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Anthologie Palatine : Présentation générale - Plan - Avant-propos - Traduction - Table des matières

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


 

Biographie des poètes

 

 

 


Agathias le Scholastique - Alphée de Mytilène - Antipater de Thessalonique - Antiphile de Byzance - Archias - Asclépiade de Samos - Automédon - Bassus - Callimaque - Capiton - Cillictor - Claudien - Cométas - Crinagoras - Denys le Sophiste - Diophane de Myrina - Dioscoride - Diotime - Ératosthène le Scholastique - Gétulicus - Hédylos - Irénée le Référendaire - Julien, préfet d'Égypte - Léonidas de Tarente - Lucillius - Makédonios le Consulaire - Marcus Argentarius - Mécius - Méléagre - Moschos - Nicarque - Nossis - Parménion - Paul le Silentiaire - Philodème - Platon - Posidippe - Rufin - Statyllius Flaccus - Théophane


Agathias le Scholastique (VIème siècle apr. J.-C.)

Né à Myrina, ville éolienne de l'Asie, Cet homme de culture à la fois poète, chroniqueur et grammairien fut le contemporain et l'ami de Paul le Silentiaire (voir plus bas) et vécut sous Justinien. Avocat de profession mais aussi grand érudit, il poursuivit la narration de l'Histoire de Procope de Césarée de 532 à 559. Mais il est surtout l'auteur d'une anthologie appelée Cycle d'Agathias qui fait suite à celles de Méléagre et de Philippe dans laquelle il réunit les poètes du Vème et du VIème siècles, notamment Palladas, Paul le Silentiaire et lui-même. Profondément imprégné de culture classique, ce chrétien sincère (il écrivit des pièces religieuses) composa un recueil de poèmes mythiques connu sous le nom de Daphniaques que nous n'avons plus. Par contre, il nous reste une bonne centaine d'épigrammes imitant avec bonheur le style ancien dit « rétrograde ». En particulier, ses poèmes d'amour, assez pompeux, sont toutefois d'une sensualité à fleur de peau. Marguerite Yourcenar parle à son propos et à juste titre d'une « sexualité énervée » qui contraste avec la relative décontraction des poètes antiques. Il est vrai que sa poésie, comme celle de son ami Paul le Silentiaire, se ressent des nouveaux interdits moraux mis en place par le christianisme.

V, 216, 218, 220, 222, 237, 261, 263, 267, 269, 273, 276, 278, 280, 282, 285, 287, 289, 292, 294, 296, 297, 299, 300, 301, 302, 305


Alphée de Mytilène (Ier siècle apr. J.-C.)

Ce poète de l'époque d'Auguste dont on possède douze épigrammes est l'un de ces nostalgiques de la grande époque grecque et un opposant attardé à la domination romaine. Son épigramme Conseil à Zeus est une vibrante invective contre Rome comparable à celle qui, deux siècles plus tôt, fut lancée par Antipater de Sidon. On devine l'aigreur avec laquelle était encore ressentie au Ier siècle de notre ère l'assujettissement des Grecs à Rome.

XVI, 212


Antipater de Thessalonique (Ier siècle av. J.-C.)

Cet Antipater ne doit pas être confondu avec Antipater de Sidon. Comme le prouvent certains sujets de ses épigrammes (hommages à Pison qui guerroya contre les Besses et les Thraces, évocation de la ville de Nicopolis, fondée par Auguste après la bataille d'Actium), il vécut au Ier siècle av. J.-C. Il fut un épigrammatiste de talent, brillant dans le genre érotique comme dans le genre votif où il sut se montrer fort touchant.

V, 3, 30, 31, 109


Antiphile de Byzance (Ier siècle apr. J.-C.)

Il nous reste de ce poète qui vécut à la cour d'Auguste et de Tibère une bonne cinquantaine d'épigrammes assez inégales mais dont quelques-unes sont charmantes. D'autres sont des oeuvres de circonstances, dignes du courtisan zélé qu'il devait être. En particulier, l'épigramme dédiée à Drusus Néro - le fils de Livie adopté par Auguste - qui combla de largesses l'île de Rhodes victime d'un tremblement de terre, est fort éloquente.

V, 111, 307, 308


Archias (Ier siècle av. J.-C.)

Ce poète, né à Antioche, vécut à Rome où il bénéficia d'illustres amitiés en particulier de celle de Cicéron qui prononça à son intention le discours intitulé Pro Archia. Né vers 120, il se fit remarquer dans sa ville natale pour ses dons d'orateur. Il vint à Rome sous le consulat de Marius et fut accueilli par Lucullus qu'il suivit jusqu'en Sicile. Il eut l'insigne honneur de se voir octroyer la citoyenneté romaine. Mais un jour, l'un de ses ennemis lui contesta ce titre, et il fut défendu par Cicéron en personne. Très favorable à la domination romaine, il célébra dans deux poèmes épiques ses puissants protecteurs Marius et Lucullus. Il composa également deux ouvrages historiques La Guerre Cimbrique et la Guerre de Mithridate. Mais de tout cela il ne reste rien. En revanche, nous avons de lui trente-cinq épigrammes élégantes mais peu originales. Pourtant, Archias jouissait à Rome d'une réputation de grand poète en tant que panégyriste des gloires du moment. Cicéron crut même qu'il devrait sa survie dans la postérité grâce à la plume de ce poète. À la lecture de ses épigrammes, on en doute quelque peu…

V, 58, 59, 98


Asclépiade de Samos (IIIème siècle av. J. -C.)

De ce poète qui figurait dans la Couronne de Méléagre sous l'emblème de l'anémone, nous ne savons presque rien hormis qu'il fut le rival de Callimaque, son contemporain, et qu'il fut le maître de Théocrite qui fit son éloge. Ses épigrammes sont pleines de légèreté mais aussi empreintes d'une préciosité qu'on peut qualifier d'alexandrine, préciosité qui va se prolonger (pour le meilleur mais aussi pour le pire) tout au long des périodes hellénistique et romaine. À noter qu'Asclépiade fut le premier poète grec à faire d'Éros le dieu des amours masculins et le premier à le faire apparaître avec les attributs de l'amour, à savoir l'arc, les flèches et le carquois. Cette image d'Éros était appelée à connaître un bel avenir dans la poésie occidentale.

V, 7, 64, 145, 150, 153, 158, 161, 162, 164, 167, 169, 181, 185, 189, 194, 202, 203, 207, 209, 210


Automédon (Ier siècle apr. J.-C.)

Automédon, poète de la Couronne de Philippe, était originaire de Cyzique et on a de lui onze épigrammes plutôt élégantes.

V, 129

XI, 29


Bassus (Ier siècle apr. J.-C.)

Lollius Bassus vivait sous l'empereur Tibère, ainsi que le constate l'épigramme VII, 391, sur la mort de Germanicus, empoisonné à Antioche par Pison, en l'an 19 de notre ère.

V, 125


Callimaque (305-240 av. J.-C.)

Ce natif de Cyrène était un érudit qui eut une activité débordante à la Bibliothèque d'Alexandrie dont il prit la direction. Esprit fort savant, amoureux des livres, il rédigea des commentaires sur la plupart des auteurs grecs contenus dans la Bibliothèque. Également poète à la cour de Ptolémée III Évergète, il composa des poèmes flatteurs destinés à la famille régnante comme la trop célèbre Chevelure de Bérénice, connue par une traduction latine de Catulle.

Nous n'avons plus guère ses compositions savantes. En revanche, nous avons conservé de lui un grand nombre de poèmes. En premier lieu ses Hymnes aux dieux dans lesquels son goût pour la recherche des traditions locales les plus éloignées et les plus rares s'est donné libre cours.

Outre les Hymnes, la passion de Callimaque pour le document se manifeste aussi dans ses Origines, oeuvre qui propose une explication poétique de nombreuses coutumes locales.

Bref, Callimaque apparaît comme le type le plus achevé de l'érudit alexandrin, lettré au plus haut point, critique acharné et toujours soucieux de faire du bel ouvrage en maîtrisant constamment son style, son but étant d'atteindre une perfection formelle. Bien entendu, cette oeuvre n'a pas manqué d'être accueillie diversement dès son vivant : on lui a reproché sa culture toute livresque mais on a également loué cet art (trop) parfait.

Mais ce poète qui n'est pas une personnalité aussi simple composa une épopée, Hécalé, dont l'ambition était de renouveler un genre qui, selon lui, s'était quelque peu usé. Dans ce poème, Callimaque prit parti pour un art réaliste en renonçant à l'emphase qui était la caractéristique de ses Hymnes.

En outre, il nous a légué soixante-cinq épigrammes non seulement bien écrites (cela va de soi venant d'un poète aussi pointilleux que lui) et d'une grande sobriété ; en particulier, ses épigrammes funéraires sont émouvantes et comptent parmi les chefs-d'oeuvre de l'Anthologie grecque. Dans ces poésies fugitives, cet auteur déroutant n'a pas hésité à écrire d'apparentes banalités avec une liberté de ton impressionnante et sans jamais tomber dans la mièvrerie.

V, 6, 23, 146


Capiton (IIème siècle apr. J.-C.)

Capiton d'Alexandrie mentionné par Athénée est l'auteur d'un seul distique - mais d'une grande beauté - dans l'Anthologie Palatine.

V, 67


Cillictor (IIIème siècle av. J.-C. ?)

De ce poète inconnu il reste six épigrammes assez médiocres, probablement du début de l'époque Alexandrine.

V, 29, 45


Claudien (Vème siècle apr. J.-C.)

On a sous le nom de Claudien cinq épigrammes, dont deux chrétiennes. Celles-ci sont médiocres et sont de la main d’un Claudien ayant vécu sous l’empereur byzantin Théodose II. Les trois autres sont plus anciennes et sont probablement du poète latin Claudius Claudianus, né à Alexandrie, qui eut sous les règnes d’Arcadius et d’Honorius une renommée incroyable, à tel point qu’on lui érigea sur le forum de Trajan une statue dont l’inscription le mettait au même rang que Virgile et Homère. On a de lui un Enlèvement de Proserpine en trois chants, épopée inachevée, et un fragment de 77 vers d’une Gigantomachie, ainsi que des hommages à des villes comme Nicée, Béryte (l’actuel Beyrouth) ou Tarse. Comme c'était un philhellène distingué, on ne doute plus aujourd'hui de l'authenticité des épigrammes de l'Anthologie qui lui sont attribuées.

V, 86


Cométas (IXème siècle)

Cométas, dont nous avons sept épigrammes, est le grammairien qui commenta et révisa les poèmes homériques sous le règne de Michel III, en 856. Auteur manifestement honteux de poésies d’essence païenne, il se retira dans un couvent pour expier ses écarts (sic) et composa une insipide paraphrase d'un chapitre de saint Jean sur la mort et la résurrection de Lazare.

V, 265


Crinagoras (Ier siècle av J.-C.)

Ce poète originaire de Mytilène s'établit d'abord à Alexandrie, où il servit Antoine et Cléopâtre. Puis, après Actium, il s'attacha sans complexe à la personne d'Auguste qu'il accompagna jusqu'en Espagne. Il devint alors une sorte de poète officiel multipliant les épigrammes flatteuses à l'égard de la famille impériale notamment à Octavie, soeur d'Auguste dont il était le client, et à sa fille Antonia. Il célébra également Marcellus, le fils d'Octavie, de retour dans sa patrie après la campagne contre les Cantabres et glorifia Tibérius Néro, vainqueur de l'Arménie et de la Germanie. À côté de ces poèmes fort convenus, il en est d'autres qui attirent davantage notre attention, en particulier des épigrammes funéraires souvent émouvantes. À noter que Strabon le cite dans sa Géographie comme l’un des écrivains notables de son temps, le qualifiant de « gloire de Mytilène ».

V, 108, 119


Denys le Sophiste (époque indéterminée)

Ce poète serait-il le rhéteur Denys d'Halicarnasse qui vécut sous Hadrien ? On en doute encore aujourd'hui car il eut de nombreux homonymes. Sous ce nom, nous avons neuf épigrammes qui n'appartiennent probablement pas au même auteur.

V, 81, 82, 83


Diophane de Myrina (Ier siècle apr. J.-C.)

Nous n'avons de ce Diophane, natif de Myrina dans l'île de Lesbos, qu'une seule épigramme qui appartient à la Couronne de Philippe.

V, 309


Dioscoride (IIIème siècle av. J.-C.)

Ce poète léger mais pas toujours délicat (cf. l'épigramme Grossesse) ne manque pas d'intérêt et de piquant dans son érotisme débridé. On a de lui trente-sept épigrammes dont quelques-unes glorifient des poètes. On pense à juste titre qu'il s'agit de ce Dioscoride de Chypre, disciple de Timon, qui vécut sous Ptolémée II Philadelphe et qui voua un culte aux beaux garçons dans ses épigrammes dédiées à Hermogène ou Évagoras.

V, 52, 53, 54, 55, 138, 193


Diotime (Ier siècle apr. J.-C.)

On pense qu’il y eut plusieurs Diotime. Celui du livre V serait Diotime de Milet, poète de la Couronne de Philippe.

V, 106


Ératosthène le Scholastique (VIème siècle apr. J.-C.)

Ératosthène le scholastique (c'est-à-dire avocat) est un épigrammatiste du règne de Justinien. On a de lui quatre épigrammes toutes érotiques.

V, 242, 243, 244, 246, 277


Gétulicus

Ce poète du temps de Vespasien faisait partie de la Couronne de Diogénien. On ne sait rien de lui.

V, 17


Hédylos (IIIème siècle av. J.-C.)

De ce poète originaire de Samos que Méléagre a figuré dans sa Couronne sous l'emblème de l'anémone des champs et qui fut peut-être le premier à avoir réalisé une anthologie d'épigrammes, nous savons qu'il était le petit-fils de la poétesse Moschina et le fils d'une autre poétesse Hédylé, toutes deux athéniennes. Il fut un émule de Callimaque et composa des élégies et un recueil d'épigrammes perdu. Il reste de lui douze épigrammes d'un contenu très divers : invitations à boire, offrandes à Cypris, description d'ivrognerie de courtisanes, etc.

V, 161, 199


Irénée le Référendaire (VIème siècle apr. J.-C.)

Cet Irénée vécut sous Justinien et nous a laissé trois épigrammes.

V, 249, 251, 253


Julien, préfet d’Égypte (VIème siècle apr. J.-C)

Julien (à ne pas confondre avec l'Apostat dont l'Anthologie possède trois épigrammes), vécut sous les empereurs Justinien et Justin et fut préfet d'Égypte. Comme Paul le Silentiaire et Agathias, cet érudit raffiné publia un recueil d'épigrammes dans le goût ancien.

V, 298

XVI, 388


Léonidas de Tarente (IIIème siècle av. J.-C.)

Ce poète fort attachant eut, s'il faut en croire les aveux qu'il nous fait dans ses épigrammes, une vie très difficile et souvent misérable. Il est vrai qu'il vécut à Tarente à l'époque des luttes sans merci de Pyrrhus contre Rome. Probablement contraint à l'exil, il dut mourir en terre étrangère.

L'Anthologie nous a conservé quelque cent-dix épigrammes de Léonidas qui proviennent de la Couronne de Méléagre et dont une partie constitue des ex-voto offerts le plus souvent par des gens modestes à des divinités. À peu près toutes sont des chefs-d'œuvre en miniature où l'auteur s'attache à peindre avec tendresse la vie des humbles. Ses épigrammes funéraires, en particulier, sont remarquables par leur simplicité et la sagesse un peu épicurienne qui s'en dégage. Il n’a laissé aucune épigramme érotique ; les deux épigrammes qui se trouvent dans le livre V sont le résultat d'une erreur de classement, car elles appartiennent au genre votif.

À noter qu'une de ses épigrammes décrivant une peinture d'Apelle représentant Aphrodite Anadyamène fut louée par Pline l'Ancien qui n'hésita pas à dire qu'elle surpassait en grâce la statue elle-même. Léonidas ne pouvait recevoir de plus vibrant hommage !

V, 188, 206


Lucillius (Ier siècle apr. J.-C)

Ce poète dont nous ne savons rien florissait sous Néron. Probablement romain mais rédigeant en grec, il écrivit deux livres d'épigrammes. Cent vingt-quatre de ses compostions ont été recueillies dans l'Anthologie par Diogénien au IIIème siècle. Elles sont presque toutes pleines de verve, bien écrites, piquantes et n'ont rien à envier aux Satires qu'à la même époque le latin Martial composait. L'ardeur qu'il met à critiquer les grammairiens nous fait penser qu'il était grammairien lui-même, et qu'il connaissait à merveille les us et les coutumes ainsi que les ridicules de cette corporation.

V, 68


Makédonios le Consulaire (VIème siècle apr J.-C.)

Poète du Cycle d'Agathias, Makédonios composa lui aussi des épigrammes érotiques ou votives qui égalent parfois leur modèle, preuve s'il en est que malgré les conventions d'un genre, ces poètes tardifs étaient parvenus à donner à quelques thèmes pourtant rebattus et souvent futiles leur plus belle expression.

V, 22, 224, 225, 227, 229, 231, 233, 235, 238, 240, 243, 245, 247, 271


Marcus Argentarius (Ier siècle apr. J.-C.)

Ce poète d'origine grecque malgré le nom romain (était-ce un affranchi ?) vécut à Rome et fréquenta les cercles littéraires. Il doit être identifié avec cet Argentarius, un déclamateur dont nous parle Sénèque. Ses épigrammes grivoises où les jeux de mots sont légion sont fort bien tournées mais frisent parfois le mauvais goût.

V, 16, 32, 63, 89, 102, 104, 105, 110, 113, 116, 118, 127, 128

IX, 161, 286, 554


Mécius (Ier siècle av. J.-C.)

Selon Jacobs, c’est l’un des plus brillants poètes de l’Anthologie. Il est vrai que les douze épigrammes conservées de lui sont d’une distinction sans égale et d’une grande pureté d’écriture. Mais nous ne savons strictement rien de sa biographie à part qu’il devait être Romain comme son nom l’atteste.

V, 114, 117, 130, 133


Méléagre (140-60 av. J.-C.)

Ce poète d'origine syrienne mais de père grec est un des poètes essentiels de la période hellénistique. Sa facilité et sa suavité ont largement contribué à sa popularité qui ne s'est pas démentie jusqu'à nos jours. André Chénier l'admira et Pierre Louÿs au XXème siècle le traduisit avec ferveur non sans prendre quelques notables libertés. C'est que Méléagre fut un poète exquis à la langue parfaite même s'il eut tendance à verser un peu dans la mièvrerie. À la fois mélancoliques, mutins et pessimistes, ses nombreux poèmes, qu'ils soient érotiques ou d'un autre genre, sont de véritables petits chefs-d'oeuvre pleins de sensibilité dont l'impression nostalgique nous émeut profondément.

Épicurien dans l'âme, épris de volupté, autant sensible au charme féminin qu'au charme masculin, Méléagre n'en fut pas moins un érudit au savoir fort étendu. C'est lui le premier qui eut l'idée de réunir en une anthologie les plus beaux poèmes grecs composés jusqu'à son époque en n'oubliant pas d'inclure dans ce recueil ses propres poésies. Ainsi fut élaborée cette Couronne dite de « Méléagre » qui est à l'origine de toutes les anthologies, de Philippe à Képhalas.

V, 3, 9, 24, 25, 57, 58, 96, 99, 100, 136, 137, 139, 140, 141, 143, 144, 147, 148, 149, 152, 154, 155, 156, 157, 160, 163, 165, 166, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 182, 184, 187, 190, 191, 192, 195, 196, 197, 198, 204, 208, 212, 214, 215, 262

VI, 162

XII, 53, 82, 83, 113, 114, 147, 183


Moschos (IIème siècle av. J.-C.)

Moschos naquit à Syracuse, en Sicile, et fut le disciple et l'ami de Bion. La Souda nous dit qu'il fut aussi l'ami du grammairien Aristarque et qu'il naquit en 160 avant notre ère. Il fut l'imitateur de Théocrite. Les manuscrits nous ont conservé de lui huit idylles, dont trois, l'Enlèvement d'Europe, le Chant funèbre pour Bion, et Mégara sont d'une belle et touchante simplicité, modèles du genre bucolique et tout à fait dignes de Théocrite. En outre, de Moschos l'Anthologie nous a fourni deux épigrammes dont l’Éros échappé, d’une préciosité manifeste mais aussi d’une virtuosité confondante.

IX, 440


Nicarque (Ier siècle apr. J.-C.)

On ne sait rien de ce Nicarque sauf qu'il a vécu à Alexandrie puis à Rome sous les Flaviens, d'après le témoignage de Diogénien qui le fit entrer dans son anthologie à l'époque d'Hadrien. Il est surtout l'auteur d'épigrammes satiriques souvent fort réussies et dignes de son contemporain Lucillius.

XI, 328


Nossis (IIIème siècle av. J.-C.)

Cette poétesse originaire de Locres en Grande-Grèce figurait sous l'emblème de l'iris dans la Couronne de Méléagre. On ne sait rien de sa vie mais on pense qu'elle a joui d'une grande réputation tout au long de l'Antiquité. La douzaine d'épigrammes qu'il nous reste d'elle sont d'une suavité exquise. L'un de ses poèmes À l’Amour fut imité plus tard par André Chénier dans l'une de ses élégies.

V, 170


Parménion (Ier siècle apr. J.-C.)

Ce poète d'origine macédonienne qui figurait dans la Couronne de Philippe vécut à l'époque d'Auguste. On a de lui quelques épigrammes un peu austères, moralisatrices qui tendent à penser qu'il devait être probablement stoïcien.

V, 33, 34


Paul le Silentiaire (VIème siècle apr. J.-C.)

Ce chambellan à la cour de Justinien nous a laissé environ quatre-vingt épigrammes le plus souvent fort voluptueuses qui ne pâlissent guère de la comparaison avec celles de leurs grands aînés, même si son érotisme peut sembler moins serein que celui d'un Méléagre par exemple. Chrétien dans un empire complètement (ou presque) christianisé, il a su garder une relative liberté de ton pour évoquer ses amours. Bien entendu, il ne s'agit que d'amours féminines, la passion pour les garçons étant désormais vigoureusement réprimée autant dans les moeurs que dans la littérature.

Les poèmes de ce fin lettré montrent avec éclat la vivacité de la tradition antique au sein de l'Empire byzantin. Mais ce retour au classicisme n'est en général pas synonyme d'originalité, sauf pour Paul le Silentiaire, Agathias et Makédonios qui furent d'authentiques poètes qui se coulèrent avec aisance dans le moule ancien. Chez leurs contemporains, aucun renouvellement de style ou d'inspiration n'est décelable dans leurs épigrammes. Souvent, c'est en ayant conscience de l'anachronisme de leur propos (que l'on peut considérer comme une coquetterie de gens cultivés) que d'ardents chrétiens (tout au moins en apparence s'agissant de Paul le Silentiaire) n'hésitent pas, non sans nostalgie, à invoquer dieux et déesses comme aux plus beaux jours du paganisme.

V, 217, 219, 221, 226, 228, 230, 232, 234, 236, 239, 241, 244, 246, 248, 250, 252, 254, 255, 256, 258, 259, 260, 262, 264, 266, 268, 270, 272, 274, 275, 279, 281, 283, 286, 288, 290, 291, 293, 300, 301

IX, 770


Philodème (vers 110 - 40 av. J.-C.)

Philodème était originaire de Gadara (comme Méléagre), une cité fortement hellénisée située dans la Décapolis (actuellement Um Qeis, en Jordanie). Il étudia à Athènes auprès de Zénon de Sidon qui fut à la tête de l'école épicurienne de cette ville aux alentours de 90 avant notre ère. Puis il quitta Athènes pour se rendre en Italie vers 70, s’il faut en croire la dédicace de son ouvrage Sur la Rhétorique à Caius Vibius Caetronianus. Il fut lié à un autre épicurien, Siron, et fut avec lui le grand animateur des cercles épicuriens de Campanie, lieu de résidence favori des riches familles romaines. Il fut le protégé de Lucius Calpurnius Pison, à qui il dédia Le Bon roi selon Homère. On sait qu’il fut critiqué par Cicéron qui détestait Pison contre lequel, d’ailleurs, il composa une vigoureuse diatribe (Contre Pison). Mais l’orateur et philosophe sut toutefois reconnaître les qualités intellectuelles de Philodème dans son opuscule Des Termes extrêmes des biens et des maux.

Nous avons la chance d'avoir retrouvé sa bibliothèque - qui contient aussi la plus grande partie de son oeuvre - à Herculanum dans la demeure de Pison : c’est la fameuse Villa dite « des Papyrus ». Il rédigea une foule de traités philosophiques d'inspiration épicurienne dont l’un intitulé Sur les Poèmes a été pour la première fois publié et traduit en anglais en 2003 à partir des restes de rouleaux de papyrus herculanéens. Il est aussi l’auteur d’un grand nombre d'épigrammes qui furent réunies dans la Couronne de Philippe au Ier siècle apr. J.-C. Ce brillant intellectuel, épris de plaisirs, nous a laissé des poèmes à la fois grivois et raffinés mais aussi des vers à la sombre mélancolie.

V, 4, 8, 13, 24, 25, 46, 80, 107, 112, 113, 114, 115, 120, 121, 123, 124, 126, 131, 132, 306, 308

X, 21

XI, 7

XII, 173


Platon (430-347 av. J.-C.)

Le jeune Platon aurait composé un grand nombre de poèmes et de tragédies qu'il aurait détruits à la demande de Socrate. Mais un recueil d'épigrammes miraculeusement sauvegardé aurait été inséré dans la Couronne de Méléagre au Ier siècle av. J.-C. Toutefois des spécialistes comme Wilamowitz ont contesté cette attribution. Seules les pièces où sont nommés les contemporains seraient effectivement du philosophe. Quoiqu'il en soit, les quelques épigrammes écrites de la main de Platon nous révèlent un personnage inattendu, amoureux transi fort sensible à la beauté des adolescents.

V, 78, 79, 80


Posidippe (IIIème siècle av. J.-C.)

Ce poète d'origine macédonienne né à Pella fut célèbre en son temps, et Athénée dans son Banquet mentionne deux poèmes épiques dont il serait l'auteur (L'Ethiopie et l'Asopie). Mais ce qu'il nous reste de lui - vingt épigrammes - est presque tout entier contenu dans l'Anthologie Palatine. Cependant, deux papyrus égyptiens nous ont révélé assez récemment deux fragments de poèmes parmi lesquelles une évocation du Phare d’Alexandrie et un poème où il s’autoglorifie complaisamment avec toute la grâce de son style, Posidippe étant effectivement un poète subtil et raffiné, un alexandrin de la pure essence.

V, 134, 183, 186, 194, 202, 209, 211, 213, 215


Rufin (IIIème siècle apr. J.-C.)

On sait peu de choses sur Rufin qui aurait vécu à Éphèse. On pense qu'il appartient au IIIème siècle de notre ère. Dans tous les cas, il publia, lui aussi, une anthologie composée surtout de poèmes érotiques et notamment des siens. Voluptueux, volontiers égrillard, épris de courtisanes et de servantes, Rufin nous a laissé des épigrammes pas toujours très raffinées mais souvent réalistes et même gouailleuses.

V, 9, 12, 14, 15, 18, 19, 21, 22, 27, 28, 35, 36, 37, 41, 42, 43, 44, 47, 48, 50, 60, 61, 62, 66, 69, 70, 71, 73, 74, 75, 76, 77, 87, 88, 89, 92, 93, 94, 95, 97, 103, 264, 284


Statyllius Flaccus (Ier siècle av. J.-C.)

Douze épigrammes sont attribuées à ce poète. Selon Gassendi dans sa Vie d'Épicure, il serait l’épicurien Statilius, l'ami de Caton d’Utique. Plus tard, il rejoignit Brutus en Macédoine et fut tué à la bataille de Philippes.

V, 5


Théophane (IXème siècle apr. J.-C.)

Ce Théophane était sans nul doute cet abbé byzantin qui fut destitué par l'empereur Léon le Philosophe pour avoir soutenu le culte des images, et qui fut relégué dans l'île de Samothrace où il mourut en 817.

XV, 35


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