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Anthologie Palatine : Présentation générale - Plan - Avant-propos - Biographies des poètes - Table des matières

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


 

Anthologie grecque

Livre V, 201-309

 

 

 Traduction Philippe Renault (2004)


Plan

1-100 - 101-200

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 Autres


V, 201

Hédylos, La veillée

Tenant entre ses mains une cithare d'or,

Léontis a veillé jusqu'à ce que l'Orient

Accueille enfin l'éclat sublime de l'aurore ;

Pour ne pas oublier la plus douce des nuits,

Elle offre à Cythérée la lyre dont les chants

Sont des Muses jolies la faveur inouïe.


V, 202

Asclépiade ou Posidippe, Chevauchée d'amour

Ce fouet rutilant, ces rênes magnifiques,

Plangone en fait présent à l'équestre portique [1] :

Au trot monté il a pu vaincre Philénis

Le soir, quand les chevaux commençaient à hennir.

Ah ! donne-lui la gloire, ô aimable Cypris,

Et que de ta faveur on ait le souvenir.

[1] Ce portique surmonté de chevaux se trouvait sur le promontoire de Zéphyrion dans la banlieue d'Alexandrie.


V, 203

Asclépiade, L'éperon

Cypris, Lysidiké te donne l'instrument

Des folles chevauchées, son éperon ardent :

Ah ! mazette, il en a épuisé des montures !

Mais jamais, je l'assure,

Il n'a blessé leurs flancs, car c'était un expert.

Pas besoin d'aiguillon !

Pour aboutir, il suffisait de laisser faire !

Et c'est pourquoi voici consacré l'éperon

En ton pieux sanctuaire.


V, 204

Méléagre, Le vieux bateau

Jadis, Timarion était un fin vaisseau ;

Avec peine, aujourd'hui, on la voit sur les flots.

Elle est, telle une vergue sous un mât, tordue !

Ses cheveux sont autant de haubans détendus.

Les voiles de ses seins sont tombées et remuent :

Des rides s'y sont figées comme sur son ventre.

Dans la cale, de l'eau s'écoule de partout ;

Un roulis fait claquer ses malheureux genoux.

Et toi, monté à bord d'une telle galère,

Ce cercueil ambulant, tu traverses vivant

Le fleuve des Enfers.


V, 205

Anonyme, Offrande à Cypris

Le torcol de Nico, qui attire l'amant

Au fond des eaux et qui fait sortir les enfants

Du gynécée, eh bien, le voici travaillé

Dans une améthyste pure et toute incrustée d'or :

Nico te la consacre, Cypris, tel un trésor,

Une laine pourprée l'entourant : c'était là

Le cadeau d'une sorcière de Larissa.


V, 206

Léonidas, Aux Muses de Pimplée

Mélo et Satyré, nées d'Antigénidas [1],

Musiciennes douées, mais vieilles et livides,

Ont consacré ces dons aux Muses Pimpléides :

Mélo, tous ses pipeaux où elle fit merveille,

Ainsi que leur étui ; Satyré, sa syrinx,

Tout imprégnée de cire et l'amie de ivrognes,

Objet dont elle usait en attendant l'aurore,

Sans crainte de rester debout près de la porte.

[1] Antigénidas était un compositeur et joueur de flûte renommé au IVème siècle av. J.-C. Ses filles exerçaient sans doute le même art. Épigramme une fois de plus mal placée puisqu'il s'agit d'une œuvre votive et non érotique.


V, 207

Asclépiade, Les Lesbiennes de Samos [1]

Bitto et Nannion, deux filles de Samos,

S'adonnent sans arrêt à leurs lubricités,

Dédaigneuses des lois par Cypris édictées.

Aussi, divinité, éclabousse de haine

Les transfuges d'un lit dont tu es souveraine.

[1] Le lesbianisme était considéré sous un angle avilissant dans les mentalités grecques et « contre nature ».


V, 208

Méléagre, Changement de désir

Je n'ai plus guère en moi la folie des garçons

Car chevaucher quelqu'un qui aime recevoir

Mais ne vous donne rien est propre à décevoir !

Désormais une fille a pour moi le béguin !

« Une main lave l'autre » [1] : allez, ouste, gamins !

Vos guiboles velues, je ne veux plus les voir

[1] Expression grecque familière qui signifie un changement radical de pratique.


V, 209

Posidippe ou Asclépiade, Le naufragé et la nageuse

Déesse de Paphos, Cypris, sur ton rivage,

Cléandre vit Nico nager dans tes eaux pures :

Soudain l'amour lui fit une ardente blessure :

Il brûla tout à coup pour la belle mouillée.

Le garçon s'écroula sur le sable pendant

Qu'elle atteignait la rive. Ils sont dorénavant

Réunis par l'amour : son vœu ne fut pas vain

Et tout ce qu'il voulait par miracle il l'obtint.


V, 210

Asclépiade, La beauté noire [1]

Didyme m'a vaincu par la séduction :

Par sa beauté, je fonds comme la cire au feu :

Elle est noire, je sais, mais il importe peu :

Le charbon qu'on allume est pareil à la rose

Et brille à la chaleur d'un éclat merveilleux

[1] Cette pièce a été imitée avec succès par le poète français Paul-Jean Toulet (Contrerimes, 61).


V, 211

Posidippe, D'une flamme à l'autre

Ô fêtes et chagrins, pourquoi pousser le vice

À me tourner encor vers le feu de Cypris

Dès que le mien s'apaise ?

Ah ! cet Amour me pèse :

De me faire souffrir Aphrodite est bien aise.


V, 212

Méléagre, Les philtres de l'amour

Mon ouïe est sensible aux chansons de l'amour ;

Aux désirs mon œil donne en silence ses pleurs ;

Rien ne peut m'apaiser, ni la nuit, ni le jour :

Et les philtres, déjà, ont terrassé mon cœur.

Ô volages Amours, vous me cernez toujours !

Vous pourriez aussi bien vous envoler ailleurs !


V, 213

Posidippe, Le mot de passe

Je n'irai pas chez elle

De peur de la trouver

Dans les bras d'un amant.

Mais si Pythias dort

Sans homme en ce moment,

Par Zeus, fais-la venir

Et dit ce mot de passe :

« Éros, ce frais gaillard

M'a guidé jusqu'à toi,

Malgré tous les voleurs,

Afin que tu m'enlaces,

Je suis ivre et hagard... »


V, 214

Méléagre, Le joueur de balle

L'Amour qui brûle dans mon sein

De jouer à la balle a toujours le besoin :

Aussi, Héliodore,

Il te lance mon cœur amoureux qui soupire.

Et comme un partenaire il veut que tu l'accueilles.

Si tu renvoies la balle ainsi que le désir,

Terrible infraction à la loi de ce sport,

Je serais fort peiné, chère Héliodore !


V, 215

Méléagre ou Posidippe, L'épitaphe

Éros, pour ma Muse, je t'en supplie,

Viens éteindre le désir qui me lie

À Héliodore : je voudrais dormir !

Si tu ne fais rien, j'en fais le serment

Sur ton arc, ce pourvoyeur de traits,

Je ferai graver cette inscription :

« Vois, promeneur, un homme massacré

Par l'intense feu de la passion. »


V, 216

Agathias le Scholastique, Conseils à l'amoureux

Tu souffres le martyre parce que tu aimes.

Surtout ne supplie pas !

Sois toute dignité devant cette inhumaine !

Montre-lui du dédain.

Car, vois-tu, les femmes adorent triturer

À la fois l'orgueilleux et le pauvre paumé !

Fais en sorte d'unir harmonieusement

Douceur et dignité,

Et tu seras alors un merveilleux amant.


V, 217

Paul le Silentiaire, Le vrai sens du mythe

Sous forme de pluie, Zeus parvint à s'immiscer

Dans la chambre d'airain où couchait Danaé

Et la dépucela. Cette fable est sensée :

« L'or est toujours vainqueur des plus lourdes murailles. »

Oui, l'or se moque bien des obstacles de taille

Et de toutes les clés ; l'or brise le dédain :

C'est lui qui fit plier l'âme de Danaé.

C'est pareil pour l'amant : il n'est pas nécessaire

D'implorer Cythérée s'il offre un bon salaire.


V, 218

Agathias le Scholastique, La jeune fille aux cheveux coupés

Polémon le fiérot, le héros de Ménandre [1],

Le type qui s'en prend aux cheveux de sa femme,

A trouvé un émule, un nouveau Polémon

Qui, d'un coup, a rasé, sans aucun état d'âme,

Les cheveux de Rodanthe : il en a rajouté

Dans le genre tragique en flagellant la fille,

Cette pauvre petite : excès de cruauté !

Était-ce si méchant d'avoir tant compati

À mon ennui, vraiment ? Et maintenant, l'affreux

Interdit nos ébats : il est anéanti,

Jaloux qu'il est ! Il a beau dire, il a beau faire :

Il est le Détesté et moi, le Furieux,

Moi qui ne peux plus voir la Belle sans cheveux.

[1] Épigramme bâtie à partir des titres de trois pièces célèbres de Ménandre.


V, 219

Paul le Silentiaire, L'amour secret

Ô Rhodopé, cachons nos tendres exercices :

Il faut nous dérober de l'œil qui opportune

Tout en continuant nos amoureux caprices.

Suave est le secret quand des feux nous consument.


V, 220

Agathias le Scholastique, Le bourreau

Tes cheveux blancs auraient dû t'assagir

Car tu n'as plus le goût des amours palpitants.

Sur tes cadets tu devrais compatir

En regard de ta passion d'antan.

Or, pour un vulgaire accident

Tu injuries cette fille si frêle

Qui croyait fort en ton cœur paternel :

Or, un bourreau se trouve devant elle.


V, 221

Paul le Silentiaire, Le suicide

Quand pourrons-nous goûter ce baiser fugitif

Et ne plus supporter ces regards d'un feu vif ?

Maintenant soyons clair : crions notre tourment !

Et s'il est refusé que nous nous unissions,

Pour apaiser ce mal prenons la décision

D'user de cette épée en guise de remède.

Il semble plus heureux de lier nos deux sorts

Soit pour la vie, soit pour la mort.


V, 222

Agathias le Scholastique, La joueuse de cithare

Le plectre en main, caresse-t-elle une cithare ?

On croirait écouter la muse Terpsichore.

Déclame-t-elle ensuite une scène tragique ?

C'est la voix d'or de Melpomène qui résonne.

Enfin, sur sa beauté, Aphrodite en personne

Serait vaincue par elle et ce, malgré Pâris !

Mais silence sur nous [1] ! Car Dionysos peut

Guetter notre babil : il suffit de bien peu

Pour que dans la couche d'Ariane il ne se glisse [2].

[1] Formule homérique.
[2] Ariane est le nom de sa maîtresse, un nom qui rappelle à l'auteur la mythique Ariane, fille de Minos, qui s'unit à Dionysos.


V, 223

Makédonios le Consulaire, Sans se presser [trad. F. Dehèque]

Étoile du matin, ne me brusque pas, quoi !

Je baise en ce moment ! Ne fais pas comme Arès,

Ton voisin, ce sans-cœur ! N'as-tu pas autrefois

Ralenti ton parcours aux portes d'Orient, hein !

Quand tu vis Phaéton chevauchant sa Clymène [1] ?

Viens donc tout doucement, comme chez les Cimmériens [2],

Car j'aboutis à peine.

[1] Hélios avait couché avec Clymène, Océanide reine d'Ethiopie (cf. Nonnos, Dionysiaques, VII, 289).
[2] Au pays des Cimmériens, le soleil ne se lève jamais.


V, 224

Makédonios le Consulaire, Supplication

Éros, laisse mon cœur et mon foie [1], je t'en prie :

Si tu veux me frapper, de mon corps que voici

Touche une autre partie.

[1] Le foie était considéré comme le lieu du désir chez les Anciens, ce qui explique le mythe du foie de Prométhée dévoré par l'aigle.


V, 225

Makédonios le Consulaire, Pas de remède !

Ma passion est une plaie

D'où s'écoulent des pleurs de sang [1] :

Elle ne se ferme jamais !

Suffit, ô mon mal incessant !

Et dire que Machaon

Ne m'a trouvé aucun remède !

Je suis Télèphe, ô jeune fille :

Aussi, pour moi sois un Achille,

Que ta beauté me vienne en aide,

Beauté, cause de mon désir...

[1] Ce vers fut imité par Musset dans la Nuit de mai ainsi que dans les Vœux stériles.


V, 226

Paul le Silentiaire, Les yeux dangereux

Ô misérables yeux,

Jusqu'à quand boirez-vous

L'amoureuse liqueur,

Vous qui, de la Beauté

Êtes grands amateurs ?

Ah ! puissé-je partir

Pour que, paisiblement,

À Cypris, ce doux miel [1]

J'offre mes libations.

Si le désir harcèle,

Malgré tout, mes prunelles,

Que votre punition

Soient mes larmes glacées

Car à cause de vous

Je fabrique un brasier.

[1] C'est plutôt Artémis qui bénéficiait d'une telle épithète. On sait toutefois qu'une Cypris Meilichias (de miel) avait un temple sur le Bosphore thrace.


V, 227

Makédonios le Consulaire, Les vendanges

Chaque année qui se fait on vendange les vignes :

Les grappes sont ôtées sans maudire les vrilles

Pour autant. Mais toi, femme adorée, lumière

De ma vie, je t'enroule en mes bras et m'affaire

À vendanger ton cœur, sans attendre l'été,

Ni le printemps, toi qui, tel l'arbre, aimes porter

Des fruits appétissants. Puisse ta souveraine

Jeunesse perdurer : si quelque ride affleure,

- Une vrille égarée - rassure-toi, splendeur,

Je t'aimerai quand-même !


V, 228

Paul le Silentiaire, À quoi bon !

Pour qui tresseras-tu tes cheveux ?

Pour qui te feras-tu les ongles ?

Pour qui soigneras-tu tes mains [1] ?

Et pourquoi donc soigner ta mise

Maintenant que Rhodopé est si loin ?

Non, que ces yeux qui la voyaient

Ne regardent plus l'aurore scintiller.

[1] Deux vers imités de Tibulle (Élégies, I, 8).


V, 229

Makédonios le Consulaire, Un cœur de pierre

En voyant Niobé en émoi, un berger

Trouvait fort singulier une roche pleureuse.

Quant à moi qui gémis dans la nuit ténébreuse

Je n'ai pas réussi à toucher Évippé,

Un rocher fait de chair. Nous avons en commun,

Niobé et moi-même, une douleur sans fin :

Niobé sanglotait sur sa progéniture ;

Moi, je pleure sur un amour qui me torture.

[1] On sait que Niobé, même changée en rocher, continuait à émettre des plaintes après le meurtre de ses quatorze enfants.


V, 230

Paul le Silentiaire, Le cheveu qui enchaîne

D'un simple cheveu d'or arraché de sa tête

Doris m'a capturé ! Elle a fait ma conquête !

D'abord je me moquai d'un tel enchaînement

Croyant m'en libérer tout à fait aisément.

Or, je suis prisonnier, ne puis me libérer !

J'ai beau gémir ! Malheur, à ce cheveu doré

Me voici suspendu, obligé que je suis

D'accompagner partout la terrible Doris.


V, 231

Makédonios le Consulaire, Beauté fatale

Tes armes favorites :

Tes lèvres si jolies,

Ton visage fleuri,

La lyre dans tes mains

Et tes yeux qui crépitent.

Ton regard étincelle,

Son charme nous ravit,

Ton chant nous éblouit :

Et nous, pauvres mortels,

Nous te sommes soumis !


V, 232

Paul le Silentiaire, De l'une à l'autre

J'embrasse Hippoménès mais je pense à Léandre ;

Mais que j'embrasse la dernière, et je ne pense

Qu'à Xanthos : un baiser à la même Xanthos,

Hippoménès m'obsède : ainsi de l'une à l'autre

Je passe, en oubliant la femme que j'étreins

Pour une autre pensée. Quelle sensation !

Que celle qui me blâme aille vers son époux

- Son unique - et se cloître au fond de sa maison.


V, 233

Makédonios le Consulaire, L'impatience

« Oui, oui, demain, je penserai à toi, promis ! »

Dis-tu. Or ce demain est toujours compromis.

Et c'est ainsi que tu réponds à mes faveurs !

Or, pour d'autres galants, je connais tes ardeurs…

Sans cesse est repoussé chacun de mes espoirs.

Quelquefois tu me dis : « Je te verrai ce soir ! »

Mais le soir, c'est l'instant où une femme sombre

Dans la triste vieillesse où les rides abondent.


V, 234

Paul le Silentiaire, Cypris victorieuse

J'ai secoué jadis,

Au temps de ma jeunesse

Les désirs de Cypris.

Mais jamais accessible

À ces flèches de feu

Décochées par Éros.

Maintenant, je suis vieux,

Ô reine de Paphos,

J'accepte ma défaite ;

Aussi, accueille-moi

Par des rires de fête.

De la sage Pallas

Tu triomphes encor

Mais avec plus d'éclat

Qu'au temps où tu gagnas

La belle pomme d'or [1].

[1] Allusion au fameux jugement de Pâris.


V, 235

Makédonios le Consulaire, Le naufragé

Oui, je n'attendais que cela, mais il est vrai

Que j'avais cessé complètement d'espérer !

Je suis tout chaviré, je ne sais où j'en suis,

Tant je suis étonné ! Mon cœur est agité.

Par les flots de Cypris mon âme est submergée.

Vite, reçois-moi dans ton port, car je suis prêt

À mourir sur la plage, égal au naufragé.


V, 236

Paul le Silentiaire, Le supplice de Tantale

Le supplice de Tantale [1]

Est comparable à ma douleur.

Au moins Tantale peut, sans peur

Embrasser tes lèvres, rose fatale !

De plus, Tantale ne s'inquiète

Que du rocher suspendu sur sa tête,

Et il n'a qu'une seule mort !

Plus terrifiant est mon sort :

Je suis encor en vie quand je souffre d'amour

Et je pressens la mort lorsque mon cœur est lourd.

[1] Lieu commun poétique.


V, 237

Agathias le Scholastique, Ennuyeuses hirondelles

Toute la nuit, hélas, je me suis lamenté :

L'aurore se montrait et j'allais sommeiller

Quand j'entendis les hirondelles gazouiller,

Écartant mon désir d'un repos mérité.

Mes yeux restent ouverts et pensent à Rhodanthe

Dont le souci me hante.

Hirondelles, cessez ! Je ne suis pas coupable

D'avoir coupé la langue à Philomèle, enfin [1] !

Allez donc sur les monts gémir sur votre Ityle ;

Casez-vous près du nid de la douce alouette

Et laissez-moi tranquille !

Alors je rêverai que je suis dans les bras

De Rhodanthe, peut-être...

[1] Térée coupa la langue de sa belle-sœur Philomèle pour éviter que celle-ci révèle à sa sœur Procné la souillure qu'il avait commise à son égard.


V, 238

Makédonios le Consulaire, L'épée

J'ai sorti mon épée ? Oh ! loin de moi l'idée

D'outrer Cypris, juré ! Non, je veux te montrer

Tout simplement qu'Arès s'incline devant elle.

Cette arme est une amie, un miroir de mon cœur,

Car je me vois en elle, amaigri par l'amour.

Mais sois certaine que si tu fais la rebelle,

Je la plante en mon sein sans le moindre détour.


V, 239

Paul le Silentiaire, Feu éteint

Le feu du cœur s'éteint :

La douleur a pris fin.

Or, voilà que je meurs,

Ô reine de Paphos,

Voilà qu'après ma chair,

Éros, l'enfant amer,

A dévoré mes os.

Le feu du sacrifice

Se meurt pareillement

Quand, il n'a plus, Cypris,

De nouveaux aliments.


V, 240

Makédonios le Consulaire, Avec de l'or

Pour la chasse à l'amour, de l'or est nécessaire !

La pioche ou la charrue n'offrent guère de miel

Aux abeilles, non ! c'est la rosée printanière ;

Quant au miel d'Aphrodite,

C'est un or finement ouvragé qu'il recèle.


V, 241

Paul le Silentiaire ou Agathias, La séparation

Oui, je dois te quitter !

Mais tout silencieux, je reste à tes côtés.

Plus que l'Achéron, c'est la chose à redouter.

Tu es comme le jour : or, le jour est muet :

Toi, tu as une voix rappelant les Sirènes,

Une voix sur laquelle est suspendu mon cœur.


V, 242

Ératosthène le Scholastique, Femme gardée

J'aperçus Mélité et d'un coup je pâlis !

En effet, elle était auprès de son mari.

Et je lui dis en aparté : « Puis-je lever

Les barres de ta porte et tourner la serrure,

Pour que je puisse entrer - j'ai mon levier - au cœur

De ton antre profond à la molle fraîcheur ? »

Moqueuse, elle me dit, lorgnant sur son mari :

« Ne viens pas par ici, ou gare à tes outils ! »


V, 243

Makédonios le Consulaire, Le rêve évanoui

En rêve je tenais dans mes bras une fille,

Une fille rieuse : elle était fort gentille

Et prêtait tout son corps aux moindres fantaisies...

Mais l'Amour envieux vola pendant la nuit,

Me réveilla soudain et le rêve s'enfuit.

Éros, tu envies tant ces jeux voluptueux

Que tu t'en vas briser mes rêves radieux.


V, 244

Paul le Silentiaire, Le baiser

Galatée vous embrasse puissamment,

Démo plus doucement,

Et Doris aime embrasser en mordant.

Quel baiser est le plus intéressant ?

Mais d'abord goûtons aux baisers fougueux !

Nous dirons notre vœu.

Ô mon cœur, que dis-tu ?

Tu as connu les lèvres de Démo,

Son goût de miel et tu étais aux nues !

C'est elle qui me plaît, en un mot.

Si vous préférez d'autres voluptés,

Soit ! Moi, c'est Démo que j'ai adoptée.


V, 245

Makédonios le Consulaire, La provocatrice

Tu as beau éclater d'un rire frénétique,

Celui d'avant l'amour, tu as beau m'exciter,

J'ai juré de ne plus jamais te convoiter.

Et garde ce baiser qui ne convainc personne.

Goûte seule tes feux : car moi, j'ai d'autres lits

Où des filles de rêve bien mieux que toi se donnent !


V, 246

Paul le Silentiaire ou Eratosthène, La vierge farouche

Doux est le baiser de Sappho,

Doux ses larges bras qui m'enserrent,

Doux aussi son corps pur et beau.

Mais son âme est de fer !

L'amour n'est là que sur sa bouche

Car c'est une vierge farouche.

En fait, l'homme qui peut sans mal

Supporter la soif de Tantale [1],

Celui-là seulement peut rester son amant.

[1] Cf. Épigramme 236.


V, 247

Makédonios le Consulaire, Le hameçon

Fidélia, nom malvenu !

Et cependant j'y avais cru.

Mais tu es pire que la mort.

Tu boudes celui qui t'adore ;

Puis tu poursuis l'indifférent

Que tu laisses effrontément

Dès qu'il a prouvé son amour.

Tes lèvres sont un hameçon,

Le plus terrible assurément.

J'y ai mordu et depuis lors

Je reste à tes lèvres de roses

Suspendu toujours et encore !


V, 248

Paul le Silentiaire, La main en colère

Ô orgueilleuse main, tu as osé saisir

Puis arracher des brins de ses cheveux ardents [1].

Tu l'as donc fait : ses cris, ses cheveux en bataille,

Et son cou incliné harmonieusement

Rien ne put t'attendrir.

Si bien que désormais, tu lacères ton front

Pris de rage, car la douce sensation

De ses seins arrondis n'est plus qu'un souvenir.

Ô reine, je t'en prie : plus de punition !

Je préfère plutôt le poignard et mourir !

[1] Cette épigramme semble être le résumé d’une élégie d’Ovide (Les Amours, I, 3).


V, 249

Irénée le Référendaire, La douce prison

Ô Rhodopé vaincue par l'éclat de Cypris,

Tu n'es plus effrontée : en ton lit je me glisse !

Je suis pris dans tes fers sans jamais regretter

Que je sois par amour privé de liberté ;

Notre âme et notre corps vibrent à l'unisson :

Tous deux sont noyés dans la mer des passions.


V, 250

Paul le Silentiaire, Peur de femme

Que son sourire est doux !

Et les pleurs qui jaillissent

Des charmantes paupières

De la belle Laïs,

Comme ils sont doux aussi !

Elle pleurait hier :

Je n'avais pas saisi ;

Alors, je l'embrassai

Et pareille à la source

Qui vient à s'égoutter,

Ses larmes humectaient

Notre amoureuse bouche.

« Qu'as-tu à redouter ? »

Lui dis-je ? « Ah ! J'ai bien peur

Qu'un jour, tu m'abandonnes,

Dit-elle, car les hommes

Brisent facilement

L'espoir de leurs serments ! »


V, 251

Irénée le Référendaire, Une femme revêche

Tes yeux lumineux trahissent de puissants feux,

Ta lèvre rose est prête au baiser sensuel,

Ton rire frénétique agite tes cheveux

Et tes mains si soignées ne semblent pas rebelles.

Mais du côté du cœur, tu demeures de pierre.

Malgré l'amour, alors que ta beauté recule,

La tendresse chez toi n'est guère majuscule.


V, 252

Paul le Silentiaire, L'amour fou

Que ma peau soit contre la tienne !

Aussi quittons ces vêtements !

Soyons nus, que plus rien ne vienne

Gêner l'extase des amants.

Ce voile est pire que le mur

De Sémiramis ! Sois aimante,

Un baiser ! Chut ! Pas un murmure !

Toute parole est indécente !


V, 253

Irénée le Référendaire, Une fille pudique

Ô Chrysilla, pourquoi avoir les yeux baissés.

Tu regardes par terre et tu n'es pas pressée

D'enlever ta ceinture ! Allons donc, la Pudeur

Indiffère Cypris. Qu'importe, sois muette !

Mais fais-moi signe au moment où tu seras prête.


V, 254

Paul le Silentiaire, Faiblesse

J'avais pourtant juré de rester loin de toi,

Ma beauté, et tenir au moins douze journées.

Par les dieux, je n'ai pu ! Ma faiblesse est innée !

Dès le lendemain de ma résolution,

J'ai cru qu'avaient passé douze terribles mois !

Ah ! empêche les dieux de faire mention

De mon serment raté sur leur sombre registre.

Sois douce et caressante, aime-moi et résiste

À la colère ; enfin, que les dieux me soient bons.


V, 255

Paul le Silentiaire, L'amour ardent

J'ai vu de vrais amants, cas extraordinaire !

Ils échangeaient tous deux mille baisers fougueux

Sans cesse inassouvis, dévorés par leurs feux,

Chacun voulant se fondre au cœur du partenaire.

Pour calmer leur fureur, ces gamins échangeaient

Leurs habits : le garçon ressemblait, c'est frappant,

À l'Achille qui vint auprès de Lycomède [1] ;

La fille, revêtue jusqu'à son genou blanc

D'une tunique, était le portrait de Phébé.

Travestis, de nouveau leurs lèvres s'accolaient

Pris par la frénésie d'un amour incessant.

Il eût été plus facile de délier

Deux ceps entrelacés que ces jeunes amants,

Dont les bras se nouaient inextricablement.

Trois fois heureux celui qu'enchaînent de tels liens.

Trois fois oui... Quant à moi, je brûle dans mon coin.

[1] Voulant soustraire son fils Achille des épreuves de la guerre de Troie, sa mère Thétis l'obligea à vivre reclus chez le roi de Skyros Lycomède déguisé en fille. Mais Ulysse le retrouva par ruse.


V, 256

Paul le Silentiaire, Faiblesse

Hier soir, Galatée

M'a jeté à la rue

Et en guise d'adieux

N'a fait que m'insulter.

Un outrage, dit-on,

Dissipe les amours.

Mais à un tel dicton,

Moi, je demeure sourd !

Oui, je suis excité

Par cette passion.

Je m'étais décidé

À rester fermement

Loin d'elle un certain temps.

Hélas, dès ce matin

Résister je n'ai pu

Et je suis revenu

Chez elle en suppliant.


V, 257

Palladas, Zeus préfère les princesses

Maintenant je tiens Zeus pour un goujat complet,

Incapable d'aimer, lui à qui il déplaît

De se métamorphoser devant une fille

D'une telle splendeur : en effet, elle est digne

En tous points d'Europé, de la tendre Léda,

De Danaé. À moins qu'il ne soit écœuré

À l'idée de baiser des putains. Il est vrai

Qu'une vierge au sang bleu a pour lui plus d'éclat.


V, 258

Paul le Silentiaire, De belles rides

Je préfère à la jeunesse tes belles rides

Je préfère tenir entre mes mains tes pommes

Un peu fléchies plutôt que des seins qui fleuronnent.

Ton automne est plus doux qu'un printemps trop subtil ;

Ton hiver est plus chaud qu'un été juvénile.


V, 259

Paul le Silentiaire, La nuit épuisante

Ô Chariclo, tes yeux sont lourds,

Ils ont le parfum de l'amour ;

Ta chevelure est une rafale,

Tu descends de ton lit si pâle

Et ton corps est anéanti !

Il devait être heureux celui

Qui t'enseigna ce tendre jeu.

Pour lui, ton corps fut tout brûlant.

Pour moi, brûlerais-tu autant ?


V, 260

Paul le Silentiaire, Les cheveux de Rhéa

Un bandeau retenant ta toison, me voilà

Tout en feu, contemplant les remparts de Rhéa [1].

Ta tête est libre ? Eh bien, je suis comme envoûté

Par ta coiffure d'or, bref, ma raison s'égare.

Tu caches tes cheveux dessous un blanc foulard ?

La flamme s'insinue au plus profond du cœur.

Les trois Grâces, c'est sûr, veillent aux trois états,

Dont la braise sur moi déverse sa fureur.

[1] Rhéa-Cybèle, déesse des villes fortes, était représentée avec une tête couronnée de tours que maintenait un voile.


V, 261

Agathias le Scholastique, La coupe et les lèvres

Le vin n'est guère ma boisson !

Mais si tu veux que je sois saoul,

Goûte d'abord et après coup,

Je boirai sans plus d'attention

Car ta coupe ayant reçu ton baiser,

Son passage à ma lèvre en sera plus aisé.


V, 262

Paul le Silentiaire, La vieille gardienne

Hélas ! La jalousie scrute nos babillages,

Ce miel ; même les yeux et leur secret langage

Ne nous sont pas permis : toujours là, cette vieille,

Une peste : on dirait le pâtre [1] qui surveille

La fille d'Inachos. Tu peux continuer,

T'épuiser à la tâche et souffrir le martyre :

Tu ne sauras jamais la force du désir.

[1] Il s’agit du pâtre Argos qui surveillait Io changée en génisse à cause de la jalousie d’Héra.


V, 263

Agathias le Scholastique, Supplication à la lampe

Lampe, ne porte surtout pas de lumignon,

N'amène pas la pluie, ce qui l'empêcherait

D'arriver à bon port jusqu'à mon doux logis.

À quoi bon ! Tu ne cesses jamais de t'en prendre

À Cypris ; et d'ailleurs pour Héro et Léandre...

Mon cœur, n'en dis pas plus, laisse ça, je te prie !

En fait, lampe, tu es l'adjoint d’Héphaïstos [1] :

En harcelant Cypris, tu sers sa jalousie.

[1] Il s'agit d'une lampe en métal.


V, 264

Paul le Silentiaire, Le reproche

Pourquoi critiques-tu aussi déplaisamment

Ma chevelure blanche et mes yeux larmoyants :

Ce sont là les effets d'un vain attachement ;

Le physique reflet de ces flèches cruelles,

Dure conclusion d'une nuit sans sommeil.

Mon ventre est tout ridé et mon cou ramolli.

Certes, jeune est mon feu, mais mon corps est vieilli

À cause des tourments. Pitié ! Un peu d'espoir

Et mon teint sera frais et ma toison bien noire.


V, 265

Cométas, Phyllis et Démophoon [1]

Phyllis levait les yeux sur l'onde interminable.

Elle vit les serments qui voguaient au hasard

Car Démophoon était un amoureux coupable...

Aujourd'hui, ô Phyllis, je suis donc Démophoon,

Ton amoureux fidèle, et mon œil vient scruter

L'horizon... Oui, comment, as-tu pu me tromper ?

[1] Cométas reprend l'histoire de Phillys et Démophoon contée dans l'une des Héroïdes d'Ovide mais il renverse les rôles puisque c'est Phyllis, ici, qui trahit son serment.


V, 266

Paul le Silentiaire, C'est de la rage !

L'homme mordu par un chien qui porte la rage

Voit, dit-on, dans les eaux sa bestiale image [1].

Or, je crois que l'Amour devenu enragé

A pénétré mon âme et l'a bien ravagé

Car je vois ton reflet dans le miroir marin

Mais aussi dans la coupe où l'on verse le vin.

[1] Le fait d'être mordu par des chiens enragés, selon les Anciens, provoquait une peur panique de l'eau.


V, 267

Agathias le Scholastique, L'amant calculateur

- Mon ami, tu te plains ?

- Oui, car aujourd'hui, j'aime !

- Ah ! Tu aimes quelqu'un !

- Une vierge suprême !

- Au moins est-elle belle ?

- Pour moi, elle étincelle !

- Où l'as-tu rencontrée ?

- Oh ! Sur mon propre lit !

- Que peux-tu espérer ?

- La posséder, pardi !

- Mais je ne voudrais point

Qu'on sache notre liaison !

- Et le mariage... Non ?

- Elle n'a pas d'argent !

- Alors tu n'aimes pas !

- Je n'ai pas dit ça !

- Si, car pour l'amoureux,

Le véritable amant,

L'argent importe peu !


V, 268

Paul le Silentiaire, Éros vainqueur

C'est fini ! Désormais, ne craignons plus les traits

Perfides du désir : l'Amour vient en effet

De vider sur moi toutes ses munitions !

Ne craignons plus ses ailes

Car depuis qu'il a mis son pied lourd et cruel

Sur mon sein, rien ne le distrait et il tient bon,

Ayant rogné pour moi sa paire d'ailerons.


V, 269

Agathias le Scholastique, Double malheur

Assis à une table

Entouré par deux femmes,

L'une me fit du charme

Mais je regardai l'autre

Beaucoup plus désirable.

La première tentait

De m'attirer vers elle ;

Mais moi, de mon côté,

Je brûlais pour la belle

Tout en n'éveillant point

Chez l'ardente voisine

Des sentiments malsains

Risquant de mettre fin

À l'amour qu'on devine.

Mais excédé, je criai :

« Non, il n'est point aisé

D'aimer et d'être épris :

Et ce double malheur [1]

Finit par m'épuiser. »

[1] Le même vers se retrouve à peu près dans l'Anacréontique 45.


V, 270

Paul le Silentiaire, L'espérance

On ne voit jamais de couronne sur la rose !

Aussi, chérie, ne porte aucune de ces choses,

Des voiles raffinés, des lapis précieux,

Cela n'ajoute rien !

Surtout, pas d'or dont n'ont que faire tes cheveux.

Oui, un diamant indien

C'est joli, bien sûr, mais pas autant que tes yeux ;

S'agissant de ta lèvre, on ne peut faire mieux

Même pour Aphrodite ! Ô toi, magnificence,

Ton œil qui m'engloutit avoue mon espérance !


V, 271

Makédonios le Consulaire, Vieille, usée, fatiguée

Celle qui jadis était si brillante,

Et qui semblait digne d'une Bacchante,

Celle qui s'agitait de tout son corps

Au son accru de ses crotales d'or,

Considérez-la : elle est décatie,

Et malade. Autrefois, ses sectateurs

Se pressaient pour la voir : or, aujourd'hui,

Ils la fuient bien vite et avec horreur.

Le croissant de la lune a disparu,

Bref, la conjonction astrale a bien vécu !


V, 272

Paul le Silentiaire, Entre deux déesses

Ses seins je les caresse,

Sa lèvre je l'embrasse

Et son cou je le presse.

Pourtant la femme, hélas,

Je ne l'ai point conquise

Car elle est partagée

Entre Cypris et Athéna.

Moi, je dois surnager

Entre les deux, quel triste état !


V, 273

Agathias le Scholastique, Cheveux vengeurs

Celle qui autrefois se trouvait en beauté,

Qui secouait si bien ses beaux cheveux nattés,

Qui marchait droit, eh bien, la même mijaurée

Qui me narguait toujours, voyez-la maintenant :

Sa grandeur a déchu : d'elle s'est emparée

La vieillerie : ses seins ne sont plus qu'une loque,

Ses sourcils sont pendants, son œil est vacillant,

Ses lèvres ont blêmi, son verbe s'entrechoque ;

Quant à ses cheveux blancs, je constate aisément

Qu'ils ont vengé l'Amour ! Pour de telles donzelles

Ce sont des justiciers qui regorgent de zèle.


V, 274

Paul le Silentiaire, L'image

L'image de mes traits que cisela l'amour

Dans ton cœur enflammé, tu viens de te l'exclure.

Moi, j'ai gardé la tienne, et je compte, roulure,

La montrer au Soleil ainsi qu'à l'Infernal,

Afin que le Crétois juge en son tribunal.


V, 275

Paul le Silentiaire, Après l'amour [1]

Ménécratis la douce était toute alanguie :

Son bras faisait un cercle autour de son visage :

Je ne pus m'empêcher de sauter sur son lit.

Puis, ayant assouvi la moitié de ma rage,

La belle enfant sortit enfin de son sommeil

Et fit dans mes cheveux un terrible ravage.

Mais elle eut beau lutter, je parvins à mes fins.

Elle me dit alors, pris par un gros chagrin :

« Tu t'es bien fait plaisir ! Dire que je refusais

Ton désir malgré l'or que tu me proposais.

Fiche le camp d'ici, rejoins d'autres minettes !

Des baiseurs de Cypris, voilà ce que vous êtes ! »

[1] Le sujet de ce poème est emprunté à Properce, I, 3.


V, 276

Agathias le Scholastique, Voile et bandeau

Mon amour, je t'apporte un bandeau tissé d'or :

Mets-le sur tes cheveux ; puis, ce voile très fin,

Jette-le sur ton dos et qu'il couvre tes seins.

Porte tout cela comme une vierge accomplie.

Pense aussi à l'hymen, à la fleur des enfants ;

Alors, je t'offrirai un voile au tissu blanc,

Ainsi qu'une résille émaillée de lapis.


V, 277

Ératosthène le Scholastique, Le goût des femmes

Certains hommes, je sais, préfèrent les garçons.

Moi, c'est pour la femme que j'éprouve un frisson

Car c'est le seul amour qu'on puisse conserver.

Tous ces gamins ne sont pour moi qu'indifférence ;

Et les satanés poils qui leur poussent si vite,

Je ne puis les fixer sans une répugnance [1].

[1] Dans la Muse garçonnière, la même idée de la pousse des poils chez les adolescents, lieu commun littéraire, est maintes fois exprimée.


V, 278

Agathias le Scholastique, Le serment

Je sais que les Amours se vengeront de moi

Si je les abandonne.

Mais, ô divinités, faites que je ne sois

Jamais épris des hommes !

Dans le lit féminin c'est avec frénésie

Que souvent je me vautre.

Cela me suffit ! Et l'autre saloperie,

Je la laisse à un autre.


V, 279

Paul le Silentiaire, Terrible attente

Que fait Cléophantis ? C'est la troisième lampe

Et déjà son feu baisse… Ah ! dieux, je voudrais tant

Que mon feu intérieur soit aussi déclinant

Que cette flamme-ci, moi qui suis submergé

Par un désir terrible et son lot d'insomnies.

Sur Cythérée, elle m'avait pourtant promis

De venir sur le soir ! Elle a donc outragé

Et les dieux et l'ami !


V, 280

Agathias le Scholastique, Attention ! [trad. F. Dehèque]

Serais-tu, Philinna, esseulée par l'amour ?

Serais-tu, toi aussi, éreintée d'insomnies ?

À moins que le sommeil ne te soit des plus doux,

Insensible à ma rage ! Prends garde, ma jolie,

Tu subiras mon sort ! Tu verras sur tes joues

Bien des larmes couler, un jour. Tant il est vrai

Que Cypris – et c'est bien – frappe les mijaurées.


V, 281

Paul le Silentiaire, Une eau brûlante

Hier, Hermonassa, après une soirée

Fort arrosée, tandis que je venais d'orner

Sa porte de bouquets, m'a jeté sur le nez

Sa coupe pleine d'eau : et j'étais si trempé

Que c'est finalement au bout de trois journées

Que je parvins à m'arranger. Mais le prodige,

C'est que cette eau brûlait comme si la donzelle

Avait ensorcelé la coupe du vertige

Terrible et enflammé de ses lèvres si belles [1].

[1] Cf. épigramme 261.


V, 282

Agathias le Scholastique, La jeunesse éternelle

La fine Mélitté

Dont l'âge est honorable

A gardé la beauté

D'une jeunesse aimable

Ainsi que la fierté.

Ses yeux sont fort charmeurs;

Ses joues ont des couleurs.

Ses années, cependant,

Sont en nombre abondant !

Par elle, la nature

Est vaincue par le temps...


V, 283

Paul le Silentiaire, La longue nuit

Toute la nuit durant, j'ai baisé Théano :

Elle était toute émue par tant de volupté,

Et un peu triste aussi en voyant remonter

L'astre du soir jusqu'à l'Olympe, l'accusant

De préparer l'aurore. Ah ! nous autres humains

Sommes bien malchanceux ! Toutes nos demoiselles

Devraient pouvoir goûter aux nuits des Cimmériens [1].

[1] Cf. épigramme 223.


V, 284

Rufin ou Rufus, Le mauvais œil

J'adore tout en toi mais déteste ces yeux

Qui prennent du plaisir à fixer des gens

Qui me sont odieux.


V, 285

Agathias le Scholastique, La douce ceinture

Surveillée, l'embrasser eût été impossible :

Alors ma bien-aimée Rhodanthe dénoua

Sa ceinture de vierge et me la présenta,

Lui donnant au passage un langoureux baiser :

Moi, captant le courant passionnel, j'aspirai

Ce baiser ; puis à mon tour, je promenai ma lèvre

Sur cette étoffe et remerciai la belle.

Ainsi, nous apaisions un peu l'instant cruel.

Car le charmant tissu, de nos ardents baisers,

Était la passerelle.


V, 286

Paul le Silentiaire, Vertige de l'amour

Oh, ma Cléophantis, quelle joie et quel choc

Quand deux amants sont pris d'un amour réciproque.

Ni Arès triomphant, ni quelque grande peur,

Ni la honte ne sont dotés d'une vigueur

Telle qu'elle vaincrait notre désir charnel.

Que je sois tout entier enchaîné par les fers

Forgés par le sadisme accru d'Héphaïstos [1],

Cela m'est bien égal, pourvu que, ô ma belle,

Je reste fou de toi et que tes bras m'enserrent.

Ah ! je me moque bien des regards extérieurs,

Ceux de l'étranger, du voisin, du promeneur,

Du prêtre ; même mon épouse m'indiffère…

[1] Allusion aux chaînes qui furent forgées par le dieu dans sa forge de Lemnos pour enchaîner son épouse Aphrodite surprise en flagrant délit d'adultère avec Arès.


V, 287

Agathias le Scholastique, Un astucieux stratagème

Pour savoir si vraiment mon Éreutho m'aime,

Je décidai d'user de quelque stratagème.

« Je pars, lui ai-je dit, dans une autre contrée ;

Sois courageuse et garde en ton cœur notre amour. »

Elle hurla, bondit, se mit à lacérer

Ses joues puis s'arracha les cheveux sans détour,

Réclamant que je reste. En me faisant prier,

Je cédai. Cet amour est source de bonheur !

Ce qui, pour moi, comptait le plus, je l'ai donné

Comme si c'était là une simple faveur.


V, 288

Paul le Silentiaire, La couronne brûlante

Pendant que je buvais,

Chariclo, par surprise,

Au milieu de la fête

Me posa sur la tête

Une couronne exquise :

Aussitôt je pris feu

Et j'eus comme Glauké,

La fille de Créon [1],

Même sensation,

Une fois couronné.

[1] Glauké, fille de Créon avait épousé Jason qui venait de répudier Médée. Cette dernière empoisonna la jeune femme à l'aide d'une couronne contenant une substance brûlante qui la tua.


V, 289

Agathias le Scholastique, Une vieille gênante

Cette vieille a vécu plus de trois fois la vie

D'une corneille. Oh oui ! et pour notre malheur !

Épargnée par la mort, cette femme sans cœur

Ne s'attendrit ni par l'argent, ni par le vin,

Surveillant mon amie avec force vigueur.

Qu'elle la voie jetant un œil vers le lointain,

Aussitôt ce démon bat cette fille si tendre

Qui se tord de douleur. Si vraiment, Perséphone, [1]

Tu aimas Adonis, sois pour nous secourable

Et libère cette jeunesse sans attendre

Le trépas de la vieille, une vieille increvable.

[1] On raconte en effet que Perséphone, folle amoureuse d’Adonis, l’aurait ravi à Aphrodite (cf. Apollodore, III, 4, 13).


V, 290

Paul le Silentiaire, Les deux pommes (I)

Échappant à sa mère qui la surveillait,

Une bien douce enfant m'offrit deux jolies pommes [1]

Fraîches comme la rose : elle avait distillé

Un charme dans ces fruits, le charme des amours !

Ô malheureux amant, une flamme t'entoure !

Hélas, mes paresseuses mains

Portent ces fruits et non la grâce de ses seins.

[1] La pomme est le symbole de l'amour.


V, 291

Paul le Silentiaire, Les deux pommes (II)

Gamine, tu m'as fait cette suave obole :

Ces deux pommes qui sont de tes seins le symbole.

Oui, j'apprécie vraiment. Mais c'est un peu léger

Si tu n'évolues pas car je suis submergé

Par un feu frénétique et qui ne s'éteint point.

Or, celui qui blessa Télèphe prit le soin

De le guérir. Aussi, dois-tu, jeune visage,

Ne pas être plus dur que notre personnage.


V, 292

Agathias le Scholastique, Lettre à Paul le Silentiaire

Là où je suis, tout est verdoyant, fleuri

Et la terre est ornée des plus onctueux fruits

Qu'on puisse découvrir ; sous l'ombre des cyprès,

Des oiseaux attendris chantent pour leurs petits ;

Et l'on écoute aussi le doux chardonneret.

Le crapaud tristounet entonne sa chanson

Larmoyante, caché dessous un noir buisson [1].

Mais enfin, que m'importe un endroit calme et frais :

Non, plus me plaît d'écouter ta conversation

Que les accords purs de la lyre d'Apollon.

Je brûle, ô ami, de te revoir mais mon cœur

Brûle aussi pour m'amie. Or, les Lois m'interdisent

De retrouver le sein de ma gazelle exquise.

[1] Ce vers est directement inspiré de Théocrite (Idylles, VII).


V, 293

Paul le Silentiaire, Réponse à Agathias

L'amour fou ne subit point la loi et son souci :

Rien ne peut empêcher de séparer l'amant

De celle qui obsède ardemment son esprit.

Si le jurisconsulte est toujours si zélé,

C'est qu'en son cœur l'amour ne s'est point installé.

Sincèrement, quel est le nom de cet émoi

Qui se laisse brimer par un petit détroit ?

Léandre, lui, au moins, montra sa passion

En nageant dans la nuit malgré les flots amers ;

En plus, toi, tu as à disposition

Des barques pour passer… Non, en fait, tu préfères

Au culte de Cypris, les autels plus austères

De Pallas. Celle-ci se consacre à la loi,

Et Cypris à l'amour. Quel est l'homme, dis-moi,

Qui ose se targuer de servir la Paphienne

Et Pallas à la fois ?


V, 294

Agathias le Scholastique, L'exploit de l'amoureux

La vieille peau était tout près de la jeunette,

Étendue sur le dos, au beau milieu du lit,

Rempart infranchissable. Une simple voilette

Recouvrait mon aimée car le printemps brillait.

De plus, une servante au museau renfrogné,

Avait bien verrouillé la porte et prenait soin

De cuver tout son vin... Moi, sans me démonter,

Je tournai le verrou avec dextérité,

Et j'éteignis du vent de ma tunique la chandelle ;

En tapinois, j'entrai dans l'antre de ma belle,

Trompant la vigilance accrue des sentinelles.

Et, doucement sur le plancher, je rampai vers le lit,

À l'endroit où le mur accusait une brèche,

Je pus me redresser et tombai sur m'amie.

Alors, je lui palpai les seins et l'embrassai

Fougueusement. Sa bouche était mon doux butin

Et son baiser payait les labeurs de la nuit.

Toutefois, je ne pus défoncer les barrières,

Et sa virginité lui demeura entière,

Malgré l'ardeur. Mais si je reprends le combat,

Sa forteresse, alors, ne me résistera.

Bientôt, de mon triomphe tu verras les effets,

Cypris : je t'offrirai de superbes couronnes,

Déesse des trophées [1].

[1] C'est Niké (la Victoire) qui est affublée habituellement de cette épithète ; mais dans le cas présent, c'est Cypris qui est comparée à une déesse guerrière et nous assistons à une confusion voulue entre les deux déesses.


V, 295

Léonce le Scholastique, La coupe enviée [1]

Coupe, suce ces lèvres

Douces comme le miel :

Mais oui, tu les possèdes :

Tu peux t'en délecter,

Les goûter tout ton saoul !

Je ne suis pas jaloux,

Mais que j'aimerais tant

Pouvoir en profiter.

[1] Cette épigramme a inspiré un poème d'Antoine de Baïf (Amours, I, 41).


V, 296

Agathias le Scholastique, Le jeu du cottabe

Depuis qu'a éclaté la feuille de pavot [1],

Que le vin s'est enfui de la coupe fatale,

Ton amour est certain. Pourtant, il est normal

Que tu me convaincs en couchant à mes côtés :

Cela témoignera de ta sincérité.

Et laissons nos buveurs à leur jeu du cottabe.

[1] Le claquement du pavot était de bon augure.

[Retour]


V, 297

Agathias le Scholastique, Solitude

Les jeunes filles que nous sommes

Sont plus à plaindre que les hommes :

Ceux-ci ont au moins des amis

Tout ouïe à leurs galants récits,

De plus, ils peuvent se détendre

À la palestre et se promener

Dans la rue, tranquilles et libres !

Nous, de lumière sommes privées ;

Dans le gynécée il faut vivre

Ravagées par de sombres idées !


V, 298

Julien, Préfet d'Égypte, Punition

La douce Maria a des airs fort hautains.

Aussi, Justice aimée, punis un tel dédain.

Non, point par le trépas ! Non, fais qu'elle parvienne

À un âge avancé avec des cheveux blancs,

Des rides au visage. Oui, que ces cheveux blancs

Me vengent de ces pleurs versés abondamment [1].

Puisque cette femme est coupable de mon mal,

Que sa beauté expie ses errements fatals.

[1] Parodie manifeste d'un vers de l'Iliade (X, 42).


V, 299

Agathias le Scholastique, Les rôles inversés (I)

Le philosophe a dit : « Ici-bas rien de trop ! [1] »

Mais moi, comme j'étais aimé, que j'étais beau,

Je prenais de grands airs croyant que la donzelle

M'était fort attachée. Or, elle était perfide !

Elle devint plus dure, insolente, intrépide

À vouloir démonter son zèle d'ingénue.

Moi, alors que jadis j'étais plein de dédain,

J'en suis tombé des nues.

Tout vint à s'inverser. Aux genoux de l'aimée,

Je lui dis : « Ah ! pitié, c'est l'erreur d'un gamin ! »

[1] Proverbe attribué successivement à chacun des Sept sages de la Grèce.


V, 300

Agathias le Scholastique, Je me suis fait tout p'tit…

Oui, ce prétentieux, ce dur, fait profil bas

Et, devenu son jouet, il s'est fait tout-petit !

Lui qui par ses grands airs se croyait fort, voilà

Qu'il est le dominé ! À ses pieds, il gémit

Pareille à une femme ; elle, est toute pétrie

D'une mâle fureur. Ô toi vierge féline,

Je comprends ta colère : elle est bien légitime.

Mais tu vis Némésis ? Donc cesse, je t'en prie.


V, 301

Agathias le Scholastique, Don de poissons

Tu auras beau partir plus loin que Méroé [1],

Comme Éros est ailé, il m'y emportera,

Tu auras beau partir en Orient, vers l'aurore

Dont la fraîcheur te sied si bien, je te suivrai,

Tant pis pour la distance ! Et si je me fais fort

De t'offrir un tribut venu du fond des eaux,

Reçois-le, ma petite : il s'agit d'un cadeau

De la Cypris des mers, qui, vaincue par tes charmes,

Capitule et renonce à régir la beauté.

[1] Méroé l'éthiopienne était l'une des cités les plus reculées du monde connu par les Anciens.


V, 302

Agathias le Scholastique, Un homme désabusé [1]

Où donc chasser l'amour ? Allons, dites-le moi !

La courtisane et sa soif de l'or me dégoûtent.

Fréquenter une vierge aboutit à la loi,

Au triste mariage avec ce qu'il en coûte :

La chaîne conjugale : ennui, monotonie !

L'adultère est nocif : l'amour y est absent

Comme dans le désir criminel des gamins [2].

Une veuve, voyons : si elle est vicieuse,

Elle choisit sans but, bref, c'est une putain !

Et si elle est honnête, elle aura, c'est certain,

D'insondables remords et vivra malheureuse.

Goûter à une esclave ? Alors, il faut t'attendre

À devenir esclave : humiliation !

Mais Diogène a trouvé la vraie solution !

Pour le Cynique, c'est la meilleure à tout prendre :

Il suffit d'une main, oui, d'une main bien tendre… [3]

[1] Cette épigramme est très nettement inspirée d'une pièce composée par Posidippe (Anth. Pal., IX, 359).
[2] Pour la première fois dans nos épigrammes, nous assistons à une réprobation sans appel des amours garçonnières : le Code Justinien les avait en effet officiellement criminalisées.
[3] Allusion à la pratique de la masturbation très pratiquée par Diogène et les Cyniques.


V, 303

Anonyme, Les cris d'Éros

J'entends des cris aigus

Et quel bruit dans la rue !

Non, laisse tout cela,

Déesse de Paphos !

Ce sont des gens brûlés

D'amour qui ont barré

La route à ton Éros.


V, 304

Anonyme, Le raison sec

Quand tu étais bien vert, tu refusais mon cœur.

Quand ton raisin fut mûr, tu ne me recherchais.

Aujourd'hui donne-moi de ton raisin séché.


V, 305

Agathias le Scholastique, Le baiser humide

Une fille à la lèvre de rosée

M'a donné ce soir un baiser.

Ce baiser, quel nectar !

Et sa bouche elle-même exhalait du nectar [1].

Ciel ! Par un tel baiser, me voici dans l'ivresse

Car j'ai bu à longs traits l'amour de ma maîtresse.

[1] On retrouve la même image chez Horace, Odes, I, 13.


V, 306

Philodème, L'amant paralysé

Tu gémis, tu te plains, des larmes pleins les yeux ;

Tu es jaloux, tu as un regard menaçant ;

Caressante est ta main, tes baisers sont de feu :

Tout ton comportement est celui d'un amant.

Mais quand je suis couchée, contraste saisissant,

Tu te raidis soudain, tu n'as rien d'un amant.


V, 307

Antiphile, Le cygne et l'alouette

Ce fleuve là-bas, c'est l'Eurotas laconien ;

La femme dévêtue, c'est Léda ; quant au cygne

C'est le fils de Chronos ! Ah ! vous qui êtes peints

Sur cette fresque, vous voyez mon âme inquiète.

Moi aussi, je voudrais me changer en oiseau !

Zeus est cygne : alors moi, je serai alouette !


V, 308

Antiphile ou Philodème, Sans même dire bonsoir...

Eh ! attends-moi donc, beauté !

Quel est ton nom, s'il te plaît ?

Où puis-je te rencontrer !

Où se trouve ta maison ?

Mais tu as l'air bien revêche !

Si tu as quelque tracas,

Quelqu'un t'accompagnera.

Tu n'es pas seule ? Pimbêche !

Je te dis : « Bonne soirée ! »

Tu ne me dis pas « Bonsoir ? »

J'ai grande envie d'insister :

De plus farouches que toi,

Bien souvent j'en ai mâté !

Aussi, garce, le bonsoir !


V, 309

Diophane de Myrina, Le brigand

Éros mériterait le surnom de brigand

Pour trois raisons : son œil est sans cesse aux aguets ;

Il est plein d'insolence ; il vient vous arnaquer.

 

Trad. 1-100 - 101-200 - Autres

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