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Anthologie Palatine : Présentation générale - Biographies des poètes

Anthologie Palatine - Livre XII : Avant-propos - Plan - Table des matières

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Anthologie Palatine

Livre XII

La Muse Garçonnière

Biographie des poètes

 

Plan

Alcée de Messénie - Alphée de Mytilène - Antipater de Sidon - Aratos - Asclépiade de Samos - Automédon - Callimaque - Dioscoride - Diotime - Événos - Fronton - Glaucos - Julius Dioclès - Léonidas d'Alexandrie - Méléagre - Numésios de Tarse - Phanias - Philodème - Polystrate - Rhianos - Scythinos - Statyllius Flaccus - Straton de Sardes - Thymoclès - Tullius Lauréa


 

Alcée de Messénie (Fin du IIIe siècle av. J.-C.)

       Ce poète qu'il ne faut point confondre avec le célèbre Alcée de Lesbos, contemporain de Sappho, fut en conflit avec le roi Philippe V de Macédoine dont il reprocha amèrement la défaite de Cynoscéphales en 198 av. J.-C. L'Anthologie a conservé de lui quelque vingt épigrammes fort diverses allant de la satire politique la plus dure au badinage le plus échevelé.

XII, 29, 30, 64

Alphée de Mytilène (Ier siècle apr. J.-C.)

    Ce poète de l'époque d'Auguste dont on possède douze épigrammes est l'un de ces nostalgiques de la grande époque grecque et un opposant attardé à la domination romaine. Son épigramme Conseil à Zeus est une vibrante invective contre Rome comparable à celle qui, deux siècles plus tôt, fut lancée par Antipater de Sidon. On devine l'aigreur avec laquelle était encore ressenti au Ier siècle de notre ère l'assujettissement des Grecs à Rome.

    XII, 29, 30, 64

Antipater de Sidon (vers 180-100 av. J.-C.)

    Ce poète fort érudit à la phrase nette et précise fut selon Cicéron un remarquable improvisateur ainsi qu'un bon rhéteur. Il est l'image même du lettré raffiné et besogneux mais auquel on peut reprocher, à l'instar de l'helléniste Jacobs, une certaine raideur et un relatif académisme. Pourtant ses épigrammes ne manquent pas de puissance et de couleur. Ses vers sur la destruction de Corinthe et sur des citoyens de cette ville qui préférèrent la mort à l'esclavage sont comme un écho terrifiant de cette catastrophe qui mit un point final à la liberté de la Grèce. Quant à ses épigrammes funéraires, elles sont d'une haute tenue littéraire, même si on peut leur préférer celles de Léonidas de Tarente, plus sobres et plus touchantes.

XII, 97

Aratos (IIIe siècle av. J.-C.)

    Aratos, originaire de Soles en Cilicie, vécut à la cour de Ptolémée Philadelphe, et fut l'ami d'Antigone Gonatas, fils de Démétrios Poliorcète. Ce fut sur l'invitation du roi de Macédoine qu'il mit en vers les Phénomènes, ouvrage astronomique d'Eudoxe, qui eut un grand retentissement dans l'Antiquité et que Quintilien admirait. Théocrite parle de lui dans une de ses idylles. Il a laissé aussi quelques épigrammes.

    XII, 129

Artémon (fin du IVe av. J. -C.)

Il s'agit peut-être de l'Artémon de Posidée (devenue Cassandrée en 315 av. J.-C.), poète de la Couronne de Méléagre. Il est l'auteur de deux épigrammes consacréés au bel Échédémos.

XII, 55, 124

Asclépiade de Samos (IIIe siècle av. J. -C.)

    De ce poète qui figurait dans la Couronne de Méléagre sous l'emblème de l'anémone, nous ne savons presque rien, hormis qu'il fut le rival de Callimaque, son contemporain, et le maître de Théocrite qui fit son éloge. Ses épigrammes sont pleines de légèreté mais aussi empreintes d'une préciosité qu'on peut qualifier d'alexandrine, préciosité qui va se prolonger (pour le meilleur mais aussi pour le pire) tout au long des périodes hellénistique et romaine. À noter qu'Asclépiade fut le premier poète grec à faire d'Éros le dieu des amours masculins et le premier à le faire apparaître avec les attributs de l'amour, à savoir l'arc, les flèches et le carquois. Cette image d'Éros était appelée à connaître un bel avenir dans la poésie occidentale.

    XII, 17, 36, 50, 75, 77, 105, 135, 153, 161-163, 166

Automédon (Ier siècle apr. J.-C.)

    Automédon, contemporain d'Auguste, poète de la Couronne de Philippe, était originaire de Cyzique et on a de lui onze épigrammes plutôt élégantes.

    XII, 34

Callimaque (305-240 av. J.-C.)

    Ce natif de Cyrène était un érudit qui eut une activité débordante à la Bibliothèque d'Alexandrie dont il prit la direction. Esprit fort savant, amoureux des livres, il rédigea des commentaires sur la plupart des auteurs grecs contenus dans la Bibliothèque. Également poète à la cour de Ptolémée III Évergète, il composa des poèmes flatteurs destinés à la famille régnante comme la trop célèbre Chevelure de Bérénice, connue par une traduction latine de Catulle.

    Nous n'avons plus guère ses compositions savantes. En revanche, nous avons conservé de lui un grand nombre de poèmes. En premier lieu ses Hymnes aux dieux dans lesquels son goût pour la recherche des traditions locales les plus éloignées et les plus rares s'est donné libre cours.

    Outre les Hymnes, la passion de Callimaque pour le document se manifeste aussi dans ses Origines, oeuvre qui propose une explication poétique de nombreuses coutumes locales.

    Bref Callimaque apparaît comme le type le plus achevé de l'érudit alexandrin, lettré au plus haut point, critique acharné et toujours soucieux de faire du bel ouvrage en maîtrisant constamment son style, son but étant d'atteindre une perfection formelle. Bien entendu, cette oeuvre n'a pas manqué d'être accueillie diversement dès son vivant : on lui a reproché sa culture toute livresque mais on a également loué cet art (trop) parfait.

    Mais ce poète qui n'est pas une personnalité aussi simple composa une épopée, Hécalé, dont l'ambition était de renouveler un genre qui, selon lui, s'était quelque peu usé. Dans ce poème, Callimaque prit parti pour un art réaliste en renonçant à l'emphase qui était la caractéristique de ses Hymnes.

    En outre, il nous a légué soixante-cinq épigrammes non seulement bien écrites (cela va de soi venant d'un poète aussi pointilleux que lui) et d'une grande sobriété ; en particulier, ses épigrammes funéraires sont émouvantes et comptent parmi les chefs-d'oeuvre de l'Anthologie grecque. Dans ces poésies fugitives, cet auteur déroutant n'a pas hésité à écrire d'apparentes banalités avec une liberté de ton impressionnante et sans jamais tomber dans la mièvrerie.

    XII, 43, 51, 71, 73, 102, 118, 134, 139, 148-150, 230

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Dioscoride (IIIe siècle av. J.-C.)

    Ce poète léger, mais pas toujours délicat ne manque pas d'intérêt et de piquant dans son érotisme débridé. On a de lui trente-sept épigrammes dont quelques-unes glorifient des poètes, et d'autres évoquent les Mystères de la Grande Déesse introduits en Grèce par les Galles, ainsi que les fêtes d'Adonis célébrées en Syrie. On pense, peut-être à juste titre, qu'il s'agit de Dioscoride de Chypre, disciple de Timon, qui vécut sous Ptolémée II Philadelphe, et qui voua un culte aux beaux garçons dans ses épigrammes dédiées à Hermogène ou Évagoras.

    XII, 14, 37, 42, 169-171

Diotime (Ier siècle apr. J.-C.)

    On pense qu’il y eut plusieurs Diotime. Celui du livre XII serait Diotime d'Adramyttion en Mysie, poète de la Couronne de Méléagre ou de Philippe.

    XII, 36

Événos (Ier siècle av. J.-C.)             

Il était sans doute originaire d'Ascalon en Syrie. On sait qu'il était grammairien. Une de ses épigrammes, qui se trouve dans le livre IX de l'Anthologie Palatine, fut traduite par Ovide dans ses Fastes.

   XII, 172

Fronton (IIIe siècle apr. J.-C.)

    Ce rhéteur phénicien naquit à Émèse sous le règne d'Alexandre Sévère. Par sa sœur Frontonis, il était l'oncle de Longin, auteur du célèbre Traité du Sublime.

     XII, 174, 233

Glaucos (IIIe ou IIe siècle apr. J.-C.)

    Ce poète natif de Nicopolis nous est parfaitement inconnu.

    XII, 44

Julius Dioclès (Ier siècle apr J.-C.)

    Son nom tend à prouver qu'il s'agit là d'un Grec ayant été gratifié de la citoyenneté romaine. Peut-être est-il Dioclès de Carystos, un rhéteur loué vivement par Sénèque, dans ses Suasoria et ses Controverses ?

               XII, 35

Léonidas d'Alexandrie (Ier siècle apr J.-C.)

Ce poète qui était aussi un remarquable grammairien vécut à la cour de Néron et composa un recueil d'épigrammes, dédié à l'empereur, intitulé Les Grâces, et dont sont issues quelques épigrammes de l'Anthologie. Ce poète est surtout resté célèbre par sa virtuosité versificatrice et ses acrobaties syntaxiques qui, par ailleurs, n'ont rien ajouté au prestige de l'épigramme.

XII, 20

Méléagre (140-60 av. J.-C.)

    Ce poète d'origine syrienne mais de père grec est un des poètes essentiels de la période hellénistique. Sa facilité et sa suavité ont largement contribué à sa popularité qui ne s'est pas démentie jusqu'à nos jours. André Chénier l'admira et Pierre Louÿs au XXe siècle le traduisit avec ferveur, non sans prendre quelques notables libertés. C'est que Méléagre fut un poète exquis à la langue parfaite même s'il eut tendance à verser un peu dans la mièvrerie. À la fois mélancoliques, mutins et pessimistes, ses nombreux poèmes, qu'ils soient érotiques ou d'un autre genre, sont de véritables petits chefs-d'oeuvre pleins de sensibilité dont l'impression nostalgique nous émeut profondément.

    Épicurien dans l'âme, épris de volupté, autant sensible au charme féminin qu'au charme masculin, Méléagre n'en fut pas moins un érudit au savoir fort étendu. C'est lui le premier qui eut l'idée de réunir en une anthologie les plus beaux poèmes grecs composés jusqu'à son époque en n'oubliant pas d'inclure dans ce recueil ses propres poésies. Ainsi fut élaborée cette Couronne dite de « Méléagre » qui est à l'origine de toutes les anthologies, de Philippe à Képhalas.

    XII, 23, 41, 47-49, 52-54, 56, 57, 59, 60, 63, 65, 68, 70, 72, 74, 76, 78, 79, 80-86, 92, 94, 95, 101, 106, 109, 110, 113, 114, 117, 119, 122, 125-128, 132ab, 133, 137, 141, 144, 147, 154, 157-159, 164-165, 167, 234, 235, 256, 257

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Numésios de Tarse (IIe siècle apr. J.-C.)

    Ce poète est inconnu. Sous son nom, ne nous est parvenue qu'une seule épigramme, de nature garçonnière et assez insignifiante.

    XII, 28

Mnésalkès (IIIe siècle av. J.-C.)

Ce poète originaire de Sycione présent dans la Couronne de Méléagre était symbolisé dans ce recueil par l'emblème du pin, afin rappeler la sécheresse et la rusticité de ses vers. Il est en effet l'auteur d'épigrammes fort belliqueuses mais d'une remarquable sobriété, comme en témoigne une invocation à Apollon. On pense qu'il servait dans l'armée de sa patrie, Sycione. Théodoridas, son contemporain et ami, lui consacra une épigramme funéraire.

XII, 138

Phanias (IIIe siècle av. J.-C.)

Ce poète de la Couronne de Méléagre était sans doute grammairien. On le considère généralement comme un contemporain d'Épicure qu'il mentionne dans une épigramme.

XII, 31

Philodème (vers 110 - 40 av. J.-C.)

    Philodème était originaire de Gadara (comme Méléagre), une cité fortement hellénisée située dans la Décapolis (actuellement Um Qeis, en Jordanie). Il étudia à Athènes auprès de Zénon de Sidon qui fut à la tête de l'école épicurienne de cette ville aux alentours de 90 avant notre ère. Puis il quitta Athènes pour se rendre en Italie vers 70, s'il faut en croire la dédicace de son ouvrage Sur la Rhétorique à Caius Vibius Caetronianus. Il fut lié à un autre épicurien, Siron, et fut avec lui le grand animateur des cercles épicuriens de Campanie, lieu de résidence favori des riches familles romaines. Il fut le protégé de Lucius Calpurnius Pison, à qui il dédia Le Bon roi selon Homère. On sait qu'il fut critiqué par Cicéron qui détestait Pison contre lequel, d'ailleurs, il composa une vigoureuse diatribe (Contre Pison). Mais l'orateur et philosophe sut toutefois reconnaître les qualités intellectuelles de Philodème dans son opuscule Des Termes extrêmes des biens et des maux.

    Nous avons la chance d'avoir retrouvé sa bibliothèque - qui contient aussi la plus grande partie de son oeuvre - à Herculanum dans la demeure de Pison : c'est la fameuse Villa dite « des Papyrus ». Il rédigea une foule de traités philosophiques d'inspiration épicurienne dont l'un intitulé Sur les Poèmes a été pour la première fois publié et traduit en anglais en 2003 à partir des restes de rouleaux de papyrus herculanéens. Il est aussi l'auteur d'un grand nombre d'épigrammes qui furent réunies dans la Couronne de Philippe au Ier siècle apr. J.-C. Ce brillant intellectuel, épris de plaisirs, nous a laissé des poèmes à la fois grivois et raffinés mais aussi des vers à la sombre mélancolie.

    XII, 173

Polystrate (IIe siècle av. J.-C.)

    Polystrate était peut-être de Latopolis, la ville de Latone, en Égypte. Il ne nous est connu que par deux épigrammes, la première déplorant la prise et l'incendie de Corinthe par le consul Mummius en 146, la seconde étant de nature pédérastique.

    XII, 91

Rhianos (IIIe siècle av. J.-C.)

    Il était originaire de Béné ou de Kéréia en Crète ou d'Ithome en Messénie. Il figurait dans la Couronne de Méléagre sous l'emblème de la marjolaine. Il est l'auteur d'annales poétiques tels que les Messéniaques ou les Thessaliques mais aussi d'une épopée, l'Héracléide. Suétone rapporte que l'empereur Tibère était un fervent admirateur de ce Rhianos au point de l'imiter dans la composition de ses propres vers grecs.

     XII, 38, 58, 93, 121, 142, 146

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Scythinos (IVe siècle av. J.-C.)

    Étienne de Byzance et Diogène Laërce en font un poète iambique ; Plutarque le cite ; enfin, Stobée nous a conservé de lui quelques extraits de son ouvrage Sur la Nature.

    XII, 22, 232

Statyllius Flaccus (Ier siècle av. J.-C.)

    Douze épigrammes sont attribuées à ce poète. Selon Gassendi, dans sa Vie d'Épicure, il serait l'épicurien Statilius, l'ami de Caton d'Utique. Plus tard, il rejoignit Brutus en Macédoine et fut tué à la bataille de Philippes.

    XII, 12, 25-27

Straton de Sardes (IIe siècle apr. J.-C.)

Ce poète qui vécut à l'époque de Septime Sévère nous a laissé un volume de vers érotiques intitulé la Muse adolescente dans lequel il inclut une centaine d'épigrammes de son cru. Cet ouvrage fut réuni plus tard à l'Anthologie Palatine.

Les épigrammes de Straton sont érotiques et vantent les charmes des beaux adolescents, non sans imagination et avec une liberté de ton à laquelle le christianisme triomphant mettra un terme un siècle et demi plus tard en diabolisant l'acte homosexuel. À travers Straton, c'est l'amour grec qui jette ses derniers feux même si la pédérastie d'un Méléagre ou d'un Callimaque s'exprimait autrefois avec un lyrisme plus éthéré.  Mais loin de se conforter dans les sentiers battus de l'épigramme érotique avec un Éros armé d'un carquois et de flèches, Straton préfère s'en tenir au quotidien qu'il décrit d'une plume gentiment satirique. Car chez lui l'inspiration naît toujours d'une observation précise des réalités de son temps. Ce qui nous frappe, c'est sa familiarité, sa truculence que la vulgarité ne galvaude jamais, offrant ainsi un éclairage quasi documentaire sur la nature des comportements masculins au IIe siècle.

    XII, 1-11, 13, 15, 16, 21, 175-229, 231, 234-255, 258

Thymoclès ((IIIe siècle av. J.-C.)

    Nous n'avons conservé de ce poète qu'une seul épigramme garçonnière, mais celle-ci est d'une réelle beauté.

    XII, 32

Tullius Lauréa (vers 60 apr. J.-C.)

    Marcus Tullius Lauréa était un esclave de Cicéron, qui, pour sa fidélité, fut affranchi, sans doute vers 62 av. J.-C., époque où il accompagna son ancien maître en Cilicie, en tant que secrétaire du  gouverneur. Son surnom de Lauréa, signifiant laurier, lui vient probablement de ses talents poétiques. Il composa à la fois des vers grecs et latins, dont certains ont été cités par Pline.

    XII, 24

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