FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 19 - janvier-juin 2010


Le Carmen contra paganos : accueil

par

Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet

 

   L'essentiel du Codex Parisinus Latinus 8084, un manuscrit du VIe siècle en capitales rustiques, est occupé par des oeuvres de Prudence, mais ses trois dernières pages (fol. 156r-158v), écrites dans une écriture différente (des onciales), contiennent, sans titre ni nom d'auteur, un poème de 122 hexamètres. Son existence est connue depuis 1620, mais il n’a été publié dans son intégralité qu’au XIXème siècle. On lui donne généralement le nom de Carmen contra paganos.

   Il s'agit d'une satire violente à l'égard des rites et des mythes païens que l'auteur anomyne tourne en ridicule. Est particulièrement visé un haut personnage de la classe sénatoriale de Rome, qui fut un homme politique important et manifestement un des chefs du parti païen. Le pamphlétaire ne le nomme pas, mais l'attaque méchamment pour son attachement au paganisme ainsi que pour l'hostilité, sournoise mais féroce et dangereuse, qu'il témoigne au christianisme.

    Selon l'opinion commune, on est à l'extrême fin du IVe siècle. À cette date, la nouvelle religion a certes « le vent en poupe » et l'appui des empereurs, mais, à Rome en tout cas, c’est l’époque où l’aristocratie, face aux succès officiels du christianisme, veut apparemment manifester, dans un mouvement qu'on a parfois qualifié de « réaction païenne », une certaine forme d’indépendance par rapport au pouvoir. Le Carmen contra paganos s'inscrit dans ce contexte romain politico-religieux particulier, où le paganisme est encore bien présent.

   Le fascicule 19 (2010) des Folia Electronica Classica propose un éclairage sur cette pièce qui a été beaucoup étudiée et qui pose encore beaucoup de problèmes. On pourra y trouver successivement :

    Le Carmen ad paganos a été rapproché de deux autres poèmes anonymes d'origine chrétienne également, le Carmen ad senatorem et le Poema ultimum, auxquels est consacré en partie le fascicule 20 (2010) des Folia Electronica Classica. Les trois pièces présentent certaines caractéristiques communes, notamment la critique du paganisme auquel, on l'a dit plus haut, restaient fidèles, dans l'Antiquité tardive, certains représentants de la haute aristocratie romaine.


FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 19 - janvier-juin 2010

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