'espérais pourtant et au fond de moi je croyais en mes voeux. La nuit survient et le sommeil gagne mon corps écrasé de soucis. |
7, 635 |
occupat ; ante oculos eadem mihi quercus adesse et rami totidem totidemque animalia ramis ferre suis uisa est pariterque tremescere motu graniferumque agmen subiectis spargere in aruis ; crescere quod subito et maius maiusque uideri |
Il
me sembla que sous mes yeux se trouvait le même
chêne avec le même nombre de branches, et le même nombre d'insectes sur ces branches ; agité du même tremblement, l'arbre semblait semer la colonne des porteuses de grains sur les champs qu'il surplombait. Les insectes soudain paraissent grandir de plus en plus, |
7, 640 |
ac se
tollere humo rectoque adsistere trunco et maciem numerumque pedum nigrumque colorem ponere et humanam membris inducere formam. Somnus abit ; damno uigilans mea uisa querorque in superis opis esse nihil ; at in aedibus ingens |
se lever
de terre, redresser leur tronc, se défaire de
leur maigreur, de leurs pattes nombreuses et de leur couleur noire, tandis que leurs membres revêtent forme humaine. Le sommeil me quitte ; une fois éveillé je rejette mes visions, déplorant l'absence de secours des dieux. Cependant, dans le palais, |
7, 645 |
murmur
erat uocesque hominum exaudire uidebar iam mihi desuetas ; dum suspicor has quoque somni esse, uenit Telamon properus foribusque reclusis : “ Speque fideque, pater ”, dixit “ maiora uidebis. Egredere ! ” Egredior ; qualesque in imagine somni |
régnait
un immense murmure et je croyais entendre des
voix humaines,
elles
aussi ,
Télamon
se précipite et me dit, en ouvrant la porte : |
7, 650 |
uisus
eram uidisse uiros, ex ordine tales adspicio noscoque ; adeunt regemque salutant. Vota Ioui soluo populisque recentibus urbem partior et uacuos priscis cultoribus agros Myrmidonasque uoco nec origine nomina fraudo. |
je les
retrouve tels que je les avais vus, bien
alignés, et je les reconnais ; |
7, 655 |
Corpora
uidisti ; mores, quos ante gerebant, nunc quoque habent : parcum genus est patiensque laborum quaesitique tenax et quod quaesita reseruet. Hi te ad bella pares annis animisque sequentur, cum primum, qui te feliciter attulit, Eurus, |
Tu as vu
leur physique ; quant à leurs moeurs, ils ont
conservé |
7, 660 | (Eurus enim attulerat) fuerit mutatus in austrum. » | – l'Eurus en effet l'avait amené, – se sera transformé en Auster. » |
NOTES
Minos et Athènes (7, 453-489). Les personnages d'Égée et de Thésée, qui apparaissent à la fin de l'épisode consacré à Médée, vont offrir à Ovide une transition entre les légendes centrées sur Iolcos et la Thessalie (7, 1-390) et sur la Crète de Minos (via Athènes et Égine (7, 391- 8, 259 ). – Minos (7, 456) est un roi légendaire de Crète, considéré le plus souvent comme un fils de Zeus et d'Europe, et qui aurait vécu trois générations avant la guerre de Troie. Son nom évoque la « thalassocratie crétoise ». Historiquement, dès le second millénaire, la Crète avec sa flotte exerça en mer Égée une hégémonie militaire et économique dont bénéficia la légende de Minos. Cette rivalité entre ce roi et l'Athènes d'Égée sert de cadre à plusieurs des récits légendaires contenus dans la suite du livre 7. Mais bien des points de la légende de Minos sont laissés de côté. Ainsi, par exemple, Ovide ne mentionne pas la réputation de Minos comme roi sage : il aurait établi des lois justes et équitables, ce qui lui valut son poste de juge des Enfers, aux côtés d'Éaque et de Rhadamanthe (déjà chez Homère, Odyssée, 11, 568-571). Ovide ne dit rien non plus du rôle qu'une version rapportée par Apollodore (III, 15, 1) aurait fait jouer à Minos dans la vie de Procris. Il faut dire que la légende de Minos est riche et complexe.
Androgée (7, 458). Un des fils de Minos et de Pasiphaé, Androgée, avait participé à Athènes à des jeux organisés par Égée, et avait remporté la victoire, au grand déplaisir des Athéniens qui, par jalousie le firent périr. Pour venger son fils, Minos fit une expédition contre Athènes, et remporta finalement la victoire, ce qui lui permit de percevoir de la part des Athéniens un tribut (sept jeunes gens et sept jeunes filles livrés en pâture au Minotaure), fléau dont finit par les délivrer Thésée.
Anaphé... Paros (7, 461-465). Dans les vers qui suivent, Ovide énumère de façon quelque peu fantaisiste une série d'îles (Anaphé, Astypalée, Myconos, Cimolos, Cythnus, Seriphos, Paros), qui se seraient ralliées à Minos, et dont certaines appartiennent à l'archipel des Cyclades. Nous n'en dirons rien, sauf peut-être pour souligner la célébrité de l'une d'entre elles, Paros, bien connue pour son marbre.
Arné la Sithonienne (7, 465-468). Allusion – inconnue par ailleurs – à la métamorphose en choucas d'une jeune fille dont la trahison aurait livré à Minos une île de la région. On ne sait même pas avec certitude de quelle île il s'agit, car les manuscrits hésitent sur le début du vers 466. Le texte que nous suivons (Sithonis, la « Sithonienne ») renverrait au pays dont serait originaire la jeune traîtresse (la Thrace) ; si l'on suit les manuscrits qui adoptent Siphon et, il s'agirait alors de l'île de Siphos. – Le thème d'une jeune fille avide d'or rappelle le cas d'Aglauros (Mét., 2, 752ss). – Le choucas serait-il, comme la pie, un oiseau attiré par ce qui brille ?
Oliaros... (4, 469-471). L'énumération continue, cette fois avec les îles qui n'auraient pas accepté l'alliance avec Minos : Oliaros, Didymes, Ténos, Andros, Gyaros, Péparéthos. Toutes font partie des Cyclades, sauf Péparéthos (au nord de l'Eubée) et Didymes (difficile à localiser avec certitude).
Gnosiens (7, 471). C'est-à-dire Crétois, de Gno(s)sos ou Cnos(s)os, ville de Crète, résidence du roi Minos.
sur sa gauche (7, 471). Selon G. Lafaye, Minos, venant des Cyclades et se rendant vers le nord, se serait dirigé vers Égine, sur sa gauche. Mais ce n'est pas aussi simple, car il y a Didymes et surtout de Péparéthos. Mais peut-être ne faut-il pas trop faire confiance aux précisions géographiques d'Ovide.
Énopie... (7, 472). C'était le nom ancien de l''île d'Égine (cfr note suivante).
Éaque (7, 472). Éaque est le fils de Zeus (Jupiter) et de la nymphe Égine, fille du fleuve Asopos, qu'il aurait approchée sous la forme d'une flamme (6, 113) ou, suivant d'autres versions, d'un aigle. Pour s'unir à elle, Zeus l'aurait amenée dans l'île d'Énopie (Pindare, Isthmiques, 8, 21), une île qu'Éaque aurait plus tard rebaptisée Égine pour lui donner le nom de sa mère. Éaque est le père des Éacides (Pélée, Achille), famille réputée s'il en est, dans les légendes grecques (voir 7, 476-477). Célèbre pour sa justice, il devint avec Minos et Rhadamanthe, un des juges des Enfers. La suite du récit développe un aspect de sa légende.
Télamon... Pélée... Phocus (7, 476-477). Trois des fils d'Éaque, qui ne sont pas tous de la même mère. Télamon sera le père d'Ajax, et Pélée, celui d'Achille. Ils ont tous les deux pour mère Endéis, tandis que Phocus, le troisième, est le fils de la Néréide Psamathé (cfr 7, 685 et la n.). Phocus sera tué par ses demi-frères Pélée et Télamon, jaloux de sa supériorité aux jeux et de la puissance qu'il acquit comme fondateur-éponyme de la Phocide.
cent peuples (7, 481). Homère (Iliade, 2, 649) définit la Crète comme l'île aux cent villes. Ovide parle donc ici de Minos.
Asopos (7, 484). Le descendant d'Asopos est Éaque (voir note au vers 472), dont la réputation de droiture est bien illustrée ici.
Cécropides (7, 486). Les Athéniens, dont un des premiers rois fut Cécrops. Voir 2, 555 ; 6, 70 ; 7, 671.
Lyctos... Énopie (7, 490). Les termes désignent respectivement, d'une part la Crète, Lyctos (ou Lyttos) étant une ville crétoise, et d'autre part Égine (7, 472).
Céphale (7, 493). En 6, 681, Céphale avait simplement été mentionné comme descendant d'Éole et époux heureux de Procris, une des filles du roi d'Athènes Érechthée. Il apparaît ici comme envoyé d'Athènes auprès d'Éaque et sera présent jusqu'à la fin du livre 7, d'abord comme négociateur officiel, puis comme auditeur d'Éaque (7, 517-660), enfin comme narrateur de sa propre histoire (7, 661-865). Il n'est plus un tout jeune homme, quand il arrive à Égine.
fils d'Éaque (7, 494). Télamon, Pélée et Phocos. Voir note à 476-477.
olivier (7, 498). Tel un suppliant, Céphale tenait un rameau d'olivier, symbole de paix en général, mais on n'oubliera pas que l'olivier est aussi l'arbre d'Athéna et donc d'Athènes (6, 80-81 et 101).
Clyton et Butès, fils de Pallas (7, 500). Divers héros antiques portent le nom de Pallas. Celui dont il s'agit ici est le roi de Trézène, fils cadet de Pandion (un des rois légendaires d'Athènes) et père des cinquante Pallantides. Les deux fils de Pallas, cités ici par Ovide, reparaîtront dans la suite du récit (7, 665-666).
le Cécropide (7, 502). Ici, il s'agit d'Égée, descendant de Cécrops.
Achaïe (7, 505). La Grèce.
cet état de mes biens... (7, 509). Beaucoup de spécialistes pensent qu'un vers manque ici.
un ennemi (7, 510). Faut-il comprendre qu'il s'agit de Minos ? Éaque voudrait alors dire : « il me reste encore assez de guerriers, même si Minos venait m'attaquer après que je vous aurais envoyé de l'aide ».)
le passé (7, 519). Commence maintenant un long récit, dans lequel Éaque va raconter les malheurs de son île, dus à une peste, envoyée par Héra lorsqu'elle a appris les fredaines de son époux. Dans cette description de la peste d'Égine (7, 523-613), Ovide est certainement influencé par les évocations de la peste d'Athènes en 430 a.C. chez Lucrèce (6, 1138-1286), lequel s'inspirait lui-même de Thucydide (2, 47-54), influencé aussi et surtout peut-être par la description de l'épizootie du Norique faite par Virgile (Géorgiques, 3, 478-566).
Junon... rivale (7, 523-524). On a fait allusion plus haut à cet épisode. Égine, fille d'Asopos, avait été enlevée par Jupiter séduit par sa beauté. Emmenée sur l'île d'Énopie, elle avait mis au monde Éaque, lequel plus tard baptisa l'île du nom de sa mère. Dans la version transmise par Ovide, c'est la jalousie de Junon qui serait responsable de la peste d'Égine (Sur la jalousie de Junon, voir par exemple 1, 601-624 ; 2, 466-490 et 508-530 ; 3, 253-286 et 3, 361-369). En fait toutes les versions ne sont pas unanimes : pour certains mythographes, l'île aurait été déserte à la naissance d'Éaque, et c'est ce dernier qui, avisant des fourmis sur le tronc d'un chêne, aurait demandé à Zeus de la peupler.
la Lune... (7, 530-531). Tournure recherchée pour indiquer que la peste dura quatre mois lunaires.
Auster (7, 532). Vent du sud, chargé d'humidité.
temple de Jupiter (7, 588). Il y avait dans l'île d'Égine un sanctuaire consacré à Jupiter Panhellenius, beaucoup moins célèbre que le temple d'Aphaia.
exta (7, 600). Les entrailles des victimes sacrificielles servaient à prédire l'avenir. Voir Fastes, 1, 51, qui renvoie aussi à Fastes, 2, 373 ; 2, 712 ; 4, 638 ; 6, 346.
Égine, fille d'Asopos (7, 616). Voir note au vers 7, 472.
Dodone (7, 623). Ville d'Épire, où se trouvait un sanctuaire célèbre consacré à Zeus et où s'élevait un chêne qui servait aux oracles. On y interprétait la volonté du dieu d'après le bruissement de ses feuilles. Ovide est seul, semble-t-il, à faire intervenir à Égine un rejeton de ce chêne de Dodone et à mettre en scène son rôle dans l'apparition des Myrmidons.
Télamon (7, 647). Un des fils d'Éaque cité plus haut (7, 476).
Myrmidons (7, 654). Au sens propre, les Myrmidons étaient un peuple de Thessalie, ainsi appelés du nom de leur tout premier roi Myrmidon. Ils participent au siège de Troie, emmenés par Achille, qui était alors leur roi, et par Patrocle. Leur nom vient du grec « myrmex » qui signifie « fourmi ». Le rapport entre les Myrmidons de Thessalie et ceux d'Égine n'est pas clair, les auteurs anciens accordant la « priorité » tantôt aux uns, tantôt aux autres. On penchera pour le caractère récent de la légende mettant Éaque en rapport avec eux.
Eurus... Auster (7, 659-660). Voir 1, 61 et 1, 66. L'Eurus est généralement considéré comme un vent du sud-est et l'Auster, un vent du midi. D'après ce passage d'Ovide, Céphale serait venu d'Athènes à Égine, poussé par l'Eurus (logiquement, on aurait attendu un vent de nord-est), et retournerait poussé par un vent du sud. On pourrait déduire une fois de plus qu'Ovide n'est pas toujours géographiquement très précis, ou que les noms des vents sont interchangeables.
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