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Énéide - Livre III
©Marie-Cécile Deproost
[3, 1-191] [3, 192-355] [3, 356-547] [3, 548-718]
Note liminaire : La présente traduction de Virgile fait partie de la Bibliotheca Classica Selecta (BCS) mais elle s'intègre aussi dans le vaste projet Du texte à l'hypertexte mis au point à la Faculté de Philosophie et Lettres de Louvain à l'initiative de Jean Schumacher. Les possibilités de cette dernière réalisation sont multiples ; non seulement elle permet une lecture de l'oeuvre avec le texte latin et la traduction française en regard, mais elle donne également accès à un riche ensemble d'outils lexicographiques et statistiques très performants.
Plan
Introduction [3, 1-12]
- Départ de Troade (3, 1-12)
Escales en mer Égée [3, 13-191]
- Première escale : la Thrace (3, 1-72)
- Deuxième escale : Délos (3, 69-120)
- Troisième escale : la Crète (3, 121-191)
Étapes en Grèce - Rencontres avec le passé [3, 192-355]
- Escale aux îles Strophades (3, 192-269)
- Arrivée à Buthrote : Andromaque et Hélénus (3, 270-355)
Passage de Grèce en Italie [3, 356-547]
- La prophétie d'Hélénus (3, 356-462)
- Les adieux et le départ de Buthrote (3, 463-505)
- Premiers contacts avec l'Italie (3, 506-547)
Les Troyens en Sicile [3, 548-718]
- Arrivée en Sicile, au pied de l'Etna (3, 548-587)
- Achéménide et le Cyclope (3, 588-654)
- Arrivée à Drépane - Mort d'Anchise - Fin du récit (3, 655-718)
Résumé
Départ de Troade
Dès la chute de Troie, voulue par les dieux, Énée rassemble des compagnons, construit une flotte dans la région de l'Ida et, au début de l'été, poussé par les dieux, il prend la mer vers des terres inconnues. (3, 1-12)
Première escale : la Thrace (3, 13-72)
Énée aboutit en Thrace, une terre qu'il croit amie, et entreprend d'y installer une ville pour les Énéades ; en héros pieux, il songe d'abord à faire des offrandes aux dieux, à Vénus notamment et à Jupiter (3,13-25).
Au moment où Énée coupe des branches pour en orner les autels intervient un prodige. Des gouttes d'un sang infect suintent des souches des branches, et la voix plaintive de Polydore, enterré là, se fait entendre ; le malheureux conseille à Énée de fuir cette terre inhospitalière et lui raconte son histoire : ce fils de Priam avait été envoyé autrefois par son père chez le roi de Thrace pour y être élevé ; il avait avec lui une grande quantité d'or ; poussé par la cupidité, son hôte le mit à mort dès que la puissance troyenne se mit à décliner (3, 26-56).
Les chefs Troyens et Anchise décident alors de quitter la Thrace, non sans avoir honoré Polydore de rites funéraires en bonne et due forme. Dès que la mer le permet, la flotte met à la voile (3, 57-72)
Deuxième escale : Délos (3, 69-120)
La flotte d'Énée cingle vers l'île consacrée à Apollon, Délos, où les accueille avec bienveillance le roi Anius, un vieil ami d'Anchise. Énée demande à Apollon de lui accorder un lieu où s'installer ou, du moins, des directives pour poursuivre sa quête. Le dieu leur conseille de rechercher leur "ancienne mère", c'est-à-dire leur terre ancestrale, où s'instaurera un empire universel pour les descendants d'Énée (3, 73-99).
Cette réponse réjouit les Troyens. Anchise, persuadé que cette terre mère est la Crète, île de Jupiter et royaume prospère (d'où serait arrivé Teucer avant qu'il fonde Troie), pousse le groupe à partir pour la Crète relativement proche, après avoir procédé aux sacrifices d'usage à Neptune et Apollon, ainsi qu'à la tempête et aux Zéphyrs (3, 100-120).
Troisième escale : la Crète (3, 121-191)
Les Troyens s'empressent de quitter Délos et, à travers les Cyclades, cinglent vers la Crète, qu'ils savent désertée par son prince Idoménée. Dès qu'ils accostent, ils se mettent à construire une ville qu'ils appellent Pergamée. Pendant leur installation, une épidémie de peste répand sur l'île la mort et les maladies, et Anchise suggère de retourner à Délos, pour solliciter une nouvelle fois l'avis et l'aide d'Apollon (3, 121-146).
Les Pénates de Troie apparaissent à Énée, rendant su,perflue la consultation à Délos, car ils renseignent le héros sur le brillant avenir qui les attend, lui et ses descendants, en Italie, la terre de Dardanus ; ils lui rendent ainsi confiance et courage (3, 147-171).
Troublé par cette vision, Énée se conforme aux rites d'usage, avant de s'en remettre à Anchise qui, avouant sa méprise et se souvenant des deux ancêtres de Troie (Teucer et Dardanos) et des prédictions toujours négligées de Cassandre à propos de l'avenir des Troyens en Italie, pousse la troupe à reprendre la mer (3, 172-191).
Étapes en Grèce - Rencontres avec le passé [3, 192-355]
Escale aux îles Strophades (3, 192-269)
Les Troyens subissent une violente tempête qui ne s'apaise qu'après trois jours et trois nuits ; ils aperçoivent alors une terre, vers laquelle ils se dirigent avec empressement ; il s'agit des îles Strophades, habitées en fait par les Harpyes, oiseaux monstrueux griffus, toujours affamés, à tête de jeunes filles (3, 192-218).
Mais les Troyens confiants accostent et, ayant trouvé des troupeaux dans les pâtures, préparent un repas, sans négliger leurs obligations religieuses. À plusieurs reprises, les Harpyes surgissent du ciel, pillent et souillent les mets des naufragés, qui s'apprêtent à user de leurs armes, mais les Harpyes sont invulnérables et s'éloignent (3, 219-244).
Cependant l'une d'elles, Céléno, laisse aux Troyens un message étrange : ils atteindront bien l'Italie, mais ne pourront s'installer définitivement dans leur cité qu'après avoir souffert de la faim au point de dévorer leurs tables. Effrayés, les Troyens cèdent devant ces êtres surnaturels et, sur les conseils d'Anchise, font des offrandes et des prières aux dieux, avant de reprendre la mer (3, 245-269).
Arrivée à Buthrote : Andromaque et Hélénus (3, 270-355)
La flotte troyenne aboutit, en contournant Ithaque et les îles voisines, à l'île Leucade, où Virgile situe le promontoire d'Actium. Le séjour dans ce lieu si évocateur pour les Romains est marqué par des rites et des jeux qui sont autant d'allusions à Octave-Auguste (3, 270-288).
Quittant Actium, les Troyens arrivent en Épire, à Buthrote, où une nouvelle inouïe éveille chez Énée joie et curiosité : le roi du pays est le Troyen Hélénus, héritier du trône de Pyrrhus et époux actuel d'Andromaque qu'Énée rencontre occupée à faire des offrandes près du cénotaphe d'Hector ; très troublée en l'apercevant, Andromaque croit voir un fantôme et regrette que ce ne soit pas celui d'Hector ; Énée l'informe de ses malheurs, puis l'interroge à son tour (3, 289-319).
Déplorant de n'avoir pas connu le sort de Polyxène, Andromaque raconte son mariage humiliant avec Pyrrhus, à qui elle donna des enfants, avant d'être abandonnée pour Hermione puis transmise à son beau-frère troyen Hélénus qui, suite à l'assassinat de Pyrrhus par Oreste, avait hérité d'une partie du royaume d'Épire, où il cherchait à perpétuer les souvenirs de Troie (3, 320-336).
En proie à sa douleur et tout absorbée dans le souvenir d'Hector et d'Astyanax, elle demande à Énée des nouvelles de son fils Ascagne. Hélénus apparaît alors avec une escorte, reconnaît ses compatriotes et les accueille avec chaleur, émotion et générosité ; les Troyens et Énée, accueillis dans une cité amie, découvrent avec joie une profusion de souvenirs qui leur rappellent Troie (3, 337-355).
Passage de Grèce en Italie [3, 356-547]
La prophétie d'Hélénus (3, 356-462)
Énée, assuré du secours des dieux, mais inquiet suite à la prophétie de Céléno, consulte le devin Hélénus sur la manière d'affronter les périls annoncés. Hélénus, après les rites d'usage, au seuil du temple se met à prophétiser : Énée aboutira et s'installera en Italie, mais seulement après de longues errances sur les mers, dont le présage de la truie blanche marquera le terme. Protégé d'Apollon, il n'a pas à redouter la prédiction de Céléno (3, 356-395).
Le devin lui conseille encore d'éviter les cités grecques du littoral de l'Italie et de s'en éloigner, après avoir jeté l'ancre un moment pour accomplir des voeux selon des rites bien précis et à perpétuer. Il lui recommande aussi de ne pas gagner directement la terre promise par le détroit de Messine, mais de contourner la Sicile, autrefois rattachée à l'Italie, et d'éviter ainsi les écueils des effrayantes Scylla et Charybde (3, 396-432).
Après avoir honoré Junon - obligation importante entre toutes -, Énée devra faire étape à Cumes, où la Sibylle, dûment vénérée, lui fera des révélations et l'aidera de ses conseils et de sa protection, pour venir à bout de toutes ses épreuves. Hélénus termine sa prophétie en souhaitant à Énée de contribuer à la grandeur de Troie (3, 433-462).
Les adieux et le départ de Buthrote (3, 463-505)
Hélénus fait transporter sur les navires des Troyens des présents abondants et précieux, les armes somptueuses de Pyrrhus, des chevaux et des armes. Tandis qu'Anchise veut activer les opérations de départ, Hélénus, plein de déférence, l'encourage à partir au plus tôt pour la partie de l'Ausonie qu'Apollon destine aux Troyens (3, 463-481).
Andromaque à son tour offre de somptueux présents faits de ses mains, destinés surtout à Ascagne, en souvenir d'Astyanax. Énée enfin estime dignes d'envie ses compatriotes installés à Buthrote, leur nouvelle Troie, en leur souhaitant un avenir propère et paisible ; puis il promet, s'il réussit à installer sa cité sur les bords du Tibre, d'établir des liens d'amitié entre l'Italie et l'Épire (3, 482-505).
Premiers contacts avec l'Italie (3, 506-547)
En quittant Buthrote, la flotte troyenne se dirige, en longeant la côte, vers l'endroit d'où le passage vers l'Italie est le plus court. Elle s'y installe là, mais Palinure le pilote, à l'affût du moment favorable, sonne le départ dès le milieu de la nuit (3, 506-520).
Au point du jour, les Troyens aperçoivent la terre d'Italie qu'ils saluent avec joie ; Anchise s'empresse d'invoquer la bienveillance des dieux. Bientôt le groupe accoste à Castrum Minervae, un port bien protégé, dominé par un temple de Minerve. La vue de quatre chevaux blancs est considérée par Énée comme un premier présage sur le sol italien, présage qu'Anchise interprète aussitôt comme annonciateur de guerre, mais aussi de paix. Ensuite, les Troyens honorent d'abord Pallas-Minerve, la déesse du lieu, puis Junon (3, 521-547).
Les Troyens en Sicile [3, 548-718]
Arrivée en Sicile, au pied de l'Etna (3, 548-587)
Après cela, laissant à leur droite le golfe de Tarente et diverses cités de la côte du Bruttium, les Troyens aperçoivent de loin l'Etna et, alertés par Anchise, ils identifient aussi l'écueil de Charybde, qu'ils évitent de justesse, non sans avoir souffert dans l'aventure. Enfin ils abordent sur la côte orientale de Sicile, au pays des Cyclopes (3, 548-569).
Les Troyens s'installent dans un port d'apparence tranquille ; dans l'obscurité de la nuit, des grondements qu'ils n'ont pas identifiés et qui ne sont autres que les grondements de l'Etna, les effraient (3, 570-587).
Achéménide et le Cyclope (3, 588-654)
Le lendemain matin, un inconnu aux abois surgit sur le rivage. Grec ayant participé au siège de Troie, il vient supplier les Troyens. Intrigués, ceux-ci le pressent de questions et Anchise le rassure très vite en lui tendant la main (3, 588-611).
Achéménide se présente alors comme un compagnon d'Ulysse, oublié par les siens dans la caverne du Cyclope, dont il décrit la sauvagerie et la cruauté à l'égard de ses compagnons, puis le châtiment que lui infligea l'ingénieux Ulysse, en l'aveuglant (3, 612-638).
Achéménide conseille aux Troyens de fuir au plus tôt cet endroit, où vivent de nombreux Cyclopes aussi redoutables que Polyphème ; depuis trois mois, Achéménide se cache pour leur échapper ; il voit dans les Troyens la seule échappatoire à une vie insupportable (3, 639-654).
Arrivée à Drépane - Mort d'Anchise - Fin du récit (3, 655-718)
L'apparition de Polyphème qui vient baigner sur le rivage son oeil purulent pousse les Troyens effrayés à s'enfuir aussitôt et sans bruit, emmenant Achéménide. Le Cyclope, alerté mais impuissant à les poursuivre, pousse un cri terrible qui attire toute la troupe des Cyclopes sur le rivage (3, 655-681).
Les Troyens fuient où le vent les pousse ; mais, se souvenant des conseils d'Hélénus, ils évitent de gagner l'Italie par le détroit de Messine et, grâce au vent qui souffle du nord, ils se dirigent vers le sud de la Sicile. Après avoir longé la côte est et contourné le cap Pachynum, ils longent la côte méridionale de l'île jusqu'à Lilybée (3, 682-706).
Ils accostent alors à Drépane, où Énée a la douleur de voir mourir Anchise. C'est de là qu'ils repartiront pour toucher terre à Carthage. Ainsi Énée termine-t-il le récit de ses voyages devant son auditoire carthaginois (3, 707-718).