Bibliotheca Classica Selecta - Bibliographie d'orientation - Épigraphie
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Il n'est pas facile de définir l'épigraphie. C'est évidemment la «science des inscriptions» mais que faut-il entendre par «inscription» ? Il s'agit, pour certains, de textes écrits sur un matériau «durable» -- mais les papyrus et les parchemins sont eux aussi durables. D'autres préfèrent parler de matériau «dur» -- mais les tablettes de plomb, qui relèvent incontestablement de l'épigraphie, n'ont pas la rigidité d'une plaque de marbre. Le cas des ostraca fait également difficulté. Retrouvé à l'agora d'Athènes, l'ostracon est un document épigraphique ; découvert en Égypte, il appartient à la papyrologie. On ne s'attardera pas davantage sur ces questions, d'intérêt assez limité. Concrètement, l'épigraphie s'occupe de textes qui, dans leur immense majorité, ont été gravés sur la pierre ou le marbre et, dans une moindre mesure, sur des plaques de métal.
L'importance de cette discipline est considérable. L'antiquité, pour reprendre une formule consacrée, a été une «civilisation de l'épigraphie». Des centaines de milliers de textes nous sont parvenus -- et cette masse ne représente qu'une partie de ce qui a existé -- ; les inscriptions grecques et latines sont d'autre part d'une richesse étonnante. On y trouve des documents publics : décrets, sénatus-consultes, édits impériaux, lettres officielles, traités internationaux ; des documents administratifs : comptes, inventaires, listes de magistrats, calendriers ; des documents privés : inscriptions funéraires, actes d'affranchissement, graffiti en tous genres ; des textes à caractère religieux : listes de prêtres, récits de guérison, actes de confréries, etc. Et nous ne dressons ici qu'un inventaire très sommaire.
Cette mine de renseignements que sont les inscriptions ne s'exploite pas sans peine. L'épigraphiste doit parvenir à lire un texte parfois effacé dans une large mesure, à le comprendre alors qu'il se présente comme un témoignage totalement isolé et souvent sans date précise. Mais d'abord et surtout, il devra, la plupart du temps, restituer un texte lacunaire : quoique dures ou durables, les stèles se sont brisées, ont été réutilisées ; les supports métalliques ont subi eux aussi les attaques du temps et des hommes. Il s'ensuit qu'avant d'utiliser une inscription, il faut s'assurer qu'on dispose d'une bonne édition, tenant compte des diverses lectures et restitutions qui ont été proposées, des nouveaux fragments du texte qui ont pu être découverts. Enquête préalable dont l'historien ne peut pas se dispenser, sous peine de sérieuses déconvenues.
Au siècle dernier, l'ambition des savants fut de publier le recueil complet des inscriptions connues. Cela valut à la science les deux grands corpus d'inscriptions grecques et latines, auxquels il faut accorder la place d'honneur dans l'ensemble de la documentation épigraphique, les IG (Inscriptiones Graecae) et le CIL (Corpus Inscriptionum Latinarum). Ils furent tous deux commencés à Berlin dans la seconde moitié du XIXe siècle.
En fait les découvertes archéologiques incessantes reculent indéfiniment l'achèvement de pareils recueils, dont les volumes, aussitôt parus, sont en partie dépassés. On doit donc se résoudre à des publications toujours fragmentaires. D'autre part des ambitions diverses, généralement nationales, ont interféré avec les projets de centralisation. Les inscriptions de régions entières ne figurent pas dans les grands corpus monumentaux, mais dans des corpus séparés.
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