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Suétone (généralités)
Vie d'Auguste (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XLV. Sa conduite pendant les spectacles. Son goût pour le pugilat. Sa sévérité envers les acteurs
(1) Pour lui, il
avait coutume de regarder les jeux du cirque de
l'un des cabinets de ses amis ou de ses affranchis,
quelquefois du haut d'un lit sacré, avec sa
femme et ses enfants. (2) Quand il quittait
le spectacle pendant plusieurs heures, ou s'en
tenait quelquefois éloigné des jours
entiers, ce n'était qu'après s'en
être excusé et avoir
désigné quelqu'un pour
présider à sa place. (3) Mais, lorsqu'il y
assistait, il ne faisait pas autre chose, soit pour
éviter les murmures, parce qu'il se
rappelait qu'on avait blâmé
César, son père, de ce qu'il lisait
des lettres, et y répondait pendant le
spectacle; soit qu'il fût captivé par
le plaisir; car il ne dissimula jamais le vif
intérêt qu'il prenait aux jeux, et
plus d'une fois il l'avoua avec
franchise. (4) Aussi le vit-on
fréquemment donner, de ses deniers, des
couronnes et d'autres récompenses d'un grand
prix pour des exercices et des jeux qui lui
étaient étrangers. Jamais il
n'assista aux luttes grecques, sans
rétribuer chacun des concurrents selon son
mérite. (5) Il aimait
passionnément ceux qui se vouaient au
pugilat, surtout les Latins, et non seulement ceux
qui en faisaient leur profession, et qu'il avait
coutume de faire battre avec les Grecs, mais encore
les premiers venus, ceux qui luttaient ensemble,
sans aucun art, dans les rues et dans les
carrefours. (6) Tous ceux qui
travaillaient aux spectacles publics lui
paraissaient dignes de sa sollicitude. Il maintint
les privilèges des athlètes, et les
augmenta. Il défendit de faire combattre des
gladiateurs à outrance. Il restreignit aux
jeux et à la scène l'ancienne loi qui
accordait aux magistrats le droit de punir les
comédiens en tout temps et en tout lieu, il
n'en régla pas moins avec une extrême
sévérité, les combats des
athlètes et des gladiateurs. (7) Il réprima
avec tant de rigueur la licence des histrions,
qu'il fit battre de verges sur trois
théâtres, Stéphanion, et
l'exila ensuite, parce qu'il avait appris que cet
acteur se faisait servir par une matrone,
vêtue en jeune garçon, et rasée
autour de la tête, comme un esclave. Sur la
plainte du préteur, il fit fouetter
publiquement, à l'entrée de son
palais, le pantomime Hylas. Enfin il chassa de Rome
et d'Italie Pylade, pour avoir montré du
doigt et fait connaître à tout le
monde un spectateur qui le sifflait. (1)
Ipse circenses ex amicorum fere libertorumque
cenaculis spectabat, interdum ex puluinari et
quidem cum coniuge ac liberis sedens. (2)
Spectaculo plurimas horas, aliquando totos dies
aberat, petita uenia commendatisque qui suam uicem
praesidendo fungerentur. (3)
Verum quotiens adesset, nihil praeterea agebat, seu
uitandi rumoris causa, quo patrem Caesarem uulgo
reprehensum commemorabat, quod inter spectandum
epistulis libellisque legendis aut rescribendis
uacaret, seu studio spectandi ac uoluptate, qua
teneri se neque dissimulauit umquam et saepe
ingenue professus est. (4)
Itaque corollaria et praemia in alienis quoque
muneribus ac ludis et crebra et grandia de suo
offerebat nullique Graeco mini interfilit. auo non
pro merito quemaue certantium honorarit. (5)
Spectauit autem studiosissime pugiles et maxime
Latinos, non legitimos atque ordinarios modo, quos
etiam committere cum Graecis solebat, sed et
cateruarios oppidanos inter angustias uicorum
pugnantis temere ac sine arte. (6)
Vniuersum denique genus operas aliquas publico
spectaculo praebentium etiam cura sua dignatus est;
athletis et conseruauit priuilegia et ampliauit,
gladiatores sine missione edi prohibuit,
coercitionem in histriones magistratibus omni
tempore et loco lege uetere permissam ademit
praeterquam ludis et scaena. Nec tamen eo minus aut
xysticorum certationes aut gladiatorum pugnas
seuerissime semper exegit. (7)
Nam histrionum licentiam adeo compescuit, ut
Stephanionem togatarium, cui in puerilem habitum
circum tonsam matronam ministrasse compererat, per
trina theatra uirgis caesum relegauerit, Hylan
pantomimum querente praetore in atrio domus suae
nemine excluso flagellis uerberarit et Pyladen urbe
atque Italia summouerit, quod spectatorem, a quo
exsibilabatur, demonstrasset digito conspicuumque
fecisset.
Commentaire
[28 février 2001]