Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS - Plan - Scène VII - Scène IX

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


EURIPIDE

MÉDÉE

Traduction nouvelle commentée et annotée
Danielle De Clercq, Bruxelles, 2005

COMMENTAIRE ET NOTES

 
Scène VIII (vv. 357-409)

Méridier supprime le v. 357, mal placé par rapport aux onomatopées traduisant les sanglots du coryphée, qui, littéralement subjugué par le malheur de Médée, se répand en plaintes sur l'avenir de celle-ci (358-363). Médée (364-370) reprend sobrement dans le même sens, mais soudain son ton change: elle se rit de Créon et, sans plus attendre expose son projet de venger sa dignité blessée. Elle se montre à la fois méthodique et passionnée.

Après avoir annoncé sans ambages son intention de tuer Créon, sa fille et Jason (371-375), elle compare froidement les instruments du meutre et se décide pour le poison (376-385). Soudain le doute sur son avenir hypothétique de tueuse en fuite la saisit brièvement (386-389). Écartant rapidement l'hypothèse de trouver une protection - ce qui annonce la SC.XII (Cf.663-773) -, Médée se décide irrévocablement à tuer coûte que coûte (390-394). Le soliloque se prolonge par une autoexcitation au meurtre que Médée justifie par la gloire de ses ascendants, incompatible avec le ridicule dont la couvre Jason (395-406). Elle conclut en soulignant à nouveau le penchant meurtrier de la femme blessée (407-409). Cf. 264; 822-823.

Les intentions criminelles de Médée visent clairement Jason (371-375) et non ses enfants. On remarquera, quand Médée révélera son plan pour tuer sa rivale dans la SC.XIII (Cf. 764-823), qu'il ne sera plus question de la mort physique de Jason - et il n'en sera d'ailleurs plus jamais ainsi. Par contre, à ce moment-là, Médée décidera de tuer ses enfants pour ruiner la maison de Jason, faire donc de celui-ci un mort vivant (Cf. 790-796). On notera d'ailleurs l'absence de Jason lorsque sa nouvelle épouse et Créon meurent dans les flammes sous l'effet des poisons de Médée (Cf. 1202 sv), ce qui aurait pu provoquer sa propre mort. Mais cela faisait perdre à Euripide l'occasion de confronter, dans la scène finale (1317-1419), Jason vaincu par le malheur et Médée triomphante.

Hécate (397). Titanide à qui Zeus a laissé tous ses pouvoirs après sa victoire sur Cronos. De plus il la révère particulièrement. Elle règne à la fois sur le ciel et la vie terrestre dont elle assure la fécondité, sur la mer, intervient dans les conflits, où elle octroie sa protection à ceux envers qui elle se montre favorable. Cf. Hésiode Th. 411. Elle a aussi un aspect cruel: elle tue non seulement les chasseurs, mais est aussi empoisonneuse. La multiplicité de ses attributs la fait identifier à la fois à Sélénè, Artémis et Perséphone. Une tradition en fait l'épouse d'Aeétes et la mère de Médée. Cf. Apollonios de Rhodes IV 147 sv; Diodore IV 45 1-3.

Sisyphe (405). Fils du roi légendaire de Magnésie en Thessalie, Éole, et fondateur de Corinthe. Il est connu surtout pour son châtiment dans les Enfers, où il est condamné à pousser éternellement au sommet d'une éminence un rocher qui en retombe inévitablement. Cf. Lucrèce III 995 sv. Albert Camus (Le Mythe de Sisyphe) en a fait le symbole de l'absurdité de la condition humaine.

née (406). Cf. Aeètes; Hèlios.

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