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OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE VI
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2006]
La tragédie de Térée, Procné et Philomèle (II) - Épilogue (6, 571-721)
Préparation de la vengeance des deux soeurs (6, 571-600)
Philomèle, au fond de sa retraite forcée, imagine un stratagème et fait transmettre secrètement à Procné un message tissé sur une toile et relatant ses malheurs. Procné, qui est seule avec sa soeur à connaître la conduite monstrueuse de Térée, décide alors de se venger, prête à franchir les limites de l'interdit. (6, 571-586)
Désormais sans illusion sur son époux, elle profite des fêtes en l'honneur de Bacchus et simule le délire propre aux Bacchantes pour aller délivrer Philomèle et la ramener au palais, cachée sous les attributs du dieu, pampres et feuilles de lierre. (6, 587-600)
6, 571 | Signa deus bis sex acto lustrauerat anno ; quid faciat Philomela ? Fugam custodia claudit, structa rigent solido stabulorum moenia saxo, os mutum facti caret indice. Grande doloris |
Le dieu déjà avait parcouru les douze signes et un an avait passé ; que pouvait faire Philomèle ? Des gardes empêchent sa fuite, les murs de l'étable se dressent, construits de blocs de pierre, sa bouche muette ne peut signaler ce qui s'est passé. |
6, 575 | ingenium est, miserisque uenit sollertia rebus. Stamina barbarica suspendit callida tela purpureasque notas filis intexuit albis, indicium sceleris ; perfectaque tradidit uni, utque ferat dominae, gestu rogat ; illa rogata |
Mais la douleur est très ingénieuse, et l'habileté naît du malheur. |
6, 580 | pertulit ad Procnen ; nescit quid tradat in illis. Euoluit uestes saeui matrona tyranni germanaeque suae fatum miserabile legit et (mirum potuisse) silet ; dolor ora repressit, uerbaque quaerenti satis indignantia linguae |
Suite à cette demande, la servante transmit le message à Procné, |
6, 585 | defuerunt nec flere uacat, sed fasque nefasque confusura ruit poenaeque in imagine tota est. Tempus erat, quo sacra solent trieterica Bacchi Sithoniae celebrare nurus ; nox conscia sacris. Nocte sonat Rhodope tinnitibus aeris acuti ; |
lui manquent. Sans prendre le temps de pleurer, prête à mêler |
6, 590 | nocte sua est egressa domo regina deique ritibus instruitur furialiaque accipit arma. Vite caput tegitur, lateri ceruina sinistro uellera dependent, umero leuis incubat hasta. Concita per siluas turba comitante suarum |
Cette nuit-là,
la reine sort de sa demeure ; on la pare pour célébrer les rites du dieu et elle prend les armes propres aux fêtes orgiaques. Elle a la tête couverte de pampres, à son flanc gauche pend une peau de cerf, sur son épaule repose une lance légère. Poussée à travers les bois avec la foule de ses compagnes, |
6, 595 | terribilis Procne furiisque agitata doloris, Bacche, tuas simulat. Venit ad stabula auia tandem exululatque euhoeque sonat portasque refringit germanamque rapit raptaeque insignia Bacchi induit et uultus hederarum frondibus abdit |
Procné, effrayante et agitée par les furies de la douleur, feint, ô Bacchus, d'être en proie à tes furies. Elle parvient enfin à la bergerie à l'écart des chemins, elle hurle, crie évohé, brise les portes, enlève sa soeur qu'elle revêt aussitôt des attributs de Bacchus, lui dissimule le visage sous des feuilles de lierre, puis entraîne |
6, 600 | attonitamque trahens intra sua moenia ducit. |
la jeune fille stupéfaite qu'elle conduit dans les murs de sa demeure. |
L'exécution de la vengeance : meurtre d'Itys (6, 601-646)
Procné a ramené au palais sa soeur épouvantée et pétrie de honte. Elle lui fait part en secret de la nécessité de se venger de Térée, l'artisan de leurs malheurs à toutes deux. Très décidée, elle hésite encore sur le moyen à mettre en oeuvre. Mais l'arrivée de son jeune fils Itys lui donne une idée. (6, 601-623)
À la vue de l'enfant pourtant caressant et enjoué et malgré un court moment d'attendrissement, elle conçoit un plan diabolique et l'on pressent que la vengeance des deux soeurs se fera au détriment de l'enfant. Dans une pièce retirée, elles tuent Itys, le mettent en pièces et préparent ses chairs pour les servir comme repas à Térée. (6, 624-646)
Banquet de Térée. Métamorphoses des protagonistes (6, 647-674)
Procné trouve un prétexte pour isoler Térée et elle lui sert comme repas, à son insu, les chairs de son fils. Et quand tout est consommé, lorsque Térée demande Itys, Procné éprouve une joie mauvaise à le renseigner, tandis que Philomèle apporte la preuve du meurtre en lançant la tête d'Itys à la face de son père. Désespéré, Térée cherche à poursuivre ses ennemies. (6, 647-666)
Ce long récit se termine par la description très succincte de la métamorphose soudaine des deux soeurs en oiseaux, l'une ayant gagné la forêt (le rossignol ?), et l'autre se réfugiant sous les toits (l'hirondelle ?). Quant à Térée, il est devenu une huppe. (6, 667-674)
6, 647 | His adhibet coniunx ignarum Terea mensis et patrii moris sacrum mentita, quod uni fas sit adire uiro, comites famulosque remouit. |
Procné fait venir à table Térée,
qui n'est conscient de rien, et, prétextant un rituel ancestral que le droit religieux réservait à son seul époux , elle éloigne ses compagnons et ses serviteurs. |
6, 650 | Ipse sedens solio Tereus sublimis auito uescitur inque suam sua uiscera congerit aluum. Tantaque nox animi est : « Ityn huc accersite ! » dixit. Dissimulare nequit crudelia gaudia Procne ; iamque suae cupiens exsistere nuntia cladis : |
Térée assis sur le trône élevé de ses aïeux se met à manger et c'est sa propre chair qu'il accumule dans son estomac. Grande est la nuit de son esprit ! « Faites venir ici Itys ! », dit-il. Procné ne peut dissimuler une joie cruelle, et désireuse déjà d'annoncer elle-même le désastre qu'elle a provoqué, |
6, 655 | « Intus habes, quem poscis » ait. Circumspicit ille atque, ubi sit, quaerit. Quaerenti iterumque uocanti, sicut erat sparsis furiali caede capillis, prosiluit Ityosque caput Philomela cruentum misit in ora patris ; nec tempore maluit ullo |
elle dit : « Celui que tu réclames, tu l'as à l'intérieur. » Il regarde |
6, 660 | posse loqui et meritis testari gaudia dictis. Thracius ingenti mensas clamore repellit uipereasque ciet Stygia de ualle sorores ; et modo, si posset, reserato pectore diras egerere inde dapes emersaque uiscera gestit, |
et témoigner sa joie par des paroles bien méritées. Le Thrace, en poussant un grand cri, repousse la table et évoque de la vallée du Styx les soeurs à la chevelure de serpents. Tantôt il voudrait, si c'était possible, s'ouvrir la poitrine, en expulser ces mets infâmes et mettre au jour ses entrailles ; |
6, 665 | flet modo, seque uocat bustum miserabile nati, nunc sequitur nudo genitas Pandione ferro. Corpora Cecropidum pennis pendere putares ; pendebant pennis. Quarum petit altera siluas, altera tecta subit, neque adhuc de pectore caedis |
tantôt il pleure et s'appelle lui-même le triste bûcher de son enfant ; tantôt encore, l'épée dégainée, il poursuit les filles de Pandion. Les Cécropides, aurait-on dit, avaient leurs corps suspendus à des ailes ; ils étaient suspendus à des ailes. L'une d'elles gagne les forêts, l'autre pénètre sous les toits ; jusqu'à nos jours les traces du meurtre |
6, 670 | excessere notae signataque sanguine pluma est. Ille dolore suo poenaeque cupidine uelox uertitur in uolucrem, cui stant in uertice cristae. Prominet inmodicum pro longa cuspide rostrum ; nomen epops uolucri, facies armata uidetur. |
n'ont pas quitté sa poitrine et son plumage est marqué de sang. Quant à lui, Térée, dans son chagrin et son désir de vengeance, il s'est mué en un oiseau rapide, à la tête surmontée d'une aigrette. Il porte un bec démesuré qui fait saillie comme une longue épée ; cet oiseau, dont la tête semble porter une arme, est la « huppe ». |
Épilogue et transition vers le livre 7 : Borée et Orithye (6, 675-721)
Pandion, mort prématurément, a pour successeur sur le trône d'Athènes son fils Érechthée, père entre autres de deux filles. L'une d'elles, Procris, devient l'épouse heureuse de Céphale, descendant d'Éole. Borée, le Vent du Nord, qui ne parvient pas par la persuasion à obtenir l'autre fille, Orithye, décide de l'enlever de force, le moyen qui lui est le plus naturel. (6, 675-701)
Il enlève dans un tourbillon sa bien-aimée et l'emmène épouvantée en Thrace, où il l'épouse et la rend mère de deux jumeaux, Calaïs et Zétès, lesquels, devenus adultes, partiront avec les Myniens à la conquête de la Toison d'or. (6, 702-721)
6, 675 | Hic dolor ante diem longaeque extrema senectae tempora Tartareas Pandiona misit ad umbras. Sceptra loci rerumque capit moderamen Erechtheus, iustitia dubium ualidisne potentior armis. Quattuor ille quidem iuuenes totidemque crearat |
Cette douleur envoya Pandion chez les ombres du Tartare, avant le jour fixé, avant le terme ultime d'une longue vieillesse. Le sceptre du pays et le gouverment des affaires échut à Érechthée dont on ne sait s'il s'imposa plus par la justice que la force des armes. Il était le père de quatre jeunes gens et d'autant de filles, |
6, 680 | femineae sortis, sed erat par forma duarum. E quibus Aeolides Cephalus te coniuge felix, Procri, fuit ; Boreae Tereus Thracesque nocebant, dilectaque diu caruit deus Orithyia, dum rogat et precibus mauult quam uiribus uti ; |
deux d'entre
elles étaient égales par la beauté. Céphale, le decendant d'Éole, devint ton heureux époux, Procris l'une des quatre ; Borée pâtissait du tort causé par Térée et les Thraces : longtemps, il ne put obtenir la main d'Orithyie, sa bien-aimée, tant qu'il la demanda en préférant les prières à la force. |
6, 685 | ast ubi blanditiis agitur nihil, horridus ira, quae solita est illi nimiumque domestica uento, « et merito ! » dixit ; « quid enim mea tela reliqui, saeuitiam et uires iramque animosque minaces, admouique preces, quarum me dedecet usus ? |
Mais, la douceur n'aboutissant à rien, il
fut gagné par la colère trop habituelle, voire trop familière au vent qu'il est, et dit : « Je l'ai bien mérité ! En effet, pourquoi ai-je renoncé à mes armes : la violence, la force, la colère et les menaces ? Pourquoi employer des prières, dont l'usage ne me convient pas ? |
6, 690 | Apta mihi uis est : ui tristia nubila pello, ui freta concutio nodosaque robora uerto induroque niues et terras grandine pulso ; idem ego, cum fratres caelo sum nactus aperto (nam mihi campus is est), tanto molimine luctor, |
La force, c'est mon affaire : par la force, je chasse les sombres nuées, par la force, j'agite les mers et renverse les chênes noueux, je fais durcir les neiges et je frappe les terres à coups de grêle. De même, lorsque je rencontre mes frères dans l'espace ouvert du ciel – car c'est là mon champ d'action – , je lutte avec tant d'effort |
6, 695 | ut medius nostris concursibus insonet aether exsiliantque cauis elisi nubibus ignes ; idem ego, cum subii conuexa foramina terrae supposuique ferox imis mea terga cauernis, sollicito manes totumque tremoribus orbem. |
que l'éther qui se trouve entre nous, retentit de nos affrontements, |
6, 700 | Hac ope debueram thalamos petiisse, socerque non orandus erat sed ui faciendus Erechtheus. » Haec Boreas aut his non inferiora locutus excussit pennas, quarum iactatibus omnis adflata est tellus latumque perhorruit aequor, |
Doté de ce pouvoir, j'aurais dû exiger le mariage, et je devais non pas |
6, 705 | puluereamque trahens per summa cacumina pallam uerrit humum pauidamque metu caligine tectus Orithyian amans fuluis amplectitur alis. Dum uolat, arserunt agitati fortius ignes, nec prius aerii cursus suppressit habenas, |
Traînant sur les sommets des monts son manteau de poussière, il balaie la terre et, protégé par l'obscurité, l'amant saisit dans ses ailes fauves Orithyie éperdue d'épouvante. Durant son vol, ses feux attisés s'embrasèrent plus fortement et le ravisseur ne relâcha pas les rênes de sa course aérienne |
6, 710 | quam Ciconum tenuit populos et moenia raptor. Illic et gelidi coniunx Actaea tyranni et genetrix facta est, partus enixa gemellos, cetera qui matris, pennas genitoris haberent. Non tamen has una memorant cum corpore natas, |
avant d'avoir atteint le peuple des Cicones et leurs remparts. C'est là que l'Actéenne, l'épouse du roi des glaces, devint mère et mit au monde des fils jumeaux, qui avaient tout de leur mère, si ce n'est des ailes comme leur père. Mais d'après la tradition, ils n'avaient pas ces ailes à leur naissance. |
6, 715 | barbaque dum rutilis aberat subnixa capillis, inplumes Calaisque puer Zetesque fuerunt ; mox pariter pennae ritu coepere uolucrum cingere utrumque latus, pariter flauescere malae. Ergo ubi concessit tempus puerile iuuentae, |
Tant que leur barbe ne poussa pas au-dessous de leur chevelure rutilante, Calaïs et Zétès furent des enfants dépourvus de plumage ; bientôt, en même temps, des ailes, comme chez les oiseaux, se mirent à couvrir leurs flancs, en même temps qu'un duvet blondit leurs joues. Donc, dès que l'enfance eut cédé le pas au temps de la jeunesse, |
6, 720 | uellera cum Minyis nitido radiantia uillo per mare non notum prima petiere carina. |
ils partirent avec les Minyens sur une mer inconnue, avec le premier bateau, à la conquête de la toison brillante aux poils étincelants. |
NOTES
N.B. Deux cartes extraites du Grosser Historischer Weltatlas. I. Vorgeschichte und Altertum, Munich, 6e éd., 1978, p. 22-23, sont disponibles en deux formats différents. Elles correspondent bien sûr à la situation après la Guerre du Péloponnèse (404 a.C.n.), mais peuvent être utiles pour le répérage de nombre de termes géographiques employés par Ovide. Elles concernent :
douze signes (6, 571). Les douze signes du zodiaque, que le soleil parcourt en une année. Nouvelle expression recherchée (cfr 6, 438-439) pour rendre la progression du temps.
métier barbare (6, 576-578). Philomèle est enfermée en Thrace, un monde barbare, et Térée a un comportement de barbare (cfr 6, 458-460 et 6, 533). L'évocation du métier à tisser rappelle l'histoire d'Arachné (cfr 6, 1-145, et spécialement la note aux vers 53-54). La suite rappelle d'une certaine manière le cas d'Io, victime innocente de la passion de Jupiter, et qui, réduite au silence, trouva elle aussi un stratagème pour communiquer avec son père (1, 568-746, plus spécialement 647-650).
une seule... (6, 579-585). Ovide multiplie les indications concernant le caractère secret du contact établi entre les deux soeurs : une seule intermédiaire, et qui ne connaît pas le contenu du message ; l'incapacité de parler de Procné.
permis et interdit (6, 586). Notation prémonitoire. La vengeance de Procné sera monstrueuse.
fêtes triennales de Bacchus (6, 587). La Thrace passe pour la patrie de Bacchus (cfr Fastes, 4, 458). Rien d'étonnant dès lors qu'on y célèbre ses fêtes. Mais leur caractère triennal n'est confirmé par aucun autre témoignage : il peut s'agir d'une invention d'Ovide. Quoi qu'il en soit, on est reporté à la légende de Penthée, très liée aux mystères de Bacchus (3, 511-733, surtout 692-733). Rappelons que Penthée sera tué par sa mère en proie au délire bacchique.
Sithonie (6, 588). La Sithonie est une des presqu'îles de Chalcidique en Thrace. Le mot est employé ici comme synonyme de Thrace.
Rhodope (6, 589). Le Rhodope est une montagne de Thrace (cfr 6, 87 et la note).
la reine sort (6, 590). À la différence des vraies Bacchantes, Procné simule le délire bacchique, mais reste maîtresse de la situation.
armes (6, 591). Non pas les armes au sens militaire du terme, mais l'attirail, l'équipement rituel, qui sera détaillé dans les vers suivants : des pampres, une peau de cerf, une lance légère.
soeurs à la chevelure de serpents (6, 662). Les Érinyes appelées aussi les Euménides (6, 430-432). Voir aussi n. à 4, 452 et 4, 474.
Cécropides (6, 667). Cécrops étant un roi mythique d'Athènes (6, 446), les Cécropides désignent ici les Athéniennes Procné et Philomèle, filles de Pandion. La métamorphose des deux soeurs en oiseaux (le rossignol et l'hirondelle) était sans doute fort connue. Sophocle notamment avait écrit une tragédie maintenant disparue, Térée. Cela explique peut-être la concision d'Ovide, qui ne fait que suggérer de quels oiseaux il s'agit, sans les nommer. Les hirondelles auraient des plumes vaguement rouges sur la gorge. Les récits toutefois ne sont pas uniformes et des variantes existent. Selon Hygin (Fab., 45), Procné est l'hirondelle et Philomèle le rossignol ; pour Apollodore (Bibl., 3, 14, 8 [193-195], cité dans la n. à 6, 424), Procné devint un rossignol et Philomèle une hirondelle. Les poètes romains font généralement de Philomèle le rossignol, son nom évoquant davantage la musique (« qui aime le chant »). Le rôle des soeurs aussi peut varier : ainsi Philomèle est parfois présentée comme la femme de Térée.
huppe (6, 674). Sur le sort de Térée aussi, les récits ne sont pas uniformes. Pour certains (Ovide, Apollodore), il est transformé en huppe, pour d'autres (Hygin), en épervier. La huppe est un « oiseau passereau de la grosseur d'un merle, ayant une touffe de plumes sur la tête » (Larousse). L'épervier, lui, est un oiseau rapace diurne, long de 30 à 40 centimètres.
Cette douleur (6, 675). Les malheurs de ses filles, victimes de Térée, causèrent la mort de Pandion. Voir l'épisode précédent, notamment 6, 486-510.
Érechthée (6, 677). Érechthée est le fils de Pandion, donc le frère de Procné et de Philomèle. Devenu roi d'Athènes, et époux de Praxithea, il eut de nombreux enfants (huit, dit Ovide), dont deux filles particulièrement et également belles, Procris et Orithye, dont il va être question plus loin.
Céphale... Procris (6, 681-682). Procris, une des filles d'Érechthée, est l'épouse de Céphale. Les deux personnages sont simplement évoqués ici, en attendant de plus longs développements qui leur seront consacrés au livre 7, 661-865. De l'autre fille d'Érechthée, Orithye, qui deviendra l'épouse de Borée, il sera question plus en détail dans le passage suivant.
Borée (6, 682). Borée est le dieu du Vent du Nord, appelé aussi Aquilon. Il habite en Thrace, un pays froid pour les Grecs, et il est représenté comme un démon ailé, doté d'une force brutale. Fils d'Éos (l'Aurore) et d'Astrée, il est le frère de Notos et de Zéphyr et appartient à la race des Titans. Une des principales légendes le concernant est le rapt d'Orithyie, que développe ici Ovide. Étant Thrace, Borée a souffert à Athènes de la mauvaise réputation du barbare Térée, venu lui aussi de Thrace. – Le rapt d'Orithyie par Borée est souvent représenté dans l'iconographie antique. Platon, dans le Phèdre (229b), situe l'événement sur les bords de l'Ilisos, et montre Phèdre interrogeant Socrate sur le sens de cette légende.
et moi encore... (6, 697-699). Beaucoup de savants, en particulier les Stoïciens, expliquaient les tremblements de terre par l'action de certains vents souterrains (G. Lafaye).
Cicones (6, 710). Peuple habitant les montagnes sur la côte méridionale de la Thrace. « Dans l'Odyssée (9, 39-66), Ulysse raconte comment, avec ses compagnons, il met leur ville à sac, tuant les guerriers et pillant les richesses » (J.-Cl. Belfiore).
l'Actéenne (6, 711). Acté est un ancien nom de l'Attique, tiré de celui que portait son premier roi Actaios (2, 554 et 2, 720). « Actéenne » ne veut rien dire d'autre que « Athénienne », et le mot désigne ici Orithye.
fils jumeaux (6, 712). Il s'agit de Calaïs et de Zétès, qui seront nommés au vers 716, et qui sont deux des nombreux fils de Borée et Orithyie. Ils participèrent à l'expédition des Argonautes, où ils sont notamment impliqués dans la légende des Harpyes et de Phinée (7, 2-4, mais surtout Apollonius de Rhodes, Argonautiques, 2, 240-290 ; et Virgile, Én., n. à 3, 209-211).
Minyens (6, 720-721). « Le nom de Minyens était donné aux Argonautes, dit Hygin (Fab., 14), parce que plusieurs d'entre eux étaient issus en ligne maternelle de Minyas, en particulier leur chef Jason » (J. Chamonard). Il a déjà été question dans les Métamorphoses de Minyas, roi d'Orchomène, et de ses trois filles, Leucippé, Aristippé et Alcithoé, les Minyades (cfr 4, 1-415). – L'expédition des Argonautes, partis à la conquête de la Toison d'or sur le navire Argo, le premier bateau à avoir été construit, est l'objet de l'épopée du 3ème siècle av. J.-C., du poète alexandrin Apollonius de Rhodes, Les Argonautiques ; Ovide traite de ce sujet au début du livre sept.
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