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Suétone(généralités)
Vie de Néron (généralités)- (latin) - (traduction)
XXIII. Il dispute aux artistes tous les prix. Mesures d'ordre prescrites quand il chantait. Ruses employées pour sortir du théâtre. Sa jalousie contre ses rivaux. Sa crainte des juges
(1) Il réunit dans
une seule année les spectacles qui appartenaient aux
époques les plus éloignées. Quelques-uns
même furent recommencés. Il fit, contre l'usage,
ouvrir à Olympie un concours de musique. (2) Pour
n'être pas dérangé ou
détourné de ces occupations, il répondit
à son affranchi Helius, qui lui écrivait que les
affaires de Rome exigeaient sa présence: "Quoique tu
paraisses désirer et être d'avis que je revienne
promptement, tu dois plutôt me conseiller et souhaiter
que je revienne digne de moi-même." (3) Lorsqu'il
chantait, il n'était pas permis de sortir du
théâtre, pas même pour une raison
indispensable. Aussi quelques femmes accouchèrent,
dit-on, au spectacle, et beaucoup de personnes, lasses
d'écouter et d'applaudir, sautèrent à la
dérobée par-dessus les murs des villes dont il
avait fait fermer les portes, ou feignirent d'être mortes
pour qu'on les enlevât sous prétexte de les
enterrer. (4) On ne saurait croire avec quelle crainte, quelle
inquiétude, quelle jalousie et quelle défiance
des juges il entrait dans la lice. (5) Il observait ses
adversaires, les épiait, les décriait
secrètement, comme s'ils eussent été ses
égaux; quelquefois il les attaquait par des propos
injurieux lorsqu'il les rencontrait, et corrompait ceux qui
l'emportaient sur lui par leur talent. (6) Avant de commencer,
il adressait aux juges une respectueuse allocution, disant
qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait faire, mais que le
succès dépendait de la fortune; qu'en hommes
doctes et sages, ils devaient exclure tout ce qui tient du
hasard. Quand les juges l'encourageaient, il se retirait plus
tranquille, mais non sans inquiétude, attribuant
à la malignité et à la mauvaise humeur le
silence et la réserve de quelques-uns d'entre eux, et
disant qu'ils lui étaient suspects. (1) Nam et quae diuersissimorum
temporum sunt, cogi in unum annum, quibusdam etiam iteratis,
iussit et Olympiae quoque praeter consuetudinem musicum agona
commisit. (2) Ac ne quid circa haec occupatum auocaret
detineretue, cum praesentia eius urbicas res egere a liberto Helio
admoneretur, rescripsit his uerbis: "Quamuis nunc tuum consilium
sit et uotum celeriter reuerti me, tamen suadere et optare potius
debes, ut Nerone dignus reuertar." (3) Cantante eo ne necessaria
quidem causa excedere theatro licitum est. Itaque et enixae
quaedam in spectaculis dicuntur et multi taedio audendi
laudandique clausis oppidorum portis aut morte simulata funere
elati. (4) Quam autem trepide anxieque certauerit, quanta
aduersariorum aemulatione, quo metu iudicium, uix credi potest.
(5) Aduersarios, quasi plane condicionis eiusdem, obseruare,
captare, infamare secreto, nonnumquam ex occursu maledictis
incessere ac, si arte praecellerent, conrumpere etiam solebat. (6)
Iudices autem prius quam inciperet reuerentissime adloquebatur,
omnia se facienda fecisse, sed euentum in manu esse Fortunae;
illos ut sapientis et doctos uiros fortuita debere excludere;
atque, ut auderet hortantibus, aequiore animo recrdebat, ac ne sic
quidem sine sollicitudine, taciturnitatem pudoremque quorundam pro
tristitia et malignitate arguens suspectosque sibi
dicens.
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[14 mars2001]