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Suétone(généralités)

Vie de Néron (généralités)- (latin) - (traduction)


  Suétone, Néron, 34

 XXXIV. Il fait tuer sa mère et la soeur de son père

(1) Néron commençait à se fatiguer de sa mère, qui épiait et critiquait avec aigreur ses paroles et ses actions. Il essaya d'abord de la rendre odieuse, en disant qu'il abdiquerait l'empire et se retirerait à Rhodes. Bientôt il lui ôta tous ses honneurs et toute sa puissance, lui enleva sa garde et ses Germains; enfin il la bannit de sa présence et de son palais. Il eut recours à tous les moyens pour la tourmenter. Était-elle à Rome, des affidés de Néron lui suscitaient des procès; à la campagne, ils l'accablaient de railleries et d'injures, en passant près de sa retraite par terre ou par mer.

(2) Cependant, effrayé de ses menaces et de sa violence, Néron résolut de la perdre. Trois fois il essaya de l'empoisonner; mais il s'aperçut qu'elle s'était munie d'antidotes. Il fit disposer un plafond qui, à l'aide d'un mécanisme, devait s'écrouler sur elle pendant son sommeil.

(3) L'indiscrétion de ses complices éventa son projet. Alors il imagina un navire pouvant se disloquer, destiné à la submerger ou à l'écraser par la chute du plafond. Il feignit donc de se réconcilier avec elle, et, par une lettre des plus flatteuses, l'invita à venir à Baïes célébrer avec lui les fêtes de Minerve. Là, il ordonna aux commandants des galères de briser, comme par un choc fortuit, le bâtiment liburnien qui l'avait amenée, tandis que, de son côté, elle prolongeait le festin. Lorsqu'elle voulut s'en retourner à Baules, il lui offrit, au lieu de sa galère avariée, celle qu'il avait fait préparer. Il la reconduisit gaiement et lui baisa même le sein en se séparant d'elle.

(4) Il passa le reste de la nuit dans une grande inquiétude, attendant le résultat de son entreprise.

(5) Quand il eut appris que tout avait trompé son attente, et qu'Agrippine s'était échappée à la nage, il ne sut que résoudre. Au moment où l'affranchi de sa mère, Lucius Agermus, venait lui annoncer avec joie qu'elle était saine et sauve, il laissa tomber en secret un poignard près de lui, le fit saisir et mettre aux fers, comme un assassin envoyé par Agrippine; puis il ordonna qu'on la mît à mort, et répandit le bruit qu'elle s'était tuée elle-même, parce que son crime avait été découvert.

(6) On ajoute des circonstances atroces, et non sans garanties. Néron serait accouru pour voir le cadavre de sa mère, il l'aurait touché, aurait loué ou blâmé telles ou telles parties de son corps, et, dans cet intervalle, aurait demandé à boire.

(7) Malgré les félicitations des soldats, du sénat et du peuple, il ne put ni alors, ni plus tard, échapper aux remords de sa conscience. Souvent il avoua qu'il était poursuivi par le spectre de sa mère, par les fouets et les torches ardentes des Furies.

(8) Il fit faire un sacrifice aux mages pour évoquer et fléchir son ombre. Dans son voyage en Grèce, il n'osa point assister aux mystères d'Éleusis, parce que la voix du héraut en écarte les impies et les hommes souillés de crimes.

(9) À ce parricide, Néron joignit le meurtre de sa tante. Il lui rendit visite pendant une maladie d'entrailles qui la retenait au lit. Selon l'usage des personnes âgées, elle lui passa la main sur la barbe, et dit en le caressant: "Quand j'aurai vu tomber cette barbe, j'aurai assez vécu." Néron se tourna vers ceux qui l'accompagnaient, et dit comme en plaisantant qu'il allait se la faire abattre sur-le-champ; puis il ordonna aux médecins de purger violemment la malade. Elle n'était pas encore morte qu'il s'empara de ses biens; et, pour n'en rien perdre, il supprima son testament.

(1) Matrem facta dictaque sua exquirentem acerbius et corrigentem hactenus primo grauabatur, ut inuidia identidem oneraret quasi cessurus imperio Rhodumque abiturus, mox et honore omni et potestate priuauit abductaque militum et Germanorum statione contubernio quoque ac Palatio expulit; neque in diuexanda quicquam pensi habuit, summissis qui et Romae morantem litibus et in secessu quiescentem per conuicia et iocos terra marique praeteruehentes inquietarent.

(2) Verum minis eius ac uiolentia territus perdere statuit; et cum ter ueneno temptasset sentiretque antidotis praemunitam, lacunaria, quae noctu super dormientem laxata machina deciderent, parauit.

(3) Hoc consilio per conscios parum celato solutilem nauem, cuius uel naufragio uel camarae ruina periret, commentus est atque ita reconciliatione simulata iucundissimis litteris Baias euocauit ad sollemnia Quinquatruum simul celebranda; datoque negotio trierarchis, qui liburnicam qua aduecta erat uelut fortuito concursu confringerent, protraxit conuiuium repetentique Baulos in locum corrupti nauigii machinosum illud optulit, hilare prosecutus atque in digressu papillas quoque exosculatus.

(4) Reliquum temporis cum magna trepidatione uigilauit opperiens coeptorum exitum.

(5) Sed ut diuersa omnia nandoque euasisse eam comperit, inops consilii L. Agermum libertum eius saluam et incolumem cum gaudio nuntiantem, abiecto clam iuxta pugione ut percussorem sibi subornatum arripi constringique iussit, matrem occidi, quasi deprehensum crimen uoluntaria morte uitasset.

(6) Adduntur his atrociora nec incertis auctoribus: ad uisendum interfectae cadauer accurrisse, contrectasse membra, alia uituperasse, sitique interim oborta bibisse.

(7) Neque tamen conscientiam sceleris, quamquam et militum et senatus populique gratulationibus confirmarentur, aut statim aut umquam postea ferre potuit, saepe confessus exagitari se materna specie uerberibusque Furiarum ac taedis ardentibus.

(8) Quin et facto per Magos sacro euocare Manes et exorare temptauit. Peregrinatione quidem Graeciae et Eleusinis sacris, quorum initiatione impii et scelerati uoce praeconis summouentur, interesse non ausus est.

(9) Iunxit parricido matris amitae necem. Quam cum ex duritie alui cubantem uisitaret, et illa tractans lanuginem eius, ut assolet, iam grandis natu per blanditias forte dixisset: "Simul hanc excepero, mori uolo," conuersus ad proximos confestim se positurum uelut irridens ait, praecepitque medicis ut largius purgarent aegram; necdum defunctae bona inuasit suppresso testamento, ne quid abscederet.


Commentaire

 


[14 mars2001]

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