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Théophraste : Note liminaire - Caractères 1-9 - Caractères 10-19 - Caractères 20-30.

Théophraste : "Athènes au quotidien à l'époque de Théophraste" (article de Mme Loicq-Berger dans les FEC, 4, 2002)


THEOPHRASTE

Les Caractères (10 à 19)

Nouvelle traduction annotée

par

Marie-Paule LOICQ-BERGER (janvier 2002)

  Chef de travaux honoraire de l'Université de Liège
Adresse : avenue Nandrin, 24 - 4130 Esneux (Belgique)

<loicq-berger@skynet.be>

Plan

Avant-Propos 

1. Le fourbe

2. Le flatteur

3. Le moulin à paroles

4. Le rustre

5. Le flagorneur

6. La fripouille

7. Le phraseur

8. La gazette

9. L'effronté

10. Le pingre

11. Le malotru

12. Le casse-pieds

13. Le mêle-tout

14. L'étourdi

15. Le mufle

16. Le supertitieux

17. Le râleur

18. Le méfiant

19. Le dégoûtant

20. Le raseur

21. Le faiseur

22. Le grippe-sous

23. Le hâbleur

24. L'arrogant

25. Le couard

26. Le réactionnaire

27. Le vieux jouvenceau

28. La mauvaise langue

29. La canaille

30. Le cupide

 

10. Le pingre

(1) La pingrerie, c'est une économie de la dépense qui dépasse les bornes, et le pingre est du genre (2) à réclamer endéans le mois, à domicile, le remboursement d'une demi-obole. (3) Dans un repas de corps, il tient compte des coupes que chacun a bues et, parmi les convives, c'est lui qui fait à Artémis l'offrande la plus chiche. (4) Tout ce qu'on lui porte en compte, acheté à bas prix, il le déclare <...>.

(5) Un serviteur brise-t-il un pot ou un plat, il se rembourse sur sa ration quotidienne. (6) Et si sa femme laisse tomber une piécette de monnaie, notre homme est capable de déplacer meubles, lits, coffres et de fouiller tous les revêtements du logis. (7) S'il veut vendre quelque chose, il en demande tant que l'affaire est sans intérêt pour l'acheteur.

(8) Il ne permet pas que l'on cueille une figue dans son jardin, ni qu'on passe par son champ, ni qu'on y ramasse une olive ou une figue tombée par terre. (9) Il inspecte chaque jour les bornes de sa propriété pour voir si elles restent bien en place. (10) Il est capable aussi d'exiger une indemnité de retard et un intérêt composé.

(11) Offre-t-il un repas aux gens de sa commune, il fait servir les viandes coupées en tout petits morceaux. (12) Quand il fait les courses, il rentre sans avoir rien acheté. (13) Il défend à sa femme de prêter ni sel, ni lumignon, ni cumin ou origan, ni grains d'orge, bandelettes ou gâteaux de sacrifice : c'est que, dit-il, ces petites choses-là, ça finit par faire beaucoup, sur l'année...

(14) [Bref, chez les pingres, on peut voir les coffres-forts moisir et les clés, rouiller, tandis qu'eux-mêmes portent des manteaux trop courts pour leurs cuisses, font leurs frictions avec de toutes petites burettes d'huile, se font raser la tête, ne mettent leurs chaussures que l'après-midi et conjurent les teinturiers de mettre beaucoup de dégraissant sur leur manteau afin qu'il ne se salisse pas trop vite.]


11. Le malotru

(1) Il n'est pas difficile de définir le comportement du malotru : c'est un jeu voyant et blâmable, et le malotru est du genre (2) à se retrousser pour exhiber son anatomie quand il rencontre des dames. (3) Au théâtre, il applaudit lorsque les autres cessent et siffle les acteurs que l'ensemble du public a plaisir à regarder. Quand le théâtre garde le silence, il se renverse et rote pour faire se retourner tous les rangs assis.

(4) Le marché est-il noir de monde, il s'approche des étals de noix, myrtilles ou autres fruits et, debout, il s'en régale tout en bavardant avec le vendeur; il hèle par son nom tel badaud qui n'est pas de ses connaissances; (5) voit-il des gens pressés de se rendre quelque part, il leur demande de l'attendre. (6) Quelqu'un sort-il du tribunal où il a perdu un procès important, notre homme va vers lui pour le congratuler.

(7) Il va lui-même faire ses courses et louer des joueuses de flûte; il montre ses achats à ceux qu'il rencontre et les invite à y participer. (8) Debout devant la boutique du coiffeur ou du parfumeur, il déclare qu'il a bien l'intention de se saoûler.


12. Le casse-pieds

(1) [Être casse-pieds, c'est avoir l'art de tomber <à un moment> qui va contrarier ceux sur qui l'on tombe.]

Le casse-pieds est du genre (2) à aborder, pour lui faire une communication, une personne qui se trouve occupée. (3) Il vient faire la fête chez sa dulcinée quand elle a la fièvre. (4) Abordant une personne qui a été condamnée à servir de caution, il la prie de se porter garante pour lui-même. (5) Il se présente pour témoigner en une affaire déjà jugée. (6) Invité à un mariage, il se lance dans une tirade contre les femmes. (7) Rentrez-vous à peine d'un long voyage, il vous invite à une promenade.

(8) Quelqu'un vient-il de conclure une affaire, notre homme est encore capable de lui amener un acquéreur qui offre davantage. (9) Alors que les gens ont parfaitement entendu et compris, il se lève pour reprendre tout l'ensemble dès le début. (10) Il est plein de zèle pour s'occuper de ce qu'on ne souhaite pas, alors qu'on a scrupule à refuser. (11) Des gens ont-ils à faire face aux dépenses d'un sacrifice, il vient leur réclamer l'intérêt d'un prêt. (12) Un serviteur est-il fouetté en sa présence, il raconte qu'un esclave à lui, ainsi battu, s'est naguère pendu. (13) Assistant à un arbitrage, il dresse les deux parties l'une contre l'autre alors qu'elles souhaitent s'entendre. (14) Pour danser, il met la main sur un partenaire qui n'est pas encore ivre.


13. Le mêle-tout

(1) Faire le mêle-tout pourra sûrement apparaître comme une exagération des propos et des actes, dans une bonne intention. Le mêle-tout est du genre (2) à se lever pour faire telles promesses qu'il ne pourra tenir. (3) Une affaire est-elle unanimement reconnue comme juste, il s'en mêle avec véhémence et se voit réfuté. (4) Il force le petit esclave à mélanger plus de vin que n'en peuvent boire les gens qui sont là.

(5) Il est homme à séparer des adversaires aux prises sans même les connaître, (6) à prétendre conduire des gens par tel sentier, et ensuite à ne pouvoir retrouver son chemin, (7) à aborder le général pour lui demander à quel moment il a l'intention de déployer ses troupes et quel est le mot d'ordre pour après-demain.

(8) Il vient trouver son père pour lui dire que, dans leur chambre, la mère dort déjà. (9) Si le médecin défend de donner du vin au malade, il prétend vouloir tenter lui-même l'expérience et fait boire un bon coup au patient. (10) Une femme est-elle décédée, il fait inscrire sur le monument les noms de son époux, de son père, de sa mère, celui de la femme elle-même ainsi que son lieu de naissance, et ajoute que tous ces gens-là étaient bien braves.

(11) Sur le point de prêter serment, il dit aux assistants : "C'est que moi, j'ai déjà prêté serment quantité de fois !"


14. L'étourdi

(1) L'étourderie, pour en donner une définition, est une lenteur d'esprit en paroles et en actes, et l'étourdi est du genre à (2) calculer avec des jetons et à faire le total, puis à demander à la personne assise près de lui : "ça donne quoi ?"

(3) Accusé dans un procès et devant comparaître, il l'oublie et se met en route pour la campagne. (4) Assistant à un spectacle, il s'y endort et reste seul dans le théâtre. (5) Parce qu'il a trop mangé, il se lève la nuit pour aller aux toilettes et est mordu par le chien du voisin. (6) A-t-il reçu et rangé lui-même une chose, il la cherche sans pouvoir la retrouver. (7) Lui annonce-t-on qu'un de ses amis est mort, afin qu'il assiste aux obsèques, il affiche une mine sombre et se met à pleurer en disant : "Bonne chance !"

(8) Reçoit-il une somme d'argent qu'on lui doit, il est bien capable encore de faire venir des témoins ! (9) Alors qu'on est en hiver, il houspille son petit esclave parce qu'il n'a pas acheté de concombres. (10) À force d'entraîner ses enfants à la lutte et à la course, il les exténue.

(11) Aux champs, faisant lui-même bouillir la soupe de lentilles, il jette deux fois le sel dans la marmite et la rend immangeable. (12) Quand il pleut, il dit +qu'il trouve agréable la clarté des astres, alors que les autres parlent de temps poisseux+.

(13) Quelqu'un dit-il : "Combien de morts, crois-tu, ont été emportés par les portes sacrées ?", notre homme de répondre "autant qu'on en souhaiterait, pour toi et pour moi !"


15. Le mufle

(1) La muflerie est une dureté en paroles dans les contacts sociaux, et le mufle est du genre, (2) si on lui demande : "un tel, où est-il ?" à répondre "ne viens pas m'assommer !" (3) et, quand on le salue, à ne pas rendre le salut.

(4) Veut-il vendre quelque chose, il ne dit pas aux acheteurs combien il en demande, mais "combien ça vaut, ça ?". (5) Aux gens qui, pour lui faire honneur, lui envoient quelque chose à l'occasion des fêtes, il dit que lui, en tout cas, ne donnera rien. (6) Pas de pardon pour qui l'a, par mégarde, taché, bousculé ou lui a marché sur le pied.

(7) À un ami qui l'a prié d'apporter sa quote-part, il répond qu'il ne la donnera pas, mais il vient ensuite l'apporter... en disant qu'il va encore perdre cet argent-là. (8) Heurte-t-il son pied en chemin, il est homme à se répandre en malédictions contre le caillou !

(9) Il est incapable d'attendre longtemps quelqu'un, (10) ne saurait consentir à chanter, à réciter quelque chose ni à danser. (11) Enfin, même aux dieux, il n'est pas homme à adresser la moindre prière.


16. Le superstitieux

(1) [La superstition, assurément, aurait assez bien l'air d'une peur à l'endroit du divin] et le superstitieux est du genre (2) à < ... > se laver les mains, à s'asperger à la source sacrée et, tenant en bouche un brin de laurier, à se promener ainsi tout le jour.

(3) Une belette traverse-t-elle son chemin, il n'avance plus jusqu'à ce que quelqu'un soit passé ou que lui-même ait jeté trois pierres par-dessus le chemin. (4) S'il voit un serpent dans sa maison, et que ce soit un serpent joufflu, il invoque Sabazios, mais si c'est un serpent sacré, alors, tout aussitôt, il fonde sur place un herôon.

(5) S'il passe devant les pierres ointes qu'on trouve aux carrefours, il y déverse l'huile de sa fiole, tombe à genoux et ne s'éloigne qu'après s'être prosterné dans l'adoration.

(6) Une souris a-t-elle rongé un sac de farine, il va chez le devin demander ce qu'il faut faire; ce dernier lui répond-il qu'il faut le donner à ravauder au cordonnier, notre homme n'en tient aucun compte mais tourne les talons pour aller offrir un sacrifice expiatoire.

(7) Il est homme à vouloir purifier continuellement sa maison, en la prétendant ensorcelée par Hécate. (8) Des chouettes ont-elles hululé sur son passage, le voilà tout troublé, et de dire : "Athéna est plus forte !" avant de continuer sa route.

(9) Il refuse de marcher sur une tombe, de s'approcher d'un mort ou d'une femme en couches, en prétendant qu'il est important pour lui de ne pas se souiller. (10) Le 4 et le 7 de chaque mois, il ordonne à la maisonnée de faire bouillir du vin, il sort acheter des rameaux de myrte, de l'encens et des gâteaux et, de retour au logis, il passe la journée à couronner les Hermaphrodite.

(11) Quand il fait un rêve, il court chez les interprètes de songes, chez les devins, chez les ornithologues pour leur demander quel dieu ou déesse il doit invoquer. Pour renouveler son initiation, il se rend chaque mois chez les prêtres orphiques avec sa femme -- ou, si elle n'en a pas le temps, avec la nourrice et les enfants.

(12) Il aurait assez bien l'air de faire partie de ces gens qui s'aspergent soigneusement dans la mer. (13) Si d'aventure notre homme aperçoit un individu portant un collier d'ail, comme il s'en trouve aux carrefours, il rebrousse chemin, se lave de la tête aux pieds et fait venir des prêtresses qu'il prie de le purifier en portant en cercle autour de lui un oignon de mer ou le cadavre d'un chiot. (14) A-t-il vu un fou ou un épileptique, le voilà tout frissonnant, à cracher dans le pli de son vêtement.


17. Le râleur

(1) Râler, c'est critiquer contre tout usage ce qui vous a été offert, et le râleur est du genre (2) à dire au livreur de l'ami qui lui envoie une portion d'un bon repas : "Ainsi, on me refuse le bouillon et la lampée de vin, en ne m'invitant pas à dîner !"

(3) Est-il embrassé par son amie, "je me demande, dit-il, si c'est vraiment du bon du coeur que tu m'aimes ainsi". (4) Il est fâché contre Zeus, non parce qu'il fait pleuvoir, mais parce qu'il le fait trop tard. (5) Trouve-t-il une bourse sur son chemin, "soit, dit-il, mais je n'ai jamais trouvé de trésor !". (6) A-t-il acheté un esclave bon marché, après avoir beaucoup marchandé avec le vendeur, "je me demande bien, dit-il, ce que j'ai acheté là de valable, à si bas prix !"

(7) Au messager qui lui apporte l'heureuse nouvelle "Tu as un fils !", il répond : "Si tu y ajoutes : "et la moitié de ta fortune en moins", alors tu diras vrai !". (8) A-t-il gagné un procès, et ce, en recueillant même l'unanimité des suffrages, il reproche au rédacteur du plaidoyer d'avoir laissé de côté quantité d'excellents arguments. (9) S'il a reçu un prêt d'amis qui se sont cotisés et que quelqu'un lui dise "allez ! souris un peu !", il rétorque : "Et comment, ça ? Parce que je dois rendre à chacun son argent et, en plus, devoir de la reconnaissance sous prétexte qu'on m'a rendu service ?" !


18. Le méfiant

(1) La méfiance, assurément, consiste à soupçonner tout le monde de malignité, et le méfiant est du genre (2) à envoyer son esclave faire des courses et puis à en dépêcher un autre pour s'informer du montant des achats. (3) Tout en portant lui-même son argent, il s'assied tous les deux cents mètres pour compter combien il y a.

(4) Alors qu'il est couché, il demande à sa femme si elle a bien fermé le coffre, si le dressoir est scellé, si on a poussé le verrou à la porte de la cour; elle a beau l'en assurer, il se lève néanmoins de son lit, nu et déchaussé, il allume la lampe et circule pour tout inspecter : et même ainsi, c'est à grand peine qu'il trouve le sommeil.

(5) Aux gens qui lui doivent de l'argent, afin qu'ils ne puissent nier leur dette, il vient réclamer ses intérêts, accompagné de témoins. (6) Il est homme encore à confier son manteau non au teinturier qui lui fera le meilleur travail, mais à celui qui lui fournit une bonne garantie. (7) Quelqu'un vient-il lui demander à prêter des coupes à boire, généralement il ne les donne pas, sauf s'il s'agit d'un familier ou d'un proche, et encore, seulement après avoir vérifié composition et poids et presque en exigeant une garantie.

(8) À l'esclave qui l'accompagne, il enjoint de marcher devant et non derrière lui, de manière à s'assurer qu'il ne s'enfuit pas en chemin. Aux gens qui lui ont acheté quelque chose et disent : "Inscris combien ça fait, car je n'ai pas le temps", il rétorque : "Ne te tracasse pas, car je te poursuivrai jusqu'à ce que tu l'aies, le temps !"


19. Le dégoûtant

(1) Être dégoûtant, c'est manquer aux soins corporels jusqu'à en occasionner de la gêne, et le dégoûtant est du genre (2) à se promener couvert de croûtes et de dartres, les ongles non taillés, sous prétexte que, chez lui, ce sont là des infirmités héréditaires : il les a comme son père et son grand-père, aussi ne serait-il pas facile d'introduire clandestinement quelqu'un dans leur famille... !

(3) À n'en pas douter, il est homme encore à garder des ulcères aux jambes et des bleus aux doigts sans les soigner, et à les laisser s'infecter; il a les aisselles d'un sauvage, abondamment velues jusqu'aux flancs, les dents noires et cariées [de sorte qu'il est d'abord peu amène et déplaisant].

(4) Et le reste à l'avenant : il se mouche en mangeant, se gratte en offrant un sacrifice, envoie des jets de salive en parlant aux gens, rote tout en buvant. (5) Il se met au lit avec sa femme sans s'être lavé. (6) Il sent l'huile rance dont il fait usage au bain. (7) Vêtu d'une petite tunique bien épaisse et d'un manteau très mince, plein de taches, il sort pour aller au marché.

< ... >

(8) Sa mère se rend-elle chez l'ornithologue, voilà notre homme qui prononce des paroles de mauvais augure. (9) Au moment où des gens font des prières et des libations rituelles, il laisse tomber sa coupe et s'esclaffe, convaincu d'avoir réalisé un merveilleux exploit. (10) Lui joue-t-on un air de flûte, il est bien le seul parmi tous à battre des mains, à fredonner l'accompagnement et à reprocher à la flûtiste de s'être si vite arrêtée. (11) S'il veut cracher, il le fait par-dessus la table en visant l'échanson.


NOTES 

10. Le pingre (Notes)

à domicile (Car., 10) : Traduction tenant compte de l'incertitude du texte : le pingre se rend-il lui-même au domicile de son débiteur (Navarre, De Falco) ou exige-t-il, comme c'est l'usage, que ce dernier se présente chez lui (Rusten) ?

la plus chiche (Car., 10) : C'est-à-dire une courte libation en l'honneur d'Artémis, qui patronne ce repas réunissant peut-être un groupe de chasseurs (Navarre).

<...> (Car., 10) : Le texte présente sans doute ici une lacune, où les éditeurs proposeraient de lire quelque chose comme "trop cher, et il le refuse".

une indemnité de retard (Car., 10) : Ou : "de faire saisir un débiteur en retard" ? Cette dernière disposition, impliquant une contrainte par corps pouvant aller jusqu'à la mise en esclavage, avait été adoucie par Solon et semble n'avoir plus guère été en usage aux époques suivantes. Quant à l'intérêt composé, bien que légal, il passait pour usuraire (cf. Aristophane, Nuées, 1156).

sa commune (Car., 10) : Littéralement : "aux gens de son dème". On définit le dème comme une subdivision territoriale -- l'Attique en comptait 139 -- qui regroupait les citoyens en une sorte de commune jouissant d'une relative indépendance au sein de l'État. À dix-huit ans, âge de la majorité civile et politique, les jeunes gens sont inscrits dans un dème auquel l'appartenance est obligatoire et héréditaire.

gâteaux de sacrifice (Car., 10) : Grains d'orge, bandelettes ornementales et gâteaux font partie du matériel nécessaire aux sacrifices domestiques et s'échangent normalement entre bons voisins.

Bref, etc... (Car., 10) : Ce paragraphe terminal est, une fois de plus, un ajout tardif.

dégraissant (Car., 10) : Littéralement : "beaucoup de terre", c'est-à-dire d'argile smectique ou terre à foulon qui, en l'absence de savon, dégraissait les tissus de laine par absorption.

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11. Le malotru (Notes)

lui-même (Car., 11) : L'homme distingué ne se charge pas lui-même de ce genre de démarches (cf. Car., 18, 2; 20, 10) ! Faire ses courses soi-même est caractéristique d'un pingre (cf. Car., 10, 12; 22, 7).

y participer (Car., 11) : Le texte grec (parakaleîn epi taûta) n'est pas clair : le malotru invite-t-il les passants à participer à la dépense ou -- ironiquement, alors ! -- à la fête (Navarre) ?

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12. Le casse-pieds (Notes)

Être casse-pieds... (Car., 12) : Cette définition liminaire est supprimée par certains éditeurs; d'autres en corrigent le texte.

servir de caution (Car., 12) : Le cautionnement était exigé, à Athènes, dans tous les contrats, passés tant avec l'État qu'entre particuliers. En cas de défaillance du débiteur principal, la personne désignée comme caution pouvait être poursuivie, les moyens de coercition allant jusqu'à la confiscation des biens et l'atimie (privation des droits politiques d'un citoyen); aussi les dangers du cautionnement étaient-ils quasi proverbiaux (cf. Platon, Charmide, 165 a).

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13. Le mêle-tout (Notes)

mélanger (Car., 13) : On sait que les Grecs boivent rarement le vin pur (ákratos), mais le coupent en y mêlant une proportion d'eau qui va d'une moitié à 2/3 ou 4/5. Le mélange se fait préalablement dans un grand vase, le cratère, où sera puisé au moyen de louches ou de cruchons appelés oenochoés (littéralement "cruches à vin") le contenu des coupes destinées aux convives. Cf. Car., 4, n.

C'est que moi... (Car., 13) : Rodomontade inutile, qui minimise l'importance du serment qu'il va prêter !

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14. L'étourdi (Notes)

calculer avec des jetons (Car., 14) : Les Grecs se servaient, pour les opérations d'arithmétique simples, de l'abaque (abax), table à calcul en pierre ou en bois, sur laquelle étaient tracées des lignes séparant les différents registres d'unités; on y faisait courir de petits cailloux ou des jetons. Un autre système, d'origine très ancienne, est celui du boulier-compteur, instrument muni de plusieurs tiges sur lesquelles glissent des boules enfilées.

qu'il trouve agréable... (Car., 14) : Le texte compris entre les deux croix (+) est désespérément altéré.

portes sacrées (Car., 14) : La Porte sacrée, au N.-O. d'Athènes, était celle par où passait la grande procession annuelle allant, par la Voie sacrée, d'Athènes à Éleusis pour la célébration des Mystères (cf. Car., 3, n.). La partie du rempart comprise entre la porte Sacrée et la porte du Pirée fut rasée sur ordre de Sylla lorsqu'il fit avec ses troupes une entrée terrifiante dans Athènes, la nuit du 1er mars 86 a. C. (Plutarque, Sylla, 14, 4).

autant qu'on en souhaiterait... (Car., 14) : Réponse d'un distrait ou d'un idiot qui, entendant évoquer des convois funèbres, pense malencontreusement à des choses agréables (argent, plaisirs ?), qu'il souhaite en quantité pour lui-même et pour autrui. -- On retrouve quelques traits de ce Caractère dans le riche portrait, amplifié et diversifié, que La Bruyère trace de Ménalque ("moins un caractère particulier", dit-il, "qu'un recueil de faits de distraction" : Les Caractères, De l'homme, 7).

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15. Le mufle (Notes)

quote-part (Car., 15) : Le même terme (éranos) désigne tantôt la quote-part, l'écot de victuailles et de boissons qu'apportent les membres d'un club (hétairie) lors de leurs réunions festives, -- tantôt un prêt sans intérêt et sans échéance fixe qui se consent entre amis; dans les deux cas, il s'agit d'un usage courant : cf. Car., 1, 5; 17, 9; 22, 9; 23, 6.

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16. Le superstitieux (Notes)

La superstition...(Car., 16) : Cette définition à résonance stoïcienne (cf. le fragment de Chrysippe transmis par Stobée dans Stoicorum ueterum fragmenta, éd. von Arnim, III, p. 98, 42 et p. 99, 13), considérée comme une interpolation, est rejetée par plusieurs éditeurs.

du genre à < ... > (Car., 16) : Les manuscrits offrent ici une leçon inintelligible mais aucune des corrections proposées n'est décisive.

un brin de laurier (Car., 16) : Le laurier, arbre d'Apollon, étroitement associé à la geste mythique du dieu et au plus ancien rituel apollinien de Delphes, est chargé d'un pouvoir purificateur. Ayant tué le serpent Python, gardien de l'oracle de la Terre, dans une gorge du Parnasse, Apollon dut expier ce meurtre et se retira, pour s'y purifier, dans la vallée de Tempé; il revint ensuite à Delphes couronné des lauriers de cette vallée. Le rituel prolongeait la légende : tous les huit ans se célébrait à Delphes une "procession aux lauriers" (daphnéphorie), fête au cours de laquelle des jeunes gens allaient chercher du laurier frais au Tempé pour reproduire la purification et le retour du dieu. Après la bataille de Platées, des différends étant survenus entre les chefs grecs, l'oracle pythique prescrivit une purification générale des feux du pays; alors, un coureur héroïque s'élança vers Delphes, où il s'aspergea d'eau sacrée, se couronna de laurier et préleva la flamme du feu sacré d'Apollon pour la rapporter le jour même (Plutarque, Aristide, 20, 5). C'est aussi une feuille de laurier que mâchait, pendant ses transes prophétiques, la Pythie, servante du dieu.

Une belette... (Car., 16) : Telles rencontres en chemin peuvent avoir valeur de présage : Eschyle, Prométhée, 487. Le passage d'une belette est de mauvais augure : Aristophane, Assemblée des femmes, 792; Paroemiographi Graeci, éd. Leutsch-Schneidewin, I, p. 230, n° 84. Le superstitieux attend qu'intervienne un élément qui "coupe" l'effet du présage : un passant, qui va l'attirer sur lui-même ou bien le jet de trois pierres qui l'arrêteront (sur la valeur de trois comme nombre magique, cf. W. Deonna, Trois, superlatif absolu dans L'Antiquité classique, 23 [1954], p. 403-428).

Sabazios (Car., 16) : Sabazios, dieu phrygien importé à Athènes au Ve siècle, est souvent assimilé à Dionysos. Passant pour le fils de Perséphone et d'un Zeus-Serpent, il s'était lui-même vu associer le serpent comme animal sacré. Son culte, initiatique, comportait une procession au cours de laquelle les fidèles portaient et agitaient un serpent du type mentionné ici (Démosthène, Sur la couronne, 260); ce serpent "joufflu" est inoffensif : Élien, Histoire des animaux, VIII, 12.

herôon (Car., 16) : Ce mot est une correction convaincante apportée par la plupart des éditeurs à la leçon douteuse (hierôon ?) des manuscrits. L'herôon est un petit sanctuaire dédié à un héros, c'est-à-dire à l'un des demi-dieux de la mythologie ou à un mort héroïsé. Le serpent est fréquemment lié à l'iconographie héroïque. Les serpents sacrés sont nocifs (Aristote, Histoire des animaux, VIII, 607 a 30-31), mais leur apparition est d'heureux présage, d'où le geste de reconnaissance du superstitieux, érigeant une chapelle à l'endroit même de l'apparition.

les pierres ointes (Car., 16) : L'usage très primitif qui consiste à oindre des pierres-fétiches, attesté chez Homère, Odyssée, III, 406-411, est raillé, entre autres, par Lucien, Alexandre, 30, par Arnobe, Aduersus nationes, I, 39 et par Clément d'Alexandrie, Stromates, VII, 4, 49-50. Le superstitieux n'hésite pas à sacrifier, en passant par là, l'huile d'une fiole destinée au bain (cf. Car., 30, 8).

le devin (Car., 16) : Le devin ou exégète est le spécialiste, officiel ou non, que l'on consulte pour l'interprétation des oracles, prodiges, songes, etc. : Pollux, Onomasticon, VIII, 124. La profession est de celles où, évidemment, fleurissent des charlatans -- et, en l'occurrence, des humoristes !

Hécate (Car., 16) : Divinité originellement bienveillante et nourricière, Hécate s'était, au fil des temps, spécialisée dans la magie pour devenir la sombre déesse des sorcelleries et enchantements, dont le superstitieux croit déceler chez lui les tours malfaisants. Les statues d'Hécate, représentée comme une femme à trois corps ou à trois têtes, se dressaient surtout dans les carrefours, lieux chargés de magie : voir S.I. Johnston, Crossroads dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 88, 1991, p. 217-224; cf. aussi Car., 16, 13.

Athéna est la plus forte (Car., 16) : Le cri de la chouette est de mauvais augure (cf. Ménandre, fgt 844, 11 Kassel-Austin), mais son vol, à Athènes, est senti comme favorable (Aristophane, Guêpes, 1085-1086; cf. Plutarque, Thémistocle, 12, 1). La formule "Athéna est plus forte !" est apotropaïque, c'est-à-dire destinée à conjurer le présage.

Il refuse de marcher... (Car., 16) : Tout contact avec un mort ou une sépulture entraîne une souillure rituelle (cf. Euripide, Iphigénie en Tauride, 381-383), dont il faudra se purifier; de même l'acte de l'enfantement rend la demeure impure et exige ensuite une cérémonie cathartique.

du vin... des rameaux de myrte, de l'encens et des gâteaux (Car., 16) : Tous ingrédients nécessaires à un sacrifice domestique : Aristophane, Guêpes, 861 et 878; Ménandre, Dyscolos, 449-450.

Hermaphrodite (Car., 16) : Ce terme apparaît ici pour la première fois dans la littérature grecque. En fait, la divinité androgyne du nom d'Hermaphrodite, fils supposé d'Hermès et d'Aphrodite, relève d'une mythologie et d'une iconographie plus récentes. D'après une tradition très ancienne, le quatrième et le septième jours du mois sont sacrés (Hésiode, Travaux, 770; 800; 805-809; 819), le quatrième, plus particulièrement, étant regardé comme appartenant à Hermès et à Aphrodite (Hymne homérique à Hermès I, 19; Aristophane, Ploutos, 1128; scholie à Hésiode, Travaux, 800 b ); le septième jour, à vrai dire, n'est consacré qu'à Apollon (scholie à Hésiode, Travaux, 770 a), aussi la dévotion du superstitieux à Hermaphrodite, ce jour-là, n'est-elle que zèle intempestif ! Le pluriel du présent passage pourrait désigner des statuettes dans le genre des petits bustes (hermès) que l'on dénommera, à une époque nettement plus tardive, Hermathena, Hermeraclès (A. Jootian, art. Hermaphroditos dans LIMC, V, 1990, p. 269).

ornithologues (Car., 16) : L'interprétation des songes avait donné lieu à toute une littérature pseudo-scientifique, dont nous avons conservé des bribes, tel le traité d'Artémidore (IIe s. p.C.) intitulé La clé des songes; cet auteur s'était également intéressé à la chiromancie et à la divination tirée du comportement des oiseaux (= ornithomancie; c'est la "science" des augures romains). Le terme "ornithologue" adopté ici est très rarement employé en grec ancien, où l'observateur des oiseaux s'appelle ornithoscope; tel est effectivement le nom qu'utilise Théophraste (ici et Car., 19, 8). Mais ce dernier mot ne pouvait fournir un calque utilisable en français, où ce type de formations désigne ordinairement un instrument (microscope, sthétoscope...).

prêtres orphiques (Car., 16) : Plus que comme une véritable religion, l'orphisme se présente comme un courant mystique tel que la pensée grecque en avait développé à partir du VIe siècle a.C. Le mythe d'Orphée, d'origine obscure et très ancienne, dont l'épisode le plus célèbre est la descente aux Enfers du héros à la recherche de son épouse Eurydice, donna naissance à une théologie initiatique et à une doctrine de salut. Marquée par une souillure originelle, l'âme est condamnée à un cycle de réincarnations dont seule l'initiation pourra la faire sortir, pour la conduire vers une survie bienheureuse où l'humain rejoint le divin. On entrevoit cette eschatologie à travers une littérature poétique apocryphe, conservée sous le nom d'Orphée, et qui est principalement tardo-hellénistique, voire néoplatonicienne. Mais au IVe siècle a.C., la secte orphique avait été ternie par de pseudo-initiateurs, les Orphéotélestes, prêtres itinérants dont Platon dénonce le charlatanisme (République, 364 b-e); ce sont eux que vise la présente allusion.

dans la mer (Car., 16) : L'action purifiante de l'eau de mer, comme désinfectant hygiénique et comme symbole de nettoyage moral, est attestée par nombre de textes : cf. par exemple Iliade, I, 314; Sophocle, Ajax, 654-655; Euripide, Iphigénie en Tauride, 1193; etc. 

collier d'ail (Car., 16) : L'ail est un désinfectant traditionnel que portent en collier ou en couronne ceux qui passent ou travaillent aux carrefours -- en l'occurrence, les employés de voirie préposés au nettoyage ? Le superstitieux se croit souillé à la seule vue d'un homme qui s'est prémuni contre la contagion d'objets ou d'effluves maléfiques.

carrefours (Car., 16) : Les carrefours servent souvent de dépôts aux rebuts, et même aux cadavres des meurtriers : cf. Johnston (cf. Car., 16, n.), p. 222-224.

oignon de mer (Car., 16) : Sur la vertu purificatrice de l'oignon de mer (scille : plante bulbeuse de la famille des liliacées, dont les feuilles portent des hampes couronnées de fleurs bleues ou blanches), cf. Théophraste, Recherches sur les plantes, VII, 13, 4; Lucien, Alexandre, 47; Dion Chrysostome, 48, 17.

cadavre d'un chiot (Car., 16) : Sur le sacrifice cathartique de chiens dont le cadavre est porté autour de l'objet à purifier, afin d'enfermer celui-ci dans un cercle où le maléfice ne pourra entrer, cf. Plutarque, Questions romaines, 280 b-c; Idem, Romulus, 21, 10

cracher (Car., 16) : Cracher est un geste apotropaïque destiné à conjurer le mauvais sort qui peut s'attacher au paranormal que constituent les transports de l'aliénation et de l'épilepsie, maladies considérées comme "sacrées", c'est-à-dire démoniaques.

pli de son vêtement (Car., 16) : Le pli du vêtement (dit kolpos) est le retroussis que forme la tunique au-dessus de la ceinture. On sait que la tunique grecque, attachée à l'épaule d'un côté ou des deux, est ajustée à la taille par une ceinture qui dessine des plis bouffants : cela permet de remonter le vêtement jusqu'aux genoux et parfois un peu au dessus; l'ouverture autour du cou est toujours laissée plus large par devant que dans le dos, ce qui produit en avant une sorte de bec, avec plis étagés (cf. L. Heuzey, Histoire du costume antique, Paris, 1922, p. 63). Sur l'usage pratique du kolpos, cf. également Car., 6, 8 et Car., 22, 7.

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17. Le râleur (Notes)

rédacteur du plaidoyer (Car., 17) : En principe, les plaideurs athéniens se défendent eux-mêmes, sans avocat, mais il existe néanmoins, pour les gens qui en sont incapables, des écrivains-juristes spécialisés (logographes) qui rédigent, à titre onéreux, le plaidoyer à réciter lors du procès.

un prêt d'amis qui se sont cotisés (Car., 17) : Sur ce type de prêt, cf. Car., 15, n.

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18. Le méfiant (Notes)

portant lui-même son argent (Car., 18) : Alors que d'ordinaire c'est un esclave qui en est chargé : cf. Car., 23, 8.

les deux cents mètres (Car., 18) : Littéralement "à chaque stade", mesure de longueur équivalant à 177, 6 m.

dressoir (Car., 18) : Littéralement "l'armoire contenant les coupes". Il était courant de sceller les meubles renfermant des objets précieux : Aristophane, Lysistrata, 1194-1199; cf. aussi Thesmophories, 414-415 et 420-421; Diogène Laërce, IV, 59.

teinturier (Car., 18) : Ce malheureux artisan a non seulement la clientèle du méfiant (qui redoute qu'on lui gâte son vêtement, d'où son exigence d'une garantie préalable) mais aussi celle du pingre : cf. Car., 10, 14. -- Sur la caution ou garantie, cf. Car., 12, 4.

qu'il ne s'enfuit pas (Car., 18) : Il pouvait être tentant, pour l'esclave qui escortait son maître, de lui fausser compagnie à l'occasion d'une promenade. Cf. Platon, Protagoras, 310 c; Plaute, Curculio, 487.

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19. Le dégoûtant (Notes)

[de sorte qu'il est...] (Car., 19) : Conclusion des plus plates, trahissant une interpolation.

se gratte (Car., 19) : Texte ainsi corrigé par certains éditeurs, les leçons des manuscrits étant incertaines et de sens douteux.

sans s'être lavé (Car., 19) : Il est d'usage de se laver entre le dîner et le coucher. Cf. Aristophane, Assemblée des femmes, 419; Platon, Banquet, 223 d.

l'huile rance (Car., 19) : Huile rance qui répugne au profiteur indélicat et lui fait chiper celle de son voisin : cf. Car., 30, 8.

< ... > (Car., 18) : Certains éditeurs supposent ici une lacune et considèrent que les paragraphes 8-11 proviennent d'un autre chapitre (11 ?, 14 ?, 20 ?) des Caractères , voire d'un chapitre perdu. Un déplacement de ce genre est peut-être intervenu dans le portrait du Flagorneur (Car., 5 et note).

ornithologue (Car., 19) : Cf. Car., 16, 11 et n. Le "dégoûtant" personnage ajoute, par des paroles incongrues, aux mauvais présages que sa mère, au même moment, s'efforce de combattre en s'adressant à un devin.

laisse tomber sa coupe (Car., 19) : Coupe individuelle ou coupe rituelle (la coupe de la libation collective) ? De toute façon, laisser tomber un objet quelconque pendant un sacrifice était un fâcheux présage (cf. Plutarque, Crassus, 19) et rompre le silence religieux en pareille circonstance est le fait d'un individu grossier.

cracher (Car., 19) : La grossièreté n'est pas dans le geste en soi (cf. Xénophon, Mémorables, I, 2, 54) mais, en l'occurrence, dans l'intention manifestement provocante.

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[17 janvier 2002]

Bibliotheca Classica Selecta - UCL (FLTR