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Jean le Lydien

Sur les institutions de l'État romain

(Premier livre)

 

Traduction

de

Michel Dubuisson

Professeur à l'Université de Liège (Belgique)

  


Notice d'introduction

[Traduction française]


"Jean fils de Laurentius, de Philadelphie, celui qu’on appelle le Lydien", fut longtemps fonctionnaire dans les services de la préfecture du prétoire de Constantinople. Remarqué par Justinien à cause de sa connaissance du latin (d’autant plus appréciée à cette époque dans l’empire d’Orient qu’elle commençait à s’y faire rare), il fut nommé à une chaire de latin à l’Université et surtout se vit confier par l’empereur la tâche d’exposer à ses contemporains les différentes institutions romaines dans l’ordre de leur apparition, de Romulus à son temps, soulignant ainsi la continuité ininterrompue de la "constitution romaine" et donc, par la même occasion, le caractère authentiquement romain de l’empire d’Orient.

 

Les institutions de l’État romain, en trois livres, mêlent inextricablement une érudition souvent pesante et parfois naïve -- Jean, professeur de latin avant tout, est l’héritier des théories et des étymologies parfois ébouriffantes de ses collègues antérieurs, comme Varron -- à des renseignements précieux pour l’historien des institutions romaines. Les sources qu’il utilise, et qu’il paraît avoir eues effectivement en main, sont en effet bonnes : érudits (Caton, Varron), historiens (Tite-Live), grammairiens (en particulier les scholiastes de Virgile), mais aussi juristes (directement ou par l’intermédiaire du Digeste, à l’élaboration duquel il semble avoir participé) et politologues (Junius Gracchanus), autant de matériaux qui le placent très au-dessus de bien des compilateurs byzantins.

L’ouvrage est d’ailleurs tout autre chose qu’une compilation. Qu’il se soit intitulé ‘Peri arkhôn’ (De magistratibus) ou ‘Peri exousiôn’ (De potestatibus), -- le manuscrit donne les deux possibilités --, il ne s’inscrit en tout cas pas non plus dans la ligne des manuels pratiques consacrés à un magistrat en particulier et énumérant ses tâches, officia ou munus (Ulpien, Paul, Ateius Capito, Arcadius Charisius) ; il renoue en fait avec une tradition bien plus ancienne et se rattache aux premiers efforts tentés pour élaborer une vision d’ensemble du droit public romain : le conservateur C. Sempronius Tuditanus avait ainsi écrit des Libri magistratuum et le popularis M. Iunius Gracchanus (que Jean cite) des Libri de potestatibus, les uns et les autres malheureusement perdus. L’ouvrage du Lydien est donc bien, comme le disait Ernest Stein, "le seul traité historique de droit public romain que l’antiquité nous ait légué".

Il est donc souvent cité et utilisé ; il n’a pourtant guère été traduit, et jamais en français.

La traduction du livre I qu’on va lire, fondée sur une nouvelle collation du manuscrit, est destinée à l’édition de l’ensemble de l’œuvre dans la Collection des Universités de France et a bénéficié des remarques et des suggestions de mon collègue et ami Jacques Schamp, professeur à l’Université de Fribourg, qui s’est chargé des livres II et III. Elle a été volontairement allégée de tout appareil critique et de tout commentaire ; les quelques indications jugées indispensables à l’intelligence du texte y ont été insérées et figurent entre crochets droits. Les incises entre parenthèses et entre tirets sont dues, elles, à Jean le Lydien lui-même, qui les affectionne tout autant que les digressions.

 

Indications bibliographiques

Texte : un seul manuscrit, du début du Xe s., le Caseolinus (Paris. Suppl. gr. 257), découvert en 1785 à Constantinople par d’Ansse de Villoison.

Éditions : J.-D. Fuss, Paris, 1812 (princeps, reproduite par I. Bekker, CSHB, Bonn, 1837) ; R. Wünsch, Leipzig, Teubner, 1903 [réimpr. 1967] ; édition en préparation dans la CUF (M. Dubuisson - J. Schamp, t. I : livres I-II ; t. II : livre III).

Traductions : latine dans l’édition de Fuss ; anglaise : T. F. Carney, John the Lydian. On the Magistracies of the Roman Constitution (De magistratibus), Sydney, Coronado Press, 1971 (parfois malaisée à utiliser parce qu’elle se fonde sur un texte qui comporte des corrections nouvelles, mais qui n’a pas été publié).

Commentaire : A.C. Bandy, Ioannes Lydus, On Powers or The Magistracies of the Roman State, Philadelphie, American Philosophical Society, 1983 (commentaire essentiellement philologique et stylistique ; index complet).

Études : M. Dubuisson, Jean le Lydien et les formes de pouvoir personnel à Rome, dans Cahiers du Centre Glotz, 2 (1991), p. 55-72 ; Id., Jean le Lydien et le latin : les limites d'une compétence, dans Serta Leodiensia secunda, Liège, CIPL, 1992, p. 123-131 ; M. Maas, John Lydus and the Roman Past. Antiquarianism and Politics in the Age of Justinian, Londres, Routledge, 1992 ; J. Schamp, Les Trévires à Byzance. À propos de Jean le Lydien, Des magistratures, I, 50, dans Byzantion, 66 (1996), p. 381-408.


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[déposé sur le serveur en juillet 2000]

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