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SYNTAXE  DES PROPOSITIONS : OPTATIF (1550-1565)


L'optatif est un mode de la subjectivité, apte notamment à exprimer le doute, le souhait, la possibilité, l'affirmation atténuée, l'indétermination dans le passé.

Plan

L'optatif en dehors de la période conditionnelle
    
Souhait ( indépendantes et principales) [1555]l
    Expression de la possibilité
 [1556]

L'optatif dans la période conditionnelle
    La période conditionnelle
« potentielle » [1557]
    L'« itératif du passé » dans certaines subordonnées
[1560]

L'optatif de subordination, dit optatif « oblique » [1565]

 


 

L'optatif en dehors de la période conditionnelle


    Pour rappel, les constructions décrites pour les indépendantes peuvent se rencontrer aussi dans de nombreuses subordonnées.
 

1555. Expression du souhait dans les indépendantes et les principales 

    Parfois précédé de εἰ γάρ, εἴθε ou  ὡς, l'optatif dans une proposition indépendante ou principale exprime un souhait présenté comme réalisable. Négation μή.

Ὦ παῖ, γένοιο πατρὸς εὐτυχέστερος (Soph., Ajax, 550).
Puisses-tu, mon enfant, être plus heureux que ton père.

Μή μοι γένοιθ' ἃ βούλομ' ἀλλ' ἃ συμφέρει (Mén., Mon., 481).
Qu'il m'advienne, non ce que je veux, mais ce qui est utile.

Εἴθε μήποτε γνοίης ὃς εἶ (Soph., O. R., 1048).
Puisses-tu ne jamais savoir qui tu es.

Εἰ γὰρ γενοίμην, τέκνον, ἀντὶ σοῦ νεκρός (Euripide, Hippolyte, 1410).
Que je voudrais, mon enfant, être mort à ta place.

Ὡς ὁ τάδε πορὼν ἀπόλοιτο (Soph., El., 126).
Puisse périr celui qui accomplit ces choses.
 

1556. Expression de la possibilité  

   Un fait fictif ou probable, ainsi qu'une affirmation atténuée, sont exprimés en grec par  ἄν + optatif, et la négation est οὐ. C'est l'équivalent en français du conditionnel. Cette tournure très fréquente, se rencontre non seulement dans les principales, mais dans la plupart des subordonnées (complétives, circonstancielles, et relatives).

Τὰ γὰρ ἀληθῆ, οἴομαι, οὐκ ἂν ἐθέλοιεν λέγειν (Plat., Ap., 23d). [prop. principale]
Car la vérité, à mon avis, ils ne consentiraient pas à la dire.

Λέγει που Ἡράκλειτος ὅτι πάντα χωρεῖ καὶ οὐδὲν μένει, καὶ ὡς δὶς εἰς τὸν αὐτὸν ποταμὸν οὐκ ἂν έμβαίης (Plat., Crat., 402a). [prop. complétive directe]
Héraclite dit quelque part que tout passe et que rien ne demeure et qu'on ne pourrait entrer deux fois dans le même fleuve.

Δέομαί σοῦ παραμεῖναι ἡμῖν, ὡς ἐγὼ οὐδ' ἂν ἑνὸς ἥδιον ἀκούσαιμι ἢ σοῦ τε καὶ Πρωταγόρου διαλεγομένων (Plat., Protag., 335d). [prop. circ. de cause]
Je te prie de rester avec nous, puisque je ne pourrais écouter personne avec plus d'agrément que toi en train de t'entretenir avec Protagoras.

Νυνὶ δὲ συμβέβηκέ μοι γε δὴ οἰηθείη ἄν τις ἔσχατα κακῶν εἶναι (Plat., Ap., 40a). [prop. relative]
Maintenant il m'est arrivé ce (= la condamnation à mort) que sans doute l'on pourrait considérer comme le dernier des malheurs.

Κῦρος ἦρξε παμπόλλων ἐθνῶν, ὧν οὐδ' ἂν τὰ ὀνόματα ἔχοι τις εἰπεῖν (Xén., Cyr., 1, 1, 4). [prop. relative]
Cyrus régna sur des peuples innombrables, dont on ne pourrait même pas citer les noms.
 

 

 L'optatif dans la période conditionnelle
 

1557. La période conditionnelle « potentielle »

    Dans une période conditionnelle [1426], lorsque la condition est présentée comme purement fictive, la subordonnée ou protase introduite par εἰ a son prédicat à l'optatif (négation μή), et la principale ou apodose est à l'optatif accompagné de ἄν (négation οὐ).

 Εἰ (μή) + optatif, (οὐκ) ἄν + optatif

Εἰ δ'ἀναγκαῖον εἴη ἀδικεῖν ἢ ἀδικεῖσθαι, ἑλοίμην ἂν μᾶλλον ἀδικεῖσθαι ἢ ἀδικεῖν (Plat., Gorg., 469c).
S'il était nécessaire de commettre une injustice ou de la subir, je choisirais de la subir plutôt que de la commettre.

Φαίη δ' ἂν ἡ θανοῦσά γ', εἰ φωνὴν λάβοι (Soph., Él., 548).
La morte parlerait, si elle retrouvait la voix.
 

1560. Expression de l' « itératif du passé »

    L'optatif sans ἄν avec la négation μή sert à exprimer un fait répété dans le passé, dans des subordonnées conditionnelles ou temporelles. Le prédicat de la principale est alors généralement à l'indicatif imparfait ou aoriste, parfois accompagnés de ἄν. Cet optatif sans ἄν correspond en contexte passé à l' « éventuel » : subjonctif + ἄν  [1530ss].

Ἡ γὰρ εἰωθυῖά μοι μαντικὴ πάνυ πυκνὴ ἀεὶ ἦν εἴ τι μέλλοιμι μὴ ὀρθῶς πράξειν (Platon, Ap., 40a).
En effet, mon signal coutumier se manifestait toujours fréquemment si j'étais sur le point d'agir incorrectement.

Ὁπότ' εὖ πράσσοι πόλις, ἔχαιρε (Eur., Suppl., 897).
Lorsque la cité était prospère, il se réjouissait.

Ὁπότε προσβλέψειέ τινας ἐν ταῖς τάξεσι, τότε μὲν εἴπεν ἄν... (Xén., Cyr., 7, 1, 10).
Chaque fois qu'il voyait des soldats en rangs, il leur disait...

 

Optatif de subordination ou de substitution
 

1565. Optatif « oblique » ou optatif de  subordination ou de substitution

    Dans un contexte passé, c'est-à-dire en dépendance d'un verbe principal à un temps secondaire, le prédicat de nombreuses propositions subordonnées peut, mais ne doit pas nécessairement, être à l'optatif sans ἄν, pour remplacer un « réel » (indicatif sans ἄν), un « éventuel » (subjonctif avec ἄν), ou un subjonctif sans ἄν.

    Cet optatif dit « oblique » se rencontre notamment dans des complétives introduites par ὅτι/ὡς, des interrogatives indirectes, des complétives de verbes de crainte, des complétives finales ou causales, ainsi que dans diverses propositions circonstancielles et relatives. Il ne semble pas obligatoire ; on peut le rencontrer dans une même phrase, à côté d'un indicatif ou d'un subjonctif, sans différence de sens aisément perceptible.

Ἔλεγον ὅτι οὐπώποθ' οὗτος ὁ ποταμὸς διαβατὸς γένοιτο (Xén., An., 1, 4, 18). [complétive d'un verbe déclaratif]
Ils disaient que jamais ce fleuve n'avait été facile à traverser.

Κἄπειτα ἐπειρώμην αὐτῷ δεικνύναι ὅτι οἴοιτο μὲν εἶναι σοφός, εἴη δ' οὐ...
ἐλογιζόμην ὅτι τούτου μὲν τοῦ ἀνθρώπου ἐγὼ σοφώτερός εἰμι... (Plat., Ap., 21c-d). [complétives d'un verbe déclaratif et d'un verbe de perception]
Et ensuite j'essayais de lui montrer qu'il pensait être savant, mais qu'il ne l'était pas...
je réfléchissais, me disant que j'étais plus sage que cet homme...
[οἴοιτο et εἴη : deux optatifs dépendant d'un imparfait ; εἰμι : un indicatif présent, dépendant aussi d'un imparfait]

Ἐθαύμαζον οἱ Ἕλληνες ὅτι οὐδαμοῦ Κῦρος φαίνοιτο οὐδ' ἄλλος ἀπ' αὐτοῦ οὐδεὶς παρῄει (Xén., An., 1, 10, 16). [complétive d'un verbe de perception]
Les Grecs s'étonnaient de ce que Cyrus n'apparaissait nulle part et de ce que personne n'était venu de sa part. [un optatif et un indicatif imparfait, dépendant tous deux du même imparfait]

Ἡ μήτηρ διηρώτα τὸν Κῦρον πότερον βούλοιτο μένειν ἢ ἀπιέναι (Xén., Cyr., 1, 3, 15). [complétive interrogative indirecte]
Sa mère demanda à Cyrus s'il voulait rester ou partir.

Ταῦτα εἰπὼν ἀνίστη ἵνα περαίνοιτο τὰ δέοντα (Xén., An., 3, 1, 47).
Sur ces paroles, il se leva pour accomplir ce qu'il fallait. [circonstancielle de but]
en face de :
Τὰ πλοῖα κατέκαυσεν ἵνα μὴ Κῦρος διαβῇ (Xén., An., 1, 4, 18).
Il brûla les vaisseaux, afin que Cyrus ne traversât pas. [circonstancielle de but]

Ἐσκόπει ὁ Μενεκλῆς ὅπως μὴ ἔσοιτο ἄπαις (Isée, 2, 10).
Ménéclès avait pour but de ne pas rester sans enfant. [complétive d'un verbe de précaution]

Ἔδεισαν οἱ Ἕλληνες μὴ... αὔτοὺς κατακόψειαν (Xén., An., 1, 10, 9).
Les Grecs eurent peur qu'ils... ne les mettent en pièces. [complétive d'un verbe de crainte].

Οὐχ ἡγοῦντ᾿οὐδὲν οἷοί τ᾿εἶναι κινεῖν τῶν καθεστώτων, πρὶν ἐκποδὼν ἐκεῖνος αὐτοῖς γένοιτο (Isocrate, Attel., 5-6),
Ils (les Quatre-Cents) pensaient qu'ils ne pourraient rien changer aux institutions, avant que cet homme ne soit mis à l'écart.

Ἐπορεύετο δὲ καὶ ὀρθὸν ὥσπερ νῦν ὁποτέρωσε βουληθείη (Plat., Banquet, 190a).
Il marchait droit, comme maintenant, dans celle des deux directions qu'il voulait. [proposition relative]

Οὔτε γὰρ ὅπως ἀποκτειναιεν εἶχον... (Plat., Banquet, 190c)
Ils (les dieux) n'étaient en effet pas dans la situation de tuer (le genre humain)... [prop. relative à nuance consécutive : on peut supposer un οὕτως, modifiant εἶχον]


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