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MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


Historiographie gréco-romaine

 

VELLEIUS PATERCULUS (c.19 a.C.- 30 p.C.)

 

Textes rassemblés et présentés par Jean-Marie HANNICK

 Professeur émérite de l'Université de Louvain

 


Vie

Velleius Paterculus, né vers 20/19 a.C. dans une vieille famille d'origine municipale (Histoire romaine, II,16 = T 8), passe la première partie de son existence sous les armes. Il a vingt ans environ quand il commence à servir comme tribunus militum en Thrace et en Macédoine, puis en Achaïe et en Asie. Il eut ainsi l'occasion d'assister à un événement qu'il qualifie d'important (clarum et memorabile, II, 101), l'entrevue de C. César, petit-fils d'Auguste et héritier présomptif, avec le roi des Parthes (2 p.C.). Quand Tibère, adopté par Auguste, part pour la Germanie (4 p.C.), Velleius l'accompagne comme préfet de la cavalerie (II, 104), avant de devenir legatus legionis. Il reste sous les armes dans ces régions jusqu'au triomphe de Tibère (12 p.C.). En 15, Velleius est élu à la préture mais la suite de sa vie nous échappe. Il a probablement consacré ses dernières années à la rédaction de son Histoire, qu'il dédie à son protecteur, M. Vinicius, consul. Vinicius ayant exercé sa charge en 30, on dispose d'un terminus post quem pour la mort de Velleius. Peut-être a-t-il été victime de la répression qui a frappé les partisans de Séjan (31 p.C.), pour lequel notre auteur avait beaucoup d'admiration (II, 127-128).

 

Œuvre

L'œuvre de Velleius Paterculus n'est pas facile à définir. Le titre traditionnel, Histoire romaine, lui a été donné par son premier éditeur, Beatus Rhenanus, mais n'est guère approprié. Velleius, en effet, ne se limite pas à Rome. Il traite d'histoire, d'institutions et de littérature grecques, d'histoire orientale (I, 6) : il s'agirait plutôt d'une histoire universelle, sous forme de résumé. Le point de départ se situe au lendemain de la guerre de Troie, lorsque les chefs des Grecs tentent de rentrer chez eux, et le récit va jusqu'au règne de Tibère, plus précisément jusqu'au consulat de M. Vinicius auquel, on l'a dit ci-dessus, l'ouvrage est dédié. Cette histoire comporte deux livres. Le premier, très mutilé, ne compte que 18 chapitres et s'étend jusqu'à la destruction de Corinthe et de Carthage, en 146 a.C . ; le second semble à peu près complet avec 131 chapitres.

L'auteur insiste à plusieurs reprises sur sa volonté d'être bref (T 11. Voir aussi II, 55, 1 ; 86, 1 ; 99, 4). Cela ne l'empêche pas - et c'est un trait original de son œuvre - d'introduire des excursus, parfois assez développés, sur des questions de littérature : il fait l'éloge d'Homère (T 1), d'Hésiode (I, 7), consacre deux chapitres à la littérature grecque classique et aux débuts des lettres latines (I, 16-17), lettres latines sur lesquelles il revient dans son second livre (II, 9 et 36). On notera aussi que l'auteur ne se contente pas d'énumérer des œuvres et des auteurs, il réfléchit en historien, constate des évolutions, pas seulement en littérature, et en recherche les causes (T 4).

 

Méthode

Sur ce sujet, Velleius se montre très discret. Il ne dit rien de ses sources, même s'il lui arrive de citer Caton (T 2), ou les Annales de Q. Hortensius (T 8). Les spécialistes de la Quellenforschung ont donc pu déployer ici toutes leurs capacités d'imagination, sans aboutir à des résultats bien convaincants : nous ne savons pas quels sont les auteurs utilisés par notre historien, lequel ne révèle pas non plus grand-chose de sa méthode de travail. On le voit très attentif aux questions de chronologie (I, 8 ; II, 4, 7 ; 53, 4…) et capable de confronter ses informateurs sur des sujets de cette nature : cependant, dans ces confrontations, d'ailleurs très rares, il a de la peine à prendre parti (T 2. Voir aussi II, 4, 6). Il a, en revanche, beaucoup de facilité à porter des jugements sur les hommes et les événements, ce qui nous amène à évoquer la manière dont Velleius présente sa synthèse. Il aime, on vient de le dire, donner son avis sur ce qu'il vient de raconter, usant volontiers de formules assez recherchées. Un seul exemple. A propos de la guerre civile qui éclate « sous le consulat de Lentulus et Marcellus [49 a.C.], sept cent trois ans après la fondation de Rome, et soixante-dix-huit ans avant ton propre consulat, M. Vinicius » - toujours ce souci de la précision chronologique ! - , on lit ce commentaire : « Alterius ducis causa melior videbatur, alterius erat firmior ; hic omnia speciosa, illic valentia ; Pompeium senatus auctoritas, Caesarem militum armavit fiducia » (II, 49, 1-2). Velleius, on le voit, soigne son style.

Il s'interroge aussi, comme Polybe avant lui, sur la façon la plus efficace d'ordonner son récit. En général, il suit l'ordre chronologique mais certains sujets, pense-t-il, gagnent à être traités séparément. C'est le cas de la politique de colonisation menée par Rome après l'invasion gauloise (T 3) et de l'organisation des territoires conquis par la création de provinces (II, 38-39).

Comme tant d'autres auteurs grecs et romains, Velleius souligne le rôle de la Fortune dans le déroulement des événements (T 10), s'interrogeant même sur sa participation à la création du monde (T 9). Pourtant, même s'ils sont soumis aux caprices de cette puissance surnaturelle, ce sont les hommes, les individus qui font l'histoire : le récit de Velleius a une forte tonalité biographique, une forte tonalité morale aussi (T 5) et enfin, dès qu'il s'agit d'Auguste et de Tibère, l'allure, non plus d'une histoire, mais d'un panégyrique.

 

Bibliographie

Texte et traduction

- Velleius Paterculus, Histoire romaine, éd. trad. J. Hellegouarc'h, 2 vol., Paris, 1982 (C.U.F.).

- Velleius Paterculus et Florus, Histoire romaine, texte revu et traduit avec notice et notes par P. Hainsselin et H. Watelet, Paris, 1932 (Garnier).

Texte et commentaire

- A.J. Woodman, Velleius Paterculus. The Caesarian and Augustan Narrative (2.41-93), Cambridge, 1983 ; The Tiberian Narrative (2.94-131), 1977 (Cambridge Classical Texts and Commentaries).

Études

- J. Hellegouarc'h, Les buts de l'œuvre historique de Velleius Paterculus, dans Latomus, 23, 1964, p.669-684.

- M.-L. Paladini, Studi su Velleio Paterculo, dans Acme, 6, 1953, p.447-478.

- U. Schmitzer, Velleius Paterculus und das Interesse an der Geschichte im Zeitalter des Tiberius, Heidelberg, 2000.

- R.J. Starr, The Scope and Genre of Velleius'History, dans Classical Quarterly, 31, 1981, p.162-174.

 

Textes choisis (trad. J. Hellegouarc'h)

 

T.1 - Histoire romaine, I, 5 C'est ensuite que brilla l'illustre génie d'Homère, le plus grand sans conteste, qui, par l'étendue de son œuvre et l'éclat de ses chants, mérita seul le nom de poète ; ce qui est le plus remarquable, c'est qu'on ne trouve avant lui aucun modèle qu'il pût imiter, ni personne après lui qui pût l'imiter. Nous ne découvrirons personne d'autre non plus, en dehors d'Homère et d'Archiloque, qui soit le créateur d'un genre et dans ce genre, l'auteur le plus parfait. Il vécut à une époque plus éloignée de la guerre de Troie, qu'il a racontée, que certains ne le pensent ; car sa gloire date d'environ neuf cent cinquante ans et il est né il y a moins de mille ans. Aussi ne faut-il pas s'étonner d'une formule qu'il utilise souvent : « tels que sont les mortels aujourd'hui » ; car il note les différences des hommes aussi bien que des époques. Quant à penser qu'il est né aveugle, c'est manquer de tout bon sens.

 

T.2 - I, 7, 2-4 En m'attardant sur les pays étrangers, j'en suis arrivé à un fait d'histoire intérieure, extrêmement incertain et fort controversé parmi les auteurs. Certains affirment que c'est au cours de cette période que les Étrusques fondèrent Capoue et Nole, il y a environ huit cent trente ans. Pour ma part, je serais tenté d'être de leur avis : mais quelle divergence avec Caton qui dit que Capoue fut fondée par ces mêmes Étrusques, ensuite Nole, et que Capoue a subsisté, avant sa prise par les Romains [211 a.C.], pendant environ deux cent soixante ans ! S'il en est bien ainsi, la prise de Capoue ayant eu lieu il y a deux cent quarante ans, cela fait environ cinq cents ans qu'elle a été fondée. Pour moi, n'en déplaise à l'exactitude de Caton, j'ai peine à croire qu'en si peu de temps une si grande ville ait pu croître, être florissante, s'écrouler et se relever.

 

T.3 - I, 14, 1 L'aspect de tout événement restant plus facilement fixé dans les yeux et dans l'esprit s'il est rassemblé en un tableau d'ensemble que s'il est fractionné en divisions chronologiques, j 'ai décidé de séparer la première et la deuxième partie de ce volume par un résumé des faits qu'il n'est pas inutile de connaître et d'y insérer, avec leur date, la liste des colonies dont, après la prise de Rome par les Gaulois, la fondation fut ordonnée par le Sénat ; quant aux colonies militaires, les causes de leur établissement, leurs fondateurs et leurs noms sont bien connus. Nous mêlerons à cette trame, d'une façon qui ne nous paraît pas inopportune, un développement sur les cités qui, dans le même temps, se sont agrandies, ainsi que sur l'accroissement du nom romain par l'extension du droit de cité.

 

T.4 - I, 17, 3-6 Quant à l'éloquence, à la force du discours politique et à la parfaite beauté de la prose oratoire, toujours exception faite de Caton - et sans médire de P. Crassus, de Scipion, de Lélius, des Gracques, de Fannius et de Servius Galba -, elles ont jailli dans toute leur plénitude avec le prince de ce genre littéraire, Marcus Tullius, de sorte qu'on ne peut trouver de charme qu'à un très petit nombre de ses prédécesseurs sans en admirer aucun qu'il n'ait vu lui-même ou qui ne l'ait vu. Quiconque s'attachera aux caractéristiques des différentes époques découvrira qu'il en fut de même pour les grammairiens, les sculpteurs, les peintres, les graveurs et que l'apogée de chaque genre se situe dans des limites chronologiques très étroites.

Je ne cesse de rechercher les causes de cette convergence et de cette réunion à chaque époque de talents semblables, manifestant les mêmes tendances et remportant les mêmes succès; je n'en trouve aucune que je puisse tenir pour absolument certaine, mais seulement de vraisemblables, notamment celle-ci. L'émulation nourrit le talent et, tantôt l'envie, tantôt l'admiration pousse à l'imitation ; il est donc naturel que ce qu'on a cultivé avec la plus grande ardeur atteigne les sommets, mais il est difficile de se maintenir dans la perfection et, tout naturellement, ce qui ne peut avancer recule.

 

T.5 - II, 1, 1-2 Le premier Scipion [l'Africain] avait ouvert la voie à la puissance de Rome, le second [Émilien] l'ouvrit au luxe. Car, une fois écartée la crainte que l'on avait de Carthage et éliminée une rivale de l'Empire, ce n'est point pas à pas mais d'une course effrénée que l'on abandonna la vertu et que l'on se jeta dans les vices ; on renonça aux vieux principes, on en introduisit de nouveaux ; les citoyens abandonnèrent les veilles pour le sommeil, les armes pour le plaisir, l'activité pour le loisir. Alors Scipion Nasica édifia des portiques sur le Capitole, alors Metellus érigea ceux dont nous avons déjà parlé, alors Cn. Octavius éleva dans le Cirque le plus beau de tous : la magnificence publique entraîna le faste des particuliers.

 

T.6 - II, 2, 1-3 De fait, Tiberius Gracchus, fils de Tiberius Gracchus, citoyen de très haute renommée et de très grande valeur, petit-fils de Publius Scipion l'Africain par sa mère, sous la questure et à l'initiative duquel ce traité [avec Numance] avait été signé, eut peine à admettre l'annulation d'un de ses actes ou bien craignit d'être exposé à un jugement et à une peine analogue ; devenu tribun de la plèbe, cet homme qui, par ailleurs, menait une vie tout à fait irréprochable, dont l'intelligence était particulièrement brillante et les intentions extrêmement pures, bref pourvu d'aussi grandes vertus qu'un mortel peut en posséder par nature ou les acquérir par ses mérites, abandonna le parti des gens de bien sous le consulat de P. Mucius Scaevola et L. Calpurnius [133 a.C], il y a de cela cent soixante-deux ans ; promettant le droit de cité à toute l'Italie et promulguant en même temps des lois agraires, alors que tous désiraient ardemment la stabilité, il mit tout sens dessus dessous et précipita l'État dans une situation difficile et périlleuse

 

T.7 - II, 9, 1-2 Au cours de la même période brillèrent comme orateurs Scipion Émilien et Laelius, Servius Galba, les deux Gracques, C. Fannius, Papirius Carbo ; il ne faut pas oublier non plus Metellus Numidicus et Scaurus, et, par-dessus tout, L. Crassus et M. Antonius. Aux talents de cette génération succédèrent C. Caesar Strabo et P. Sulpicius. Quant à Q. Mucius, c'est à sa science de juriste plus qu'à son éloquence proprement dite qu'il dut sa célébrité.

 

T.8 - II, 16, 2-3 Pour ma part, je n'enlèverai pas par fausse modestie la moindre parcelle de gloire à ma famille, tout en respectant la vérité. Il me faut en effet payer un grand tribut à la mémoire de mon quatrième aïeul, Minatus Magius d'Aeculanum. Petit-fils d'un homme particulièrement connu pour sa loyauté, Decius Magius, un notable de Capoue, il se montra au cours de cette guerre [Guerre sociale : 91-89 a.C.] si loyal à l'égard des Romains qu'avec une légion qu'il avait recrutée lui-même chez les Hirpins, il prit Herculanum en compagnie de T. Didius, assiégea Pompéi avec L. Sylla et s'empara de Compsa. Ses mérites ont été mentionnés par plusieurs historiens, mais c'est Q. Hortensius qui, dans ses Annales, les a le mieux mis en lumière. Le peuple romain rendit pleinement hommage à sa piété en le gratifiant à titre individuel du droit de cité et en nommant ses deux fils préteurs quand il n'y en avait encore que six.

 

T.9 - II, 66, 3-5 C'est en vain cependant, Marc Antoine - car l'indignation qui jaillit de mon cœur et de ma poitrine me contraint à déborder du cadre que j'avais fixé à mon ouvrage - c'est en vain, dis-je, que tu as compté son salaire à celui qui a fait taire cette voix si divine et tranché cette tête si illustre et que tu as suscité le versement d'une prime macabre pour le meurtre de celui qui avait jadis sauvé l'État et avait été un si grand consul. Tu as enlevé alors à Cicéron des jours qu'il aurait vécus dans l'inquiétude des années de vieillesse et une vie qui eût été plus malheureuse sous ton principat que ne le fut sa mort sous ton triumvirat ; la renommée et la gloire que lui avaient données ses actes et ses paroles, tu ne les a pas annulées, mais au contraire augmentées. Il vit et vivra dans la mémoire de tous les siècles et, tant que subsistera ce corps que constitue l'univers, qu'il ait été formé par le hasard, la providence ou quelqu'autre cause et qu'il fut presque le seul parmi les Romains à contempler avec son intelligence, à embrasser avec son génie et à éclairer avec son éloquence, il emportera avec lui pour l'accompagner dans sa durée la gloire de Cicéron et toute la postérité admirera ce qu'il a écrit contre toi, détestera ce que tu as fait contre lui et le genre humain disparaîtra du monde plus vite que<son nom>.

 

T.10 - II, 75, 2-3 Qui pourrait suffisamment s'étonner des caprices de la fortune et de l'instabilité des choses humaines ? Qui n'espérerait ou ne craindrait un renversement de sa situation présente et le contraire de ce qu'il attend ? Livie, fille du très noble et très valeureux Drusus Claudianus, la plus éminente des Romaines pour la naissance, la vertu et la beauté, que nous avons vu devenir plus tard l'épouse d'Auguste, puis sa prêtresse et sa fille quand il fut allé rejoindre les dieux, fuyait alors les armes et les troupes de César qui allait bientôt devenir son mari, portant sur son sein notre Tibère César, alors âgé de deux ans, qui allait devenir le protecteur de l'Empire romain et le fils de ce même César ; par des chemins détournés, évitant les armes de soldats et en compagnie d'un seul homme afin de cacher plus aisément sa fuite, elle parvint à la mer et, avec son mari Néron, elle passa en Sicile.

 

T.11 - II, 89, 1-3 Par quel concours de foule, par quel enthousiasme de gens de toute condition, de tout âge, de tout ordre César a été accueilli à son retour en Italie et à Rome [a. 29], quelle a été la magnificence de ses triomphes, des spectacles qu'il a donnés, cela ne pourrait même pas être convenablement exprimé dans un ouvrage de dimensions normales, à plus forte raison dans un abrégé tel que le mien. Rien de ce que les hommes peuvent demander aux dieux, rien de ce que les dieux peuvent fournir aux hommes, rien de ce qui peut être souhaité, rien de ce qui peut être accompli avec un plein succès qu'Auguste, après son retour à Rome, n'ait réalisé pour l'État, le peuple romain et le monde entier. Les guerres civiles furent terminées au bout de vingt ans, les guerres extérieures s'éteignirent, la paix fut rétablie, la fureur des armes partout s'apaisa ; on rendit aux lois leur force, aux tribunaux leur autorité, au Sénat sa majesté, les pouvoirs des magistrats retrouvèrent leurs limites originelles : toutefois, aux huit préteurs on en ajouta deux.

 

T.12 - II, 106 Grands dieux ! quel ouvrage il faudrait pour raconter les actions que nous avons réalisées l'année suivante sous le commandement de Tibère César ! Nos armées parcoururent la Germanie tout entière, nous vainquîmes des nations dont le nom nous était presque inconnu, nous reçûmes la soumission des peuples des Cauches : toute leur armée, composée de jeunes gens innombrables, à la stature colossale, parfaitement protégés par la nature du terrain, livra ses armes et, enfermée avec ses chefs dans le cercle étincelant de nos soldats en armes, elle se prosterna devant le tribunal du général. On dompta les Langobards, la nation la plus barbare des barbares Germains ; enfin, ce à quoi l'on n'avait encore jamais songé, bien loin de l'avoir tenté, l'armée romaine fut conduite avec ses enseignes, sur une distance de quatre cents milles à partir du Rhin, jusqu'à l'Elbe qui arrose les territoires des Semnones et des Hermundures. C'est que, grâce à la chance et à la diligence étonnantes de notre général, grâce aussi à l'habile choix du moment, la flotte, après avoir navigué en suivant le contour des côtes de l'Océan, puis, quittant une mer jusque là inconnue et inexplorée, remonté le cours de l'Elbe, victorieuse de très nombreuses nations et chargée d'un très abondant butin de toute sorte, rejoignit César et son armée.

T.13 - II, 131 Il me faut terminer cet ouvrage par une prière. Jupiter Capitolin, et toi, Mars Gradivus, fondateur et soutien du nom romain, et toi , Vesta, gardienne du feu perpétuel, et vous, toutes les divinités qui avez élevé la puissance de l'Empire romain jusqu'au plus haut niveau dans le monde, je vous implore et vous supplie au nom de tous : gardez, conservez, protégez le régime qui est le nôtre, la paix dont nous jouissons, <le prince qui nous gouverne> ; que ce dernier occupe très longtemps son poste parmi les hommes ; donnez-lui ensuite, le plus tard possible, des successeurs, mais des successeurs dont les épaules soient aussi fortes pour soutenir le poids de l'empire du monde que les siennes, nous le voyons, l'ont été, et que les projets de tous les citoyens, s'ils sont justes…

 


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[ 13 novembre 2006 ]


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