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Suétone(généralités)
Vie de Néron (généralités)- (latin) - (traduction)
XXXV. Ses mariages et ses divorces. Il fait périr ses femmes Octavie et Poppée. Sénèque et Burrhus
(1) Indépendamment
d'Octavie, il épousa Poppaea Sabina, fille d'un
questeur, mariée auparavant à un chevalier
romain, et Statilia Messalina, arrière-petite-fille de
Taurus, honoré deux fois du consulat et du triomphe. (2)
Pour se l'approprier, il assassina son mari, le consul Atticus
Vestinus, dans l'exercice de ses fonctions. (3)
Dégoûté bientôt d'Octavie, il dit
à ses amis qui lui en faisaient des reproches, que les
ornements matrimoniaux devaient lui suffire. (4) Après
avoir inutilement essayé plusieurs fois de
l'étrangler, il la répudia comme stérile.
Mais, voyant que les Romains blâmaient ce divorce et
s'emportaient en invectives contre lui, il l'exila d'abord, et
enfin la fit périr comme coupable d'adultère. La
calomnie était si révoltante, que tous ceux qui
furent mis à la torture ayant protesté de son
innocence, Néron aposta son pédagogue Anicetus,
qui avoua qu'il avait abusé d'Octavie par ruse. (5)
Néron épousa Poppée douze jours
après qu'il eut répudié Octavie, et l'aima
passionnément; ce qui ne l'empêcha pas de la tuer
d'un coup de pied, parce qu'étant enceinte et malade,
elle lui avait reproché trop vivement d'être
rentré tard d'une course de chars. (6) Elle lui avait
donné une fille nommée Claudia Augusta qui mourut
en bas âge. (7) Il n'y eut désormais aucune
espèce de lien qui pût garantir de ses attentats.
(8) Il accusa de conspiration et fit mourir Antonia, fille de
Claude, qui refusait de prendre la place de Poppée. Il
traita de même tous ceux qui lui étaient
attachés ou alliés, entre autres le jeune Aulus
Plautius, qu'il viola avant de le faire conduire à la
mort, en disant: "Que ma mère aille maintenant embrasser
mon successeur," faisant entendre par là qu'Agrippine
l'aimait et lui faisait espérer l'empire. (9) Son
beau-fils Rufrius Crispinus qu'il avait eu de Poppée,
s'amusait à jouer aux commandements et aux empires. C'en
fut assez pour qu'il ordonnât à ses esclaves de le
noyer dans la mer quand il irait à la pêche. (10)
Il exila Tuscus, son frère de lait, parce
qu'étant gouverneur d'Égypte, il avait fait usage
des bains qu'on avait construits pour l'arrivée de
l'empereur. (11) Il obligea son précepteur
Sénèque de se donner la mort, quoique ce
philosophe lui eût souvent demandé son
congé en lui offrant tous ses biens, et que Néron
lui eût saintement juré que ses craintes
étaient vaines, et qu'il aimerait mieux mourir que de
lui faire aucun mal. (12) Au lieu d'un remède qu'il
avait promis à Burrhus, préfet du
prétoire, pour le guérir d'un mal de gorge, il
lui envoya du poison. Il fit périr de la même
manière, en mêlant le fatal breuvage, tantôt
à leurs aliments, tantôt à leurs boissons,
les affranchis riches et âgés qui d'abord
l'avaient fait adopter par Claude, et qui avaient
été ensuite les soutiens et les conseillers de sa
couronne. (1) Vxores praeter Octauiam duas
postea duxit, Poppaeam Sabinam quaestorio patre natam et equiti
Romano antea nuptam, deinde Statiliam Messalinam Tauri bis
consulis ac triumphalis abneptem. (2) Qua ut poteretur, uirum eius
Atticum Vestinum consulem in honore ipso trucidauit. (3) Octauiae
consuetudinem cito aspernatus corripientibus amicis sufficere illi
debere respondit uxoria ornamenta. (4) Eandem mox saepe frustra
strangulare meditatus dimisit ut sterilem, sed improbante
diuortium populo nec parcente conuiciis etiam relegauit, denique
occidit sub crimine adulteriorum adeo impudenti falsoque, ut in
quaestione pernegantibus cunctis Anicetum paedagogum suum indicem
subiecerit, qui fingeret et dolo stupratam a se fateretur. (5)
Poppaeam duodecimo die post diuortium Octauiae in matrimonium
acceptam dilexit unice; et tamen ipsam quoque ictu calcis occidit,
quod se ex aurigatione sero reuersum grauida et aegra conuiciis
incesserat. (6) Ex hac filiam tulit Claudiam Augustam amisitque
admodum infantem. (7) Nullum adeo necessitudinis genus est, quod
non scelere perculerit. Antoniam Claudi filiam, recusantem post
Poppaeam mortem nuptias suas quasi molitricem nouarum rerum
interemit; similiter ceteros aut affinitate aliqua sibi aut
propinquitate coniunctos; in quibus Aulum Plautium iuuenem, quem
cum ante mortem per uim conspurcasset: "Eat nunc", inquit, "mater
mea et successorem meum osculetur", iactans dilectum ab ea et ad
spem imperii impulsum. (9) Priuignum Rufrium Crispinum Poppaea
natum impuberem adhuc, quia ferebatur ducatus et imperia ludere,
mergendum mari, dum piscaretur, seruis ipsius demandauit. (10)
Tuscum nutricis filium relegauit, quod in procuratione Aegypti
balineis in aduentum suum exstructis lauisset. (11) Senecam
praeceptorem ad necem compulit, quamuis saepe commeatum petenti
bonisque cedenti persancte iurasset suspectum se frustra
periturumque potius quam nociturum ei. (12) Burro praefecto
remedium ad fauces pollicitus toxicum misit. Libertos diuites et
senes, olim adoptionis mox dominationis suae fautores atque
rectores, ueneno partim cibis, partim potionibus indito
intercepit.
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[14 mars2001]