Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises
MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS
"Jean fils de Laurentius, de Philadelphie, celui quon appelle le Lydien", fut longtemps fonctionnaire dans les services de la préfecture du prétoire de Constantinople. Remarqué par Justinien à cause de sa connaissance du latin (dautant plus appréciée à cette époque dans lempire dOrient quelle commençait à sy faire rare), il fut nommé à une chaire de latin à lUniversité et surtout se vit confier par lempereur la tâche dexposer à ses contemporains les différentes institutions romaines dans lordre de leur apparition, de Romulus à son temps, soulignant ainsi la continuité ininterrompue de la "constitution romaine" et donc, par la même occasion, le caractère authentiquement romain de lempire dOrient.
Les institutions de lÉtat romain, en trois livres, mêlent inextricablement une érudition souvent pesante et parfois naïve -- Jean, professeur de latin avant tout, est lhéritier des théories et des étymologies parfois ébouriffantes de ses collègues antérieurs, comme Varron -- à des renseignements précieux pour lhistorien des institutions romaines. Les sources quil utilise, et quil paraît avoir eues effectivement en main, sont en effet bonnes : érudits (Caton, Varron), historiens (Tite-Live), grammairiens (en particulier les scholiastes de Virgile), mais aussi juristes (directement ou par lintermédiaire du Digeste, à lélaboration duquel il semble avoir participé) et politologues (Junius Gracchanus), autant de matériaux qui le placent très au-dessus de bien des compilateurs byzantins.
Louvrage est dailleurs tout autre chose quune compilation. Quil se soit intitulé Peri arkhôn (De magistratibus) ou Peri exousiôn (De potestatibus), -- le manuscrit donne les deux possibilités --, il ne sinscrit en tout cas pas non plus dans la ligne des manuels pratiques consacrés à un magistrat en particulier et énumérant ses tâches, officia ou munus (Ulpien, Paul, Ateius Capito, Arcadius Charisius) ; il renoue en fait avec une tradition bien plus ancienne et se rattache aux premiers efforts tentés pour élaborer une vision densemble du droit public romain : le conservateur C. Sempronius Tuditanus avait ainsi écrit des Libri magistratuum et le popularis M. Iunius Gracchanus (que Jean cite) des Libri de potestatibus, les uns et les autres malheureusement perdus. Louvrage du Lydien est donc bien, comme le disait Ernest Stein, "le seul traité historique de droit public romain que lantiquité nous ait légué".
Il est donc souvent cité et utilisé ; il na pourtant guère été traduit, et jamais en français.
La traduction du livre I quon va lire, fondée sur une nouvelle collation du manuscrit, est destinée à lédition de lensemble de luvre dans la Collection des Universités de France et a bénéficié des remarques et des suggestions de mon collègue et ami Jacques Schamp, professeur à lUniversité de Fribourg, qui sest chargé des livres II et III. Elle a été volontairement allégée de tout appareil critique et de tout commentaire ; les quelques indications jugées indispensables à lintelligence du texte y ont été insérées et figurent entre crochets droits. Les incises entre parenthèses et entre tirets sont dues, elles, à Jean le Lydien lui-même, qui les affectionne tout autant que les digressions.
Indications bibliographiquesTexte : un seul manuscrit, du début du Xe s., le Caseolinus (Paris. Suppl. gr. 257), découvert en 1785 à Constantinople par dAnsse de Villoison.
Éditions : J.-D. Fuss, Paris, 1812 (princeps, reproduite par I. Bekker, CSHB, Bonn, 1837) ; R. Wünsch, Leipzig, Teubner, 1903 [réimpr. 1967] ; édition en préparation dans la CUF (M. Dubuisson - J. Schamp, t. I : livres I-II ; t. II : livre III).
Traductions : latine dans lédition de Fuss ; anglaise : T. F. Carney, John the Lydian. On the Magistracies of the Roman Constitution (De magistratibus), Sydney, Coronado Press, 1971 (parfois malaisée à utiliser parce quelle se fonde sur un texte qui comporte des corrections nouvelles, mais qui na pas été publié).
Commentaire : A.C. Bandy, Ioannes Lydus, On Powers or The Magistracies of the Roman State, Philadelphie, American Philosophical Society, 1983 (commentaire essentiellement philologique et stylistique ; index complet).
Études : M. Dubuisson, Jean le Lydien et les formes de pouvoir personnel à Rome, dans Cahiers du Centre Glotz, 2 (1991), p. 55-72 ; Id., Jean le Lydien et le latin : les limites d'une compétence, dans Serta Leodiensia secunda, Liège, CIPL, 1992, p. 123-131 ; M. Maas, John Lydus and the Roman Past. Antiquarianism and Politics in the Age of Justinian, Londres, Routledge, 1992 ; J. Schamp, Les Trévires à Byzance. À propos de Jean le Lydien, Des magistratures, I, 50, dans Byzantion, 66 (1996), p. 381-408.
Traduction française de Jean le Lydien - Autres traductions françaises dans la BCS
[déposé sur le serveur en juillet 2000]