Hodoi Electronikai - Helios - Bibliotheca Classica Selecta - Plan du précis grammatical


SYNTAXE  DES PROPOSITIONS : MODES ET TEMPS (1400-1785).


Plan général

Indicatif  [1410]
Subjonctif  [1500]
Optatif [1550]
Impératif [1570]
Infinitif [1600]
Participe [1720]
Adjectif verbal [1785]

 


SYNTAXE  DES PROPOSITIONS : INDICATIF (1410-1480)


    L'indicatif est le mode de la réalité. On le rencontre cependant aussi pour exprimer des faits qui ne se sont pas réalisés. Tous les temps de l'indicatif se rencontrent dans divers types de propositions (indépendantes, principales et subordonnées), pour exprimer la simple énonciation d'un fait ou la simple interrogation.
 

Plan

Indicatif dans les indépendantes et principales [1415]
       Simple énonciation d'un fait [1416]
       Souhait non réalisable (regret) [1417]
       Fait présenté comme non réalisé ou « irréel » [1418]

       Fait répété dans le passé [1420]

Indicatif dans la période conditionnelle [1425]
       Présentation de la période conditionnelle [1426]
       La période conditionnelle « réelle » [1430]
       La période conditionnelle « irréelle » [1435]

Indicatif dans les propositions subordonnées [1440]
       Compléments de verbe introduites par  ὅτι, ὡς [1441]
       Compléments de verbe introduites par  ὅπως (ὡς) [1445]
       Interrogatives indirectes, compléments de verbe [1450]

       Compléments de phrase ou circonstancielles de cause [1455]
       Compléments de phrase, circonstancielles de temps [1460]
       Consécutives introduites par
ὥστε (ὡς) [1465]
       Concessives introduites par εἰ καί... [1467]

       Propositions subordonnées relatives  [1470]
       Propositions relatives comparatives et consécutives [1475]
           Remarques concernant la traduction des relatives [1477]

 


 

1415. Indicatif dans les indépendantes et principales
 

    Le plan « traditionnel » suivi ici présente d'abord les constructions des propositions indépendantes et principales, puis celles de la période conditionnelle et enfin celles de diverses subordonnées. Il importe cependant de savoir que les constructions des indépendantes peuvent se rencontrer aussi dans les subordonnées.
 

1416. Simple énonciation d'un fait

    Pour énoncer un fait sans nuance particulière et pour poser une interrogation directe, le grec comme le français utilise l'indicatif, aux différents temps. Négation οὐ.

Ἀληθέστατα λέγεις (Plat., Lois, 719e).
Tu dis tout à fait vrai
.

Ἐζήτουν δὴ ἁθροίζεσθαι καὶ σῴζεσθαι (Plat., Prot., 322b).
Ils cherchaient à se rassembler et à assurer leur salut.

Τοιοῦτος ὢν ὁ Ἔρως, τίνα χρείαν ἔχει τοῖς ἀνθρώποις ; (Plat., Banquet, 204c).
L'Amour étant tel, quelle utilité a-t-il pour les humains ?
 

1417. Expression d'un souhait non réalisable (regret)

    Pour exprimer un regret dans le présent et dans le passé, le grec emploie :
    - εἴθε, εἰ γὰρ + indicatif imparfait ou aoriste. Négation μή.
    - ὤφελον, ες, ε... (= indic. aoriste de ὀφείλω je dois) + infinitif. Négation μή.

Εἴθε σοι... τότε συνεγενόμην (Xén., Mém., 1, 2, 46).
Ah ! Si je t'avais rencontré alors.
[mais ce ne fut pas le cas]

Ἀλλ' ὤφελε μὲν Κῦρος ζῆν (Xén., An., 2, 1, 4).
Ah ! Si Cyrus vivait / avait vécu (= Cyrus devrait / aurait dû vivre). [mais il est mort]

Ὀλέσθαι δ' ὤφελον τῇδ' ἡμέρᾳ (Soph., O. R., 1157).
J'aurais dû mourir ce jour-là.
 

1418. Expression d'un fait présenté comme non réalisé ou « irréel »

    Pour présenter un fait qui ne s'est pas réalisé, là où le français emploie le conditionnel, le grec emploie la particule ἄν + un temps secondaire (imparfait ou aoriste) de l'indicatif. Négation οὐ. Cette proposition, de modalité « irréelle », correspond à la principale d'une période conditionnelle « irréelle ». [1426]

    Le choix du temps (imparfait « duratif » ou aoriste « ponctuel ») est aspectuel plutôt que temporel [1026], même si l'imparfait semble assez souvent correspondre à un « irréel » du présent, et l'aoriste à un « irréel » du passé.

Καὶ καλῶς ἂν εἶχε (Plat., Criton, 44d).
Voilà qui serait bien.

Ἔνθα δὴ ἔγνω ἄν τις ὅσου ἄξιον εἶη τὸ φιλεῖσθαι ἄρχοντα ὑπὸ τῶν περὶ αὐτόν (Xén., Cyr., 7, 1, 38).
On aurait reconnu alors combien il était important qu'un chef soit aimé de son entourage.
 

1419. Cas particulier : expression de l' « irréel » sans ἄν avec certains verbes

     L'imparfait, sans ἄν, de verbes exprimant la nécessité, la possibilité, le devoir, la convenance, se traduit parfois par un conditionnel français, exprimant ainsi que le fait envisagé ne s'est pas réalisé. Tels par exemple :
    ἐξῆν, παρῆν, ἦν, οἷόν τ' ἦν il serait / il aurait été possible
    ἔδει, χρῆν il fallait, il aurait fallu
    προσῆκεν il convenait / il eût convenu
    καλὸν, δίκαιον, εἰκὸς, αἰσχρὸν, ἄξιον... ἦν
il serait / aurait été beau, juste, naturel, honteux, digne...

Τί σιγᾷς ; οὐκ ἐχρῆν σιγᾶν, τέκνον (Eurip., Hipp., 297).
Pourquoi te tais-tu ? Tu ne devrais pas te taire, mon enfant.
 

1420. Expression d'un fait répété dans le passé

   Pour présenter un fait comme s'étant répété dans le passé (« itératif » du passé) dans une indépendante ou une principale, le grec emploie ἄν + indicatif imparfait (parfois aoriste).

Εἴ τις αὐτῷ δοκοίη βλακεύειν, ἔπαιεν ἄν (Xén., An., 2, 3, 11).
Si quelqu'un lui paraissait se comporter avec mollesse, il le frappait.

Ὁπότε προσβλέψειέ τινας ἐν ταῖς τάξεσι, τότε μὲν εἶπεν ἄν... (Xén., Cyr., 7, 1, 10).
Chaque fois qu'il voyait des soldats en rang, il leur disait...

Διηρώτων ἂν αὐτοὺς τί λέγοιεν (Plat., Ap., 22b).
Je leur demandais (souvent) ce qu'ils disaient.

 

1425. Indicatif dans la période conditionnelle
 

1426. Présentation de la période conditionnelle

    La période conditionnelle est constituée d'une  protase, introduite par la conjonction εἰ si (négation  μή), et d'une  apodose (négation οὐ). Chaque période conditionnelle repose sur une formule de base : la protase exprime la condition suffisante, dont l'apodose exprime la conséquence :« Si tu crois cela, tu te trompes», en d'autres termes : « il te suffit de croire cela (condition) pour te tromper (conséquence) ».

    Outre cette formule de base propre à toutes les périodes conditionnelles, une modalité particulière à chacune permet de les classer en catégories,  conventionnellement nommées « réelles »,  « éventuelles », « potentielles », « irréelles ».

    - Les « réelles » expriment  la formule de base, sans aucune autre précision.
    - Les « éventuelles » présentent la condition comme probable, dans l'avenir.
    - Les « potentielles » présentent la condition comme une pure hypothèse, qu'elle soit ou non réalisable.
    - Les « irréelles » présentent la condition comme non réalisée.

    Seules, les « réelles » [1430] et les « irréelles » [1435], qui emploient le mode indicatif, sont traitées ici. Les « éventuelles » le sont avec le subjonctif [1531], et les « potentielles », avec l'optatif  [1557].
 

1430. La période conditionnelle « réelle »

   La condition est présentée simplement comme suffisante pour que se réalise la conséquence envisagée dans l'apodose, (qui est souvent une principale). Le grec, comme le français du reste, emploie les divers temps de l'indicatif, dans les deux propositions constituant la période conditionnelle.

 Εἰ (μή) + indicatif, (οὐ) + indicatif

Εἰ τοῦτο νομίζεις / νομιεῖς, ἀδικεῖς / ἀδικήσεις.
Si tu penses / penseras cela, tu es / seras coupable [= s'il est vrai que tu penses..., tu te trompes]

Εἰ τοῦτο ἐνόμιζες / ἐνόμισας, ἠδίκεις / ἠδίκησας.
Si tu pensais / pensas cela, tu es / fus coupable.

Εἰ θεοί τι δρῶσιν αἰσχρόν, οὐκ εἰσὶ θεοί (Eur., fr. 292, 7).
Si les dieux font une chose honteuse, ce ne sont pas des dieux.

Εἰ δὲ τοῦ χρόνου πρόσθεν θανοῦμαι, κέρδος αὔτ' ἐγὼ λέγω (Soph., Ant., 461-2).
Si je meurs avant le temps, moi, je dis que c'est un gain. [θανοῦμαι : futur grec = présent français]

Εἰ ἐμὲ ἐδίωξαν, καὶ ὑμᾶς διώξουσιν· εἰ τὸν λόγον μου ἐτήρησαν, καὶ τὸν ὑμέτερον τηρήσουσιν (Jn., 15, 20).
S'ils m'ont poursuivi, ils vous poursuivront aussi ; s'ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre.

1431. Remarque
    Dans certains cas, la principale peut être à un autre mode qu'à l'indicatif, par exemple, à l'impératif ou au subjonctif pour exprimer un ordre, à l'optatif pour exprimer un souhait.

Εἰ ἄλλο τις βελτίον ὁρᾷ, λεξάτω (Xén., Anab., 3, 2, 38).
Si quelqu'un voit une meilleure solution, qu'il parle.

Κάκιστ' ἀπολοίμην, Ξανθίαν εἰ μὴ φιλῶ (Aristoph., Gren., 579).
Que je meure dans les pires conditions, si je n'aime pas Xanthias.
 

1435. La période conditionnelle « irréelle »

    La condition est suffisante pour que se réalise la conséquence envisagée dans l'apodose ; en outre le fait exprimé dans la protase est présenté comme non réalisé. Là où le français emploie, dans la subordonnée, l'imparfait ou le plus-que-parfait et, dans la principale, le conditionnel, le grec utilise un temps secondaire de l'indicatif dans les deux propositions, et dans la principale la particule ἄν. Le choix du temps (imparfait « duratif » ou aoriste « ponctuel ») est aspectuel plutôt que temporel [1026], même si souvent l'imparfait correspond plutôt à un « irréel » du présent, et l'aoriste à un « irréel » du passé.

 Εἰ (μή) + indic. imparfait, (οὐκ) ἄν + indic. imparfait [« irréel » du présent]
 Εἰ (μή) + indic. aoriste, (οὐκ) ἄν + indic. aoriste [« irréel » du passé]

Εἰ  τοῦτο ἐνόμιζες,  ἄν ἠδίκεῖς. Εἰ τοῦτο μή ἐνόμιζες, οὐκ ἄν ἠδίκεῖς.
Si tu pensais cela
[mais tu ne le penses pas], tu serais coupable. Si tu ne pensais pas cela [mais tu le penses], tu ne serais pas coupable.

Εἰ τοῦτο μή ἐνόμισας, οὐκ ἄν ἠδίκησας.
Si tu n'avais pas pensé cela
[or tu as pensé cela], tu n'aurais pas été coupable.

Εἰ τὸ φῶς μὴ εἴχομεν, ὅμοιοι τοῖς τυφλοῖς ἂν ἦμεν (Xén., Mém., 4, 3, 3). [« irréel » du présent]
Si nous ne possédions pas la lumière, nous serions semblables aux aveugles.

Οὐκ ἂν ἐποίησεν Ἀγασίας ταῦτα, εἰ μὴ ἐγὼ αὐτὸν ἐκέλευσα (Xén., An., 6, 6, 15). [« irréel » du passé]
Agasias n'aurait pas fait cela, si je ne le lui avais pas ordonné.

Εἰ μὴ ὑμεῖς ἤλθετε, ἐπορευόμεθα ἂν ἐπὶ τὸν βασιλέα (Xén., An., 2, 1, 4).
Si vous n'étiez pas arrivés, nous serions en train de marcher contre le roi.

Εἰ ἦσαν ἄνδρες ἀγαθοί, οὐκ ἄν ποτε ταῦτα ἔπασχον (Plat., Gorgias, 516e).
S'ils étaient des gens de bien, ils n'auraient jamais toléré cela.

Εἰ μὴ πατὴρ ἦσθα, εἶπον ἄν σ' οὐκ εὖ φρονεῖν (Soph., Antig., 755).
Si tu n'étais pas mon père, je te dirais (je t'aurais dit) que tu n'es pas sensé.
[Imparfait duratif et aoriste ponctuel].

Οὐδ' ἱκόμην ἔγωγ᾿ἄν, εἰ σὺ μὴ ᾿κάλεις (= ἐκάλεις) (Soph., O.R., 432).
Je ne serais pas venu, si tu ne m'avais pas appelé. [aoriste ponctuel et imparfait duratif, rendant tous les deux un passé]

Pour les conditionnelles éventuelles, voir [1531] ; pour les potentielles, voir [1557].
 

 

1440. Indicatif dans les propositions subordonnées

 

1441. Propositions sujets et compléments de verbe introduites par  ὅτι, ὡς

   Des propositions ayant leur prédicat à un temps de l'indicatif (négation οὐ), et introduites par les conjonctions ὅτι, ὡς que,  fonctionnent comme compléments directs de verbes ou comme sujets dans les tournures impersonnelles. Ces propositions sont parfois annoncées dans la proposition introductrice par un pronom neutre, dont elles constituent l'explication.

    Ces propositions peuvent aussi avoir leur prédicat aux différents modes personnels des principales ou indépendantes (ἄν + indicatif imparfait ou aoriste pour l'irréel [1418 ], ou ἄν + optatif, pour le potentiel [1557]).

Il s'agit notamment de verbes :
    - de déclaration, tels :
         λέγω je dis
         δείκνυμι je montre
           
etc.
    - de perception des sens et de l'esprit, tels :
        ὁρῶ(άω) je vois
       
ἀκούω j'entends
        αἰσθάνομαι je m'aperçois
        μανθάνω
j'apprends
        οἶδα, ἐπίσταμαι
je sais
        γιγνώσκω
je connais
         μέμνημαι
je me souviens
           
etc.
    - de sentiment, tels :
         θαυμάζω je m'étonne de ce que
        
χαίρω je me réjouis de ce que
         
 
etc.

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι οἱ ἀδικοῦντες τοὺς εὐεργέτας ὑπὸ θεοῦ κολάζονται (Ésope, 103). [complément de verbe]
La fable montre que les gens injustes envers leurs bienfaiteurs sont châtiés par la divinité.

Οὔποτ᾿ἐρεῖ οὐδεὶς ὡς ἐγὼ τὴν τῶν βαρβάρων φιλίαν εἱλόμην (Xén., Anab., 1, 3, 5).[complément de verbe]
Personne jamais ne prétendra que j'ai choisi l'amitié des barbares.

Χαίρω ὅτι εὐδοκιμεῖς (Plat., Lach., 181 b). [complément de verbe]
 Je me réjouis de ce que tu aies bon renom.

Δῆλον δ' ὅτι ταῦτα διενοήθησαν (Isocrate, Panég., 96). [sujet de la tournure impersonnelle, ἐστι étant sous-entendu]
 Il est clair qu'ils projetèrent cela.
 

1442. Différence de sens entre ὅτι  et  ὡς
     Il existe une nuance entre ὅτι (objectif) et  ὡς (subjectif). Dans certains cas, l'emploi de ὡς suggère de la part de celui qui parle une réserve ou une protestation à l'égard de l'idée contenue dans la complétive.

Καὶ πῶς οὐ δεινόν ἐστι νῦν μὲν κατηγορεῖν ὡς διὰ πολλὴν εὐπορίαν ἐξ ἴσου δύναμαι συνεῖναι τοῖς πλουσιωτάτοις ; (Lysias, 24, 9)
 Et comment ne pas s'étonner qu'il m'accuse maintenant en prétendant que je peux, grâce à ma grande aisance, fréquenter d'égal à égal les gens les plus riches ?
 

1443. Style direct et style indirect
    La concordance des temps n'existant pas en grec, souvent le temps de la subordonnée reste celui du style direct. Parfois, le style direct est conservé intégralement, et la conjonction ὅτι correspond en quelque sorte à notre double point  et nos guillemets.

λογιζόμην ὅτι τοῦ ἀνθρώπου ἐγὼ σοφώτερός εἰμι (Plat., Ap., 21d).
Je me disais que j'étais plus sage que cet homme [= en st. direct : ...je suis plus sage].

Πρόξενος εἶπεν ὅτι αὐτός εἰμι ὃν ζητεῖς (Xén., An., 2, 4, 16).
Proxène dit : « Je suis celui que tu cherches ».

 1444. Constructions concurrentes pour les propositions en ὅτι et ὡς 
    - optatif oblique [1565]
    - infinitif après les verbes de déclaration, de perception, de sentiment [1680]
    - participe après les verbes de sentiment [1727].
 

1445. Propositions sujets et compléments de verbe introduites par  ὅπως 

   Des propositions ayant leur prédicat à l' indicatif, surtout futur, (négation μή), et introduites par les conjonctions ὅπως, fonctionnent comme compléments de verbes (sujets dans les tournures impersonnelles) pour exprimer un but, une fin à atteindre.

    Ces propositions se rencontrent après certains verbes, notamment : 
   des verbes exprimant un effort, une activité, tels :
        ἐπιμελοῦμαι(έομαι), μέλει μοι, φροντίζω je m'occupe de, je me soucie de
        ποιῶ(έω), πράττω je fais en sorte que
        παρασκευάζομαι je me prépare à
        πειρῶ(άω), πειρῶμαι(άομαι) je cherche à, je m'efforce de
        σκοπῶ(έω)
, σκοποῦμαι(έομαι) j'observe, j'examine, j'ai pour but de
        βουλεύομαι je délibère
        σπεύδω, σπουδάζω je me hâte
         etc
.

Ἐν πᾶσι τοῖς ἔργοις... φρόντιζ' ὅπως μηδὲν ἀνάξιον τῆς τιμῆς ταύτης πράξεις (Isocr., Nic., 37). [complément de verbe]
Dans toutes tes actions... veille à ne rien faire d'indigne de cet honneur.

Ἄρχοντος γάρ ἐστιν... τῶν ἀρχομένων ἐπιμελεῖσθαι ὅπως βέλτιστοι ἔσονται. (Xén., Cyr., 2, 1, 11). [complément de verbe, avec prolepse de τῶν ἀρχομένων]
Il appartient en effet à un chef... de veiller à ce que ses sujets soient les meilleurs.

Τοῦτο δεῖ παρασκευάσασθαι ὅπως ὡς κράτιστα μαχοῦμεθα (Xén., An., 4, 6, 10). [sujet, annoncé par le pronom neutre τοῦτο]
Il faut nous préparer à combattre le plus vigoureusement possible.

    Autres expressions du but : ἵνα +  subjonctif [1520] ; ὡς + participe futur [1750] ; τοῦ + infinitif ou proposition infinitive [1705].
 

1450. Propositions interrogatives indirectes, sujets et compléments de verbe

    Les interrogatives indirectes, c'est-à-dire les subordonnées introduites par un terme interrogatif (conjonction, pronom, adjectif, adverbe, particule), fonctionnent comme compléments de verbe ou comme sujets dans les tournures impersonnelles. Contrairement aux interrogatives indirectes du latin, qui sont toujours au subjonctif, elles ont normalement en grec leur prédicat à l'indicatif (ou au mode et au temps qu'elles auraient dans une interrogation directe, par exemple à l'optatif pour le potentiel. À la différence du latin aussi, la conjonction εἰ si peut introduire une interrogation indirecte.

    Pour les termes interrogatifs, cfr : les adjectifs et pronoms [145-148 et 170],  les adverbes [710],  les particules [740]. Les relatifs indéfinis [162, 170] introduisent souvent les interrogations indirectes.

Σάφα δ' οὐκ οἶδ' εἰ θεός ἐστιν (Hom., Il., 5, 183). [complément direct]
Je ne sais pas clairement s'il est un dieu.

Καὶ πολὺν μὲν χρόνον ἠπόρουν τί ποτε λέγει (Plat., Apol., 21b). [complément direct]
Et longtemps, je fus embarrassé (me demandant) ce qu'il disait. [st. direct : que dit-il ?]

Οὐκ ἴστε ὅ τι ποιεῖτε (Xén., An., 1, 5, 16).
Vous ne savez pas ce que vous faites.

Ἤδει οὐδεὶς ὅποι στρατεύουσιν (Thuc., 5, 54).
Personne ne savait vers où ils partaient en campagne. [littér. : où ils partent]

Σκοπῶμεν εἴτε διδακτὸν εἴτε μὴ διδακτόν ἐστιν (Plat., Prot., 361c).
Examinons si cela peut être enseigné ou non.

Εἰ ἀληθὲς μὴ ἔλεγες, πειράσομαι μαθεῖν (Plat., Rép., 1, 339a).
J'essaierai d'apprendre si tu disais ou non la vérité.

Θαυμάζω ὡς ἡδέως καθεύδεις (Plat., Criton, 43b).
J'admire combien tu dors paisiblement.

    L'optatif oblique est possible [1565].
 

1455. Propositions compléments de phrase ou circonstancielles de cause

    Des propositions ayant leur prédicat à un temps de l'indicatif (négation οὐ), et introduites par les conjonctions ὅτι, διότι, ὡς parce que ; ἐπεί, ἐπειδή puisque ; ὅτε, ὁπότε du moment que, puisque, fonctionnent comme compléments de phrase (propositions circonstancielles de cause).

Ἰδεῖν ἐπεθύμει, ὅτι ἤκουεν αὐτὸν καλὸν κἀγαθὸν εἶναι (Xén., Cyrop., 1, 3, 1). [complément de phrase]
Il désirait le voir, parce qu'il avait appris qu'il était d'un bon naturel.

Τί ποτε λέγεις, ὦ τέκνον; ὡς οὐ μανθάνω (Soph., Ph., 914).
Que dis-tu donc, petit ? parce que je ne comprends pas.
 

1460. Propositions compléments de phrase ou circonstancielles de temps

    Des propositions subordonnées, ayant normalement leur prédicat à un temps de l'indicatif (négation οὐ), et introduites par des conjonctions temporelles ou des expressions adverbiales équivalentes, fonctionnent comme compléments de phrase. Ce sont les propositions temporelles. Parmi les conjonctions temporelles ou expressions équivalentes, citons :
       ὅτε, ὁπότε, ἡνίκα lorsque
        ὡς
comme
        ἐπεί, ἐπειδή
après que, depuis que
        ὡς τάχιστα, ἐπεὶ τάχιστα, ἐπειδή
 τάχιστα dès que
        ἐξ οὗ, ἀφ' οὗ
depuis que
        ἐν ᾧ
pendant que
        πρίν
 avant que
        ἕως, ἔστε, μέχρι
 
tant que, jusqu'à ce que

ν γάρ ποτε χρόνος ὅτε θεοὶ μὲν ἦσαν, θνητὰ δὲ γένη οὐκ ἦν (Plat., Protag., 320d).
C'était en effet alors, quand les dieux existaient, mais non pas les races mortelles.

Ὅτε μὲν πλούσιος ἦν, ἐλοιδόρουν με ὅτι [τῷ Σωκράτει] συνῆν, νῦν δ' ἐπεὶ πένης γεγένημαι, οὐκέτι οὐδὲν μέλει οὐδενί (Xén., Banquet, 4, 32).
Quand j'étais riche, on me reprochait de fréquenter Socrate ; maintenant depuis que je suis devenu pauvre, cela ne préoccupe plus personne.

Ὡς εἶδον αὐτούς, εὐθὺς ἔφυγον (Xén., Cyr., 3, 1, 4).
Dès qu'ils les virengt, ils s'enfuirent immédiatement.

    L'optatif oblique est possible, après un temps secondaire [1565].
    Un fait futur ou répété (éventuel) est rendu par ἄν + subjonctif [1530].
    Πρίν avant que se rencontre généralement avec l'infinitif, après une principale négative [1700].
 

1465. Propositions subordonnées consécutives introduites par ὥστε (ὡς)

    Des propositions subordonnées ayant leur prédicat à un temps de l'indicatif, et introduites par la conjonction ὥστε (ὡς), expriment la conséquence du fait énoncé dans la principale, en la présentant comme effectivement réalisée. Νégation οὐ. La consécutive est souvent annoncée dans la principale par un adverbe démonstratif comme οὕτως.

    Lorsque la conséquence est présentée comme simplement possible, elle est rendue par l'infinitif, sans toutefois que la distinction entre les deux constructions soit toujours nette. Selon certains spécialistes, l'infinitif présenterait la conséquence de façon plus abstraite et les modes personnels de façon plus concrète [1695].

Οὕτως ἀγνωμόνως ἔχετε ὥστε τὰ πράγματα ἐλπίζετε ἐκ φαύλων χρηστὰ γενήσεσθαι (d'ap. Dém., Ol., 2, 26).
Vous êtes si irréfléchis que vous espérez voir la situation devenir excellente, de mauvaise qu'elle est.

Ἦν δὲ χιὼν πολλὴ καὶ ψῦχος οὕτως ὥστε τὸ ὕδωρ ἐπήγνυτο (Xén., An., 7, 4, 3).
La neige était si abondante et le froid si fort que l'eau gelait.

Οὕτως ἐμοὶ ἐβοήθησας ὡς νῦν σέσωσμαι (Xén., Cyr., 5, 4, 65).
Tu m'as porté secours si bien que maintenant je suis sauvé.

    Ces consécutives peuvent aussi avoir leur prédicat aux différents modes personnels des principales ou indépendantes (ἄν + indicatif imparfait ou aoriste pour l'irréel [1418 ], ou ἄν + optatif, pour le potentiel [1557]).
 

1467. Propositions subordonnées concessives

    Les  subordonnées concessives ou adversatives, introduites par εἰ καί quoique, même si, lors même que ;  καὶ εἰ même si, lors même que ; οὔδ'εἰ (μήδ'εἰ) pas même si, suivent les mêmes règles que les subordonnées conditionnelles [1426 ss]. Elles sont concurrencées par καίπερ + participe [1760].

Εἰ καὶ μὴ βλέπεις, φρονεῖς δ' ὅμως (Soph., O. R., 302).
Même si tu ne vois pas, tu comprends pourtant.
 

1470. Propositions subordonnées relatives

    Les propositions relatives, introduites par un pronom relatif ὅς, ἥ, ὅ ; ὅστις, ἥτις, ὅ τι ; οἷος, ὅσος, etc. [160 suivants] ou un adverbe relatif  ὡς,  ὥσπερ, ὅπως, etc. [713], ont leur prédicat à l'indicatif, ou, comme les indépendantes, au mode voulu par la modalité à exprimer. La négation est soit οὐ, soit  μή.

    Les relatives servent à préciser ce qu'est l'antécédent, exprimé ou sous-entendu. Souvent elles expriment une nuance (cause, but, condition, concession), suggérée par le contexte, et précisée éventuellement par un élément formel (temps du verbe, négation, etc.) :
    - dans le cas du but, le prédicat est généralement à l'indicatif futur [1445].
    - dans le cas de la condition, outre la négation μή, on trouve au prédicat :
        ἄν + imparfait ou aoriste pour l'irréel [1435],
        ἄν + optatif pour le potentiel [1557],
        ἄν + subjonctif, pour l'éventuel [1531].

Πῶς γὰρ κάτοιδ' ὅν γ' εἶδον οὐδεπώποτε ; (Soph., Phil., 250). [cause ou concession ?]
Comment vais-je reconnaître un homme que je n'ai jamais vu ?

μὴ οἶδα, οὐδὲ οἴομαι εἰδέναι (Plat., Ap., 21d). [condition, vu la négation μή]
Les choses que je ne sais pas, je ne pense pas non plus les savoir.

Ἔδοξε τῷ δήμῳ τριάκοντα ἄνδρας ἑλέσθαι, οἳ τοὺς πατρίους νόμους συγγράψουσιν (Xén., Hell., 2, 3, 2). [but, vu le futur]
Le peuple décida d'élire trente citoyens, pour rédiger (ou chargés de rédiger) les lois ancestrales.
[qui rédigeront]

Παῖδές μοι οὔπω εἰσίν, οἵ με θεραπεύσουσιν (Lysias, 24, 4). [but]
Je n'ai pas encore d'enfants pour me soigner. [qui me soigneront]

Θαυμαστὸν ποιεῖς, ὃς ἡμῖν οὐδὲν δίδως (Xén., An., 2, 5, 12). [cause]
Tu agis étrangement, toi qui ne nous donnes rien. [parce que tu ne donnes rien]
 

1475. Propositions relatives comparatives ou consécutives

    Des propositions relatives, introduites par un pronom ou un adverbe relatif,  annoncées parfois dans la proposition introductrice par un démonstratif (pronoms ou adverbes « corrélatifs » [713]), ont leur prédicat aux mêmes modes et équivalent aussi à des comparatives ou à des consécutives.

    Termes introducteurs :
        οἷος (annoncé éventuellement par τοιοῦτος) d'une telle qualité...  que
   
    ὅσος, ὅσοι (annoncé éventuellement par τοσοῦτος, τοσοῦτοι) autant... que, aussi nombreux... que
   
    ὅσον (annoncé éventuellement par τοσοῦτον) tellement... que
  
     ὡς, ὥσπερ, ὅπως (annoncé éventuellement par οὕτως, ὧδε) ainsi... que
        
(annoncé éventuellement par ταύτῃ, ἄλλῃ πῃ) de la façon, d'une autre façon... que.

Τίς οὕτω μαίνεται ὅστις οὐ βούλετα σοι φίλος εἶναι ; (Xén., An., 2, 5, 12). [conséquence]
Qui est fou à ce point qu'il ne veut pas être ton ami ?

Σεαυτὸν σῷζε ὅπως ἐπίστασαι (Esch., Prométhée, 374). [comparaison]
Sauve-toi toi-même comme tu peux.

Ζῆν ὥσπερ ἤδη ζῇς (Soph., Philoct., 1396).
Vivre comme tu vis déjà.

Οὐκ ἔσθ' ὅπως ὁ χρησμὸς εἰς τοῦτο ῥέπει (Aristophane, Plutus, 51).
Il n'y a pas de raison que l'oracle incline en ce sens. [conséquence]

Ἄλλῃ γέ πῃ ἐν νῷ ἔχω λέγειν ἢ σύ τε καὶ Παυσανίας εἰπέτην (duel, = εἶπον) (Plat., Banquet, 189c). [comparaison]
J'ai l'intention de parler de façon quelque peu différente de celle dont Pausanias et toi avez parlé
.
 

1477. Remarques concernant la traduction des relatives

     La traduction des propositions relatives présente certaines difficultés, dues à l'accord du relatif et de son antécédent, exprimé ou sous-entendu, ainsi qu'à  la place de cet antécédent. Ci-dessous, quelques exemples de cas fréquents.

-  1478. Soit l'antécédent est attiré dans la relative, en prenant le cas du relatif.

Εἰς δὲ ἣν ἀφίκοντο κώμην μεγάλη ἦν (Xén., An., 4, 4, 2).
Le village où ils arrivèrent était grand.

Ἕτεροι γὰρ εἰσιν οἷσιν εὔχομαι θεοῖς (Aristoph., Gren., 889).
Ils sont différents les dieux à qui j'adresse des voeux.

- 1479.  Soit le relatif, attendu à l'accusatif, prend le cas (génitif ou datif) de son antécédent, parfois omis.

Ἐπορεύετο σὺν εῖχε δυνάμει (= σὺν τῇ δυνάμει ἣν εῖχε) (Xén., Hell., 4, 1, 23).
Il s'avançait avec les forces qu'il avait.

Σὺν οἷς (= τούτοις οὕς) μάλιστα φιλεῖς (Xén., An., 1, 9, 25). [antécédent omis]
Avec ceux que tu aimes le plus.

 - 1480. Soit l'antécédent prend le cas du relatif qui le suit.

Ἀνεῖλεν αὐτῷ ὁ Ἀπόλλων θεοῖς (= θεούς) οἷς ἔδει θύειν (Xén., An., 3, 1, 6).
Apollon lui indiqua par un oracle les dieux à qui il fallait faire un sacrifice.

Τὴν οὐσίαν (= ἡ οὐσία) ἣν κατέλιπε, οὐ πλείονος ἀξία ἐστὶν ἢ τεττάρων καὶ δέκα ταλάντων (Lys., 19, 47).
La fortune qu'il laissa ne vaut pas plus de quatorze talents.


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