FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 22  - juillet-décembre 2011


Le Virgile de Jean d'Outremeuse. V. Conclusion et perspectives

par

Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet


[ I. Introduction ]   [ II. Origine, enfance, formation ]  [ III. Le séjour romain ]   [ IV. Le séjour napolitain ]  [ VI. Bibliographie sélective ]


    

Nous n’avons fait jusqu’ici que présenter le texte, mais avant d’aller plus loin, c’est-à-dire avant d’aborder le commentaire et d’examiner les récits médiévaux parallèles, nous pouvons déjà proposer quelques observations générales.

D’abord sur la valeur historique de ce texte. Mis à part les dates plus ou moins exactes de sa naissance et de sa mort, le portrait que Jean d’Outremeuse, au XIVe siècle de notre ère, trace de Virgile n’a pratiquement rien à voir avec le personnage historique que nous connaissons par les sources anciennes. Ainsi par exemple, c’est à peine si le lecteur du Myreur réalise que dans la réalité de l’histoire Virgile fut d’abord et avant tout un des plus grands poètes de la littérature latine. La seule allusion à son œuvre ― probablement aux Géorgiques ― se dissimule dans une brève notice signalant que Virgile avait enseigné aux Romains l’art de cultiver la terre (p. 19 et 232).

Mais cette remarque ne surprendra personne. On sait depuis longtemps que le Myreur n'est pas, sur Virgile, une source historique fiable, au sens classique du terme. J.W. Spargo  ne fut pas le premier à le noter, mais il l'a fait très bien : « Jean regarded Virgil as a kind of hero of romance » ; « we are in a never-never land devised by the chronicler to divert the readers of his vulgarization of history » (Virgil the Necromancer, 1934, p. 42-43). Tout est dit : un héros de roman, un pays de nulle part, sorti de l'imagination d'un chroniqueur qui entend bien distraire et amuser ses lecteurs.

Bref, la biographie de Virgile n'appartient pas à l'Histoire, mais à l'Imaginaire. Et c’est sur ce plan seulement que l’œuvre du chroniqueur liégeois peut être considérée comme une source historique, fiable en ce qu’elle peut nous en apprendre beaucoup sur la manière dont Virgile était perçu au Moyen Âge, plus particulièrement à l'époque (XIVe siècle) et dans le milieu (la clergie liégeoise) où vivait l’auteur. Jean d’Outremeuse a bien sûr utilisé les écrits de plusieurs de ses prédécesseurs, mais il a mis beaucoup de sa personnalité dans la rédaction de son œuvre. J.W. Spargo, qui évoque à son propos les parodies de Rabelais, soupçonne que « sa verbe et sa sûreté de touche trahissent une réelle intention d'écrire con amore pour amuser », et, continue l'auteur américain, celui qui le regarde comme un romancier le trouvera  « amusingly imaginative » (ibid., p. 44). Tout récemment encore, Claude Thiry a souligné l'humour ironique avec lequel Jean d'Outremeuse était capable de traiter ses personnages (Distance critique et ironie dans la « Geste de Liège » de Jean d'Outremeuse, Poitiers, 2002, p. 345-354).

Cela dit, comment se présente le Virgile de ce chroniqueur liégeois ?

Comme un héros romanesque, on vient de le dire : une naissance noble, un milieu cultivé, une formation soignée et solide, une intégration réussie dans les plus hautes sphères de la société, une beauté qui ne passe pas inaperçue, une intelligence qui force l’admiration, une science hors du commun dans tous les domaines (y compris la magie, matière délicate s’il en est dans le Moyen Âge chrétien) et, pour l’étude, une passion extrême, qui dévore l’individu au point de l’emporter sur toute autre préoccupation, l’amour compris.

Ce personnage si brillamment doté, Jean d’Outremeuse va lui faire jouer trois rôles relativement différents : celui de l’amoureux, celui de l’enchanteur-magicien et celui du prophète chrétien. C’est là un ensemble très « médiéval ».

Les qualités de Virgile et la popularité qui l’entoure vont attirer l’attention de Phébille, la fille même de Jules César, considéré comme l’empereur de Rome. Leur histoire d’amour, une tragi-comédie aux multiples péripéties, constitue assurément un des passages les plus pittoresques et les plus travaillés de la biographie. Elle est morcelée en divers épisodes, séparés par la présentation de multiples réalisations merveilleuses du magicien qu’est par ailleurs Virgile.

Il faut relever la manière dont le chroniqueur décrit cette liaison. Il veille soigneusement à ne pas condamner Virgile. Ce n’est pas celui-ci qui a poursuivi la princesse de ses assiduités ; c’est elle qui s’est littéralement proposée à lui, en des termes on ne peut plus explicites, qu’il vaut la peine de rappeler : Sire Virgile, dites-moy se vos aveis amie ; car se vos me voleis avoir, je suy vostre por prendre à femme ou estre vostre amie (p. 228). Virgile, flatté, a accepté, mais il a pris soin de mettre immédiatement les choses au point : Et chis ly respondit qu’ilh n'avoit nulle entente (intention) de femme prendre, mains (mais), se chu astoit (si c’était) son plaisier, ilh l'ameroit volentiers (p. 228). Elle a accepté les « termes du contrat ».

Virgile a bien profité de leurs nombreuses rencontres, mais jamais il n’a caché à sa maîtresse son absolue hostilité à l’idée d’un mariage, qu’elle souhaitait ardemment, sur lequel elle revenait régulièrement, mais dans lequel il voyait, lui, un obstacle majeur à ses études et à ses travaux : Damoiselle, ilh moy convient (je dois) penseir à aultres chouses, car je ay à faire des besongnes ardues (p. 232). Jean d’Outremeuse présente Virgile comme un homme honnête et droit, entièrement consacré à sa vie studieuse.

Par ailleurs, il n’a jamais perdu la tête en amour ; il ne s’est jamais laissé circonvenir et manipuler par la femme, une faiblesse qu’ont connue avant lui tant et tant d’hommes éminents (Adam, Sanson, Hippocrate, Aristote, etc.) dont s’est gaussée la littérature médiévale. Même lorsque Phébille, finalement ulcérée de se voir toujours refuser le mariage, machine en secret un plan pour se venger de son amant, il conserve toute sa clarté d’esprit. On en jugera par les détails du récit que nous rappellerons.

Phébille lui propose de la rejoindre dorénavant la nuit, en secret, dans la haute tour où son père l’empereur l’a enfermée : Virgile n’aura qu’à se dissimuler dans un panier qu’elle hissera jusqu’à la fenêtre de sa chambre. En fait, la princesse a l’intention de l’humilier, de bloquer la nacelle à mi-hauteur de la tour et d’exposer son amant, des heures durant, à la moquerie populaire et à la vengeance que son père ne manquera pas d’exercer sur son amant démasqué en public. Mais Virgile – omniscient et magicien, ne l’oublions pas – n’est pas été dupe ; il a vu clair dans le jeu de Phébille et déjouera habilement la machination féminine.

Pour Jean d’Outremeuse, des relations amoureuses comme celles menées par Virgile ne méritent apparemment pas le blâme : c’est la femme qui en porte la responsabilité et qui doit en supporter les conséquences. On comprend que Phébille ait été déçue dans son amour et ses rêves de mariage, mais sa faute est d’avoir voulu humilier son amant et le tourner en ridicule. La vengeance de Virgile fut d’abord de la forcer, par la magie, à avouer publiquement sa liaison avec lui et leurs détails concrets : et là fut par Phebilhe publyet clerement comment et quant fois Virgile l'avoit ewe carnelement (p. 241). Il est dangereux de vouloir tourner un magicien en ridicule.

Les choses auraient pu en rester là, mais Phébille en voulut à Virgile, au point de participer avec sa mère à un complot visant à éliminer physiquement Octavien, le successeur de Jules César, et Virgile, qui appuyait le nouvel empereur. Grâce à une nouvelle intervention magique de notre héros, le complot n’arrive pas à terme, mais l’attitude de Phébille révèle sans équivoque ses intentions meurtrières à l’égard de son ancien amant. Cette seconde faute, elle va la payer très cher, beaucoup plus cher que la première.

Le magicien éteindra tous les feux des foyers de Rome, et ne les rallumera que lorsque l’empereur aura accepté une épreuve bien pénible pour Phébille. Elle sera exposée dans la fameuse tour, nue à sa fenêtre et c'est… dans l'intimité de sa personne, et là seulement, que tous cascons venrat […] prendre le feu. Une punition très spéciale dont les détails crus (p. 252) laissent perplexe le lecteur moderne. La malheureuse en mourra de chagrin.

Bref, l’histoire d’amour de Virgile s’est mal terminée, mais la seule responsable et la seule victime est la femme, pour laquelle Jean d’Outremeuse n’a pas une parole de pitié. Une misogynie qui reflète sans doute celle de l’auteur-biographe et de l’époque. Mais sur cet épisode très complexe – Virgile amoureux ; Virgile dans le panier ; le feu pris dans l’intimité même de Phébille –, nous aurons à revenir longuement plus tard. Disons simplement ici que la comparaison avec les nombreux autres récits parallèles met en évidence les talents d'écrivain de celui que J.W. Spargo appelle the Belgian cleric (ibid., p. 42). Sur ce plan, le chroniqueur liégeois l'emporte, sans la moindre discussion, sur tous les autres auteurs.

 

Nous avons déjà fait allusion à plusieurs reprises aux pouvoirs magiques de Virgile. Ils interviennent très souvent dans le texte. Notre héros est ainsi l’auteur de réalisations extraordinaires, qui dépassent les possibilités humaines et que le Moyen Âge, très attiré par le sujet, appelle des « merveilles ». La magie suscite généralement chez les auteurs chrétiens du Moyen Âge défiance, rejet et condamnation, car ils y voient l’intervention du Malin et des démons. Mais Virgile – ne l’oublions pas – n’est pas encore vraiment un chrétien (on en reparlera) : il peut donc bénéficier d’un statut particulier.

En tout cas, Jean d’Outremeuse – ne parlons ici que de lui – ne condamne pas la magie virgilienne. Il ne cache pas que son héros contrôle et fait travailler pour lui nombre d’espirs (des esprits), mais il « dédouane » en quelque sorte son personnage en le décrivant sous les traits d’un magicien bénéfique. Et cela aussi apparaît comme une de ses caractéristiques. Dans la très grande majorité des cas en effet, sa magie, à la base de réalisations et de dispositifs merveilleux, n’est pas au service du mal ; au contraire, elle travaille à assurer le mieux-être, la sauvegarde, la moralité, voire plus simplement la distraction des hommes, des Romains et plus tard, à l’époque où Virgile habitera Naples, des Napolitains. Qu’on en juge par le catalogue suivant, qui est loin d’être complet !

Dans le domaine militaire, pour assurer la défense extérieure de Rome, c'est la tour au miroir (p. 229) permettant d'apercevoir de loin l’arrivée par mer d'éventuels ennemis ; ce sont les statues du Capitole (p. 229-230) signalant dans l'instant une province qui voulait entrer en rébellion. Sur le plan social, c'est le cavalier à la balance veillant à l'honnêteté des relations commerciales (p. 230-231) ; c'est le feu perpétuellement allumé, gardé par un archer d'airain, où les pauvres gens peuvent venir se chauffer et cuire leurs aliments (p. 231).

Pour ce qui est de la mesure du temps et de l'organisation du travail, c'est un ensemble complexe de réalisations, un vaste calendrier astronomique pourrait-on dire, rythmant le déroulement des semaines, des mois et des saisons (p. 228-228 ; 232-233). Pour le redressement moral, en particulier dans la lutte contre l’adultère, c’est d’une part la tête à la bouche béante capable de dénoncer les fautes des femmes et des filles, d’autre part le cavalier à l’épée parcourant de nuit, à cheval, les rues de Rome pour tuer les hommes qui tenteraient de rejoindre en secret leurs amantes (p. 258-259). Dans le domaine de la santé publique, c’est, à Rome, une mouche d’airain pour lutter contre le fléau des mouches « tueuses » (p. 235) ; à Naples, un cheval d’airain guérissant tous les chevaux qui se lavent dans l’eau de son bain (p. 260).

Que dire aussi, toujours pour Naples, de ses réalisations architecturales ? D’abord la fondation même de la ville, bâtie sur un œuf-talisman qui en assurait magiquement la stabilité (p. 255) ; ensuite de grands travaux d’utilité publique, comme un pont suspendu (p. 255), un tunnel à travers la montagne pour faciliter les liaisons entre Rome et Naples ainsi que des canalisations pour le transport d’huile et de vin entre les deux villes (p. 258-259 ; enfin des constructions privées, comme sa maison protégée par des vilains de métal armés de fléaux (p. 261), comme surtout l’extraordinaire merveille que constitue son jardin, riche de plantes diverses et entouré d’un mur d’air qui en assure la protection et l’invisibilité (p. 255-257) ?

Et il y a aussi cette tête parlante qu’il a fabriquée et dans laquelle il a placé ses « esprits ». Elle répondait à toutes ses questions et pouvait le tenir informé de tout ce qui se passait dans le monde (p. 257-258). Bref la magie tient une place considérable dans sa biographie.

Magicien et enchanteur, les deux choses allant évidemment ensemble. Et le récit met parfois davantage l’accent sur les pouvoirs d’enchanteur de Virgile, capable de créer des mondes imaginaires qu'il fait apparaître et disparaître à sa guise, mais que les assistants prennent pour la réalité. C’est le cas des détails de l’épisode haut en couleurs qui dépeint la rivalité, à propos de la succession de César, entre Octovien et la veuve du premier empereur (p. 249-251). De cet épisode, il a été question plus haut car il fait jouer un grand rôle à Virgile et à Phébille, et conduit à l’humiliation et à la mort de la jeune femme. On songe aussi à de nombreuses péripéties napolitaines liées au jardin merveilleux du héros (p. 255-257 ; 263-264). La fantaisie et l’imagination du chroniqueur y mettent en scène un Virgile mondain et facétieux, organisateur de jeux divers qui peuvent à l’occasion être débridés.

Ici encore, par rapport aux autres auteurs médiévaux, Jean d'Outremeuse se distingue par son originalité. Il évite la formule du catalogue adoptée par certains de ses collègues, prenant soin de distribuer les réalisations merveilleuses de son personnage sur l'ensemble de sa biographie. Il n'a pas le souci de l'exhaustivité : il fait « son marché ». Mais les épisodes qu'il choisit ne sont pas nécessairement retranscrits tels quels ; certains sont résumés, d'autres amplifiés. Et surtout certains lui sont propres : ils n'apparaissent nulle part ailleurs et leur traitement est très soigné, signe probable d'une création personnelle.

 

Enfin, troisième volet, le Virgile prophète du christianisme. Assez tôt dans le récit, certains passages montrent un Virgile capable de lire dans l’avenir. Il annonce ainsi le meurtre de César et interprète les prodiges qui y sont associés (p. 235). Mais c’est surtout la figure de prophète chrétien que le chroniqueur liégeois va mettre en évidence. Il annonce la Vierge Marie en laquelle va s’incarner, en respectant sa virginité, le Christ, vrai Dieu chargé de sauver le monde (p. 233-235) ; il annonce, avec un impressionnant luxe de détails, la naissance du Christianisme, dont il détaille les dogmes, notamment celui de la Sainte Trinité (p. 234-235). Il apparaît comme le promoteur zélé d’une religion qui n’est pas encore née, faisant des déclarations dignes d’un véritable « Confesseur de la Foi » (p. 234-235 ; 261-262 ; 275-277) et allant jusqu’à « s’auto-baptiser » (si l’on peut risquer cette expression), alors même que ce sacrement n’existait pas encore (p. 277).

Bref, il est devenu un chrétien avant la lettre, adepte fervent de la future religion, désireux même de « convertir » à celle-ci les sénateurs romains (p. 235). Et lorsque sonnera l’heure de sa mort, dont il a une connaissance précise grâce à son savoir de magicien (p. 275-276), il coupera solennellement ses liens avec son passé magique, renvoyant en abisme les esprits qu’il avait tant utilisés et avec lesquels il avait entretenu des liens si étroits (p. 270). Il se résignera au destin et préparera sa mort dans le plus grand détail, avec le souci d’une mise en scène soignée, parfois surprenante pour le lecteur moderne (p. 276).

Et pendant cinquante longues années, alors qu’il était déjà mort, les Napolitains, passant sous sa fenêtre, pourront toujours l’apercevoir, travaillant à sa table, le bonnet sur la tête. L’entrée de la maison étant protégée par les automates armés de fléaux, personne ne pouvait y entrer et nul ne se doutait qu’on n’apercevait qu’un cadavre (p. 277). Ce n’est que lorsque saint Paul, venu à Naples pour le rencontrer et ayant réussi à pénétrer dans sa demeure, touchera le bonnet du maître, que celui-ci tombera en poussière. Et l’apôtre, après avoir examiné les livres de la bibliothèque et les derniers écrits de Virgile, reconnaîtra que ce dernier était vraiment un chrétien de cœur : ihl creoit oussi parfaitement com ons devoit croire (p. 277-278).

Jean d'Outremeuse n'est évidemment pas le premier à mettre Virgile en rapport avec le christianisme. Mais sur ce plan aussi, la vision qu'il nous donne est profondément originale : pareil ensemble ne se rencontre nulle part ailleurs.

 

Nous ne sommes encore qu’au début de notre recherche, mais, à ce stade déjà, la simple présentation du texte que nous avons proposée en laisse deviner l’intérêt.

Cet intérêt apparaîtra mieux encore dans la suite. Rappelons que nous avons l'intention d’une part de commenter les points essentiels du récit, d’autre part de le comparer à celui offert par d’autres auteurs médiévaux. Les uns l’ont précédé, d’autres sont ses contemporains, d’autres encore lui sont postérieurs. On trouve généralement chez eux beaucoup de motifs présents chez Jean d’Outremeuse, mais comme ils sont traités dans d’autres perspectives, l'examen des différences mettra bien en évidence les caractéristiques du chroniqueur liégeois.

Mais, redisons-le une fois encore au risque d’enfoncer des portes ouvertes, nous ne sommes pas dans l’Histoire authentique, mais dans l’Imaginaire d’un roman médiéval. Et si Jean d’Outremeuse est à juste titre considéré comme un chroniqueur crédule et peu fiable, il peut aussi apparaître comme un conteur imaginatif, parfois savoureux. C’est le cas de sa biographie légendaire de Virgile qui reste, dans la littérature médiévale, la seule et unique tentative réussie de présenter le personnage de la naissance à la mort en l'intégrant dans les événements romains d'une chronique d'histoire universelle. Sur ce plan aussi, son originalité est indiscutable.


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