Jean d'Outremeuse, Myreur des histors, II, p. 469b-472a - an 733

Édition : A. Borgnet (1869) ‒ Présentation nouvelle, traduction et notes de A.-M. Boxus et de J. Poucet (2023)

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« GUERRES CONTRE FRISONS, DANOIS ET SAXONS » (Section II) : MORT SUPPOSÉE DE PÉPIN - GRIFFON, DOON, SÉNÉCHAL RICHARD, ÉRACLE ÉVÊQUE, TURPIN D'ARDENNE

An 733 -  Myreur, II, p. 469b-472a

Résumé

Trêve d'une année conclue entre le roi danois Gui, allié des Frisons, et Griffon Marcel, qui croyait son frère Pépin mort

Revenus à Tresche, Griffon et ses barons réfléchissent à la succession de Pépin et décident de se rendre à Paris pour mettre fin à la discussion

Quand ils sont à Paris, Gui rompt la trêve et décide d'aller attaquer Mayence, où les autorités sont heureusement informées de ce qui se prépare

En l'absence de Doon, des mesures sont prises par le sénéchal Richard et l'évêque Éracle - Les gens de Mayence reçoivent l'aide demandée à tous les châteaux du comté et particulièrement aux forces de Turpin d'Ardenne stationnées à Strasbourg

Les coalisés livrent des combats épiques contre les gens de Gui, qui sont finalement vaincus et regagnent la Frise

L'évêque Éracle envoya alors des chevaliers à Paris pour informer Doon qui s'y trouvait

 

Trêve d'une année conclue entre le roi danois Gui, allié des Frisons, et Griffon Martel, qui croyait son frère Pépin mort, car son écu et le cadavre de son cheval avaient été retrouvés près d'un lieu où des loups avaient dévoré des cadavres de soldats, tandis que les Sarrasins disaient n'avoir fait aucun prisonnier (an 733)

[Triwes furent pris par les paiens] Si s’avisarent lendemain al matin les paiens, et demandarent triwes al conte Griffon à une an de contremain, et dedans chi temps enquierat Guydon, li roy danois, liqueis at tort de cel guerre, si l’amenderat ; car Ralmon li roy est ochis et tous ses [II, p. 470] enfans, fours mis Helinant qui est I enfant de VI ans.

[Une trêve fut obtenue par les païens] Le lendemain matin, les païens décidèrent de demander au comte Griffon une trêve d'une année, avec renvoi des troupes, trêve durant laquelle le roi danois Gui chercherait le responsable de cette guerre et le punirait. C'est que Radbod, le roi de Frise, avait été tué, ainsi que tous ses [II, p. 470] enfants, sauf Hélinant, âgé de six ans.

[LX leux mangnent les gens mors] Quant les Franchois vont entendant les triwes qu'ilh vont demandant, si en furent mult liies et les otriarent tantost, si en furent faite lettres et saielées des parties ; puis se sont partis, si ont passeit deleis l'aighe où ilh ont troveit l'escut Pipin et son cheval mort. Chu les tesmongnat que ilh estoit mors, et que les leux l'avoient mangniet, car ilhs troverent al matin bien LX leux qui mangnoient les mors. Apres ont demandeit aux Sarasins s'ilh ont nuls prisonniers, et ilh dient que nom.

[Soixante loups mangent les cadavres] Quand les Francs entendirent que les ennemis demandaient des trêves, ils en furent très satisfaits et les leur accordèrent aussitôt, avec échange de lettres scellées des deux parties. Après cela, ils repartirent. En passant près de la rivière, ils trouvèrent l'écu de Pépin et le cadavre de son cheval. C'était pour eux la preuve que Pépin était mort, mangé par des loups, car ils avaient trouvé le matin une soixantaine de loups mangeant des cadavres. Ils demandèrent ensuite aux Sarrasins s'ils avaient des prisonniers, et ceux-ci dirent que non.

Revenus à Tresche, Griffon et ses barons réfléchissent à la succession de Pépin et décident de se rendre à Paris pour mettre fin à la discussion

 [II, p. 470] [L’an VIIc et XXXIII Atant s'en vont les Franchois jusqu'à Treschie, et là sont astargiés. Et Griffon leur dest : « Saingnours, je suy certains que Pipin li roy mon frere est mors, si regardeis que outrage ne soit fait de son rengne, car ilh est de Bertaine sa femme dois beais fis et une filhe, et at dois fis bastars de sonetage, qui sont plus anneis et sont bons chevaliers aux armes, et mies ameis que les legitimes, car les legitimes n'ont encors mie regneit en armes ; si ay paour que les bastars Ranfrois et Hondris ne dient qu'ilh sont anneis heures, et qu'ilh doient avoir le rengne. Car j'ay oyut novelle qu'ilh ont dit que, se Pipin leur peire moroit, qu'ilh auroient les regnes d'Austrie et de Neustrie ; et quant ons les dest qu'ilh estoient bastars, ilh ont respondut : oussi fut Char-Martel, leur ayon, qui n'estoit mie prochain à la royalme, et butat fours le roy Theodrich qui estoit drois heures. Et portant ilh moy semble bons que nos, qui estons de linage le roy, se nos alismes en Franche et faire acorde entre eaux, que chu seroit bien faite. » Et les barons l'acordarent enssi qu'ilh disoit, et s'en alerent en Franche : sour l'an VIIc et XXXIII, en mois de junne, entrarent lesdis baron à Paris.

[II, p. 470] [L’an 733] Alors les Francs s'en allèrent à Tresche, où ils s'attardèrent. Griffon leur dit : « Seigneurs, je suis certain que mon frère le roi Pépin est mort ; aussi veillez à ne pas commettre une faute grave envers le royaume. De sa femme Bertaine, Pépin a, comme enfants légitimes, deux beaux garçons et une fille. Il a aussi deux fils bâtards, Rainfroi et Hondris, plus âgés et bons chevaliers, habiles guerriers et davantage appréciés que les fils légitimes qui n'avaient pas encore manié les armes. Je crains que les bâtards ne disent que, étant les héritiers les plus âgés, le royaume doit leur revenir. Car, selon ce que j'ai appris, ils ont dit que, si leur père Pépin mourait, les royaumes d'Austrasie et de Neustrie seraient à eux ; et quand on leur rappela qu'ils étaient bâtards, ils répondirent que Charles Martel, leur grand-père, qui n'était pas de sang royal, avait détrôné le roi Thierry, l'héritier direct. Dès lors, il est bon, semble-t-il, que nous, qui sommes du lignage du roi (Pépin), nous allions en Francie et que nous nous mettions d'accord avec eux pour faire les choses correctement. » Les barons approuvèrent ce que disait Griffon et partirent en Francie. En juin 733, ils arrivèrent à Paris (cfr II, p. 472b).

 Quand ils sont à Paris, Gui rompt la trêve et décide d'aller attaquer Mayence, où les autorités sont heureusement informées de ce qui se prépare

[II, p. 470] [Guydon brisat les triwes, son seal et sa foid] Et Guydon de Dannemarche, qui encors estoit en Frise, at entendut que Pipin estoit mors et que tous les prinches sont aleis à Paris por faire I roy ; si jure Mechomet qu'ilh briserat les triwes, et destruirat Maienche la grant conteit. Enssi est aleis Guydon en la conteit de Maienche et brisat son seal, sa foid et sa loialteit, et s'en alat en la conteit de Maienche, où ilh fist grant damaige à Doon ; mains ilh le socourit noblement, enssi com vos oreis chi apres.

[II, p. 470] [Gui rompit la trêve, trahissant son sceau et sa foi] Gui de Danemark, qui était encore en Frise, entendit dire que Pépin était mort, et que tous les princes étaient à Paris pour désigner un roi. Il jura par Mahomet qu'il romprait la trêve et détruirait le grand comté de Mayence. C'est ainsi que Gui se rendit dans le comté de Mayence et renia son sceau, sa foi et sa loyauté. Ce faisant, il fit grand tort à Doon ; cependant il lui porta aussi noblement secours, comme vous l'entendrez ci-après.

[Li garchon anunchat à Maienche le disloialteit des Sarasins] Ilh avoit enssi, com ilh plaisit à Dieu I garchon où ly roy dannois avoit dit qu'ilh detruiroit Maienche, qui soy mist à la voie, et vient à Maienche anchois que ly roy des Danois ; si montat en palais, et [II, p. 471] demandat le sire qui les devoit gardeir et defendre por le conte. Et ons ly at ensengniet Richier le senescal, le fis Sanson. Et chis vient devant li, et li racomptat tout le fait que nous avons dit ; et Richier s'en alat tantost à l'evesque Eracle de Maienche, qui de conselhe Doon estoit, et li racomptat tot le fait.

[Un jeune homme annonça à Mayence la déloyauté des Sarrasins] Dieu voulut qu'un jeune homme se trouve sur place quand le roi danois dit qu'il détruirait Mayence. Le garçon se mit en route et arriva dans la ville avant le roi des Danois. Il monta au palais et [II, p. 471] demanda à voir le seigneur qui devait protéger et défendre les habitants à la place du comte. On lui indiqua le sénéchal Richard, le fils de Samson (cfr II, p. 461). Le jeune homme se présenta à lui et lui raconta ce que nous venons de dire. Richard s'en alla aussitôt trouver l'évêque Éracle de Mayence, qui faisait partie du conseil de Doon, et lui rapporta tout.

En l'absence de Doon, des mesures sont prises par le sénéchal Richard et l'évêque Éracle - Les gens de Mayence reçoivent l'aide demandée à tous les châteaux du comté et particulièrement aux forces de Turpin d'Ardenne stationnées à Strasbourg

[II, p. 471] [Comment Eracle fut evesque et conte de Maienche] Quant li evesque oiit chu, si dest qu'ilh mandast les gens de la conteit, et, emmetant qu'ilh venront, ilh prende les hommes de la citeit et des villes à plus pres, et ilh s'en yrat awec ly et tous ses clers et preistres tous armeis, pour rebaudir le peuple. « Et si mandeis Turpin le duc d'Ardenne, qui est à LXm hommes devant Strasborch que je ly mande et le conjure qu'ilh vengne socorir Doon qui est à Paris, et laisse le siene guere tant qu'ilh ait le nostre achivée. »

[II, p. 471] [Comment Éracle fut évêque et comte de Mayence] Quand l'évêque entendit Richard, il décida de convoquer les gens du comté et, en attendant leur arrivée, de prendre les hommes de la cité et des villages les plus proches, et d'aller avec lui et tous ses clercs et prêtres, tous armés, redonner courage au peuple. « Et faites savoir aussi à Turpin, le duc d'Ardenne, qui se trouve devant Strasbourg avec soixante mille hommes, que je lui demande et le conjure de venir secourir Doon à Paris et de renoncer à sa guerre jusqu'à la fin de la nôtre.

Richier l'at enssi faite. Ilh at là envoiet Galerant de Menres, et se li donnat lettres. Quant ilh vient à Strasborch, -- ilh n'y avoit mie lonche si y fut tautost -- si donnat à Turpin les lettres qui les lysit ; mains quant ilh veit le fait, si deslogat et s'en alat, car ilh dest que Doon l'avoit servit contre les Flammens mult loialment, « si est raison que je li remeris, car l'onne bonteit requiert l'autre. »

Richard fit ce que l'évêque avait dit. Il envoya à Strasbourg Walerant de Menres et lui remit des lettres. Quand celui-ci arriva à Strasbourg - ce n'était pas loin, et il y fut très vite, - il les donna à lire à Turpin. Et quand Turpin vit ce qui se passait, il leva le camp et partit en disant que Doon, l'ayant loyalement servi contre les Flamands, la raison voulait qu'il le paie en retour, une bonne action en appelant une autre. »

Et Richier avait envoiiet par tous les casteals de la conteit de Maienche gens d'armes, et les fist bien garnir ; mains les Dannois vinrent droitement devant Maienche et si l'assegont. Et li peuple, quant ilh veirent le siege, si corirent à Richier, et li crient en priant que tout maintenant fache aux Dannois batalhe. Richier les entendit, si fut mult aise de chu qu'ilh veioit le peuple en si bon volenteit, si at jureit qu'ilh assalherat les Dannois ; et tantoist ilh fist par la citeit proclameir par VI sorgans que tous fussent garnis d'armes por combattre, et ilh le furent tantost.

Richard avait envoyé dans tous les châteaux du comté de Mayence des hommes armés et bien équipés ; mais les Danois vinrent directement devant Mayence qu'ils assiégèrent. Quand les gens du peuple virent Mayence assiégée, ils coururent vers Richard et, à grands cris, le prièrent de livrer immédiatement bataille aux Danois. Richard les écouta et fut bien aise de voir tant de bonne volonté dans le peuple. Il fit le serment d'attaquer les Danois et, immédiatement, il chargea six sergents de proclamer à travers la cité que tous soient munis d'armes de combat, et ils le furent très rapidement.

Les coalisés livrent des combats épiques contre les gens de Gui, qui sont finalement vaincus et regagnent la Frise

[II, p. 471] [Les armes de Maienche] Et ly evesque vient, mult noblement armeit, sour unc diestrier qui portoit les armes Doon, le conte de Maienche, qu'ilh avoit novellement enprise : chu estoit I escut de geule à I rue d'argent ; et les prist affin que les Dannois quidassent que chu fust Doon. Et al bon Sanson de Clarnent fut delivreit la bannier Doon. Ilhs ovrirent les portes et issirent fours ; les Sarasins les veirent, si ont grant paour ; approchiés se sont, mains ly roy dannois, à cuy mal avengne, avoit toudis trois Sarasins contre unc cristien.

[II, p. 471] [Les armes de Mayence] Et l'évêque, très noblement armé, arriva sur un destrier, portant les armes de Doon, le comte de Mayence, qu'il avait reçues depuis peu : c'était un écu de gueules, avec une roue d'argent. Il les prit pour faire croire aux Danois qu'ils étaient en face de Doon. La bannière de Doon échut au bon Samson de Clermont (cfr supra). Ils ouvrirent les portes et sortirent. Les Sarrasins les aperçurent et éprouvèrent une grande peur. Ils s'approchèrent, mais le roi danois, ‒ que mal lui advienne ! , avait toujours trois Sarrasins face à un chrétien.

[Terrible batalhe] Adont les cristiens bassent les lanches, si ont sus corus les Dannois. Al assembleir des lanches oiissiés grant noises et mervelleux cris : le promier coup donnat Baldewin de Bealplain contre [II, p. 472] Ysouars le Dannois. si l'at ochis. Et l'evesque Eracle at al roy Guidon de Dannemarche josteit, si l'at abatut et teilement navreit que aux treis fut reporteis.

[Terrible bataille] Alors les chrétiens baissèrent leurs lances et coururent face aux Danois. Lorque les lances se heurtèrent, un énorme vacarme et des cris incroyables se faisaient entendre. Baudouin de Beauplain porta le premier coup contre [II, p. 472] Ysonars le Danois, et le tua. L'évêque Éracle se battit contre le roi Gui de Danemark, le jeta à terre et le blessa si grièvement qu'il fut ramené au camp.

[L’evesque fait mervelhe] Et li evesque at trait l'espée, et en ochist tant que chu estoit grant mervelhe, et que les Danois disoient commonnalment que chu estoit Doon, car ilh fendoit unc chevalier jusqu'en la poitrine ; mains les gens de piet orent l'honneur à cel journée, car ils detrenchent ches Sarasins ensiment que li keux faite la chair à la cusine ; et ly roy Ector, frere à Guydon, les voit, si soy fiert entre eaux, si en ochist bien XIIII.  Et ly evesque Eracle le voit, si le ferit teilement sour son hayme qu'ilh le fist enclineir sus la selle. Et ly roy croit que chu soit Doon, si soy referit en l'estour en ochiant les Magontinois. Sanson le voit, se donnat à Baldewin sa banier, et si en vat vers ly à lanche bassié et le fiert en l'escut si qu'ilh l'abatit sus l'erbe ; et puis entrat en la presse, si en ochist à diestre et à seneistre plus de XIIII. Sachiés que ilh oit là forte batalhe ; li evesque et la clergerie, et les commonnes et oussi les nobles y furent gentiment ferans, et defendans jusqu'à la nuit que les departit. Adont ly evesque remenat tout ses gens en la citeit, où ilh furent repoisans.

[L’évêque fait merveille] L'évêque tira son épée et tua un nombre vraiment incroyable d'ennemis. Les Danois disaient tous qu'il s'agissait de Doon, car il pourfendait un chevalier jusqu'à la poitrine. Les fantassins furent à l'honneur ce jour-là, car ils mettaient en pièces les Sarrasins comme un chef-coq découpe la viande à la cuisine. Le roi Hector, frère de Gui, quand il vit les fantassins, se lança au milieu d'eux et en tua au moins quatorze. L'évêque Éracle vit Hector et frappa si violement son heaume qu'il le coucha sur sa selle. Le roi Hector crut qu'il s'agissait de Doon et retourna au combat en tuant les gens de Mayence. Samson le vit, confia sa bannière à Baudouin et, lance baissée, marcha vers lui, frappa son écu et le jeta dans l'herbe. Ensuite il entra dans la mêlée et, frappant sur sa droite et sur sa gauche, il tua plus de quatorze adversaires. Sachez que cette bataille fut acharnée. L'évêque et les clercs, les gens du commun et aussi les nobles se battirent bravement et se défendirent jusqu'à ce que la nuit les sépare. Alors l'évêque ramena tous ses hommes dans la cité, où ils prirent du repos.

[Ly roy Guydon s’en refuit vers Frise] Et ly roy Guydon prie à ses gens qu'ilh s'en voisent vers Frise, car ilh at en cel paiis tres-crueux et mals gens. Sique lendemain al matin ilh se sont tous mis à la voie, et, anchois le thier jour, ilh encontrarent le duc Turpin qui les corit sus, et les combatit teilement que en la fin les ont reculeit deleis unc bois et les ont desconfis, si sont entreis en bois cheaux qui porent escappeir.

[Le roi Gui repartit en fuyant vers la Frise] Le roi Gui pria ses hommes de retourner en Frise, car les gens de Mayence étaient très cruels et très méchants. Dès lors, le lendemain matin, ils se mirent tous en route, mais, avant d'avoir marché trois jours, ils rencontrèrent le duc Turpin qui les attaqua et les combattit ardemment, les forçant finalement à reculer près d'un bois où ils furent vaincus. Seuls ceux qui entrèrent dans le bois purent s'échapper.

L'évêque Éracle envoya alors des chevaliers à Paris pour informer Doon qui s'y trouvait

[II, p. 472] [Turpin d’Arden at desconfit la batalhe] Turpin, li duc d'Arden, veit que les Sarasins sont desconfis, si s'en ralat vers Strasborch refaire son siege. Et unc chevalier vient à l'evesque et li dest tout chu que Turpin avait fait, qui mult le prisat ; et prist III chevaliers, si les envoiat tantost à Paris, qui racomptont à Doon tout le fait comment ilh estoit avenus. Et cheaux s'en vont, qui y vinrent dedens IX jours ; et de eaux moy taray, si vos dyray de Griffon et de Doon qui sont aleis à Paris.

[II, p. 472] [Turpin d’Ardenne a gagné la bataille] Turpin, le duc d'Ardenne, vit que les Sarrasins étaient vaincus et retourna à Strasbourg pour en reprendre le siège. Un chevalier vint dire à l'évêque (Éracle) tout ce que Turpin avait fait, ce que l'évêque apprécia beaucoup. Il désigna alors et envoya aussitôt à Paris trois chevaliers, pour raconter à Doon comment les affaires s'étaient déroulées. Ils mirent neuf jours pour arriver à Paris. Mais je me tairai à leur sujet pour vous parler d'abord du passage à Paris de Griffon et de Doon.


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