[Extrait de Folia Electronica Classica, t. 29, janvier-juin 2015]

 

LES « MARQUEURS » DE LA NATIVITÉ DU CHRIST DANS LA LITTÉRATURE MÉDIÉVALE.
La christianisation du matériel romain

par

Jacques Poucet

Membre de l’Académie royale de Belgique

Professeur émérite de l’Université de Louvain

 


[Page de Garde] [Table des Matières] [Introduction] [I. Généralités] [2. Phénomènes célestes] [3. Boeuf parlant]

 [4. Phénomènes divers] [5. Vision d'Octavien] [6. Prodige de l'huile] [7. En guise de conclusion] [Liste bibliographique]


 

ChAPITRE VII. En guise de conclusion…

 

 

Plan

 

1. Une présentation non exhaustive

2. Le poème latin Vita Beate Virginis Marie (vers 1225)

3. Une liste de marqueurs d’origine romaine

4. Une liste de marqueurs d’autre origine

 


 

On ne trouvera pas dans ce dernier chapitre un résumé des résumés, mais des remarques générales sur les marqueurs de la Nativité, quelles que soient la nature et l’origine de ces derniers.

*

Le présent travail n’a pas mis sur le même pied tous les faits extraordinaires proposés par la littérature médiévale pour marquer la Naissance du Christ. Il s’est particulièrement intéressé aux éléments d’origine romaine – totale ou partielle – que les chrétiens utilisèrent et souvent transformèrent pour servir de marqueurs.

Nous avons ainsi rencontré les prodiges, solaires ou non, liés à la lumière ; les animaux parlants ; la maison violemment secouée par la tempête ; la remise des dettes ; la construction des routes ; l’effondrement d’un amphithéâtre ; Octavien-Auguste et la vision de la Vierge à l’Enfant qui s’offrit à lui ; le prodige de l’huile survenu au Transtévère. Les deux derniers surtout ont bénéficié d’un traitement très étendu parce qu’ils ont connu au Moyen Âge une évolution pluriséculaire, portant tant sur le contenu du prodige que sur son interprétation. D’autres comme la Chute des Idoles ou l’effondrement de monuments ayant fait l’objet d’une prédiction conditionnelle d’éternité avaient déjà été traités dans d’autres articles d’une manière approfondie.

Nous sommes partis, on s’en souviendra, de la liste du chapitre 6 de Jacques de Voragine, un Dominicain de la seconde moitié du XIIIe siècle bien connu pour son rôle de compilateur et pour les objectifs qu’il poursuivait. Membre éminent de l’ordre dont il assura par intérim la direction générale de 1283 à 1285, proche par ailleurs de la Papauté, cet archevêque de Gênes voulait aider les prédicateurs en leur fournissant un matériau conforme à l’enseignement officiel de l’Église. Il entendait réaliser un travail pratique et sérieux, aussi bien informé que possible et qui ne verserait pas dans la fantaisie poétique. Cela explique le vif succès et la longue influence de sa Légende dorée.

Sa liste, raisonnée et soigneusement établie, enregistrait, sans faire de distinctions entre eux, des marqueurs qui trouvaient leur origine, directe ou indirecte, dans la Rome païenne, et d’autres qui n’avaient rien à voir avec cette dernière, comme l’étoile des Mages, l’annonce faite aux bergers, l’acte d’adoration des animaux de la crèche, la mort des Sodomites, le miracle des vignes d’Engaddi, la chute des idoles d’Égypte.

Dans ce chapitre terminal, nous voudrions d’abord insister sur le caractère non exhaustif de notre enquête, ensuite revenir sur ces marqueurs non romains, pour montrer qu’il existe d’autres chantiers à ouvrir dans ce domaine.

 

[Plan]

 


 

1. Une présentation non exhaustive

 

Bien que notre étude portât essentiellement sur les marqueurs d’origine romaine, nous n’avons toutefois pas présenté et discuté tous les textes où ils apparaissaient. Plusieurs ont été laissés de côté, parce que, relativement récents ou trop répétitifs, ils n’apportaient rien de neuf à la discussion.

Fallait-il, par exemple, reprendre en détail les sermons d’un Dominicain danois du premier quart du XIVe siècle, Mathias Ripensis, évoquant sans originalité, dans son sermon du premier dimanche de l’Avent, des marqueurs bien connus, comme l’huile coulant à Rome in taberna meritoria, l’effondrement du Temple de la Paix, trois soleils se réunissant en un seul, la vision de l’empereur Octavien ? Fallait-il également discuter son sermon sur la circoncision du Christ, où, reprenant l’oleum effusum nomen tuum du Cantique des Cantiques, il explique que « l’huile éclaire, apaise la douleur, donne du goût aux aliments, et pénètre jusqu’au plus profond du corps » (Oleum illuminat, dolorem mitigat, cibos saporat et usque ad intime penetrat) ? Après les sermons de Noël de Nicolas de Clairvaux (vers 1150), d’Innocent III (pape de 1198 à 1216) et de Denys le Chartreux (XVe siècle), analysés dans les pages précédentes, celui du Frère Prêcheur de Ribe ne pouvait pas nous apporter grand-chose.

De même, si nous avons examiné avec une attention certaine les Mirabilia primitifs, datés du milieu du XIIe siècle et à l’origine d’une tradition longue et complexe, nous avons peu abordé le cas des auteurs appartenant aux stades ultérieurs de cette tradition. Seul John Capgrave, écrivant au milieu du XVe siècle, nous a retenus quelque peu.

Cet auteur est important, et c’est à propos de lui d’ailleurs qu’il a surtout été question des Libri Indulgentiarum et notamment des deux importants catalogues d’églises médiévales (Ch. Huelsen, 1927 et N.R. Miedema, 2001). Mais dans ce domaine précisément des Indulgentiae, dernière étape de l’évolution de la tradition des Mirabilia urbis Romae, nous n’avons pas tout dit, loin de là. Nous aurions pu citer d’autres textes que ceux qui ont été retenus dans notre sélection.

*

Prenons l’exemple de l’église du Capitole, Sainte-Marie d’Araceli, liée, comme on le sait, à la vision d’Octavien. Quelle place avait-elle reçu dans les Libri Indulgentiarum ? Ch. Huelsen, dans son catalogue, avait noté que cinq manuscrits (sur les six dont il disposait) faisaient état de cette église et, à chaque fois, d’une manière différente.

Nous retiendrons trois textes seulement, de longueur variable. Le premier, très bref, signale que l’église appartient aux Frères Mineurs et qu’elle « vaut » trois mille ans d’indulgences (cod. Vatic. Lat. 4265, de 1375).

In ecclesia Sanctae Maria in Araceli, ubi sont fratres minores iuxta Capitolium, tria milia annorum.

Dans l’église Sainte-Marie d’Araceli, où se trouvent les Frères Mineurs près du Capitole : trois mille ans. (trad. personnelle).

Le second, un peu plus long (cod. Stuttgartens. 459 du XIVe siècle), se borne à résumer la légende liée à l’église, celle de la vision d’Octavien, qui aurait eu lieu dans « la chambre de l’empereur, où se trouve aujourd’hui l’église des Frères Mineurs », avant de donner la « valeur du jour » de l’église en termes d’indulgences (seulement deux mille ans !)

In Sancta Maria de Araceli vidit Octavianus in celo unam pulcherrimam virginem super altare stantem in brachiis tenentem puerum ; qui miratus est valde. Et audivit vocem de celo dicentem sibi : hec ara celi filii dei est ; qui statim cecidit ad terram et adoravit Christum venturum. Hec visio fuit in camera Octaviani imperatoris prope Capitolium, ubi nunc est ecclesia fratrum minorum, et ibi sunt IIm. anni

Dans l’église Sainte-Marie d’Araceli, Octavien vit dans le ciel une vierge très belle débout sur un autel et tenant un enfant dans les bras. Il l’admira beaucoup. Il entendit aussi une voix venant du ciel qui lui disait : « cet autel céleste appartient au fils de Dieu ». Et l’empereur, tombant aussitôt à terre, adora le Christ qui allait venir. Cette vision eut lieu dans la chambre de l’empereur Octavien, près du Capitole, là où se trouve maintenant l’église des Frères Mineurs. On y a 2000 ans d’indulgences. (trad. personnelle)

Le troisième (cod. Monacens. Lat. 14630, du XVe siècle), plus long encore, résume aussi la légende et donne la « valeur » d’une visite de l’église « le premier dimanche après l’Assomption ». Pour le pèlerin, ce n’est plus cette fois une indulgence partielle, mais « la rémisssion de tous les péchés ». Rien de bien original toutefois dans le premier paragraphe que voici :

In ecclesia Sanctae Maria ara celi vidit Octavianus circulum in celo et ibi virginem pulcherrimam super altare stantem in suis brachiis puerum tenentem habentem crucem in fronte. Qui miratus est valde et audivit vocem dicentem : hec est ara celi filii dei ; qui procedit ad terram et adoravit Christum venturum. Cum hec visio fuerat in camera Octaviani imperatoris et ipse construxit ibi primum altare et prima dominica post assumptionis Marie est ibi remissio omnum peccatorum.

Dans l’église Sainte-Marie de l’Araceli, Octavien vit un cercle dans le ciel et là une vierge très belle debout sur un autel et tenant dans ses bras un enfant avec une croix sur le front. Il l’admira beaucoup et entendit une voix qui disait : « Cet autel céleste est celui du fils de Dieu ». Il tomba à terre et adora le Christ qui allait venir. Comme cette vision avait eu lieu dans la chambre de l’empereur Octavien, il y construisit lui-même un autel. Le premier dimanche après l’Assomption de Marie, on y obtient la rémission de tous les péchés. (trad. personnelle)

Le second paragraphe du troisième texte par contre livre sur une relique conservée dans l’église une information qui pourrait sembler intéressante. Il s’agissait d’une tablette d’ivoire due « au bienheureux Luc » (l’évangéliste ?) et représentant l’image de la Vierge Marie. Cette indication est suivie du récit d’une histoire qui s’y rattachait et qui faisait intervenir le pape Grégoire le Grand, le Château Saint-Ange, et une épidémie de peste. En voici le texte avec sa traduction française :

Item est ibi hec venerabilis ymago beate Marie virginis impressa in una tabula a beato Luca eburata, quae multa gerens mirabilia beatus papa Gregorius portavit hanc ymaginem in festo rogationis, cum pestilentia fuerat Rome, cum magna solempnitate in processione ; venientibus illis prope castellum sancti Angeli, angelus marmoreus, qui stat super castellum, inclinat se ad hanc venerabilem ymaginem pluribus videntibus et audientibus angelum in aere cantare : regina celi letare.

Il y a là aussi cette vénérable image de la Bienheureuse Vierge Marie qu’avait représentée sur une tablette d’ivoire le bienheureux Luc. C’était une image miraculeuse. Le bienheureux pape Grégoire l’avait très solennellement portée en procession dans la Ville lors des Rogations, alors qu’une épidémie de peste sévissait à Rome. Lors du passage du cortège près du Château Saint-Ange, l’ange de marbre qui se trouvait sur le Château s’inclina vers cette vénérable image. Un grand nombre de personnes virent ce geste et entendirent l’ange chanter dans l’air : « Reine du Ciel, réjouis-toi ». (trad. personnelle)

Cette légende, qui fait intervenir Grégoire I, dit le Grand, pape à l’époque de la grande peste, suppose qu’en 590 le Mausolée d’Hadrien portait déjà le nom de Château Saint-Ange et était déjà couronné d’une statue en marbre représentant un ange. Ce récit ne correspond toutefois pas à la légende traditionnelle, liée elle aussi à Grégoire I, à la peste de 590, au Mausolée d’Hadrien et à la statue de l’ange qui la couronne.

Voici, sans les notes, la notice de Wikipédia (s.v° Château Saint-Ange) sur l’origine du bâtiment :

 « Le château tire son nom actuel d’une légende apparue au IXe siècle, au sujet de la grande peste de 590. Le pape d’alors, Grégoire Ier, aurait eu une apparition de l’archange Michel, au sommet du château, remettant son épée au fourreau, signifiant ainsi la fin de l’épidémie. Pour commémorer l’événement, une statue d’ange coiffe l’ouvrage (d’abord un marbre de Raffaello da Montelupo datant de 1544, et depuis 1753, un bronze de Peter Anton von Verschaffelt). En fait, la légende explique a posteriori la présence d’une chapelle dédiée à l’archange par Boniface IV au VIIe siècle. La tradition consistant à coiffer un édifice d’un être ailé est ancienne : presque tous les édifices du Forum romain étaient couronnés de Victoires ailées. »

On comprend mieux après cela le peu de valeur du second paragraphe du codex de Munich (XVe siècle). Son rédacteur a probablement transcrit ce que les Frères Mineurs racontaient aux pèlerins de l’Ara Celi du Capitole, mais ce récit, récent et fantaisiste, n’avait qu’un objectif : donner une valeur éminente à une ancienne tablette en ivoire de la Vierge vénérée dans l’église. Les Frères qui la gardaient l’avaient déjà attribuée à l’évangéliste Luc, ils voulaient la doter de pouvoirs miraculeux et, pour donner aux pèlerins un exemple éminent de sa valeur, ils fabriquèrent le récit que l’on sait, construit avec des éléments empruntés à une autre légende plus ancienne, censée expliquer la présence d’une chapelle élevée au VIIe siècle à l’archange Saint-Michel sur le Mausolée d’Hadrien.

Valait-il la peine d’introduire dans les chapitres précédents le cas de cette relique et de la légende qui s’y attachait ?  Nous ne le croyons pas. N’aurions-nous pas gonflé inutilement le nombre, déjà fort important, des analyses qu’ils contiennent ? 

Il en aurait été de même, pensons-nous, si nous avions, à propos de la même tradition des Indulgentiae, présenté et discuté les mentions de l’église de Sainte-Marie du Transtévère.

Les informations fournies sont plus limitées encore que dans le cas précédent. Dans le catalogue de Ch. Huelsen, cette église occupe le n° 74 (p. 152) et celui de N.R. Miedema lui consacre les p. 683-689.

Chez Ch. Huelsen d’abord. Le manuscrit le plus ancien (Cod. Vatic. Reg. 520 de l’année 1364) utilisé par le savant n’évoque même pas la légende de l’huile, se bornant à signaler que la visite procure sept années d’indulgence et que l’église abrite les corps d’un certain nombre de saints ; désignés par leurs noms. Tous les manuscrits donnent évidemment ce qu’on appellerait avec un rien d’irrespect « le cours du jour », qui oscille beaucoup : après les sept années signalées dans le manuscrit le plus ancien, le « cours » monte en flèche : 100 ans, 200 ans, 500 ans, pour atteindre, dans le manuscrit le plus récent (XVe siècle), 100 années d’indulgence pour une visite effectuée n’importe quel jour de l’année (omni die) et par la « rémission de tous les péchés » à ceux qui choisissent d’y venir dans l’octave de l’Assomption. En ce qui concerne la légende proprement dite, trois manuscrits seulement prendront la peine d’évoquer la légende, mais en quelques mots rapides : ubi erumpebat fons olei in nativitate Christi, ou ibi resiliebat fons olei in illa nocte quando natus fuit dominus Deus noster Iesus Christus in mundum ou ubi erumpebat fons olei in nativitate domini.

Rien dans tout cela ne valait, croyons-nous, la peine d’être présenté et discuté in loco.

Chez N.R. Miedema, vu la masse des témoins dépouillés, on trouve des données beaucoup plus nombreuses et plus détaillées encore, mais peu étaient pertinentes pour le présent travail. Le relevé systématique des indulgences offertes (cela va de 100 jours à 25.000 ans !) ne concerne guère notre sujet, pas plus d’ailleurs que celui des reliques qui y sont conservées.

Un seul élément plus intéressant peut-être pour notre sujet apparaissait dans une définition de la Taberna Meritoria, relevée dans un témoin du XVe siècle, appartenant à la phase la plus récente de la tradition des Mirabilia, celle que la spécialiste allemande appelle Historia et descriptio urbis Romae. En voici le texte :

… « taberna meritoria », in qua Romani milites qui amplius militare non poterant vite sua[e] subsidia percipiebant, et appellabatur « meritoria », quia pro bene meritis eorum et sportularis pecunia donabatur. (Miedema, Die römischen Kirchen, 2001, p. 684)

taberna meritoria, là où les militaires romains qui ne pouvaient plus commander recevaient de l’aide. La taberna était appelée meritoria, parce que, pour les bons services qu’ils avaient rendus, de l’argent leur était également donné pour vivre. (trad. personnelle)

Mais là encore, on retrouve, sous une forme légèrement différente, des éléments rencontrés dans des témoignages antérieurs.

Ces exemples montrent qu’un examen approfondi et systématique des Libri Indulgentiarum aurait pu faire apparaître beaucoup d’autres éléments que ceux que nous avons retenus, mais sans réelle importance pour nos objectifs, à savoir l’étude de l’origine et de l’évolution du motif de la vision d’Octavien.

En d’autres mots, la présentation et l’examen de toutes les mentions tardives, souvent répétitives d’ailleurs, n’auraient fait qu’encombrer un développement déjà bien lourd.

Mais cela dit, nous ne faisons aucune illusion. À côté de ces textes que nous avons identifiés et qui sont restés dans nos cartons, il y en a certainement d‘autres qui nous ont échappé, alors qu’ils concernaient explicitement les marqueurs de la Nativité d’origine romaine (en tout ou en partie), qu’ils auraient été très utiles et auraient mérité un examen sérieux. Bref, notre travail ne se prétend pas exhaustif, même pour les marqueurs romains. À fortiori aussi, pour les autres.

 

[Plan]

 


 

2. Le poème latin Vita Beate Virginis Marie (vers 1225) et les marqueurs non romains

 

C’est précisément à propos de ces marqueurs non romains que nous voudrions maintenant dire quelques mots.

Et pour le faire, nous souhaiterions partir une nouvelle fois d’une liste de marqueurs de la Nativité, très différente toutefois de celle de Voragine qui nous a surtout servi de guide jusqu’ici. Elle figure dans une œuvre anonyme, antérieure à La légende dorée et relevant d’un tout autre genre littéraire, puisqu’il s’agit de poésie. Elle ne provient pas d’Italie, mais du monde germanique (probablement la Bavière) et elle est issue d’un monastère, probablement de Bénédictins ou de Cisterciens, milieu fort différent – pour les préoccupations – de celui des Frères Prêcheurs auquel appartenait Jacques de Voragine.

Il s’agit de la Vita Beate Virginis Marie et Salvatoris rhythmica. C’est une sorte de « geste biblique », un poème latin anonyme, long de plus de 8000 vers et écrit au début du XIIIème siècle, vers 1225 (K. Gärtner, s.v°, dans Verfasserlexikon, 1999, col. 439). C’est par ailleurs une œuvre importante, en ce qu’elle fut la source de plusieurs Marienleben, en vers aussi, mais en allemand, et écrites du XIIIe au XVe siècle. On citera notamment, dans le dernier tiers du XIIIe, l’imposante Marienleben de Walther von Rheinau (16.263 vers), et, un peu plus tard, dans la première moitié du XIVe, la Marienleben de Wernher le Suisse (quelque 11.000 vers). Comme La légende dorée de Voragine, la Vita beatae Virginis Mariae eut une grande influence, mais dans des milieux différents.

Elle compte quatre livres. Le premier (v. 1-1477) parle des parents de Marie, de sa naissance et de son enfance, puis de sa vie au Temple et de son mariage avec Joseph. Le deuxième (v. 1478-3622) raconte l'annonciation et la naissance de Jésus, la fuite en Égypte, le retour en Judée et la vie à Nazareth. Le troisième (v. 3622-6061) aborde la vie publique du Christ, essentiellement à ses miracles, avant de traiter de sa passion et des souffrances de Marie. Le dernier (v. 6062-8031) comporte une première partie sur les événements entre la Résurrection et la Pentecôte et une seconde, beaucoup plus longue, sur les dernières années de Marie, sa mort et son élévation au ciel.

Dans la seule édition – non critique – de cette Vita, due à A. Vögtlin (Tübingen, 1888 [Bibliothek des Literarischen Vereins, 180]), la section du premier livre traitant des marqueurs (les signa en latin) de la Nativité comprend deux rubriques successives intitulées De signis que fiebant in nativitatem Christi (p. 69-70, vers 1864-1907) et De signis que fiebant per totum mundum in nativitatem Christi (p. 70-71, vers 1908-2045). La distinction adoptée par le rédacteur est donc d’ordre géographique : d’abord les signes manifestés à Bethléem même, ensuite ceux qui sont apparus dans le reste du monde.

La première rubrique (Bethléem) ne réserve aucune surprise. C’est l’apparition d’une nouvelle étoile supra domum ubi Christus est natus (vers 1870), l’annonce de la naissance du Sauveur faite par l’ange aux bergers, le déplacement de ces derniers sur les lieux où ils trouvent Marie, la crèche où repose Jésus enveloppé de langes (panniculis velatum, vers 1900), et les deux animaux habituels que sont l’âne et du bœuf. Les bergers diffusent la nouvelle autour d’eux et tous ceux qui les entendent sont dans l’admiration. Quant à Marie, « elle amassait ces choses dans son cœur, les y conservait et confiait le tout à sa mémoire » Hec Marie conferens in corde conservabat / Et omnia memorie sue comendabat (vers 1906-1907). C’est en somme le récit évangélique de Luc (II, 7-19), à quelques différences près toutefois. Ainsi l’évangéliste ne signalait pas d’animaux dans la crèche. On est donc dans le droit fil des textes canoniques, et les rares éléments ajoutés tirés des apocryphes restent « de bon ton ».

Les choses changent totalement dans la seconde partie, la plus longue, que l’auteur fait précéder d’un prologue (vers 1908-1915) qui n’a rien d’anodin. Il déclare en substance qu’il va maintenant décrire divers autres signes merveilleux (signa) qui se produisirent à la naissance de Jésus : il ne garantit pas leur véracité, précise-t-il, mais on peut les « réciter en l’honneur de Jésus-Christ comme des hymnes de louange » (vers 1912-1913 : ad decus Jesu Christi… possunt ea recitari pro laudis hymnodia). Ce prologue se termine par les mots « toute créature est soumise à son pouvoir » (vers 1915). En d’autres termes, selon le rédacteur anonyme, les faits qui vont suivre ne sont peut-être pas vrais, mais après tout, Dieu étant tout puissant, ils pourraient bien s’être déroulés. Et de toute façon, cela ne fait mal à personne de les raconter « à la plus grande gloire de Jésus-Christ ».

Le lecteur moderne va alors devant une foule de signes, présentés sans beaucoup d’ordre. Certains sont bien connus, et leur présence, tout comme leur contenu, n’offrent rien de bien neuf : la fontaine d’huile (vers 1916-1919) ; la vision d’Auguste César avec l’explication de la Sibylle et la soumission de l’empereur qui détruit sa propre statue en guise d’hommage (vers 1020-1933) ; la mort subite des Sodomites (vers 1941-1941) ; l’effondrement du Temple de la Paix, objet naguère d’une prédiction conditionnelle d’éternité (vers 1965-1969) ; le prodige des trois soleils qui se réunissent en un seul, phénomène « où il ne paraît pas incongru de voir une image mystique de la trinité d’un dieu unique » (vers 1973-1974).

Mais d’autres sont nouveaux. Ainsi, « à l’heure où naquit le fils de Dieu », une pluie de miel tomba sur terre dans le monde entier » (1934-1937) et « tous les fleuves s’arrêtèrent de couler pendant trois heures » (1938-1939). La même nuit, l’arche de Noé, restée perchée sur les monts d’Arménie, « témoigna de la Trinité florissante (verum testimonium florenti trinitati, vers 1944) » : « trois planches reverdirent cette nuit-là, et portèrent branches, feuilles, fleurs avec leurs fruits » (vers 1946-1947).

Il est difficile de savoir d’où proviennent exactement la notice de la pluie de miel tombant sur toute la terre et celle des fleuves s’arrêtant de couler pendant trois heures. Le miel, comme l’huile, bénéficie d’une très riche symbolique aussi bien dans l’antiquité gréco-romaine que dans la Bible (J.-Cl. Belfiore, Dictionnaire des croyances et symboles, Paris, Larousse, 2010, p. 677-681). Il symbolise notamment, avec le lait, l’extrême fertilité du pays de Canaan, Terre promise « où coulent le lait et le miel » (Exode, III, 8). Quant au motif de l’eau s’arrêtant de couler, il évoque, outre l’épisode du passage de la Mer Rouge à pieds secs, celui, également célèbre dans la Bible, où Josué fait traverser le Jourdain aux prêtres portant l’Arche d’Alliance et à tout son peuple. En voici un résumé (Josué, III, 15-17) :

Dès que les porteurs du coffre arrivent au Jourdain et mettent les pieds dans l'eau, l'eau qui vient du haut du fleuve s'arrête comme s'il y avait un barrage. Elle est arrêtée sur une grande distance, à partir de la ville d'Adam, qui est proche de Sartan. L'eau qui va vers la mer Morte s'arrête de couler, et le peuple traverse le Jourdain en face de Jéricho. Les prêtres qui portent le coffre de l'alliance du Seigneur s'arrêtent sur la terre sèche au milieu du fleuve. Pendant ce temps, tous les Israélites passent sur un chemin sec, et les prêtres restent là jusqu'à ce que tout le peuple finisse de traverser le Jourdain.

Mais les différences sont nettes. Chez le rédacteur de la Vita, le phénomène miraculeux ne concerne pas un fleuve qui s’arrête de couler un moment, mais tous les fleuves de la terre qui sont bloqués pendant trois heures.

Quant au bois mort qui reverdit, voire refleurit, c’est un motif folklorique très répandu, rencontré d’ailleurs dans les récits apocryphes du mariage de Joseph et de Marie (FEC, 28, 2014), mais faire reverdir trois planches de l’arche de Noé pour témoigner de la Sainte-Trinité, c’est jouer sur le motif classique, d’une manière beaucoup plus raffinée. Cette notice apparaît-elle en dehors des adaptations-traductions allemandes de la Vita latine ? Nous ne le savons pas.

La seule présence de ces prodiges dans un ouvrage de la première moitié du XIIIe montre que bien des signa en circulation avaient échappé au travail de compilation de Voragine.

Le signum qui, dans la Vita, suit directement l’épisode de l’Arche de Noé ne figurait pas non plus chez Voragine. Il nous ramène directement à Rome, puisqu’il concerne l’effondrement de l’amphithéâtre de Fidènes qui eut lieu en 27 après la Naissance du Christ. Discuté plus haut dans le chapitre IV, il ne sera cité ici que pour mémoire.

Les autres notices, également absentes de La légende dorée, relèvent de la fantaisie la plus totale. Mais nous ne voudrions pas priver notre lecteur de quelques plongées dans un passionnant imaginaire médiéval.

La première représente indiscutablement une variation très éloignée sur le motif de la Vierge à l’Enfant apparu dans le ciel à Octavien-Auguste. Elle figure aux vers 1952-1964 de la Vita. Le phénomène décrit est censé s’être passé in barbara Ryzia (vers 1952), un endroit difficile à préciser mais qui pourrait avoir un rapport soit avec la Reuss, une rivière suisse de quelque 160 km qui traverse le Lac des Quatre-Cantons et se jette dans l’Aar, soit avec la Reuss, une ancienne principauté de Thuringe en Allemagne, qui fut créée au XIIIe siècle. La traduction-adaptation que constitue la Marienleben de Walther von Rhenau situe l’événement ze Riuzen (vers 3730), « à Reuss », un peu comme s’il s’agissait d’une ville, et rattache le récit à un livre intitulé « Histoire des Huns » (an der Hiunengeschihtebuoche).

Nous laisserons à plus qualifiés que nous le soin d’identifier cette barbara Ryzia et cette Riezen, pour ne donner que le contenu de la notice, qu’on pourrait résumer comme suit en français :

À cette heure-là [de la Nativité], lors d’un violent orage de grêle (grandine) dans la barbara Ryzia, tomba du ciel une image ou une statue (quedam iconia). Elle représentait une vierge tenant dans ses bras un enfant portant une couronne sur la tête. Personne ne savait de quelle matière elle était faite. On aurait songé à de la glace, mais elle ne fondait pas à la chaleur. En tout cas, elle se conserva 32 ans dans un sanctuaire local avant de se liquéfier.

Le poète y voit un symbole pertinent du mystère de l’incarnation et de la passion : les 32 ans représenteraient la durée de la vie du Christ et la liquéfaction serait due aux souffrances de Jésus et la compassion de la Vierge.

L’énumération des signa se termine par trois prodiges qui concernent l’histoire des Rois Mages. Plus fantaisistes encore, ils mettent chacun un mage en cause.

Le premier (vers 1982-1903) élève un oiseau sauvage, qui couve les deux œufs qu’il a pondus : de l’un sort un agneau et de l’autre, un lion. Selon le poète, cette éclosion curieuse annonce le Christ, agneau innocent lors de sa mort et lion lors de sa résurrection.

Le prodige lié au deuxième mage (vers 1904-2007) est d’un autre ordre :

Le second Mage avait un jardin planté d’aromates, dans lequel il cultivait un baumier perpétuel. Sur le tronc de celui-ci croissait une plante qui y avait été greffée et que personne ne connaissait. Elle avait les feuilles de la vigne et, à son sommet, une fleur agréable et rose, mais plus belle qu’une rose. La gousse (folliculus) de la fleur grandit sans que personne ne puisse dire quelle sorte de fruit (quid… germinis) elle portait. Lors de sa croissance, elle se dilatait et peu à peu mûrissait. Enfin elle se rompit pour livrer passage à un oisillon ressemblant à une colombe, qui prononça les paroles suivantes : « Un dieu est né d’une vierge, créateur du ciel, de la terre, des mers, et sauveur des hommes. »

Le troisième mage n’est pas en reste (vers 2009-2021) :

L’épouse du troisième Mage mit au monde un enfant qui constitua pour le public le signe le plus grand de la naissance de Jésus. À peine né, cet enfant se tint debout sur ses pieds, parlant avec assurance de cette naissance. Il proclama : « Je suis né pour mourir. Par ma naissance, je montre que le maître du siècle va naître de l’utérus intact d’une vierge. Ayant pris chair de celle-ci et issu du verbe de Dieu, il est destiné après trente-trois ans à être supplicié pour tous les hommes et pour racheter le monde. Par ma propre mort, je donnerai de sa fin un signe évident, car je mourrai dans trente-trois jours. » Trente-trois jours plus tard, l’enfant mourut, non sans avoir annoncé de très nombreux événements futurs.

Ainsi donc « au pays des Brahmanes » (vers 2036), un oiseau sauvage pond deux œufs donnant naissance à un agneau et à un lion ; un oiseau sort d’une fleur pour annoncer la naissance d’un dieu né d’une vierge, créateur et sauveur ; l’enfant d’un mage à peine né se met debout et annonce l’événement, avec plus de détails théologiques encore que l’oiseau. Il prophétise le rôle de l’enfant-dieu et marque symboliquement la durée de sa vie.

Le chapitre que l’auteur anonyme de la Vita avait intitulé De signis que fiebant per totum mundum in nativitatem Christi se termine par un développement plutôt surprenant, à savoir que les Mages (Bragmanorum populus, vers 2036-2045) croyaient déjà à l’incarnation « mille ans avant le Christ ». Ce qui explique qu’en apercevant l’étoile, ils comprirent immédiatement ce qui se passait :

 

Le peuple des Brahmanes, voyant briller l’étoile

annonciatrice de la nativité, commença à exulter,

car il avait cru depuis de nombreuses années

que le verbe devait s’incarner et Dieu se faire homme.

Ces gens en effet, mille ans avant que le Christ                      2040

ne s’incarne et que Dieu ne prenne la condition d’homme,

avaient cru, en l’enseignant, à la coéternité

du père, du verbe et de l’esprit en un seul dieu,

et de trois personnes avec une égale majesté,

un seul dieu en trois personnes avec le même pouvoir.

 

Il serait difficile de faire mieux dans l’anticipation. Virgile, fonctionnant comme prophète chez Jean d’Outremeuse, avait lui aussi annoncé à ses compatriotes de Rome les mystères de l’incarnation et de la Trinité, mais il vivait quelques décennies seulement avant la naissance du Christ. Les Mages, eux, auraient déjà été informés de tout cela un millénaire avant lui. Par qui ? Comment ? Le poète ne le dit pas, mais il a certainement été influencé ici par des conceptions orientales attestées notamment dans Le Livre de la Caverne des Trésors (VIe siècle) et selon lesquelles de l'or, de l'encens et de la myrrhe, déposés par Adam dans une caverne en Perse, devaient être apportés au Messie lorsque sa venue serait annoncée par un astre extraordinaire. De génération en génération, des Mages furent dès lors chargés de guetter cette étoile qui apparut dans le firmament deux ans avant la naissance du Christ, le temps pour eux de faire la route jusqu'à Bethléem.

 *

L’examen de La légende dorée avait déjà montré qu’il existait d’autres marqueurs de la Nativité que ceux utilisant du matériel emprunté à l’antiquité romaine. L’exemple de la Vita Beate Virginis Marie en vers latins ne fait que confirmer la chose en apportant au catalogue de nouvelles pièces, certaines totalement inattendues.

Les deux œuvres datent du XIIIe siècle, mais la Vita latine, écrite vers 1225, précède de plusieurs dizaines d’années la Legenda aurea, commencée en 1260 et remaniée par son auteur jusqu’en 1298. Bien sûr certaines notices sont présentes des deux côtés, parce qu’elles sont anciennes et classiques, mais les différences d’organisation et de contenu interdisent de postuler des contacts précis entre elles. Pour ce qui est des signa marqueurs de la Nativité, Voragine, indiscutablement beaucoup plus « sobre » que le moine allemand n’a certainement pas utilisé la Vita. Les deux œuvres relèvent de traditions différentes.

On sent, après ce rapide coup d’œil sur la Vita, qu’une étude approfondie de tous les « marqueurs » de la Nativité dans la littérature médiévale serait souhaitable. Nous ne nous sommes réellement occupé que des marqueurs d’origine romaine. Élargir la recherche nécessiterait évidemment le dépouillement de beaucoup d’autres textes que ceux que nous avons abordés.

 

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3. Une liste de marqueurs d’origine romaine

 

Nous terminerons par deux listes. La première reprendra les marqueurs d’origine romaine identifiés jusqu’ici, qui ont été mis par les chrétiens en rapport avec la Nativité et dont nous avons retracé l’histoire,  ici ou dans d’autres articles.

 

1. La Chute des Idoles d’Égypte, au cours de l’épisode égyptien des Enfances de Jésus.

2. L’écroulement, à Rome cette fois, de statues (p. ex. Romulus) et de bâtiments (p. ex. Temple de la Paix) bénéficiant d’une prédiction d’éternité « conditionnelle », censée durer « jusqu’à ce qu’une vierge mette un enfant au monde ».

3. L’apparition, en pleine journée, de trois soleils qui finissent par fusionner en un seul.

4. L’apparition, en pleine journée aussi, d’un cercle entourant le soleil.

5. L’apparition, en pleine nuit, d’une lumière aussi vive qu’en plein jour.

6. Un bœuf (ou des bœufs) qui parle(nt) pour annoncer un événement.

7. Le prodige d’une maison violemment secouée par la tempête et dont les fenêtres, fermées, s’ouvrent brusquement dans un bruit assourdissant.

8. La remise des dettes par l’empereur Auguste.

9. La construction, par ce même empereur, de routes dans tout l’empire.

10. L’installation, toujours par ce même empereur, de la paix dans le monde.

11. L’apparition de la Vierge à l’Enfant qui s’offre à cet empereur en présence de la Sibylle pour lui annoncer la naissance d’un roi plus puissant que lui et auquel il se soumet.

12. Le prodige de l’huile qui s’écoule mystérieusement du sol au Transtévère.

13. L’effondrement à Fidènes d’un amphithéâtre qui fait des dizaines de milliers de victimes.

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4. Une liste de marqueurs d’autre origine

 

La seconde liste reprendra les marqueurs de la Nativité qui ne sont pas d’origine romaine et que nous rencontrés au cours du travail :

1. L’annonce faite par l’ange aux bergers

2. L’apparition près de la crèche d’une troupe céleste chantant les louanges de Dieu.

3. Les animaux de la crèche adorant le nouveau-né.

4. L’étoile guidant les Rois mages vers la crèche.

5. La bête parlante de Jérusalem annonçant la naissance du Sauveur.

6. La floraison mystérieuse des vignes d’Engaddi.

7. La mort brusque de tous les sodomites.

8. La pluie de miel tombant sur terre dans le monde entier.

9. Tous les fleuves de la terre qui s’arrêtent de couler pendant trois heures.

10. Trois planches de l’arche de Noé, restée perchée sur les monts d’Arménie, qui reverdissent et qui portent des branches, des feuilles, des fleurs avec leurs fruits.

11. En Germanie, une statue tombe du ciel lors d’un violent orage de grêle. Elle représente une vierge tenant dans ses bras un enfant portant une couronne sur la tête. Personne ne sait de quoi elle est faite. Ce n’est pas de la glace, car elle ne fond pas à la chaleur. Elle se conserve 32 ans dans un sanctuaire local avant de se liquéfier.

12. En Orient, un oiseau sauvage élevé par un mage couve deux œufs, d’où sortent, de l’un, un lion, de l’autre un agneau. C’est l’annonce de la naissance du Christ : agneau innocent lors de sa mort, et lion lors de sa résurrection.

13. En Orient encore, dans le jardin d’un autre mage, une plante inconnue se développe sur le tronc d’un baumier perpétuel. Elle a des feuilles de vigne et, à son sommet, une fleur agréable et rose. Son fruit grandit, se dilate et livre passage à un oisillon qui annonce la Naissance du Christ.

14. En Orient toujours, l’enfant d’un troisième mage, à peine né, se tient debout sur ses pieds, proclame la Naissance du Christ et prophétise les événements de la vie de ce dernier. Il meurt trente-trois jours plus tard.

 

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 [Suite]

 

 


[Page de Garde] [Table des Matières] [Introduction] [I. Généralités] [2. Phénomènes célestes] [3. Boeuf parlant]

 [4. Phénomènes divers] [5. Vision d'Octavien] [6. Prodige de l'huile] [7. En guise de conclusion] [Liste bibliographique]


FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 29 - juillet-décembre 2015