Hodoi Electronikai - Helios - Bibliotheca Classica Selecta - Plan du précis grammatical
SYNTAXE : GÉNITIF (1220-1310)
Plan
génitif
complément d'un nom [1221] Génitif
complément de εἰμι et de γίγνομαι [1240] Génitif
complément de l'adjectif
et de l'adverbe [1255] Génitif
complément régi par une préposition [1260] Génitif complément
signifiant l'origine, l'éloignement [1270] Génitif « exclamatif » [1307] Génitif « absolu » [1310] |
Le génitif
grec correspond au génitif et à l'ablatif
proprement dit (éloignement) du latin. Dans nombre
de ses emplois on trouve donc des notions comme
l'appartenance, la partition, l'origine.
1221. génitif complément d'un nom |
Le génitif marque le syntagme nominal complément d'un nom (ou de son substitut), et répondant à la question « de qui ? de quoi ? quel ? ». On peut distinguer par exemple :
1222 Le génitif « déterminatif », « possessif », etc.
Le contexte permet de préciser le rapport particulier existant entre le nom complété et le complément au génitif. On parle alors parfois de génitif « déterminatif », « possessif », « descriptif », « de provenance », « de contenu », etc.
Τὰ τῶν φίλων (Plat., Rép., 449 c).
Les biens des amis.Ἡ μήτηρ πάντων τῶν κακῶν ἀποθανοῦσα αἰτία μοι γεγένηται (Lys., 1, 7).
Ma mère en mourant est devenue la cause de tous mes malheurs.Tραγῳδία Αἰσχύλου.
Une tragédie d'Eschyle.Χαλεποὶ πόλεμοι γὰρ ἀδελφῶν (Eur., fr. 975).
Elles sont rudes, les guerres entre frères.Μισθὸς τεσσάρων μηνῶν (Xén., An., 1, 2, 12).
Une solde de quatre mois.Κρήνη δὲ ἡδέος ὕδατος (Xén., An., 6, 4, 4).
Une source d'eau douce.Ἅμαξαι σίτου (Xén., Cyr., 2, 4, 18).
Des chariots de blé.
1223 Le génitif « objectif » et « subjectif »
Le complément au génitif d'un nom verbal (= correspondant à un verbe d'action) représente le sujet ou l'objet de l'action ou du sentiment exprimés par le nom verbal. Dans les cas ambigus, la traduction doit, si possible, préciser cette nuance.
Σωτηρίας ἐλπίς (Xén., An., 2, 1, 19).
L'espoir du salut [gén. objectif : on espère le salut].Τῶν δὲ βαρβάρων φόβος (Xén., An., 1, 2, 17) [gén. subjectif ou objectif].
La crainte des barbares [crainte provoquée ou subie par les barbares].
1224.
Tournure à remarquer
Dans certaines expressions le
génitif complète un nom sous-entendu :
εἰς διδασκάλου [οἰκίαν]
chez le maître d'école
ἐν Ἅιδου [οἰκίᾳ] chez
Hadès
Θουκυδίδης, ὁ τοῦ Ὀλόρου [υἱός]
Thucydide, le fils d'Oloros.
1230. Génitif « partitif » complément d'un nom |
Le complément au génitif désigne le tout dont le nom (ou son substitut) complété désigne une partie.
Τὰ δύο μέρη τῆς στρατιᾶς (Dém., Neaer., 101).
Les deux tiers de l'armée.Οὐδὲν ἄρα τῶν καλῶν κακὸν, οὐδὲ τῶν αἰσχρῶν ἀγαθόν (Plat., Alc., 116 a).
Rien des choses belles n'est mauvais, rien des choses laides n'est bon.Μόνος θεῶν γὰρ Θάνατος οὐ δωρῶν ἐρᾷ (Aristoph., Gren., 1392).
Seul parmi les dieux, Thanatos n'aime pas les présents.
1231.
Tournures à remarquer
Un génitif « partitif »
peut compléter un adverbe ou un pronom neutre.
Που τῆς γῆς.
Ποῦ τῆς γῆς ;
Πανταχοῦ τῆς γῆς.
Quelque part sur terre.
En quel endroit de la terre ?
Partout sur la terre.
Ὀψὲ τῆς ἡμέρας. Πότε τῆς ἡμέρας ;
Τard dans la soirée.
Quelle partie
du jour ?
Ποῖ γῆς ὁ τλήμων ;
(Aristoph., Gren., 85).
En quel endroit de la terre est-il allé, le
malheureux ?
Εἰς τοῦθ' ὕβρεως. À
ce degré d'outrance.
1240. Génitif complément de εἰμι et de γίγνομαι |
Les verbes εἰμι et γίγνομαι construits avec un nom animé au génitif peuvent signifier l'appartenance : « appartenir à, dépendre de ; être le propre de, relever de », ou l'origine : « être né de, être issu de ».
Βοιωτῶν ἡ πόλις ἔσται (Lys., 12, 58).
La ville appartiendra aux Béotiens.Τῶν μάχῃ νικώντων καὶ τὸ ἄρχειν ἐστίν (Xén., An., 2, 1, 4).
Le pouvoir appartient aussi à ceux qui ont vaincu au combat.
Δὶς ἐξαμαρτεῖν ταὐτὸν οὐκ [ἐστιν] ἀνδρὸς σοφοῦ (Mén., Mon., 183).
Se tromper deux fois sur le même point n'est pas le propre de l'homme sage.
Πατρὸς μὲν δὴ λέγεται ὁ Κῦρος γενέσθαι Καμβύσεω (Xén., Cyr., 2, 1).
On dit que Cyrus eut pour père Cambyse. [= est issu de Cambyse, son père]
1245. Génitif complément de verbe |
Le génitif marque le nom qui fonctionne comme premier complément de nombreux verbes. Une liste claire, pertinente et complète de ces verbes semble difficile à établir, d'autant que plusieurs constructions sont souvent possibles. Les dictionnaires les signalent. Relevons notamment :
1246 Verbes
signifiant « se souvenir, oublier, soigner,
ménager, négliger, se soucier de, désirer... »
- μιμνῄσκομαί τινος je me
souviens de quelqu'un /
de quelque chose
-
ἐπιλανθάνομαί τινος
j'oublie quelqu'un / quelque chose
-
ἐπιμελοῦμαι(έομαί)
τινος
je me soucie de quelqu'un / de
quelque chose
-
φείδομαί τινος
j'épargne, je ménage
quelqu'un / quelque chose
-
μέλει (μοί
τινος), μεταμέλει
(μοί τινος)
je regrette quelque chose
[tour impersonnel]
- ἀμελῶ(έω)
τινός, ὀλιγωρῶ(έω)
τινός je néglige
quelqu'un / quelque chose
- προνοῶ(έω)
τινός, κήδομαί τινος je
prends soin de quelqu'un / de quelque chose
-
ἐπιθυμῶ(έω)
τινός je désire
quelque chose
- ἐρῶ(άω)
τινός
je désire, je suis épris de quelqu'un / de
quelque chose
etc.
Τῶν ἀπόντων φίλων μέμνησο πρὸς τοὺς παρόντας, ἵνα δοκῇς μήδε τούτων ἀπόντων ὀλιγωρεῖν (Isocr., Dém., 26).
Souviens-toi des amis absents auprès des (amis) présents, afin de ne pas non plus paraître négliger ceux-ci, lorsqu'ils sont absents.Τοῦ ζῆν γὰρ οὐδεὶς ὡς ὀ γεράσκων ἐρᾷ (Soph., fr. 63).
Personne autant qu'un vieillard n'aime la vie.Μετέμελεν δ'αὐτοῖς ἁπάντων τῶν εἰρημένων (Isocr., Phil., 23).
Ils regrettaient toutes leurs paroles.Δέδοικα μὴ ἐπιλαθώμεθα τῆς οἴκαδε ὁδοῦ (Xén., An., 3, 2, 25).
Je crains que nous n'oubliions le chemin de la patrie.
1247 Verbes signifiant
« commander, être supérieur ou inférieur à...
»
-
ἄρχω, ἡγοῦμαι(έομαί)
τινoς
je commande à quelqu'un
- κρατῶ(έω)
τινός
je suis maître de quelqu'un
- βασιλεύω τινός
je règne sur
quelqu'un
- στρατηγῶ(έω)
τινός je commande
à quelqu'un
- περιγίγνομαί τινoς
je l'emporte sur
quelqu'un
- ἡττῶμαι(άομαί)
τινoς
je suis inférieur à
quelqu'un
- ὑστερῶ(έω)
τινός je reste en
arrière de
quelqu'un
etc.
Οὕτως ἐγιγνώσκομεν... πάντων τῶν ἄλλων ῥᾷον εἴη ζῴων ἢ ἀνθρώπων ἄρχειν (Xén., Cyr., 1, 1, 3).
Nous nous rendions compte... que gouverner tous les autres vivants est plus facile que gouverner les hommes.
1248
Verbes signifiant « commencer, cesser,
essayer, toucher, atteindre, obtenir, participer... »
- ἄρχομαί τινoς
je commence quelque chose
-
παύομαί τινος je
cesse quelque chose
- πειρῶμαι(άομαί)
τινoς
j'essaie, j'éprouve quelque chose
- ἅπτομαι, θιγγάνω, ψαύω
τινός je touche
quelque chose
- τυγχάνω τινός
j'obtiens
quelque chose
- ἁμαρτάνω τινός
je manque (un but)
- ἀπολαύω τινός
je jouis de quelque chose
- μετέχω τινός,
κοινωνῶ(έω)
τινός
je participe à quelque chose
Καλῶς μοι δοκεῖς λέγειν, κελεύων πειρᾶσθαι σὺν τοῖς θεοῖς ἄρχεσθαι παντὸς ἔργου (Xén., Écon., 6, 1).
Tu me sembles parler juste, en ordonnant d'essayer de commencer toute action avec l'aide des dieux.Νίκης τε τετυχήκαμεν καὶ σωτηρίας (Xén., Cyr., 4, 1, 2).
Nous avons obtenu la victoire et le salut.
1249 Verbes signifiant
« être
rempli de, être pourvu
de,
remplir de, être éloigné de, s'abstenir de, avoir
besoin de, manquer de... »
-
ἐμπίμπλαμαί
τινος je
suis
rempli de quelque chose
- γέμω τινός,
εὐπορῶ(έω)
τινός je suis plein
de, je suis bien pourvu de quelque chose
- δέομαί τινoς
j'ai besoin de, je manque de quelque chose
Πόλις δ'ὁμοῦ μὲν θυμιαμάτων γέμει (Soph., O. R., 4).
La ville cependant est pleine de parfums d'encens.
1250. Tournures à remarquer
1251.
Certains verbes se construisent souvent avec le
génitif de la personne et l'accusatif de la chose.
Il s'agit notamment de
verbes signifiant
« entendre, apprendre, s'apercevoir, ... »,
tels :
- ἀκούω
j'entends, j'apprends
- ἀκρῶμαι(άομαι)
j'écoute
- αἰσθάνομαι je
m'aperçois
- πυνθάνομαι
j'apprends, je suis
informé
Νέος ὤν, ἀκούειν τῶν γεραιτέρων θέλε (Mén., Mon., 524).
Étant jeune, accepte d'écouter les plus âgés.Ὑμεῖς δέ μου ἀκούσεσθε πᾶσαν τὴν ἀλήθειαν (Plat., Ap., 17 b).
Vous entendrez de moi toute la vérité.
1252 - Des verbes dits
« de l'action judiciaire » ont au génitif
le complément indiquant le « délit » ou/et la
« peine » et à
l'accusatif le complément indiquant la personne
concernée. Ce sont des verbes signifiant « accuser,
convaincre, condamner, se venger, absoudre,
pardonner », tels par exemple :
-
αἰτιῶμαί(άομαί)
τινά τινος, διώκω τινά τινος
j'accuse quelqu'un de quelque chose
- γράφομαί τινά τινος
j'assigne quelqu'un en justice pour quelque chose
- φεύγω τινός
je suis accusé de quelque chose
-
αἱρῶ(έω)
τινά τινος, ἁλίσκομαί τινος
je convaincs
quelqu'un de quelque chose, je suis convaincu de
quelque chose
- τιμωροῦμαί(έομαί)
τινά τινος je punis
quelqu'un pour quelque chose
- ἀπολύω τινά τινος,
ἀποφεύγω τινός
j'absous quelqu'un
de quelque chose, je suis absous de quelque chose.
Ἀσεβείας φεύγων (Plat., Ap., 35d).
Accusé d'impiété.Ἀσεβείας γράφεσθαί τινα (Plat., Euthyphr., 5c).
Accuser quelqu'un d'impiété.
1253 - Par contre,
certains verbes composés de κατά
se construisent souvent avec le
génitif de la personne et l'accusatif du « délit »
ou/et la « peine »). Il s'agit notamment de :
- καταφρονῶ(έω)
τινός
je méprise quelqu'un
- καταγελῶ(άω)
τινός je me moque de
quelqu'un
- κατηγορῶ(έω)
τινός
j'accuse quelqu'un
- καταδικάζω τινός,
καταγιγνώσκω τινός, καταψηφίζομαί
τινος
je condamne
quelqu'un.
Κατέγνωσαν πάντων θάνατον (Thuc., 3, 81).
Ils les condamnèrent tous à mort.
1254 - Des verbes transitifs en grec peuvent régir un complément direct à l'accusatif et un second complément au génitif, parfois analysé comme « partitif », indiquant par exemple la partie par laquelle on tient un objet.
Ἔλαβον τῆς ζώνης τὸν Ὀρόνταν (Xén., An., 1, 6, 10).
Ils saisirent Orontas par la ceinture.
1255. Génitif complément de l'adjectif et de l'adverbe |
Le génitif marque le nom complément de
certains adjectifs et des
adverbes de manière dérivés de ces adjectifs
(apparentés parfois aux verbes régissant leur
complément au génitif [1246-1249]).
Le dictionnaire signale ces constructions.
Tels, par exemple, les adjectifs signifiant
« abondant, capable, participant, se souvenant,
propre à, maître de...
» :
- πλήρης, μεστός,
ἔμπλεως plein de
- ἔμπειρος expérimenté,
ἄπειρος sans
expérience
- μέτοχος qui
participe
- ἐπιστήμων qui
connaît
- ἱερός consacré à
- ἐπιμελής qui prend
soin de
- ἄξιος digne de
- ἐγκρατής maître de
- κενός, ἔρημος vide
de
- πένης, ἐνδεής qui a
besoin de
etc.
Πολλῶν τε μεστόν ἐστι τὸ ζῆν φροντίδων (Mén., fr. 386, 1-2).
La vie est pleine de nombreux soucis.Ὁ γραμμάτων ἄπειρος οὐ βλέπει βλέπων (Mén., Mon., 586).
Celui qui ne connaît pas les lettres, tout en voyant, ne voit pas.Πράττων ἀξίως ἀνδρὸς ἀγαθοῦ... (Plat., Ap., 32 e).
Agissant d'une manière digne d'un homme de bien...
1256. Génitif complément du comparatif de l'adjectif ou de l'adverbe |
Le génitif marque le nom complément d'un adjectif ou d'un adverbe au comparatif (second terme de la comparaison). Cette construction est concurrencée par ἤ + le second terme de la comparaison au même cas que le premier terme.
Φιλίας γὰρ οὐδέν ἐστι τιμιώτερον (Mén., Comp., I, 247).
Car rien n'est plus estimable que l'amitié.Σιγή ποτ' ἐστὶν αἱρετωτέρα λόγου (Mén., Mon., 709).
Le silence est parfois préférable à la parole.Φιλεῖ δ' ἐαυτοῦ πλεῖον οὐδεὶς οὐδένα (Mén., Mon. 814).
Personne n'aime personne plus que lui-même.Εἰ ἐσωφρονεῖς, τοῦτο πλουσιωτέρῳ μὲν ἄν ἢ ἐμοὶ ἐδίδους (d'après Xén., Cyr., 8, 3, 32).
Si tu étais sensé, tu donnerais cela à un plus riche que moi. [ἐμοὶ : second terme de comparaison au datif, comme πλουσιωτέρῳ].
1257. Génitif complément du superlatif de l'adjectif ou de l'adverbe |
Le génitif marque le complément de l'adjectif ou de l'adverbe au superlatif. Ce complément peut être rapproché du génitif « partitif » [1230].
Πάντων κτημάτων κράτιστόν ἐστι φίλος σαφὴς καὶ ἀγαθός (d'après Xén., Mém., 2, 4, 1).
De tous les biens, le plus précieux est un ami sûr et vertueux.
1260. Génitif complément régi par une préposition |
Le syntagme constitué par une préposition régissant le génitif peut remplir diverses fonctions dans la phrase : complément de nom, de verbe, de proposition, etc. Les notions d'origine, d'éloignement, de point de départ, d'agent ou de cause, qui font partie des valeurs fondamentales du génitif, sont en quelque sorte précisées, dans de nombreux cas, par les prépositions. Relevons par exemple ἀπό, ἐκ, παρὰ + génitif, qui signifient la provenance ou l'éloignement, et ὑπό + génitif, marquant le complément d'agent animé d'un verbe passif ou de sens passif.
Rappel : les prépositions proprement dites interviennent comme préverbes dans les verbes composés, par exemple ἀπολύω, συλλέγω, etc. ; les prépositions improprement dites s'emploient souvent comme adverbes, et parfois aussi comme conjonctions.
Ἐκ δὲ τούτου, ἀπὸ Λακεδαιμονίων, Ἱέραξ ναύαρχος ἀφικνεῖται (Xén., Hell., 5, 1, 3).
À la suite de cela, Hiérax arrive de chez les Lacédémoniens comme navarque.Ἡ ἐμὴ γυνὴ ὑπὸ τούτου τοῦ ἀνθρώπου ὀφθεῖσα... (Lysias, 1, 8)[agent animé]
Ma femme, ayant été vue par cet homme...Περὶ φύσεως : « De la nature » [titre de nombreux ouvrages].
1261
Prépositions proprement dites construites
uniquement avec le génitif
ἀντί à la place
de, en échange de
ἀπό à partir
de, en venant de, du haut de, depuis, de
[point de départ,
origine]
ἐξ (ἐκ devant consonne) hors
de, depuis, à la suite de, selon
πρό devant,
avant, de préférence à
1262
Principales prépositions improprement dites
régissant uniquement le
génitif
ἄνευ sans
χωρίς séparément
de ; loin de ; sans ; à l’exception de, outre ;
différemment de ; adv. :
séparément, à part ; différemment
πλήν excepté
ἕνεκα à cause de,
en vue de [souvent postposé
au gén. : τίνος ἕνεκα ;
à cause de quoi ?]
λάθρᾳ à l'insu de ;
adv. : secrètement, en
cachette ; par surprise, traîtreusement ;
insensiblement, peu à peu
ἄχρι, μέχρι jusqu'à ce que
ἐγγύς près de ; adv. :
près, auprès
πόρρω,
πρόσω profondément dans ; loin de ; adv.:
en avant ; (très) loin ; (très) tard
εἴσω à l’intérieur de ; à portée
de ; adv. : à l’intérieur ; entre-temps ;
ἐκτός,
ἔξω hors de ; en dehors de ; en avant ; à
l’exception de ; adv. au dehors
ἐντός à l’intérieur de ; en deçà de ; sans
dépasser ; adv. : en dedans ; en arrière,
en retrait ; en deçà
ἔμπροσθεν : en avant de ; de préférence
à ; adv. : devant, en avant, en
face ; auparavant
ὄπισθε(ν) derrière ; adv. :
derrière ; en arrière ; ensuite
μεταξύ au milieu de ; adv.:
dans l’intervalle, au milieu
πέραν au delà de, de l'autre côté de,
plus loin que ; vis-à-vis de ; adv. :
de l’autre côté ; vis-à-vis
ἄχρι(ς), μέχρι(ς):
jusqu’à ; - adv. : profondément ; aussi
conj. : aussi loin que ; jusqu’à ce que, tant
que, aussi longtemps que
πλήν excepté ;
aussi conj. : excepté
que ; sauf, si ce n’est.
1263
Prépositions construites avec le génitif et
l'accusatif (sens généralement
différent selon le cas régi)
διά + gén. à
travers, au moyen de
κατά + gén. en
descendant de, du haut de ;
contre
μετά + gén. avec
ὕπερ + gén. au-dessus
de, pour, dans l'intérêt de
1264
- Prépositions construites avec le génitif,
l'accusatif et le datif (sens
généralement différent selon le cas régi)
ἐπί + gén. sur
[sans mouvement],
près de, au temps de, au
pouvoir de
παρά + gén. d'auprès
de, de la part de
περί + gén.
au dessus de, au sujet de
πρό + gén. du
côté de, au nom de, de la part de
ὑπό + gén. sous,
à cause de, par suite de, par [agent
animé].
Pour un tableau d'ensemble plus complet des
prépositions, voir [765],
[770], [771]
1270. Génitif complément signifiant l'origine, l'éloignement, la provenance |
Le génitif, généralement précédé en prose classique de ἀπό, ἐκ, παρὰ, marque les compléments répondant aux questions « d'où ? », « de quoi ? » et exprime l'origine, l'éloignement, la provenance. En poésie, la préposition est parfois omise, spécialement après un verbe composé d'un préverbe.
Ἐκ σωματίου εἰμι καὶ ψυχῆς (Marc-Aurèle, 6, 32).
Je suis composé d'un corps et d'une âme.Τὰ ἐκ τῶν ἀγρῶν ἐσκομίζεσθαι (Thuc., 2, 13, 12).
Faire rentrer les produits des campagnes.Γῆς δ'ἄπεισιν ἀσφαλής (Sophocle, O. R., 229).
Il (= celui qui se dénoncera) s'éloignera de cette terre, en toute sécurité.
1275. Génitif complément signifiant la mesure du temps |
Le génitif, parfois précédé de ἀπό ou de ἐκ, marque les compléments signifiant la mesure du temps et répondant aux questions « à quelle période du temps ? », « depuis quand ? », « dans (ou en) combien de temps? », « avant combien de temps ? ».
Ἔρχεται ἐπ' αὐτοὺς τῆς νυκτός (Xén., An., 5, 7, 14).
Il marche de nuit contre eux .Οὐδείς μέ πω ἠρώτηκε καινὸν οὐδὲν πολλῶν ἐτῶν (Plat., Gorgias, 448a).
Personne ne m'a jamais posé de question nouvelle depuis de nombreuses années.Ἔδωκεν ἀντὶ δαρεικοῦ τρία ἡμιδαρεικὰ τοῦ μηνὸς τῷ στρατιώτῃ (Xén., An., 1, 3, 21).
Il distribua par mois à [chaque] soldat trois demi-dariques au lieu d'un darique.
Ν.Β.
Le complément de
temps se rencontre aussi à l'accusatif [1190]
et au datif [1365 et
1375].
1276.
Ces compléments au génitif sont parfois devenus
des expressions figées, par exemple :
(τῆς) νυκτός de
nuit ; ταύτης τῆς νυκτός cette nuit-là
(τῆς) ἡμέρας de jour ;
τῆς ἡμέρας ὅλης toute la
journée
(τοῦ) χειμῶνος en
hiver ; (τοῦ) θέρους en
été
πολλοῦ (πλείστου) χρόνου depuis
(très) longtemps
τοῦ λοιποῦ (χρόνου) dans le futur
ὀλίγων ἐτῶν en
peu d'années
πέντε ἡμέρων dans
ou avant cinq jours
τοῦ ἐνιαυτοῦ chaque
année ; τοῦ μῆνος
chaque mois
ἐκ παιδός, ἐκ παίδων dès
l'enfance
ἐκ
νέου, ἐκ νέων dès la jeunesse
etc.
1280. Génitif complément signifiant la cause |
Le génitif
marque un complément (de
proposition ou de verbe)
signifiant la cause et répondant à la question « à
cause de quoi ? », surtout avec certains
verbes comme :
-
εὐδαιμονίζω féliciter
- θαυμάζω
admirer
- φθονῶ(έω)
envier
- ζηλῶ(όω) rivaliser
etc.
Ζηλῶ σε τοῦ νου, τῆς δὲ δειλίας στυγῶ (Soph., Élect., 1027).
Je t'envie pour ton esprit, je te hais pour ta lâcheté.Εὐδαιμονίζω σε τοῦ τρόπου (Platon, Crit., 43b)
Je te proclame heureux, pour ton caractère.Ὡς σὲ νῦν μὲν ἥδε γῆ / σωτῆρα κλῄζει τῆς πάρος προθυμίας (Soph., O. R., 47-48).
Puisque notre terre maintenant te célèbre en sauveur, en raison de ton dévouement de jadis.
Ν.Β.
Le complément de cause se rencontre
aussi au datif [1370]
et dans des syntagmes prépositionnels [1260].
1285. Génitif complément signifiant le but : τοῦ + infinitif |
Le groupe τοῦ + infinitif (ou proposition infinitive) peut être complément de phrase et signifier le but, particulièrement chez Thucydide.
Τὰς αἰτίας προύγραψα πρῶτον καὶ τὰς διαφοράς, τοῦ μή τινα ζητῆσαί ποτε ἐξ ὅτου τοσοῦτος πόλεμος τοῖς Ἕλλησι κατέστη (Thuc., 1, 23, 5).
J'ai relaté d'abord les causes et les différends (du conflit), afin que personne n'ait à rechercher un jour ce qui provoqua entre Grecs une guerre si importante.Τοῦ δὲ μηδ' ἐντεῦθεν τὸν λαγωὸν διαφεύγειν, σκοποὺς καθίστης (d'après Xén., Cyr., 1, 6, 40).
Pour que le lièvre ne s'échappe pas de là, tu places des hommes aux aguets.
Dans cette fonction τοῦ +
infinitif est l'équivalent de
ἵνα + subjonctif
[1520].
1290. Génitif complément signifiant une estimation ou un prix |
Le génitif marque le
complément signifiant
une estimation ou un prix. Des
adjectifs au neutre, figés en adverbes, tels
ὀλίγου,
πολλοῦ, πλείστου
« bon marché,
cher, très cher
»,
se rencontrent avec des verbes signifiant
« acheter,
estimer à tel prix »
dans des expressions fréquentes :
-
ὀλίγου
δεῖ il s'en faut
de peu
- πολλοῦ δεῖ il
s'en faut de beaucoup
- περὶ πολλοῦ
ποιεῖσθαι faire grand
cas de
- περὶ πλείονος /
πλείστου ποιεῖσθαι faire
plus grand cas / très
grand cas de
- περὶ ἐλάττονος
ποιεῖσθαι faire
moins grand cas de
Τῶν πόνων πωλοῦσιν ἡμῖν πάντα τ' ἀγαθ' οἱ θεοί (Xén., Mém., 2, 1, 20).
Les dieux nous vendent tous leurs bienfaits au prix de lourds efforts.Πόσου διδάσκει ; - Πέντε μνῶν (Plat., Ap., 20 b).
Pour combien enseigne-t-il ? - Pour cinq mines.Πολλοῦ γε δεῖ (Plat., Ap., 32 e). Tant s'en faut.
Οὐ τὸ ζῆν περὶ πλείστου ποιητέον, ἀλλὰ τὸ εὖ ζῆν (Plat., Criton, 48 b).
Il faut faire le plus grand cas, non pas de vivre, mais de vivre dans le bien.[Τὸν νόμον] περὶ ἐλάττονος τῶν ἡδόνων ἐποιήσω (Lysias, 1, 26).
Tu as fait moins grand cas de la loi que de tes plaisirs.
1307. Génitif « exclamatif » |
Précédé de οἴμοι, φεῦ, ὦ, le génitif se rencontre dans des exclamations.
Φεῦ τοῦ ἀνδρός (Xén., Cyr., 3, 1, 39). Ah ! Le malheureux !
1310. Génitif « absolu » |
La tournure appelée « génitif absolu » est une proposition subordonnée, comportant un sujet (un nom ou son substitut) et un prédicat (généralement un participe), au génitif. Il exprime une circonstance entourant le fait envisagé dans la proposition principale. C'est l'équivalent de « l'ablatif absolu » du latin. Pour plus de détails sur cette construction fréquente, voir [1775].
Χρόνου διαγενομένου, προέρχεταί μοί τις πρεσβῦτις ἄνθρωπος... (Lysias, 1, 15).
Le temps ayant passé, une femme âgée s'approche de moi...