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Suétone (généralités)

Vie de Tibère (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)


  Suétone, Tibère, 21

 XXI. Il assiste aux derniers moments d'Auguste. Lettres d'Auguste àTibère

(1) Quelque temps après, les consuls arrêtèrent qu'il partagerait avec Auguste l'administration des provinces, et le soin de faire le recensement du peuple. Il ferma le lustre, et partit pour l'Illyrie.

(2) Rappelé sur-le-champ, il trouva Auguste dans une extrême défaillance, mais respirant encore, et resta seul en conférence secrète avec lui pendant un jour entier.

(3) Je sais qu'on croit généralement qu'après cet entretien intime, quand Tibère fut sorti, les gens de service entendirent Auguste s'écrier: "Que je plains le peuple romain de tomber sous des mâchoires si lentes!"

(4) Je n'ignore pas non plus que, suivant quelques historiens, Auguste blâmait publiquement et sans rien dissimuler, son caractère farouche, au point qu'il interrompait quelquefois une conversation libre et gaie, dès qu'il paraissait; que les seules instances de Livie lui firent adopter Tibère ; ou que son ambition même l'y détermina, afin qu'un jour un tel successeur le fît d'autant plus regretter.

(5) Mais on ne pourra jamais me persuader que, dans une affaire de cette importance, le plus réfléchi et le plus politique des princes ait rien fait légèrement. Je crois qu'après avoir mis dans la balance les vices et les qualités de Tibère, il trouva que celles-ci l'emportaient. Cette opinion me paraît d'autant plus probable, qu'en pleine assemblée, Auguste jura qu'il adoptait Tibère dans l'intérêt de la république; et que, dans ses lettres, il le regarde comme un général très habile, et comme l'unique appui du peuple romain.

(6) Quelques passages en fourniront les preuves: "Adieu, mon charmant Tibère. Que tout vous réussisse! Vous commandez pour moi, sans négliger les Muses. Je le jure par ma fortune; oui, vous êtes le plus vaillant et le plus illustre des généraux. Adieu."

(7) Ailleurs: "Que j'approuve la disposition de votre camp d'été! Pour moi, mon cher Tibère, je pense qu'on ne pouvait se conduire plus sagement que vous, au milieu de tant de circonstances difficiles et avec des soldats si nonchalants. Tous vos compagnons d'armes déclarent que ce vers vous est applicable :

La prudence d'un seul a rétabli l'État. 

 

(8) Ailleurs encore: "qu'il me survienne une affaire qui exige de mûres réflexions, soit que j'aie quelque grand sujet d'humeur, je le jure, je regrette mon cher Tibère, et ces deux vers d'Homère reviennent à ma pensée

Je pourrais, sur les pas de ce guide si sage,
Même au travers des feux me frayer un passage.

Ou encore: "J'en atteste les dieux, lorsque j'entends dire ou que je lis que l'excès du travail vous affaiblit, je frissonne de tout mon corps. Ménagez-vous, je vous en supplie. Si vous tombiez malade, votre mère et moi, nous expirerions de douleur, et le peuple romain risquerait de perdre son ascendant suprême."

(10) -- "Ma santé n'est rien, si la vôtre n'est pas bonne." -- "Je prie les dieux qu'ils vous conservent à nos voeux, et qu'ils vous maintiennent toujours en bon état, s'ils ne se lassent pas de protéger le peuple romain."

(1) Ac non multo post lege per consules lata, ut prouincias cum Augusto communiter administraret simulque censum ageret, condito lustro in Illyricum profectus est.

(2) Et statim ex itinere reuocatus iam quidem adfectum, sed tamen spirantem adhuc Augustum repperit fuitque una secreto per totum diem.

(3) Scio uulgo persuasum quasi egresso post secretum sermonem Tiberio uox Augusti per cubicularios excepta sit: "Miserum populum R., qui sub tam lentis maxillis erit!"

(4) Ne illud quidem ignoro aliquos tradidisse, Augustum palam nec dissimulanter morum eius diritatem adeo improbasse, ut nonnumquam remissiores hilarioresque sermones superueniente eo abrumperet; sed expugnatum precibus uxoris adoptionem non abnuisse, uel etiam ambitione tractum, ut tali successore desiderabilior ipse quandoque fieret.

(5) Adduci tamen nequeo quin existimem, circumspectissimum et prudentissimum principem in tanto praesertim negotio nihil temere fecisse; sed uitiis Tiberii uirtutibusque perpensis potiores duxisse uirtutes, praesertim cum et rei p. causa adoptare se eum pro contione iurauerit et epistulis aliquot ut peritissimum rei militaris utque unicum p. R. praesidium prosequatur.

(6) Ex quibus in exemplum pauca hinc inde subieci. "Vale, iucundissime Tiberi, et feliciter rem gere [grec]. Iucundissime et ita sim felix, uir fortissime et dux [grec], uale".

(7) "Ordinem aestiuorum tuorum! ego uero, mi Tiberi, et inter tot rerum difficultates [grec] non potuisse quemquam prudentius gerere se quam tu gesseris, existimo. Ii quoque qui tecum fuerunt omnes confitentur, uersum illum in te posse dici: Vnus homo nobis uigilando restituit rem".

(8) "Siue quid incidit de quo sit cogitandum diligentius, siue quid stomachor, ualde medius Fidius Tiberium meum desidero succurritque uersus ille Homericus: [grec]".

(9) "Attenuatum te esse continuatione laborum cum audio et lego, di me perdant nisi cohorrescit corpus meum; teque oro ut parcas tibi, ne si te languere audierimus, et ego et mater tua expiremus et summa imperi sui populus R. periclitetur".

(10) "Nihil interest ualeam ipse necne, si tu non ualebis". "Deos obsecro, ut te nobis conseruent et ualere nunc et semper patiantur, si non p. R. perosi sunt".


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[28 février 2001]

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