Hodoi Electronikai - Helios - Bibliotheca Classica Selecta - Plan du précis grammatical


Appendice : Les règles de base de L'accentuation (600)


Plan

    
      Introduction [605]
            Notions préliminaires [606]
      Règles générales [610]
            La quantité des voyelles [611]
            Loi de limitation [615]
            Loi σωτῆρα [620]
      Proclitiques et enclitiques [630]
            Proclitiques [635]
            Enclitiques [640]
      L'accent dans les déclinaisons [660]
            Les noms [661]
            Les adjectifs [670]
      L'accent dans les conjugaisons [675]
            Règle générale [676]
            Les infinitifs [677]
            Les participes [678]
            Les impératifs [679]
 

 

 

605. Introduction
 

606. Quelques notions préliminaires

   Chaque mot grec, à l'exception des proclitiques [635] et des enclitiques [640], comporte une syllabe tonique, frappée par un accent de hauteur. Cet accent peut être :
    - aigu  : λω, πατρ ; il peut frapper une voyelle longue ou brève ;
    - grave : ἀγαθς ἄνθρωπος ; il remplace l'aigu à la fin d'un mot (sauf devant ponctuation ou enclitique) ;
    - circonflexe : καλς ; il ne peut frapper qu'une voyelle longue ou une diphtongue.

    Un mot accentué est appelé :
    - oxyton, lorsqu'il porte l'aigu sur la dernière syllabe : θες ;
    - paroxyton, lorsqu'il porte l'aigu sur l'avant-dernière voyelle (pénultième) : παρθνος ;
    - proparoxyton, lorsqu'il porte l'aigu sur l'avant-avant-dernière voyelle (antépénultième) : νθρωπος ;
    - périspomène, lorsqu'il porte le circonflexe sur la dernière voyelle, longue : καλς ;
    - propérispomène, lorsqu'il porte le circonflexe sur l'avant-dernière (pénultième) voyelle, longue : δρον.
    - baryton, lorsqu'il porte sur sa dernière voyelle un accent grave.

    L'accent premier d'un mot est celui du lemme cité dans le dictionnaire : nominatif singulier des noms et pronoms, nominatif masculin singulier des adjectifs, première personne du singulier de l'indicatif présent des verbes.

    En cas d'élision, les conjonctions et les prépositions élidées perdent leur accent, mais les autres mots élidés le reportent sur la syllabe précédente, et, en cas de crase, le premier mot perd son accent. Ainsi :
    παρ αὐτοῦ > παρ᾿αὐτοῦ
    ἀλλ ἐγώ > ἀλλ᾿ἐγώ
    πολλ ἔπαθον
 > πλλ᾿ἔπαθον

    τ αὐτό > τατό
    τ ὄνομα
 > τονομα
    ἐγ οἶδα > ἐγδα
 

610. Les règles de base de l'accentuation
 

611. La quantité des voyelles

    La place de l'accent en grec est liée à la quantité, brève ou longue, des voyelles et diphtongues, dans les trois dernières syllabes d'un mot. Une longue compte pour deux brèves. (Il ne faut pas confondre les voyelles longues ou brèves par nature, avec les syllabes longues par position, qui interviennent dans la prosodie).

    Voyelles brèves (par nature) : ε - ο -  - - ῠ.
    Voyelles longues (par nature) : η - ω -
-   - - ᾳ  - ῃ - ῳ.
    Diphtongues longues (par nature) : αι - αυ - ει - ευ - οι - ου (mais αι et οι sont considérées comme brèves, à la fin d'un mot, sauf exception). Le dictionnaire indique la quantité de - - ῠ ou -  - ῡ.
 

612. Les voyelles résultant de contractions [015] sont longues. L'accent de la voyelle contractée est celui de la voyelle accentuée avant la contraction : circonflexe s'il frappe la première ; aigu, s'il frappe la seconde. Par exemple :
    τιμ < τιμά-ω
    τιμμεν < τιμάομεν
    τιμμεθα < τιμαόμεθα
    τεῖχος, τείχους, τειχν < τειχέ-ων
    ν < ἐάν.
 

615. Loi de limitation

    L'accent ne peut jamais remonter au-delà de trois temps de brève, à compter de la fin du mot. Dès lors, un accent aigu peut frapper une voyelle présente dans une des trois dernières syllabes d'un mot ; un accent circonflexe peut frapper une voyelle longue (équivalant à deux brèves) présente dans l'une des deux dernières  syllabes.

    Un mot, dont la voyelle finale est brève, pourra être :
        - oxyton : ἀγαθός
        - paroxyton : λελυμνος
        - proparoxyton : λυμενος
        - propérispomène : τιμμεν

et un mot, dont la voyelle finale est longue, pourra être :
        - oxyton : ἀγαθούς
        - paroxyton : λελυμνους
        - périspomène : ἀγαθς.

    La loi de limitation impose donc des changements au cours de la déclinaison et de la conjugaison. Ainsi, par exemple :
- dans la déclinaison, l'accent frappe partout la même voyelle qu'au nominatif singulier, sauf si la loi de limitation s'y oppose. 
    N. : νομα, G. sg. : ὀνματος, G. pl. : ὀνομτων
   
N. : σμα,  G. sg. : σματος, G. pl. : σωμτων

- dans la conjugaison, l'accent remonte généralement le plus haut possible, sauf si la loi de limitation s'y oppose. Ainsi, par exemple :
    λομαι, λυμεθα.

    Les principales règles concernant l'accentuation dans les déclinaisons et les conjugaisons sont exposées infra [660ss].
 

620. Loi de la pénultième longue accentuée (loi σωτῆρα)

    Quand la voyelle de l'avant-dernière syllabe doit recevoir l'accent et est longue, cet accent sera toujours circonflexe, si la voyelle de la dernière syllabe est brève. Ainsi, par exemple :
    σωτρ devient σωτρα à l'accusatif et σωτρος au génitif
    πολτης devient πολτα au vocatif et πολται au nominatif pluriel
    ἀγν
devient ἀγνος, ἀγνες...

 

 630. proclitiques et enclitiques
 

    Un certain nombre de mots courts ne sont normalement pas accentués.

635. Les proclitiques

    Quelques monosyllabes, appelés proclitiques, n'ont pas d'accent propre, s'appuyant sur le mot accentué qui les suit. Sont proclitiques :
   - quatre formes de l'article : ὁ, ἡ, οἱ, αἱ
   - quatre prépositions : ἐν dans, εἰς (ἐς) vers, ἐκ (ἐξ) hors de, ὡς vers
   -
deux conjonctions : εἰ si, ς comme
   - la négation : οὐ (οὐκ, οὐχ).

    Seul οὐ, en fin de phrase, prend un accent : βούλονται μὲν δύνανται δ' οὔ.
    Un proclitique est accentué s'il est suivi d'un enclititique [645].
 

640. Les enclitiques

   Les enclitiques sont des mots d'une ou de deux syllabes, dépourvus d'accent propre, et s'appuyant  sur le mot qui les précède. Sont enclitiques :
    - le pronom indéfini τις, τι quelqu'un, quelque chose (à tous les cas, sauf ἄττα)
    - les adverbes indéfinis πῃ, ποθεν, ποι, ποτε, πως, πω
    -
les formes monosyllabiques des pronoms personnels : μου, μοι, με, σου, σοι, σε, (οὑ, οἱ, ἑ)
   
- les particules γε, τε, τοι, νυν, περ, κε(ν)
   
- les formes dissyllabiques de l'indicatif présent de εἰμι je suis et de φημι je dis.
 

645. Règles des enclitiques

    Devant un enclitique monosyllabique, oxyton, paroxyton, périspomène restent inchangés, l'aigu de l'oxyton ne se transformant pas en grave ; proparoxyton et propérispomène conservent leur accent propre et prennent un second accent aigu (accent d'enclise) sur leur voyelle finale.

    ἀγαθός τις
    χρυσοῦς τις
    νέος τις 

oxyton + encl. monosyllabique
périspomène + encl. monosyllabique
paroxyton + encl. monosyllabique

inchangé

    κοῦφς τις
    ἔνδοξς τις

propérispomène + encl. monosyllabique
proparoxyton + encl. monosyllabique

accent d'enclise


    Devant un enclitique dissyllabique, oxyton et périspomène restent inchangés, l'aigu de l'oxyton ne se transformant pas en grave ; paroxyton reste inchangé, mais l'enclitique reçoit un accent  sur sa voyelle finale ; proparoxyton et propérispomène conservent leur accent propre et prennent un accent d'enclise sur leur voyelle finale.

    ἀγαθός τινα
    χρυσοῦς τινα

oxyton + encl. dissyllabique
périspomène + encl. dissyllabique

inchangé

    νέον τιν / τινν

paroxyton + encl. dissyllabique

accent sur encl.

    κοῦφν τινα
    ἔνδοξν τινα

propérispomène + encl. dissyllabique
proparoxyton + encl. dissyllabique

accent d'enclise

 

652. Un proclitique suivi d'un enclititique prend un accent d'enclise : εἴ τις, οὔ φημι, ἔκ τινων.

    Quand deux ou plusieurs enclitiques se suivent, tous, sauf le dernier reçoivent un accent aigu sur leur voyelle finale : εἴ τς φησ ποτε, εἴ γ τς σο ποτε.

 

660.  l'accent dans la déclinaison
 

661. Les noms

662. Mises à part quelques exceptions, l'accent premier (celui du nominatif singulier, fourni par le dictionnaire) reste fixe, dans la mesure où le permet la loi de limitation :  νθρωπος, ἀνθρπους. Les voyelles résultant d'une contraction sont toujours longues : θαλαττν (<θαλατταων). Les diphtongues sont longues, sauf οι et αι du N. pl. qui sont brèves du point de vue de l'accentuation.
 

665. Quand, dans le cours de la déclinaison, la finale longue est accentuée, les cas directs (N. V. A.) sont oxytons et les cas obliques (G. et D.) sont périspomènes, comme le montrent ces modèles :

  Sg. Pl. Sg. Pl.
N ἡ τιμ-ή αἱ τιμ-αί ὁ γεωργ-ός οἱ γεωργ-οί
V    τιμ-ή    τιμ-αί    γεωργ-έ    γεωργ-οί
A τὴν τιμ-ήν τὰς τιμ-άς τὸν γεωργ-όν τοὺς γεωργ-ούς
G τῆς τιμ-ῆς τῶν τιμ-ῶν τοῦ γεωργ-οῦ τῶν γεωργ-ῶν
D τῇ τιμ-ῇ ταῖς τιμ-αῖς τῷ γεωργ- τοῖς γεωργ-οῖς


666.
Le génitif pluriel de la première déclinaison est toujours périspomène, ῶν  provenant en fait de άων :
             
θαλαττν - ἀγορν - πολιτν.
 

667. Les substantifs monosyllabiques de la troisième déclinaison sont accentués sur la finale, aux cas obliques du singulier et du pluriel. L'accent est aigu sur une brève, circonflexe sur une longue :
            Sg. : θήρ θήρ θῆρα θηρς θηρ
           
Pl.  : θῆρες θῆρες θῆρας θηρν θηρσ.

    C'est le cas aussi de quelques noms dissyllabiques, dont γυνή, ἀνήρ, κύων, πατήρ, etc.
 

668. Le vocatif de nombreux noms fait remonter l'accent : V. de δεσπότης : δσποτα  ; V. de πατήρ : πτερ ; V. de Ἀπόλλων : πολλον, etc.
 

669. Exceptions apparentes à la loi de limitation : par exemple, les génitifs singulier et pluriel de πόλις sont πλεως et πλεων, qui s'expliquent par l'ancienne forme πόλη-ος, avant la métathèse de quantité [017b].
 

670. Les adjectifs

    L'accent premier des adjectifs est fourni par le dictionnaire. Les comparatifs et superlatifs remontent tous l'accent le plus haut possible.

    L'accent conserve, au féminin et au neutre, la même place qu'au masculin, dans la mesure permise par la loi de limitation. Les participes féminins suivent la même règle que les adjectifs, le G. f. pl., contrairement à celui des noms de la première déclinaison, se comporte comme le masculin. On notera cependant que les participes présent, futur, aoriste, parfait actifs, et aoriste passif (type : λύουσα, λύσουσα, λύσασα, λελυκυῖα, λυθεῖσα), sont toujours  périspomènes au G. pl.

Quelques exemples :

ἐλεύθερος, ἐλευθρᾱ - λυόμενος, λυομνη [l'accent change à cause de la loi de limitation]
ἐλεθεραι - λυμεναι
[N. f. pl. ; l'accent retrouve sa place].
ἐλευθρων [G. f. pl. de l'adjectif], à côté des noms féminins toujours périspomènes : ἀγορῶν, ἡμερῶν].

 

675. Principales regles sur L'accent dans la conjugaison
 

676. Règle générale

   Dans la conjugaison, l'accent remonte le plus haut possible, dans la limite permise par la loi de limitation, c'est-à-dire jusqu'au troisième temps de brève. La voyelle longue de l'avant-dernière syllabe ne compte que pour une brève ; les voyelles résultant d'une contraction comptent pour deux brèves. Les finales en αι, οι, sont considérées comme brèves, sauf à l'optatif. Ainsi par exemple :

παιδεύουσι - παιδεύει -  παιδεύειν
τιμ (<τιμάω) - τιμμεθα (<τιμαόμεθα) - τιμται (<τιμάεται)
- τιμν (<τιμάειν).
βαλ (<βαλέσω) - ἀγγελοῦμαι (<ἀγγελέσομαι)
δηλοῖ (<δηλόει)
λύοι, λύσαι
(= λύσειε) [optatif présent et aoriste actifs, 3ème p. sg.].

    Les principales exceptions à cette règle concernent surtout des  infinitifs et des participes, mentionnés ci-dessous. Ne sont pas citées les formes qui ne sont que des exceptions apparentes dues à des contractions : ποιεῖν, τιμᾶν...
 

677. Infinitifs ne remontant pas l'accent

    Certains infinitifs sont paroxytons ou propérispomènes, c-à-d. portent toujours l'accent sur la voyelle ou la diphtongue de l'avant-dernière syllabe. L'accent est circonflexe sur une longue, et aigu sur une brève.

Infinitifs paroxytons ou propérispomènes

en -ναι - εἶναι, ἰέναι, διδόναι, τιθέναι, δεικνύναι... inf. présent actif
  - δοῦναι, βῆναι, γνῶναι, χαρῆναι... inf. aoriste actif
  - λυθῆναι, λειφθῆναι, γραφῆναι... inf. aoriste passif en θη/η
  - λελυκέναι, δεδωκέναι, λελοιπέναι...

inf. parfait actif

   τεθνάναι, ἑστάναι, δεδιέναι... inf. parfait actif sans κ
en -σαι (ou αι) - παιδεῦσαι, νομίσαι, ἀγγεῖλαι... inf. aoriste moyen en sigma
en -σθαι - λιπέσθαι, δόσθαι... inf. aoriste moyen en ε/ο et en μι
  - λελύσθαι, δεδόσθαι... inf. parfait médio-passif

Infinitifs périspomènes

en -εῖν -λιπεῖν, εἰπεῖν... aoriste actif en ε/ο

 

678. Participes ne remontant pas l'accent

    Certains participes, oxytons, sont toujours accentués, au nominatif masculin singulier, sur la voyelle de la syllabe finale. D'autres, paroxytons ou propérispomènes, portent l'accent sur la voyelle ou la diphtongue de l'avant-dernière syllabe. Le neutre et le féminin conservent la place de l'accent premier.
 

Participes oxytons

en - ών, όν - λιπών - εὑρών... part. aoriste actif en ε/ο
en - (θ)είς, (θ)έν - λυθείς - γραφείς... part. aoriste en θη/η
en - ώς, ός - λελύκώς - γεγονώς - δεδιώς - ἑστώς...

part. parfait actif

en - ς, (G. -ντος) - διδούς - τιθείς -ἱστάς - δεικνύς... (+  ἰών, ἰόντος) part. présent  actif
  - δούς, δόν - θείς, θέν -στάς, στάν... part. aoriste actif en μι

Participes paroxytons

en  - σας (G. -σαντος)(/ας) - λύσας - ἀγγείλας - φθείρας... aoriste actif en sigma
en - μένος - λελυμένος, δεδομένος... parfait médio-passif

 

679. Impératifs ne remontant pas l'accent

   Citons encore des impératifs où l'accent ne remonte pas,  à la 2ème p. du sg. de l'aoriste en ε/ο :

- cinq impératifs actifs, oxytons : εἰπέ, ἐλθέ, εὑρέ, ἰδέ, λαβέ
- tous les impératifs aoristes moyens, périspomènes : γενοῦ, πιθοῦ, ἱκοῦ...


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