Tacite - Germanie - XX à XXIV - Notes

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nus (XX 1). Cf. Pomponius Méla (III 3, 26): nudi agunt antequam puberes sint... uiri sagis uelantur.

statures (XX 1). Cf. IV; Ann. I 64, 2; Hist. V 18, 1.

confier (XX 1). Cela fait écho aux doléances de Tacite sur le manque assez généralisé, selon lui, d'implication des mères de son temps dans l'éducation de leurs jeunes enfants par comparaison avec les Romaines d'autrefois. Cf. Dial. XXIX 1; XXVIII 4; Agr. IV 3. Des pratiques romaines d'un âge bien révolu sont donc toujours d'actualité chez les Germains.

âge (XX 1). Cf. XIII 1.

naissance libre (XX 1). Lieu commun qui fait considérer les esclaves comme des êtres moralement inférieurs aux hommes libres. Cf. Aristote (Pol. I 5,1254a 17).

tardive (XX 2). Cf. Pomponius Méla (III 3, 2); César (G. VI 21, 4). Cette affirmation est liée à l'idée que les peuples septentrionaux étaient relativement peu portés sur le sexe. Cf XVIII 1. Vu la haute stature et la force attribuées aux Germains, il y a probablement aussi un lien établi à partir des préjugés selon lesquels des enfants issus de très jeunes gens étaient petits et difformes, et la croissance des adolescents ayant des rapports sexuels précoces arrêtée. Cf Aristote (Pol.VII 16, 1335 a 6-29).

hâte (XX 2). Tandis que, selon des sources épigraphiques, les Romaines épousent (bien) avant leurs vingt ans des hommes en général aux approches de la trentaine, les Germaines se marient, plus mûres physiquement, au début de la vingtaine avec des hommes de leur âge. D'où le topos romain de la femme barbare ayant sa place dans un rôle masculin, ce qu'illustrait surtout la reine bretonne Boudicca. Cf. Agr. XVI 1; Ann. XIV 35-37.

soeurs (XX 3). Cf. Hist. IV 33, 1; 70, 3; V 20, 1; Ann. XII 29 -30. On ne peut conclure, à partir de ces divers exemples, qu'il s'agit d'une survivance d'un système matriarcal. Les liens de parenté étaient simplement aussi forts du côté des femmes que des hommes, ce qui n'était traditionnellement pas le cas à Rome.

testament (XX 3). Autre contraste avec le milieu romain, où les membres des classes possédantes évitaient à tout prix l'absence de testament.

maternels (XX 3). A l'origine, à la différence du milieu germanique, l'héritage à Rome passait en cas d'absence d'héritiers directs, fils ou filles, à la famille du père, situation qui s'est assouplie au cours de l'époque républicaine.

descendance (XX 3). Sont visées les pratiques, fustigées par les moralistes et les auteurs satiriques, des captateurs de testaments auprès de personnes sans descendance. Cf. Sénèque (Marc. XIX 2); Juvénal (Sat. II 5).

parti (XXI 1). Allusion à la notion de responsablilité collective dans les coutumes germaniques et donc d'une possibilité de vendetta, ce que veut éviter le droit romain avec la notion de responsabilité individuelle.

se rachète (XXI 1). Le rachat d'un crime de sang pour éviter les conséquences de la vengeance apparaît aussi chez Homère (Il. IX 632-636; XVIII 497-501), ce qui pouvait être perçu comme un trait de culture primitive.

sacrilège (XXI 2). Cf. César (G. VI 23, 9); Pomponius Méla (III 28). Encore peut-être un lieu commun cadrant avec la description d'une société primitive en opposition avec l'hospitalité romaine qui s'adresse plutôt à des personnes avec lesquelles des liens personnels existent.

tard (XXII 1). Se lever tôt est considéré par les Romains comme une preuve d'énergie et d'autodiscipline. Cf. Pline (Ep. III, 5, 8-9); Horace (Ep. II 1, 112-113); Pline (NH VI 89). Tacite souligne ici le caractère indiscipliné des Germains et leur complaisance envers eux-mêmes. Cf. XV 1; XXII 1.

hiver (XXII 1). En contradiction César (G. IV 1, 10; VI 21, 5), qui décrit les Germains traversant des cours d'eau et s'y baignant en dépit des rigueurs du climat. Cf. IV; XVI 3; XVII 1.

individuels (XXII 1). Encore un contraste avec les habitudes des Romains, qui partagent le repas couchés autour de la table, et un lieu commun de la littérature ethnographique. Par exemple, Xénophon (Anab. VII 3, 21- 23) affirme la même chose au sujet des Thraces. À noter que l'allemand Tisch (table) vient du latin discus, d'où on peut déduire l'usage de tables rondes individuelles.

armés (XXII 1). Cf. XI 2, XIII 1.

boire (XXII 1). Cette réflexion confirme l'absence de discipline et de maîtrise de soi des Germains. Cf. XXXIII.

ni fourbe ni roué (XXII 3). Tacite reprend encore une fois des stéréotypes ethnographiques. Le climat chaud des pays méridionnaux rendrait vif l'esprit des gens, tandis que le froid des contrées septentrionales expliquerait des réactions plus lentes et la difficulté de les masquer. Cf. Vitruve (VI 1, 10). Selon Strabon, c'est le cas pour les Scythes (VII 3, 7; XI 8, 7) et les Gaulois (IV 4, 2-5). Les Germains sont décrits ailleurs comme déloyaux par César (G. IV 13) et, curieusement, par Tacite lui-même (Cf. Ann. II 88, 1). Cf. aussi Velleius Paterculus (II 118, 1).

boisson (XXIII). La consommation de bière au lieu de vin est considérée comme une caractéristique barbare dans le milieu gréco-latin. L'importation de vin en Gaule débuta avec les Grecs de Marseille au VIe siècle A.C. L'expansion romaine en Gaule favorisa celle du marché du vin. Il semble qu'on l'importait à l'est du Rhin vers 50 A.C. Cf. César (G. IV 2, 6).

nourriture (XXIII). La description de Tacite s'applique conventionnellement aux peuples nomades et barbares. Cf. César (G. VI 22, 1), Pomponius Méla (III 28), Cicéron (Tusc. V 90). Elle contredit plutôt ce qui est affirmé précédemment au sujet du manque d'arbres fruitiers (V 1). Par leur manque de recherche en matière de nourriture, les Germains pratiquent encore une vertu romaine des temps anciens, bien oubliée à son époque. Cf. Pétrone (XXXI sqq.). Salluste (Jug. LXXXIX 7) admire les Numides pour le même motif.

soif (XXIII). Cf. XXII 1; Ann. XI 16, 2; Hist. IV 79, 3. Le goût de la boisson est aussi un lieu commun caractérisant les Barbares pour illustrer leur manque de contrôle sur eux-mêmes. Ce défaut est aussi la cible des moralistes. Cf. Sénèque (Ep. LXXXIII 8-27).

un seul (XXIV 1). Cette présentation contraste avec la grande variété des spectacles dans le monde romain, tout en étant en accord avec le dédain affiché par l'élite romaine de se consacrer à une activité lucrative. Cf. Cicéron (Off. I 150). Tacite souligne le désintéressement de ces jeunes gens et montre encore une fois l'indifférence des Germains envers la richesse. Cf. V 3.

sérieuse (XXIV 2). Pour les Romains, le jeu de hasard est un pur divertissement frivole et qui est l'objet de désapprobation et de restrictions légales. Cf. Plaute (Mil. 164), Cicéron (Phil. II 56); Horace (Carm. III 24, 58); Ovide (Tr. II 470-472).

volontairement (XXIV 2). L'esclavage volontaire est ressenti comme une situation ignominieuse et le signe d'un caractère faible. Cf. Sénèque (Ep. XLVII 17).

 

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