Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS

Suétone (généralités)

Vie de Tibère (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)


  Suétone, Tibère, 62

 LXII. Il informe contre les prétendus complices de la mort de Drusus. Il invente des supplices

(1) Il fut exaspéré au plus haut point, et ses fureurs redoublèrent, lorsqu'il apprit que son fils Drusus,

(2) qu'il croyait être mort d'intempérance et de maladie, avait été empoisonné par sa femme Livilla et par Séjan. Il multiplia les tourments et les supplices. L'instruction de cette procédure l'absorba tellement pendant des journées entières, qu'il fit sur-le-champ appliquer à la question, comme parent de celui qu'il recherchait, un de ses hôtes de Rhodes que, par une lettre amicale, il avait appelé à Rome, et dont on lui annonçait l'arrivée. Ensuite, quand l'erreur fut reconnue, il ordonna son supplice pour étouffer cette aventure.

(3) On montre encore à Caprée le lieu des exécutions. C'était un rocher d'où l'on précipitait dans la mer les malheureux auxquels on avait fait souffrir les tortures les plus longues et les plus recherchées. Des matelots les recevaient et les assommaient avec des crocs et des avirons jusqu'à ce qu'il ne leur restât plus un souffle de vie.

(5) Il avait imaginé, entre autres genres de cruautés, d'user d'adresse pour faire boire beaucoup de vin à ses convives; puis on leur liait aussitôt la verge pour qu'ils souffrissent à la fois des ligatures et du besoin d'uriner.

(6) Si la mort ne l'eût prévenu, et si Thrasylle ne l'eût engagé exprès, dit-on, à différer quelques-uns de ses projets en lui faisant espérer une plus longue vie, il aurait encore immolé plus de victimes, et n'aurait épargné aucun de ses autres petits-fils. Gaius lui était suspect, et il méprisait Tibère comme le fruit d'un adultère.

(7) Cette supposition n'est pas absurde; car de temps en temps il vantait le bonheur de Priam qui avait survécu à tous les siens.

(1) Auxit intenditque saeuitiam exacerbatus indicio de morte filii sui Drusi.

(2) Quem cum morbo et intemperantia perisse existimaret, ut tandem ueneno interemptum fraude Liuillae uxoris atque Seiani cognouit, neque tormentis neque supplicio cuiusquam pepercit, soli huic cognitioni adeo per totos dies deditus et intentus, ut Rhodiensem hospitem, quem familiaribus litteris Romam euocarat, aduenisse sibi nuntiatum torqueri sine mora iusserit, quasi aliquis ex necessariis quaestioni adesset, deinde errore detecto et occidi, ne uulgaret iniuriam.

(3) Carnificinae eius ostenditur locus Capreis, unde damnatos post longa et exquisita tormenta praecipitari coram se in mare iubebat, excipiente classiariorum manu et contis atque remis elidente cadauera, ne cui residui spiritus quicquam inesset.

(4) Excogitauerat autem inter genera cruciatus etiam, ut larga meri potione per fallaciam oneratos, repente ueretris deligatis, fidicularum simul urinaeque tormento distenderet.

(5) Quod nisi eum et mors praeuenisset et Thrasyllus consulto, ut aiunt, differre quaedam spe longioris uitae compulisset, plures aliquanto necaturus ac ne reliquis quidem nepotibus parsurus creditur, cum et Gaium suspectum haberet et Tiberium ut ex adulterio conceptum aspernaretur.

(6) Nec abhorret a uero; namque identidem felicem Priamum uocabat, quod superstes omnium suorum extitisset.


Commentaire

 


[28 février 2001]

Bibliotheca Classica Selecta - FUSL - UCL (FLTR)