FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 23 - janvier-juin 2012


Le Virgile de Jean d’Outremeuse :

le panier et la vengeance (III)


La Weltchronik de Jans Enikel (XIIIe siècle)

 

par

 

Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet

 

 

3. La Weltchronik de Jans Enikel

            Jans Enikel, qui vécut à Vienne au XIIIe siècle, écrivit, en moyen haut allemand, dans le dernier quart du siècle, une Chronique universelle de près de 29.000 vers, allant de la création du monde à la mort de Frédéric II (1194-1250). L’histoire des amours et de la vengeance de Virgile y occupe quelque 350 vers (23.785-24.138) dans la section consacrée à Domitien (Domicjanus, 23.433-24.224) ; elle fait suite à un développement destiné à expliquer comment Virgile était devenu un maître magicien.

            Le caractère de magicien du Virgile médiéval est un motif classé. Mais la manière dont il avait acquis ses talents magiques a été racontée de diverses manières par les auteurs médiévaux. Ces récits constituent donc des variations libres sur un motif classé. Pour Jans Enikel, c’est en travaillant la terre d’un vignoble que Virgile aurait découvert une bouteille en verre où se trouvaient enfermés soixante-douze démons. Il avait accepté de les libérer à la condition qu’ils lui enseignent les secrets de la magie.

            L’exposé de Jans Enikel présente ensuite quelques réalisations virgiliennes en matière de magie, sujet délicat, toujours très suspect dans le moyen âge chrétien. Le chroniqueur aura donc grand soin de prendre ses distances envers la magie et de mettre ses lecteurs en garde vis-à-vis de Virgile : « c’était un vrai païen, aveugle vis-à-vis de la vraie foi, un fils de l’enfer » (23.700-3). Après ces précautions, il en arrive à ce qui est manifestement pour lui l’essentiel du récit, l’histoire des amours de Virgile.

            L’ancrage chronologique n’est plus le même : nous sommes à l’époque de Domitien. Mais ce qui nous intéresse davantage, ce sont les variations, nouvelles pour nous, qui concernent le statut matrimonial et les mobiles profonds de la dame qu’aime Virgile. Dans beaucoup de récits, cette dernière minaude, feint l’honnêteté, voire l’amour, pour mieux séduire son amoureux, le faire entrer dans le panier et le tourner en ridicule. Jans Enikel, lui, va mettre en scène, non pas une jeune fille qui aguiche l’homme, mais une dame mariée, honnête et fidèle, qui ne se contente pas de repousser son séducteur mais le menace de mettre son époux au courant de ses avances. Si, dans tous les récits, Virgile tombe amoureux d’une dame qui l’attire (motif classé), la situation et les mobiles de cette dernière peuvent varier (variations libres).

*

            Nous allons donner, en traduction française, une grande partie de la version de Jans Enikel, une des plus détaillées de celles qui existent. L'histoire commence de la manière suivante :

 

    (23.785-23.808) Il [=Virgile] faisait la cour à une femme de la bonne société, qui vivait à Rome et à qui il demandait souvent de se plier à ses désirs. Mais la femme était fidèle et ne désirait pas lui accorder ce qu’il attendait d’elle. Virgile ne cessait pourtant de la courtiser, disant qu’il mourrait avant de renoncer, que son amour lui convenait bien. Elle lui dit : « Votre folie vous causera beaucoup de mal lorsque je mettrai mon mari au courant. Et même si vous étiez plus beau qu’Absalon, mon amour vous est refusé. Je suis bien trop chaste pour vous. Chaque pierre devrait se briser avant que je vous accorde vraiment ce que vous attendez de moi. Allez-vous-en, laissez-moi en paix. Mon mari vous tuera. Je vais certainement lui parler. Votre discours est inconvenant. »

 

            Mais loin de renoncer, Virgile continue à la poursuivre de ses assiduités, les accompagnant même de riches cadeaux en or et en argent. En fin de compte, l’épouse s’adresse à son mari (variation libre aussi que cette intervention d’une tierce personne, en l’espèce le mari), cherchant auprès de lui aide, conseil et protection.

 

     (23.816-23.830) « Vous êtes un homme sage, et pas tellement vieux. Voyez comment je pourrais préserver la chasteté que j’ai gardée avec soin depuis mon enfance. Je dois atteindre la vieillesse dans l’honneur, si telle est votre volonté. Maintenant, donnez-moi vite un conseil, pour que je puisse échapper à Virgile. Son amour est pour moi une cause de détresse et de souffrance. Considérez comment je pourrais échapper à ses sortilèges et ainsi préserver mon honneur »

   (23.831-23.876) Son mari lui répondit aussitôt : « Madame, votre déshonneur et votre disgrâce m’affecteraient profondément. Si habile soit-il, je vais essayer de le déshonorer. Dès lors, Madame, suivez mon conseil : envoyez-lui immédiatement un message et promettez-lui, ma femme bien-aimée, de céder cette nuit même à sa volonté, et dites-lui que vous avez bien réfléchi à tout. Vous devriez lui raconter une histoire, selon laquelle je vous aurais quittée dans la fureur et la rage, et dites-lui que vous avez perdu en vain mes faveurs. Dites-lui aussi qu’il ne peut venir chez vous tout de suite parce que je vous surveille étroitement. Dites : " Je pense sage de faire descendre une corbeille jusqu’à vous. Vous vous y assiérez tranquillement. Vous ne devez pas vous inquiéter, car personne ne le saura. Je vous hisserai avec joie dans ma tour. Je ferai alors ce que vous voulez ". Quand il verra votre désir, il sera absolument sans crainte. »

    La femme fit ce que son époux lui avait dit et envoya dire à Virgile : « Si vous êtes un brave guerrier, vous me le prouverez aujourd’hui. Cette nuit, je me donnerai à vous et vous appartiendrai. Mon époux n’a pas été bien avisé en me battant fortement. C’est pourquoi je vous conseille de venir chez moi cette nuit. Ce que vous attendez de moi, je le ferai alors. Pour moi, partout, rien ne m’est aussi pénible que mon époux. Je veux lui faire beaucoup de mal. »

 

            Dans ce récit très détaillé, le mari, on le voit, joue un rôle important. C’est lui qui dicte avec précision à son épouse la conduite à tenir pour préserver son honneur à elle et déshonorer Virgile ; c’est lui qui échafaude le plan destiné à humilier l’importun. L’épouse, honnête, sérieuse et fidèle, ne fait que le mettre en œuvre : elle ne prend aucune initiative personnelle. Obéissante et docile, elle n’est pas l’instigatrice, mais un simple instrument. On va d’ailleurs voir dans la suite que le mari reste auprès d’elle pendant les opérations. Avec toutes ces précisions, on ne quitte pas le registre des amplifications narratives et des variantes sur le motif classé.

 

     [23.889-23.914] À la nuit noire, Virgile se rendit à la tour. Il lança un caillou contre la fenêtre pour faire du bruit. Alors la dame rapidement et calmement ouvrit la fenêtre. Son mari était avec elle. Elle regarda  vers le bas et dit : « Êtes-vous là, Virgile ? » Il répondit : « Belle Dame, descendez la corbeille et je m’y installerai. » (Elle avait là une bonne idée !) Aussitôt elle fit descendre la corbeille, comme le demandait Virgile, qui s’y installa aussitôt (Elle avait là une bonne idée !). Sachant bien ce qu’elle faisait, elle le hissa le long de la tour, à peu près à la hauteur de trois étages, mais pas plus. Elle bloqua alors la corbeille et laissa Virgile suspendu à ce niveau. Il n’était pas arrivé à ses fins. C’était une femme pure ; chaste et magnifique était son corps.

 

Le chroniqueur va maintenant s’attarder sur l’humiliation infligée à Virgile.

 

     [23.915- 23.950] Le lendemain matin au lever du jour, on rapporta aux Romains que le sage Virgile était suspendu sur la tour. « Je ne puis le croire, si je ne le vois pas, car il est plus habile que n’importe qui, homme ou femme. Une telle chose est impossible. Nuit et jour, il est sage. » La rumeur disait que c’était ainsi. Alors les Romains allèrent vérifier ce témoignage. Après, le mari sur sa monture s’approcha de Virgile, comme s’il rentrait de voyage. Virgile pouvait à peine être sauvé, tant étaient grandes sa peine et sa souffrance. Chacun demandait : « Comment se fait-il, Virgile, que vous soyez suspendu ici ? ». Et Virgile répondait calmement : « Je l’ai voulu ainsi ». Ensuite le mari lui dit : « Qui donc vous a amené à cette tour, pour que je vous trouve suspendu à mon mur ? J’imagine que cela doit vous rendre malade. Je le regrette pour vous : vous êtes déshonoré ». Aussitôt le mari fit descendre le sage de la tour, ce qui permit à tout le peuple de le voir. Virgile en souffrit beaucoup dans son corps et dans son cœur.

 

            Ici aussi les motifs classés du panier resté suspendu et de l’humiliation de Virgile sont nourris de détails narratifs, qui ne font que développer le schéma imposé. Le mari, resté aux côtés de son épouse, feint même d’être revenu et interpelle Virgile, suspendu à mi-hauteur de la tour. Puis il le fait descendre, pour que tous les assistants puissent profiter de sa déconvenue et de sa honte.

            Mais on ne ridiculise pas impunément quelqu’un de la trempe de Virgile. Celui-ci va se venger sur la dame et sa famille. Ce sera – motif classé – l’extinction des feux. Mais ici encore, la liberté du narrateur va donner du corps au récit, sans toutefois qu’il soit ici fait appel, comme dans le récit des Gesta Romanorum, aux motifs facultatifs de la punition, du jugement et de la condamnation. Jans Enikel développe un autre type de variante : c’est auprès de Virgile, en la sagesse de qui ils ont confiance, que les Romains, en détresse, vont chercher aide et conseil. Ils ignorent totalement, semble-t-il, que Virgile est lui-même à l’origine de leurs malheurs. Voyons le texte.

 

     [23.951-23.960] Dès qu’il fut déposé sur le sol sur l’ordre du maître de maison, Virgile commença à réfléchir à la manière dont il pourrait nuire à la réputation de la dame et jeter en même temps le discrédit sur toute sa famille. Ce n’était pas chose facile.

     [23.961-23.970] Alors ce païen de Virgile fit en sorte que tous les feux à Rome soient éteints. Ce fut un miracle qu’il y ait eu des survivants. Les gens ne pouvaient plus cuire leur pain ou leurs aliments. Ils ne pouvaient plus brasser la bière. Ils étaient accablés. Ils souffraient beaucoup et étaient presque morts de faim.

     [23.971-24.000] Dans cet état de grande détresse, les Romains se demandèrent comment ils pourraient récupérer le feu. Personne n’était à même de trouver une solution. Alors l’un d’entre eux conseilla de s’adresser à Virgile. Cet avis fut accepté et tous se rendirent avec confiance auprès de lui : « Seigneur, dans le malheur qui nous frappe, nous vous demandons conseil. Cela nous a placés dans une telle détresse que nous sommes presque morts de faim. Nous ne pouvons cuire du pain. Nous ne pouvons cuire notre nourriture. Nous allons périr et mourir ici. Nous connaissons, Seigneur, le pouvoir de votre sagesse, qui nous est extrêmement salutaire. »

 

            S’ensuit une longue discussion avec les Romains, au terme de laquelle Virgile obtient de leur part une soumission complète : ils jurent de faire tout ce qu’il demandera. On est encore dans le registre des amplifications narratives libres.

 

       [24.001-24.024] Virgile leur dit : « Je vous demande le silence, car je vais vous dire la vérité, ce qui va vous heurter fortement. Vous êtes dans la souffrance et la détresse ».  Alors les Romains avisés répondirent avec inquiétude : « Seigneur, notre ami et notre maître, quoi que vous vouliez, ce ne sera pas trop nous demander. Nous le ferons très volontiers, pourvu que nous puissions obtenir du feu, avant de périr et de mourir. La faim nous aveugle ; nos femmes et nos enfants sont en train de mourir ». Virgile parla : « Si la faim vous accable, jurez-moi que dorénavant vous ne vous opposerez jamais à un de mes ordres, quel qu’il soit, et assurez-moi de votre loyauté, en échange de la mienne : car je trouverai du feu ici, selon votre volonté ».

     [24.025-24.036] Étant d’accord ils dirent que maintenant et dans l’avenir, ils ne s’opposeraient pas à lui : « Nous suivrons absolument vos ordres et vos conseils. Et si l’un de nous n’a pas bien agi envers vous, n’en tenez aucun compte. Nous voulons être plus soucieux de vous à l’avenir ». Il répliqua : « Jurez-le moi tout de suite». Tel fut le conseil de Virgile. Chacun péniblement lui fit deux serments.

 

            L’auteur manifestement fait traîner l’histoire en longueur. Il ne dévoile pas immédiatement le projet de Virgile. Le magicien, qui a déjà obtenu avec la soumission des Romains une sorte de blanc-seing des Romains, veut davantage encore. Il va amener le mari et ses proches à faire pression sur la dame pour qu’elle accepte de se présenter à lui : elle, et elle seule, dit-il, est censée détenir la solution du problème. Elle acceptera de le faire, mais devant Virgile, elle refusera encore de céder à ses avances, le suppliant de trouver un autre moyen de rallumer les feux.

 

 (24.037-24.072) « Avec votre permission, je vous dirais que personne n’est plus à même de vous délivrer de votre souffrance que la dame habitant dans la puissante tour où je suis resté suspendu dans la détresse ». Beaucoup se rendirent auprès de la dame. On pouvait voir ses proches et son époux aller vers elle en la suppliant et la priant, car lui et toute sa famille devaient lui permettre de se rendre chez Virgile. Celui-ci la reçut bien et lui dit : « Belle Dame, si vous ne voulez pas laisser le pays et sa population dépérir, agissez comme je le souhaite. Ainsi vous obtiendrez rapidement du feu, sinon vous aurez à périr avec tous les autres ». Elle répondit : « Seigneur, de grâce, je vous supplie d’accepter qu’on puisse trouver un autre moyen. J’ai assez souffert entre vos mains ». Il rétorqua : « Madame, ce n’est pas possible. Le Rhin devra s’assécher pour me faire renoncer. Sans vous, personne n’aura de feu ». La dame dit : « Alors laissez-moi voir ce qui va m’arriver ici. »

 

            Devant l’intransigeance de Virgile, la dame lui demande donc quel sera son sort si elle refuse de céder. Et le magicien de lui décrire alors par le menu ce qui l’attend :

 

     [24.073-24.104] Virgile parlait tout en la regardant, si belle devant lui : « Madame, voyez-vous cette pierre ? Vous serez seule debout sur elle. Vous enlèverez vos vêtements. De cette pierre, vous ne vous éloignerez pas, et vous ne  porterez qu’une chemise. Vous n’aurez pas d’autre vêtement. En fait, vous laisserez votre derrière complètement nu et vous vous mettrez à quatre pattes. Immédiatement, hommes et femmes viendront y prendre du feu. Si quelqu’un par malheur demande du feu à un autre, les deux feux alors s’éteindront, sans qu’ils puissent jamais être rallumés. Mais si les gens veulent du feu à nouveau, ils devront retourner et le rallumer à la source. Votre derrière commencera alors à rougir. » Alors la belle dame dit : « Plutôt mourir que de subir pareille honte. Je préférerais quitter le pays avant ». Alors Virgile répondit : « C’est impossible. Mon plan doit être appliqué, si les gens veulent retrouver le bonheur et la joie. Ils devront vous contraindre et ils réussiront ».

 

            C’est bien le motif classé. On notera qu’il a été utilisé ici par anticipation, si l’on peut dire. Virgile semble penser que la seule description du supplice amènera la dame à lui céder. Horrifiée, elle préférerait l’exil, voire la mort, mais cela ne satisfait pas le magicien. Si elle n’accepte pas la punition de plein gré, elle lui sera imposée par la force. C’est finalement ce qui se passera. Le mari est le premier à comprendre l’ensemble de la situation. Rappelons que c’était lui qui avait voulu humilier Virgile et que sa malheureuse épouse n’avait fait que mettre son plan en pratique. C’est lui aussi qui fera exécuter la sentence, si tant est qu’on puisse parler de sentence.

 

     [24.105-24.138] Ses proches, lorsqu’ils entendirent tout cela, se posèrent de nombreuses questions. Son mari comprit immédiatement qu’il n’y avait pas d’autre solution. Ils commencèrent par des supplications et des prières. La dame ne voulut pas faire ce qui lui était demandé, car elle éprouvait beaucoup de honte et de souffrance. « Je me suiciderai, avant que cela m’arrive », disait-elle. Comme prières et menaces étaient inefficaces, écoutez ce qui lui arriva. Son mari ne voulut pas renoncer, et il ordonna de la lier, de lui enlever ses vêtements. Elle était incapable d’échapper. Il l’installa sur la pierre. Sa honte était grande. Avec des cris de douleur, elle dut fournir du feu à tout le monde. Elle devait rester sur la pierre et n’était pas épargnée. Un homme portait un cierge, un autre une chandelle, un troisième une torche de paille, un quatrième un bouquet de feuilles, un cinquième une torche, un sixième un tison. Ainsi tous purent obtenir du feu. C’était un coup terrible pour la femme, qui devait subir tout cela sans aucune possibilité d’échapper. Elle fit l’expérience de la honte et de la détresse. Elle était presque morte.

 

            Après l’annonce anticipée du supplice, on retrouve ce dernier, dans une description assez crue, où le narrateur s’attarde, avec un goût un rien sadique, à énumérer longuement tout ce qui peut servir à se procurer du feu. Le motif classé est ainsi utilisé deux fois, une fois pour effrayer la dame et la convaincre de céder, une autre fois pour décrire la scène proprement dite. Ce doublement est lui aussi une variation libre sur un motif imposé.

            On trouvera une autre variation libre dans le rôle important que continue à jouer le mari : il ne prend en aucune manière le parti de son épouse et sa défense ; au contraire, il semble diriger les opérations. N’était-ce pourtant pas lui qui avait dicté à son épouse l’attitude qu’elle devait avoir avec Virgile ?

            Curieuse version donc, où l’épouse est lourdement punie sans avoir commis la moindre faute. Généralement, dans le schéma habituel, la dame attise le désir de l’homme pour ensuite se refuser à lui. Ce n’est pas la perspective adoptée par Jans Enikel, qui a dépeint une épouse fidèle et obéissante, victime en dernière analyse de sa fidélité et de son obéissance. Et pourtant le narrateur s’apitoie bien peu sur le sort de l’épouse, et il n’a pas le moindre mot pour fustiger l’attitude du mari.

            Une autre particularité est qu’à aucun moment l’empereur, censé être Domitien, n’apparaît, dans une question où se joue pourtant la survie de la cité toute entière. Virgile n’est ni jugé ni condamné. Ces motifs facultatifs, déjà rencontrés ailleurs, sont inconnus ici. À leur place Jans Enikel introduit un autre motif facultatif : les Romains délibèrent et décident d’en référer à Virgile. Un groupe de Romains (peut-être une sorte de sénat ou de conseil) sert ainsi d’interlocuteur à Virgile et prend même à l’égard du magicien divers engagements.

            L’histoire se termine sans véritable transition [24.139]. Après cela, continue l’auteur, Virgile quitta Rome pour fonder une cité qui fut appelée Naples. Le motif du transfert magique vers Naples n’est pas présent.

 

Texte : Jansen Enikels Werke, herausgegeben von Philipp Strauch, Hanovre, 1891-1900, 819 p. (Monumenta Germaniae historica. Scriptores 8, Deutsche Chroniken, 3) ; Comparetti-Pasquali, Virgilio, 1941, p. 198-209 ; version numérique sur le site de Graene Dunphy et dans la Bibliotheca Augustana. Notre traduction française s'est inspirée de la traduction anglaise de W.F. Carroll dans VT, 2008, p. 926-932.

 

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