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Suétone (généralités)
Vie d'Auguste (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XLII. Sa fermeté vis-à-vis du peuple. Sa conduite pendant une disette. Il projette d'abolir les distributions de blé et renonce à cette mesure
(1) Ce qui prouve
qu'Auguste cherchait à rendre service, et
non à flatter, c'est que, lorsque le peuple
se plaignit de la rareté et de la
cherté du vin, il le réprimanda sur
un ton très sévère, et lui dit
qu'en établissant plusieurs cours d'eau,
Agrippa son gendre avait suffisamment pourvu
à ce que personne n'eût
soif. (2) Un jour la
multitude réclamait une distribution
d'argent qu'il avait promise: il répondit
qu'il tiendrait sa parole, mais, comme elle
sollicitait une autre fois ce qu'il n'avait point
promis, le prince lui reprocha dans un édit
son infamie et son impudence, et assura qu'il ne
donnerait rien, quoiqu'il eût l'intention de
donner. (3) Il ne montra pas
moins de grandeur et de fermeté, lorsque,
après avoir annoncé une
gratification, il s'aperçut que beaucoup
d'affranchis et d'intrus s'étaient
glissés parmi les citoyens. Il refusa d'y
faire participer ceux auxquels il n'avait rien
promis; et, pour que la somme destinée
à cet usage pût y suffire, il donna
aux autres moins qu'il n'avait dit. (4) Pendant une
grande stérilité à laquelle il
était difficile de remédier, il
chassa de Rome les troupes d'esclaves à
vendre, les gladiateurs et tous les
étrangers, à l'exception des
médecins et des professeurs; il expulsa
même une partie des autres esclaves. Il nous
apprend à ce sujet que, lorsque l'abondance
fut revenue, il conçut le projet d'abolir
à jamais les distributions de grains, parce
que, se reposant sur elles, on négligeait la
culture des terres; mais qu'il abandonna ce
dessein, parce qu'il était persuadé
qu'on pourrait un jour rétablir ces
libéralités, comme moyen de
séduction. (5) Depuis lors il
s'arrangea de manière à
ménager autant les intérêts des
cultivateurs et des commerçants que ceux du
peuple. (1)
Sed ut salubrem magis quam ambitiosum principem
scires, querentem de inopia et caritate uini
populum seuerissima coercuit uoce: satis prouisum a
genero suo Agrippa perductis pluribus aquis, ne
homines sitirent. (2)
Eidem populo promissum quidem congiarium reposcenti
bonae se fidei esse respondit; non promissum autem
flagitanti turpitudinem et impudentiam edicto
exprobrauit affirmauitque non daturum se quamuis
dare destinaret. (3)
Nec minore grauitate atque constantia, cum
proposito congiario multos manumissos insertosque
ciuium numero comperisset, negauit accepturos
quibus promissum non esset, ceterisque minus quam
promiserat dedit, ut destinata summa
sufficeret. (4)
Magna uero quondam sterilitate ac difficili remedio
cum uenalicias et lanistarum familias peregrinosque
omnes exceptis medicis et praeceptoribus partimque
seruitiorum urbe expulisset, ut tandem annona
conualuit, impetum se cepisse scribit
frumentationes publicas in perpetuum abolendi, quod
earum fiducia cultura agrorum cessaret; neque tamen
perseuerasse, quia certum haberet posse per
ambitionem quandoque restitui. (5)
Atque ita posthac rem temperauit, ut non minorem
aratorum ac negotiantium quam populi rationem
deduceret.
Commentaire
[28 février 2001]