Suétone, Jules César, 60

 LX. Ses batailles

(1) Pour les batailles, ce n'était pas seulement un plan bien arrêté, mais aussi l'occasion qui le déterminait. Il lui arrivait souvent d'attaquer aussitôt après une marche, et quelquefois par un temps si affreux que personne ne pouvait croire qu'il se fût mis en mouvement. Ce n'est que vers les dernières années de sa vie qu'il hésita davantage à livrer bataille, persuadé que plus il avait vaincu souvent, moins il devait tenter la fortune, et qu'il gagnerait toujours moins à une victoire qu'il ne perdrait à une défaite.

(2) Jamais il ne mit un ennemi en déroute qu'il ne s'emparât aussi de son camp, et il ne laissait aucun répit à la terreur des vaincus.

(3) Quand le sort des armes était douteux, il renvoyait tous les chevaux, à commencer par le sien, afin d'imposer à ses soldats l'obligation de vaincre, en leur ôtant les moyens de fuir.

(1) Proelia non tantum destinato, sed ex occasione sumebat ac saepe ab itinere statim, interdum spurcissimis tempestatibus, cum minime quis moturum putaret; nec nisi tempore extremo ad dimicandum cunctatior factus est, quo saepius uicisset, hoc minus experiendos casus opinans nihilque se tantum adquisiturum uictoria, quantum auferre calamitas posset

(2) Nullum umquam hostem fudit, quin castris quoque exueret: ita ut nullum spatium perterritis dabat.

(3) Ancipiti proelio equos dimittebat et in primis suum, quo maior permanendi necessitas imponeretur auxilio fugae erepto.


Commentaire

Dernières années : César semble avoir hésité (fin 46) avant de s'engager dans une seconde campagne d'Espagne contre les fils de Pompée, qui devait se terminer à Munda (mars 45).

Renvoyait les chevaux : comme, par exemple, lors d'une bataille contre les Helvètes, en 58. « César fit éloigner et mettre hors de vue son cheval d'abord, puis ceux de tous les officiers, afin que le péril fût égal pour tous et que personne ne pût espérer s'enfuir » (Guerre des Gaules, I, 25, 1)


[20 mars 2006]