Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS - Plan - Scène VI - Scène VIII

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EURIPIDE

MÉDÉE

Traduction nouvelle commentée et annotée
Danielle De Clercq, Bruxelles, 2005

COMMENTAIRE ET NOTES


Scène VII (vv. 271-354)

Au moment même où Médée a trouvé l'appui du choeur, ses perspectives d'avenir s'assombrissent à nouveau avec l'arrivée de Créon, l'auteur créant une connivence avec le public qui connaît déjà la décision du souverain d'exiler Médée et ses enfants. Cf. 67-73.

On ne voit le maître de Corinthe que dans cette scène. Plus tard, sa mort atroce causée par Médée sera décrite par un messager (Cf. 1136-1230). L'antinomie apparaît clairement entre son nom et son caractère (Kreôn ou Kreiôn: nom propre tiré de ho kre(i)ôn le plus fort, d'où le chef, le maître). Le souverain se montre d'emblée mal assuré dans son autorité qu'il manifeste et défend de manière brutale (271-276).

Si Médée laisse à nouveau, dans la première partie de l'échange, percer son émoi (277 sv, 292), celui-ci est rapidement maîtrisé. Elle réussit tout de suite à extorquer de Créon l'aveu de ses craintes pour sa fille en qui il voit une victime potentielle de la magicienne. (282-291). Elle se montre à nouveau volontiers discoureuse (292-315). Artificielle cette longue tirade de Médée? Au contraire. De même qu'elle vient de subjuguer les femmes du choeur (Cf. 214-270), la magicienne captive littéralement Créon, qui ira jusqu'à trembler (307).

La partie est-elle gagnée pour Médée? Elle se heurte soudain à une nouvelle réaction brutale de Créon que son pouvoir effraie (316-323). S'engage alors une stichomythie haletante (324-339), où Créon se montre de plus en plus mal à l'aise dans sa brutalité. Médée finit par obtenir qu'il l'écoute (340-347), et par le circonvenir en remuant la corde sensible de l'amour filial. Le roi, tout en étant conscient de sa propre faiblesse, accorde à Médée de surseoir d'un jour à son exil, ce qui permettra à celle-ci d'ourdir et d'exercer sa sinistre vengeance (348-354).

La Barbare a donc pris, une nouvelle fois l'avantage, par la fascination de sa personnalité mais aussi à la manière grecque, par la parole, sur la brutalité (langagière) du roi de Corinthe et ses menaces de violence qui masquent mal un désarroi non maîtrisé. Créon s'est montré le plus barbare des deux!

Méridier ne tient pas compte des vv. 355-356

havre (279). Nouvelle métaphore maritime. Cf. 258; 769; 1342;1369.

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