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Suétone(généralités)
Vie de Néron (généralités)- (latin) - (traduction)
XX. Son goût pour la musique. Ses études. Il débute sur le théâtre de Naples. Il organise une troupe d'applaudisseurs
(1) La musique était
un des enseignements dont on avait imbu son enfance. Dès
qu'il fut monté sur le trône, il fit venir
Terpnus, le premier joueur de luth de son temps. Durant
plusieurs jours, après son repas, il se tint à
côté de lui pour l'entendre chanter jusque bien
avant dans la nuit. Peu à peu il se mit à
cultiver cet art et à s'y exercer, sans omettre aucune
des précautions que prennent les artistes de ce genre
pour conserver ou développer leur voix. Il se couchait
sur le dos en portant sur sa poitrine une feuille de plomb; il
prenait des lavements et des vomitifs; il s'abstenait de fruits
et d'aliments nuisibles à son talent. (2) Enfin, content
de ses progrès, quoiqu'il eût la voix faible et
voilée, il voulut monter sur le théâtre. Il
répétait de temps en temps à ses amis ce
proverbe grec: "De musique ignorée on n'a jamais dit
mot". (3) Ce fut à Naples qu'il débuta. En vain
un tremblement de terre ébranla le théâtre;
il ne cessa de chanter que lorsqu'il eut fini son air. (4) Il y
chanta souvent, et plusieurs jours de suite. Après avoir
pris un peu de loisir pour reposer sa voix, impatient de
l'obscurité, au sortir du bain, il revint au
théâtre, mangea dans l'orchestre en
présence d'un peuple nombreux, et promit en grec
qu'aussitôt qu'il aurait un peu bu, il ferait retentir
quelque chose de plein et de sonore. (5) Flatté des
louanges que lui donnèrent en musique des habitants
d'Alexandrie, qu'un nouveau commerce de grains avait
attirés à Naples, il en fit venir plusieurs de
cette ville. (6) Il choisit également partout de jeunes
chevaliers et plus de cinq mille jeunes plébéiens
des plus robustes, partagés en différents corps,
et leur fit apprendre les diverses manières d'applaudir,
telles que les bourdonnements, les claquements à main
concave et les castagnettes, afin qu'ils l'appuyassent toutes
les fois qu'il chanterait. Ces jeunes gens étaient
remarquables par leur épaisse chevelure et leur
excellente tenue. Ils portaient un anneau à la main
gauche, et leurs chefs gagnaient quarante mille
sesterces. (1) Inter ceteras disciplinas
pueritiae tempore imbutus et musica, statim ut imperium adeptus
est, Terpnum citharoedum uigentem tunc praeter alios arcessiit
diebusque continuis post cenam canenti in multam noctem assidens
paulatim et ipse meditari exercerique coepit neque eorum quicquam
omittere, quae generis eius artifices uel conseruandae uocis causa
uel augendae factitarent; sed et plumbeam chartam supinus pectore
sustinere et clystere uomituque purgari et abstinere pomis
cibisque officientibus; (2) donec blandiente profectu, quamquam
exiguae uocis et fuscae, prodire in scaenam concupiit, subinde
inter familiares Graecum prouerbium iactans occultae musicae
nullum esse respectum. (3) Et prodit Neapoli primum ac ne concusso
quidem repente motu terrae theatro ante cantare destitit, quam
incohatum absolueret nomon. (4) Ibidem saepius et per complures
cantauit dies; sumpto etiam ad reficiendam uocem breui tempore,
impatiens secreti a balineis in theatrum transiit mediaque in
orchestra frequente populo epulatus, si paulum subbibisset,
aliquid se sufferti tinniturum Graeco sermone promisit. (5) Captus
autem modulatis Alexandrinorum laudationibus, qui de nouo commeatu
Neapolim confluxerant, plures Alexandria euocauit. (6) Neque eo
segnius adulescentulos equestris ordinis et quinque amplius milia
e plebe robustissimae iuuentutis undique elegit, qui diuisi in
factiones plausuum genera condiscerent (bombos et imbrices et
testas uocabant) operamque nauarent cantanti sibi, insignes
pinguissima coma et excellentissimo cultu, puris ac sine anulo
laeuis, quorum duces quadringena milia sestertia
merebant.
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[14 mars2001]