BCS - Autres traductions

TACITE : Agricola - Germanie - Débat sur les orateurs (Accueil - Introduction - Page précédente - Page suivante)


PVBLII CORNELII TACITI DIALOGVS DE ORATORIBVS

Débat sur les orateurs de Publius Cornelius Tacitus dit Tacite

Traduction nouvelle avec notes par Danielle De Clercq (Mars 2008)


 

TRADUCTION (XXVIII-XXXV)

 

4. CAUSES DU DÉCLIN DE L'ÉLOQUENCE (XXVIII-XL 1) (1e partie)

Enfance et éducation familiale des garçons d'hier (XXVIII)...

XXVIII. 1. Messalla : Elles ne sont pas bien cachées les raisons que tu recherches. Toi-même, tu n'es pas sans les connaître, pas plus (désignant tour à tour Secundus et Aper) que lui ou lui, même si vous m'imposez le rôle de proclamer tout haut ce que nous pensons tous ! 2. Car qui ignore que l'éloquence et tous les autres arts ont démérité de leur gloire d'autrefois non pas faute de représentants, mais à cause de l'apathie de la jeunesse, de la démission des parents et de l'oubli de la morale ancienne ? Ces maux sont d'abord apparus à Rome, se sont ensuite propagés à travers l'Italie et maintenant ils se répandent dans les provinces. 3. Du reste, vous ne savez que trop bien ce qui se passe chez vous. Moi, je parlerai de Rome, des défauts particuliers et bien de chez nous qui nous accueillent dès la naissance et s'amoncellent à chaque étape de la croissance.

Mais je tiendrai au préalable quelques propos relatifs à la sévérité et à la discipline de nos ancêtres quand il s'agissait d'éduquer et de former leurs enfants. 4. Il faut savoir qu'autrefois pour tout un chacun le fils que lui donnait sa vertueuse épouse n'était pas élevé dans la chambrette d'une nourrice qu'on achète, mais était soigné et choyé par sa mère, dont toute la fierté était de veiller à la bonne marche de sa maison et de se consacrer à ses enfants. 5. On choisissait en outre une parente plus âgée qui, en raison de ses qualités morales éprouvées et connues, pouvait se voir confier toute la progéniture d'une même famille. En sa présence il n'était pas question de tenir un propos qui parût inconvenant ou d'adopter un comportement qui parût immoral. 6. Ce n'était pas seulement les études et les travaux, mais aussi les moments de détente et les jeux de ses enfants que leur mère organisait avec, dirais-je, probité et retenue. Ainsi Cornelia, la mère des Gracques, ainsi Aurelia, celle de César, ainsi Atia, celle d'Auguste ont-elles, comme on le sait, mené leur éducation et formé ces fils de l'élite.

7. Cette discipline, cette sévérité tendaient à ce que, dans son état inné de pureté et d'intégrité qu'aucune perversion n'avait déformé, chaque enfant s'appropriât immédiatement et de tout son coeur tous les comportements dignes d'un homme libre, quelle que fût son inclination : métier des armes, connaissance du droit, étude de l'art oratoire. Il ne devait suivre que cette seule voie, s'en pénétrer complètement.

...et d'aujourd'hui (XXIX)

XXIX. 1. Mais aujourd'hui, dès sa naissance, le bébé est confié à je ne sais quelle petite Grecque, une bonniche, assortie de l'un ou l'autre esclave pris dans le tas, souvent quelqu'un qu'on n'a pas acheté bien cher et qui n'est pas du tout adapté au sérieux de la tâche. C'est de leurs fariboles et de leurs erreurs que sont aussitôt imprégnées les âmes dans leur fraîcheur et leur inexpérience. Personne non plus dans toute la maison ne prend garde à ses propos ou à son comportement devant ce maître encore sans parole. 2. Pire encore ! Les parents eux-mêmes n'habituent les tout-petits ni à la moralité ni à la retenue, mais au laisser-aller et à la raillerie, qui font que s'insinuent peu à peu effronterie et mépris de soi-même et des autres.

3. En vérité, les défauts propres et particuliers à notre ville me semblent quasiment conçus dans le sein même de la mère : engouement pour des vedettes de la scène et passion des gladiateurs et des chevaux. L'esprit qui en est occupé et assiégé, quelle place, si réduite soit-elle, laisse-t-il aux activités honnêtes ? Combien en trouve-t-on qui puissent parler d'autre chose chez eux ? De quoi d'autre discutent les adolescents lorsque nous les surprenons dans les salles de cours ? 4. Les professeurs souvent n'ont même pas d'autres sujets d'entretiens avec leurs élèves. Ils n'attirent des disciples ni par la sévérité de leur enseignement ni par l'enrichissement de leur expérience, mais les sollicitent par leurs visites et les charmes de l'adulation.

Qu'est ce qui est indispensable à la formation de l'orateur ? (XXX-XXXII)

Acquérir une culture générale sans cloisonnements (XXX)

XXX. 1. Je ne fais que passer sur l'enseignement élémentaire, pour lequel précisément on se donne trop peu de mal. Ni à la découverte des auteurs, ni à l'exposé de notre passé, ni à la connaissance des faits ou des personnages ou des époques on ne consacre assez de soin. 2. Mais on recherche ceux que l'on appelle rhéteurs. À quand remontent les débuts de cette profession à Rome, combien son poids a-t-il été dérisoire auprès de nos ancêtres, j'y reviendrai bientôt.

Mais je dois attirer l'attention sur la discipline, qui, nous le savons, a été pratiquée par les orateurs dont le labeur sans fin, la réflexion quotidienne et les exercices répétés dans des études de tout genre sont aussi contenus dans leurs propres oeuvres. 3. Nous connaissons en tout cas l'ouvrage de Cicéron intitulé Brutus, où, dans la dernière partie – car la première contient un rappel des anciens orateurs –, il rapporte ses débuts, ses progrès, en quelque sorte l'éducation de son éloquence. Il avait appris le droit civil auprès de Quintus Mucius, il s'est profondément pénétré de toutes les parties de la philosophie auprès de l'académicien Philon, auprès du stoïcien Diodote. Sans se contenter des savants qu'il avait trouvés à sa disposition à Rome, il a parcouru aussi la Grèce et l'Asie Mineure, pour embrasser toute la diversité de toutes les connaissances. 4. C'est pourquoi, par Hercule, dans les livres de Cicéron on peut saisir qu'aucune connaissance de géométrie, de musique, de grammaire, bref d'aucun art libéral ne lui a manqué. Oui, la subtilité de la dialectique, oui, les applications de la morale, oui, les mouvements et les causes de la nature, tout cela cet homme l'avait assimilé.

5. Il en est bien ainsi, gens d'élite, il en est ainsi : c'est d'une érudition multiple et de très nombreux savoirs et de la connaissance de l'univers que déborde et regorge cette admirable éloquence. Son domaine et ses capacités, comme il en est de toutes les autres choses, ne sont pas enfermés dans des limites étroites et restreintes, mais est orateur celui qui peut aborder toute question avec beauté et élégance, se montre apte à convaincre en fonction de la dignité du sujet et des circonstances, tout en donnant à ses auditeurs du plaisir.

Philosophie morale et psychologie (XXXI)

XXXI. 1. Voilà ce dont nos anciens étaient convaincus. Pour y arriver ils comprenaient qu'ils devaient, non pas déclamer, comme dans les écoles des rhéteurs, ni exercer leur langue et leur voix dans des controverses imaginaires et sans aucun rapport avec la réalité, mais remplir leur cœur des sciences dans lesquelles on traite des biens et des maux, de ce qui est honnête et de ce qui est déshonorant, de ce qui est juste et de ce qui est injuste, car c'est cela le matériau qui sous-tend l'art de la parole chez l'orateur.

2. En effet, presque toujours nous discutons dans les procès d'équité, dans les délibérations d'utilité, dans les éloges d'honnêteté, et bien souvent ces sujets sont même abordés indistinctement. En parler aisément en y mettant variété et élégance, personne ne peut le faire sans connaître la nature humaine, la puissance des vertus, la perversité des vices et aussi ce qui ne relève ni des vertus ni des vices.

3. De ce principe découle aussi ceci : on peut plus facilement ou exciter ou calmer la colère d'un juge en sachant ce qu'est la colère, et pousser ce juge à la compassion, en sachant ce qu'est la compassion et par quels mouvements de l'âme on la provoque. 4. L'orateur rompu à ces compétences et à leurs applications, qu'il ait à parler devant des juges hostiles ou partiaux ou jaloux ou sombres ou craintifs, prendra le pouls de ces personnalités en y appuyant les doigts selon le caractère de chacun, et réglera son discours avec son attirail tout prêt et en bonne place pour être utilisé.

5. Il est des juges auxquels un énoncé serré et concis qui résume aussitôt chaque argument inspire davantage de confiance. Avec eux, mieux vaudra s'être consacré à la dialectique. D'autres, c'est un discours fluide, au cours régulier et inspiré de la sensibilité commune qui les charmera. Pour les émouvoir, nous emprunterons aux Péripatéticiens des arguments adaptés au cas et prêts à servir dans toute discussion.

6. Les Académiciens y apporteront leur combativité, Platon sa profondeur, Xénophon son charme. Emprunter même à Épicure et Métrodore certaines tirades dignes de considération et les utiliser, dans la mesure où une cause l'exige, ne sera pas déplacé pour l'orateur.

7. En effet ce n'est pas un sage que nous façonnons ni un disciple des Stoïciens, mais celui qui doit s'abreuver de certaines connaissances doit les déguster toutes. C'est ainsi que les anciens orateurs maîtrisaient le droit civil et s'imprégnaient de grammaire, de musique, de géométrie. 8. Des causes, en effet, nous échoient, les plus nombreuses pour ne pas dire toutes, pour lesquelles la connaissance du droit ne peut faire défaut, beaucoup aussi pour lesquelles la formation scientifique dont j'ai parlé est requise.

Nécessité de posséder cette formation en profondeur (XXXII 1-2)

XXXII. 1. Qu'on ne me réponde pas qu'il nous suffit de nous faire inculquer à point nommé telle connaissance isolée et adaptée à tel cas. Tout d'abord, nous utilisons d'une façon ce qui nous appartient, d'une autre ce que nous empruntons, et il y a clairement une grande différence entre posséder ou emprunter ce dont on fait preuve. Ensuite la maîtrise de nombreuses connaissances nous met en valeur, même dans le cadre d'une autre activité, et c'est quand nous y pensons le moins qu'elle se distingue et donne le meilleur d'elle-même.

2. Tout cela l'auditeur instruit et avisé le comprend, mais tout autant les gens en général qui n'ont de cesse d'accompagner un homme de leurs éloges, reconnaissant ainsi qu'il a étudié comme il faut, qu'il a parcouru toutes les parties de l'art oratoire, bref qu'il est un orateur ! Cet homme, je le confirme, ne peut exister ni avoir jamais existé autrement que, s'il part au tribunal armé de tous ses arts, comme s'il partait au combat bardé de toutes ses armes.

Le manque de formation de l'orateur est la première raison du déclin de l'éloquence (XXXII 3-7)

3. Cette exigence est à ce point négligée par nos beaux parleurs d'aujourd'hui, que dans leurs plaidoiries on surprend des imperfections hideuses et scandaleuses de la langue familière. Ils ignorent aussi les lois, ne savent rien des sénatus-consultes, vont jusqu'à tourner en dérision les droits de nos concitoyens et surtout redoutent viscéralement l'étude de la sagesse et les leçons des gens compétents. 4. C'est à quelques très rares idées et à des formules étriquées qu'il réduisent l'éloquence en la bannissant carrément de leur royaume. Ainsi, maîtresse autrefois de tous les savoirs, elle comblait les cœurs avec son cortège si beau. Aujourd'hui, rognée, mutilée, privée de pompe, d'hommages, je dirais presque, de bonne naissance, elle est enseignée comme le plus vil des métiers.

5. Par conséquent, je juge que cette situation est la première et principale raison pour laquelle nous avons tellement reculé par rapport à l'éloquence des orateurs anciens. Si on réclame des témoins, lesquels vais-je citer de préférence à Démosthène chez les Grecs, qui fut, à ce qu'on rapporte, l'auditeur le plus attentif de Platon ?

6. Et Cicéron, rapporte, je crois en ces termes, que tout ce qu'il a réalisé en art oratoire, il y est arrivé "non là où se promenaient des rhéteurs, mais des Académiciens".

7. Il y a d'autres raisons, importantes et sérieuses. Ce serait à vous de les faire découvrir! Pour ma part, j'ai déjà rempli ma tâche et, comme d'habitude, j'ai heurté pas mal de gens qui, s'ils m'avaient par hasard entendu, diraient, j'en suis sûr, qu'en recommandant comme indispensable à l'orateur la connaissance du droit et de la philosophie, je me complais dans mes propres inepties.

Maternus demande à Messalla de prolonger son exposé (XXXIII 1-4)

XXXIII. 1. Maternus : À mon avis, tu n'as pas encore mené à bonne fin la tâche que tu as entreprise ! Tu sembles l'avoir à peine entamée en dégageant quelques repères et traits. 2. En effet, tu as dit de quelles connaissances les orateurs anciens étaient généralement munis et tu as montré la différence entre notre apathie et notre ignorance, et leurs études si exigeantes et si fécondes. J'attends le reste ! Je viens d'apprendre de toi ce qu'eux savaient et ce que nous ignorons. De même je veux découvrir aussi par quels exercices les jeunes gens qui allaient aborder le forum renforçaient et nourrissaient habituellement leurs facultés intellectuelles. 3. Car ce n'est pas seulement dans la maîtrise de connaissances, mais bien davantage dans la facilité d'élocution et l'exercice que tient l'éloquence, et je ne pense pas que tu le nieras et eux (désignant Aper et Secundus) pensent visiblement la même chose.

4. Aper et Secundus marquèrent aussi leur accord. Déjà Messalla reprenait son exposé.

L'éducation oratoire ancienne : partager l'expérience d'un grand maître du barreau (XXXIII 4-XXXIV)

Messalla : Puisque je crois avoir suffisamment montré les débuts et les origines de l'éloquence ancienne, en exposant de quels savoirs les orateurs anciens étaient munis et instruits, je poursuivrai avec leur exercices. 5. Toutefois l'exercice est contenu dans les savoirs eux-mêmes et personne ne peut assimiler tant de choses si secrètes, si diverses sans que la réflexion ne donne accès à la connaissance, la facilité d'expression à la réflexion, l'usage de l'éloquence à la facilité d'expression. Il en résulte que la démarche pour assimiler ce qu'on a à exposer est identique à celle pour exposer ce qu'on a appris. 6. Mais si on trouve cela assez obscur et qu'on sépare la connaissance de l'exercice, on reconnaîtra à coup sûr que l'esprit formé et rempli de ces connaissances arrivera bien mieux préparé aux exercices qui semblent n'être réservés qu'à des orateurs.

XXXIV. 1. Ainsi, chez nos aïeux, le jeune homme qui se destinait au barreau et à l'éloquence, imprégné déjà de la discipline familiale, l'esprit enrichi de bonnes études, était conduit par son père ou des proches chez l'orateur qui occupait le premier rang dans la cité. 2. Il ne cessait d'escorter celui-ci, de l'accompagner, d'assister à toutes ses prises de parole au cours de procès ou dans les assemblées, de telle sorte qu'il assumait même des passes oratoires et prenait part aux prises de bec. Ainsi, dirais-je, c'était au combat qu'il apprenait à se battre. 3. Ces jeunes gens en tiraient directement une grande expérience, beaucoup d'assurance, un jugement très affiné car ils étudiaient en plein jour et au coeur même de situations critiques, où personne ne tient impunément des propos sots ou contradictoires sans que le juge ne les repousse avec mépris ou que la partie adverse ne se répande en reproches et qu'enfin les défenseurs mêmes ne les désavouent.

4. Par conséquent ils étaient imprégnés directement de la véritable éloquence telle qu'en elle-même. S'ils ne s'attachaient qu'à un seul avocat, ils apprenaient cependant à connaître tous ses contemporains au cours de bien des causes et dans bien des tribunaux. Par lui-même, le public leur donnait l'occasion d'aborder des auditeurs très diversifiés, d'où ils déduisaient facilement ce qui dans chaque orateur était apprécié ou déplaisait.

5. Ainsi ne manquaient-ils ni d'un maître, le meilleur, certes, à la supériorité incontestée, qui leur montrait le visage de l'éloquence et non son image, ni d'adversaires et de concurrents qui luttaient en croisant le fer, non des fleurets, ni d'un auditoire toujours rempli, toujours renouvelé, formé d'envieux et de sympathisants. Ainsi ce qui était bien ou mal dit ne passait inaperçu. Vous savez en effet que cette grande éloquence appelée à durer ne construisait pas moins sa renommée sur les bancs d'autres parties que celles qu'elle défendait. Bien plus c'est de là qu'elle se dressait avec plus de fermeté, c'est là qu'elle se renforçait plus solidement. 6. Et, par Hercule, sous la conduite de tels maîtres, ce jeune homme, dont nous parlons, disciple d'orateurs, élève du forum, assidûment présent aux procès, instruit par les expériences d'autrui, dont il était un témoin habituel, à qui une écoute quotidienne avait inculqué les lois, à qui les visages des juges n'étaient pas inconnus, qui connaissait le fonctionnement des assemblées pour y avoir souvent assisté, qui en tant que demandeur ou défendeur avait éprouvé les réactions du public, eh bien ! ce jeune homme, une fois seul et livré à lui-même, était à même d'aborder n'importe quelle cause.

7. À dix-huit ans Lucius Crassus plaida contre Gaius Carbon, à vingt ans César contre Dolabella, à vingt-et-un Asinius Pollion contre Gaius Caton, et, à peine plus âgé, Calvus contre Vatinius, et leurs discours, aujourd'hui encore, nous les lisons avec délectation.

L'éducation oratoire moderne (XXXV)

XXXV. 1. Mais aujourd'hui nos petits jeunes gens sont conduits dans les écoles de ces messieurs appelés rhéteurs. Ceux-ci sont apparus avant l'époque de Cicéron et manifestement ils n'ont pas plu à nos ancêtres puisqu'ils ont reçu l'ordre de Crassus et Domitius qui exerçaient la censure de fermer ce que Cicéron appelle leur « endroit où on joue à dévergonder ».

2. Or, comme j'avais commencé à en parler, ils sont conduits dans des écoles, où il ne me serait pas facile de dire si c'est l'endroit lui-même ou les condisciples ou le genre d'études ce qui fait le plus de mal aux esprits. 3. En effet, on ne trouve en ce lieu rien qui inspire le respect. Tous y entrent aussi peu instruits les uns que les autres. Au sein des condisciples pas de progrès, puisque les gamins entre gamins, les petits jeunes gens entre petits jeunes gens y parlent et se font écouter avec un égal sentiment d'insouciance. Quant aux exercices eux-mêmes, ils sont pour la plupart mal ciblés. 4. En effet, on le sait, deux types d'argumentation sont traités chez les rhéteurs, les discours persuasifs et les controverses. Les discours persuasifs ont certes beau être réservés aux gamins comme étant bien plus abordables et exigeant moins de connaissances pratiques, les controverses aux plus aguerris, quels discours faut-il entendre, grands dieux, quelles invraisemblances ! Il s'ensuit aussi que le style déclamatoire s'applique à des sujets incompatibles avec la réalité. 5. Ainsi les récompenses des tyrannicides ou les dilemmes de femmes violées ou les remèdes contre une épidémie ou les mères incestueuses ou tout autre sujet traité à l'école, rarement ou jamais au forum, tout cela se voit développé en termes grandiloquents. Lorsque devant de vrais juges...»

(Lacune : il manque la fin de l'exposé de Messalla et le début de celui de Secundus [?])


Haut de page - Accueil - Introduction - Page précédente - Page suivante