[ BCS ] [ BCS-BOR ] [ BCS-PUB ] [Encyclopédie de l'histoire : Introduction ]
MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS
Historiographie gréco-romaine
XENOPHON (c. 430 - 355)
Textes rassemblés et présentés par Jean-Marie HANNICK
Professeur émérite de l'Université de Louvain
L'auteur
Lacunes et incertitudes abondent dans la biographie de Xénophon. Diogène Laërce lui a certes consacré une notice dans ses Vies des philosophes illustres mais elle est très peu satisfaisante et les confidences que l'auteur lui-même nous fait dans ses œuvres ne nous éclairent que très chichement. La date de sa naissance est approximative, vers 430, c'est-à-dire au début de la guerre du Péloponnèse. On connaît son dème, Erchia, dans la campagne à l'est d'Athènes, et le nom de son père, Gryllos. Sa famille devait être aisée : Xénophon a fréquenté les sophistes, dont l'enseignement n'était pas gratuit ; on connaît aussi son goût pour l'équitation, activité qui, de même, n'était guère accessible aux gens sans fortune. Un premier événement marquant dans la vie de Xénophon est sa rencontre avec Socrate, rencontre fortuite selon Diogène Laërce. Il n'empêche que la jeune homme va s'attacher à un maître qui le marque profondément, dont il prendra la défense (Apologie de Socrate) et qu'il mettra en scène dans plusieurs de ses œuvres (Mémorables, Économique, Banquet).
En 401, Xénophon répond à l'invitation de son ami thébain, Proxène, et rejoint Cyrus le Jeune qui monte en secret une expédition destinée à détrôner son frère, le roi Artaxerxès II. C'est la période la mieux connue de sa vie : Xénophon raconte cette aventure dans les sept livres de l'Anabase. Comme on sait, la tentative de Cyrus échoue. A la bataille de Counaxa, près de Babylone, bataille à laquelle Xénophon prend part (T 1), Cyrus blesse son frère mais est lui-même frappé à mort (T 2) ; les mercenaires grecs n'ont plus qu'à battre en retraite mais leurs chefs, auxquels Tissapherne a tendu un piège, sont arrêtés et exécutés. On pourvoit à leur remplacement et Xénophon fait partie de la nouvelle équipe dirigeante (T 4) ; plus tard, on songera même à lui confier le commandement en chef (T 7). Le retour sera long et difficile. Les Grecs réussissent pourtant à atteindre la mer Noire, obliquent vers Byzance et terminent leur équipée à Pergame où les survivants sont enrôlés par Thibron, un chef spartiate envoyé en Asie défendre les cités grecques contre le satrape Tissapherne. On ne sait pas bien ce que fait Xénophon à ce moment. Est-il rentré à Athènes ? Certains le pensent mais le moment était mal choisi : les disciples de Socrate ne devaient pas être les bienvenus dans une cité qui venait de condamner le maître. Il en est d'ailleurs qui placent à cette époque la sentence d'exil qui frappe Xénophon (T 9). Est-il resté en Asie aux côtés de Thibron et de son successeur Dercyllidas ? Il accompagne en tout cas le roi Agésilas lorsque celui-ci reprend le combat contre Tissapherne. En 394, le roi est rappelé pour mater une coalition de cités grecques ‒ dont Athènes ‒ lassées de supporter l'hégémonie spartiate (T 5). Xénophon suit Agésilas et participe ainsi à la bataille de Coronée (394), en Béotie, où il se bat donc contre ses compatriotes : ce serait, selon d'autres commentateurs, la cause de sa condamnation à l'exil. Interdit de séjour à Athènes, Xénophon réside d'abord à Sparte, puis ses hôtes lui offrent une propriété à Scillonte, près d'Olympie, où il construit un sanctuaire à Artémis sur le modèle de celui d'Éphèse (cf. Anabase, V, 3). Xénophon est maintenant marié et aura deux fils, Diodore et Gryllos. Il mène une vie paisible, écrit, fait fructifier son domaine, jusqu'en 371. A cette date, les Éléens, en guerre avec Sparte, prennent Scillonte et en chassent notre auteur qui se réfugie à Corinthe. Un peu plus tard, le décret de bannissement qui le frappait est annulé et il est possible qu'il soit revenu dans sa patrie. En tout cas, ses deux fils combattent à Mantinée (362) sous la bannière athénienne : Gryllos y perd la vie dans un combat de cavalerie. D'après Diogène Laërce, Xénophon lui-même serait mort à Corinthe, à un âge avancé.
Œuvres
Xénophon a beaucoup écrit et dans des genres très variés. Quatre titres, cités ci-dessus, tournent autour du personnage de Socrate et relèvent donc plus ou moins de la philosophie. D'autres traitent de problèmes techniques : l'Equitation, le Commandant de cavalerie (Hipparque), le Traité de la chasse (Cynégétique). L'auteur s'est aussi intéressé aux questions économiques et politiques (Constitution des Lacédémoniens, Hiéron, Revenus). Le thème du bon gouvernement revient dans la Cyropédie où le roi de Perse Cyrus le Grand est présenté comme le fondateur d'un État modèle, un chef militaire et un conquérant digne de tous les éloges. La Cyropédie, même si elle n'est qu'une sorte de biographie romancée et moralisante, touche donc à l'histoire, comme l'Agésilas, éloge du roi de Sparte que Xénophon a bien connu (T 21). Relèvent plus nettement du genre historique l'Anabase et surtout les Helléniques qui vont maintenant retenir notre attention. La Constitution des Athéniens, attribuée à Xénophon, n'est sans doute pas de lui mais l'auteur est difficile à identifier : on l'appelle communément le « Vieil Oligarque ».
L'historien Xénophon : Anabase et Helléniques
On ne sait pas à quelles dates Xénophon a rédigé ses différentes œuvres. Pour l'Anabase, on serait tenté de croire à une période relativement proche des événements, tant le texte fourmille de détails précis, de descriptions vivantes ; les souvenirs de l'auteur paraissent si frais qu'on songe aux premières années de son séjour à Scillonte, vers 390-380. Il semble qu'il ait publié le récit sous un pseudonyme, Thémistogène de Syracuse. C'est ainsi que Plutarque explique le curieux passage des Helléniques où Xénophon attribue à cet auteur inconnu une œuvre identique à la sienne (T 13) : « Xénophon a été son propre historien : il a raconté ce qu'il fit comme stratège, les succès qu'il obtint, en attribuant la composition de l'ouvrage à Thémistogène de Syracuse : c'était renoncer à sa gloire d'auteur afin d'obtenir plus de créance, en parlant de lui comme un étranger » (De gloria Atheniensium, 345E). Et l'on n'a pas trouvé jusqu'ici d'explication plus convaincante que celle de Plutarque.
Le récit comporte deux parties bien différentes. Dans les deux premiers livres, le personnage de Xénophon est presque absent ; il accompagne l'expédition mais n'y joue aucun rôle (T 3), même s'il a pris part à la bataille de Counaxa (T 1). A partir du livre III, c'est-à-dire après l'exécution des chefs des mercenaires grecs, notre auteur, élu stratège (T 4), participe activement à la conduite des opérations et se voit même proposer le commandement en chef (T 7). L'Anabase est donc le récit, non seulement d'un témoin direct, mais d'un des principaux acteurs de cette aventure. Ce récit est-il véridique ? On y a, depuis longtemps, décelé des tendances apologétiques (F. Durrbach). L'auteur y décrit son rôle avec une certaine complaisance, prononce des discours d'un vrai chef de guerre, conçoit des projets de grande envergure (T 6) : il ne serait pas étonnant qu'il y ait là quelque exagération. Pour en savoir davantage, il faudrait pouvoir confronter ce récit à d'autres témoignages, qui ne sont malheureusement pas très abondants. Un des stratèges ayant pris part à l'expédition, Sophénète de Stymphale, avait, lui aussi, mis ses souvenirs par écrit mais le texte en est perdu, à part quatre misérables fragments (FGrH, 109). Un autre contemporain, le médecin Ctésias, avait également traité le sujet dans ses Περσικά, ouvrage dont il ne subsiste aussi que des lambeaux (FGrH, 688). Reste Diodore de Sicile qui consacre un long développement à l'aventure des Dix-Mille (Bibliothèque historique, XIV, 31). Diodore est évidemment très tardif par rapport aux événements qu'il connaît, semble-t-il, par Éphore, lequel pourrait s'être inspiré de Sophénète (cf. M. Bonnet - E.R. Bennett (éds), Diodore de Sicile, Bibliothèque historique. Livre XIV, Paris, 1997, C.U.F., p. IX-X). S'il en est ainsi, Diodore serait une source très sérieuse. Toujours est-il qu'il ignore totalement le rôle de Xénophon dans la retraite des Dix-Mille. Selon lui, après Counaxa, le personnage principal, c'est Cléarque (XIV, 25) et, lorsque Cléarque disparaît, c'est Chirisophe qui est nommé commandant en chef (XIV, 27, 1). Xénophon n'est cité qu'à la fin de l'expédition, quand certains mercenaires grecs sont déjà rentrés chez eux : les quelques milliers qui restent en Asie le choisissent comme stratège (XIV, 37, 1-4). Pour ce qui concerne le commandement, les récits de l'Anabase et de Diodore sont donc inconciliables.
Les Helléniques sont une continuation de Thucydide mais Xénophon ne se contente pas de parachever l'œuvre de son prédécesseur en racontant la fin de la guerre du Péloponnèse, il prolonge le récit jusqu'à la bataille de Mantinée, au cours de l'été 362. Xénophon se rattache si étroitement à son devancier qu'il se dispense d'écrire le moindre mot d'introduction ; il se contente d'un simple lien chronologique, μετὰ δὲ ταῦτα οὐ πολλαῖς ἡμέραις ὕστερον... (Τ 10). Et il prend manifestement Thucydide pour modèle dans sa relation des années 411-404, c'est-à-dire dans le premier livre et le début du deuxième ; peut-être même a-t-il disposé ici des « papiers » de Thucydide qu'il n'aurait eu qu'à mettre en forme. A partir du livre II, chapitre 3, le ton change. L'auteur se livre à des commentaires personnels (T 12, 18), abandonne volontiers le récit principal pour introduire des digressions, sur Jason de Phères (VI, 1, 4-19 ; 4, 27-37), sur les affaires de Phlious (VII, 2 ; cf. T 19), sur Euphron de Sicyone (VII, 3), par exemple ; on le voit même ici ou là s'ériger en professeur de morale (T 16 ; cf. aussi V, 3, 21-22).
De manière générale, on juge assez sévèrement les Helléniques de Xénophon. On reproche à l'auteur son peu de précision dans la chronologie bien que, comme Thucydide, il lui arrive d'indiquer la saison où un événement est intervenu (V, 3, 19 ; 4, 47 ; 4, 58 ; VI, 5, 20). On n'apprécie pas non plus ses choix dans les matières à traiter. Il a, certes, réfléchi à cette question (T 15) mais ne semble pas toujours avoir été fort lucide. Il enregistre les dernières paroles de Théramène (T 12) ; note, en s'excusant quelque peu, les manifestations de sympathie des soldats de Teleutias quand celui-ci les quitte pour rentrer à Sparte (V, 1, 3-4) ; s'étend sur les affaires de Phlious (VII, 2) et manifeste son intérêt pour l'histoire des petites cités (T 19), alors qu'il passe sous silence la fondation de la seconde ligue de Délos ! Sa recherche des causes est aussi très sommaire. Au fond, cet homme pieux ne s'en préoccupe guère. Il voit partout l'action de la divinité (T 14, 17, 20).
On ne doit pourtant pas s'arrêter aux seuls aspects critiquables des Helléniques. Il faut souligner aussi le talent que manifeste Xénophon dans ses récits de batailles et la précision des données qu'il a pu recueillir (p.ex. IV, 2, 16-17 sur les effectifs engagés à Némée). Sa relation du procès des stratèges vainqueurs aux îles Arginuses ne manque pas non plus d'allure et est riche d'enseignements sur le fonctionnement des institutions judiciaires d'Athènes (I, 7). Et c'est encore à Xénophon qu'on doit le texte si précieux de la paix d'Antalcidas (V, 1, 31). En dépit de leurs faiblesses, les Helléniques ne sont donc pas une source négligeable.
Survie
En tant qu'historien, Xénophon n'a jamais bénéficié d'un grand crédit. Ses Helléniques ont été peu goûtées dans l'antiquité, note Ch. Tuplin dans la notice consacrée à notre auteur du Blackwell Dictionary of Historians (Oxford, 1988, p.460) et les modernes, en général, se montrent aussi fort sévères envers cette œuvre. Xénophon était un dilettante, selon J. B. Bury : « his mind was essentially mediocre, incapable of penetrating beneath the surface of things » (The Ancient Greek Historians, p. 151). Pareille accusation se trouvait déjà dans les Journaux intimes de B. Constant à la date du 24 septembre 1804 (= 2 Vendémaire, An XIII) : « Lu Xénophon. C'était un homme médiocre, que la société de Socrate avait rendu le meilleur et le plus distingué des hommes médiocres » (Œuvres, éd. A. Roulin, La Pléiade, p.346). Quelques jours plus tard, le 12 Vendémiaire, Constant se montre cependant plus bienveillant et reconnaît la qualité de son style : « Lu Xénophon, retraite des Dix-Mille. Le morceau sur la mort de Cléarque et la perfidie des Perses est d'un intérêt très dramatique » (p.351). De fait, les œuvres de Xénophon autres que les Helléniques ont connu un réel succès. K. Münscher l'a montré pour l'antiquité, Xenophon in der griechisch-römischen Literatur (Leipzig, 1920), ouvrage dont l'essentiel se retrouve dans l'article de H.R. Breitenbach, Xenophon, IV. Nachleben de la R.E. (IXA2, col.1902-1906). Bornons-nous à deux exemples. D'abord dans le monde latin où Cicéron nous apprend que le grand Scipion l'Africain avait toujours sous la main la Cyropédie de Xénophon, et que cela se justifie : « il n'est pas en effet un seul des devoirs d'un souverain vigilant et sage qui y soit omis » (Ad Quintum fratrem, I, 1, 23). Autre exemple, celui d'Arrien qui admirait tellement Xénophon qu'il lui avait emprunté son nom et se présentait comme son sosie : ὁμωνυμός τε αὐτῷ καί πόλεως τῆς αὐτῆς καὶ ὰμφὶ ταῦτὰ ἀπὸ νέου ἐσπουδακώς, κυνηγέσια καὶ στρατηγίαν καὶ σοφίαν (Cynégétique, I, 4).
Xénophon suscite aussi beaucoup d'intérêt à la Renaissance. En 1447, Le Pogge traduit la Cyropédie qu'il dédie à Alphonse V le Magnanime. Machiavel semble également apprécier Xénophon auquel il renvoie le lecteur dans plusieurs passages des Discours sur la première décade de Tite-Live : au Hiéron, sur les méfaits de la tyrannie (II, 2) ; à la Cyropédie, sur l'usage de la ruse pour réussir en politique (II, 13) ; à la Cynégétique, sur la ressemblance entre la chasse et la guerre (III, 39). En 1571, est éditée à Paris, sous le titre La Mesnagerie et par les soins de Montaigne, la traduction française de l'Économique par La Boétie, lequel tenait Xénophon en haute estime, « historien grave et du premier rang entre les Grecs », écrit-il dans son célèbre opuscule sur La servitude volontaire (éd. M. Smith, Genève, 1987, p.56). Montaigne lui-même, et plus tard Montesquieu, n'ignoraient pas Xénophon. Les Essais et L'esprit des lois sont riches en exemples tirés de la Cyropédie, du Hiéron, des Revenus etc. Chez Bossuet, le point de vue est différent. Pour lui, la Cyropédie, titre qui l'intéresse particulièrement, est un véritable livre d'histoire, plus fiable que les récits de Justin, Diodore, Ctésias, et même Hérodote : « pour peu qu'on soit instruit de l'antiquité, on n'hésitera pas à préférer, avec saint Jérôme, Xénophon, un si sage philosophe, aussi bien qu'un si habile capitaine, à Ctésias, auteur fabuleux... et plutôt même qu'Hérodote, quoiqu'il soit très judicieux » ; et Bossuet de justifier aussitôt sa préférence : « Ce qui m'a déterminé à ce choix, c'est que l'histoire de Xénophon, plus suivie et plus vraisemblable en elle-même, a encore cet avantage qu'elle est plus conforme à l'Écriture » (Discours sur l'histoire universelle, 1ère partie, 7e époque, dans Œuvres, éd. B. Velat - Y. Champailler, La Pléiade, 1961, p.690-691). Autre éloge, mais d'une tout autre nature et plus proche de nous, sous la plume d'H. Taine qui, pour se délasser, reprend son Xénophon et lui trouve tant de charme qu'il lui consacre une étude d'une quarantaine de pages. « J'ai relu l'Anabase de Xénophon, et avec tant de plaisir que je demande la permission d'en citer et d'en commenter quelques pages. Rien de plus curieux que cette armée grecque, république voyageuse qui délibère et qui agit, qui combat et qui vote... Mais la beauté du style surpasse encore l'intérêt du récit. » (Essais de critique et d'histoire, 8e éd., Paris, 1900, p.50).
On clôturera ce bref aperçu sur la survie de Xénophon avec Léo Strauss (1899-1973), philosophe d'origine allemande, exilé aux États-Unis en 1938, qui, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, s'interroge sur la tyrannie, régime qui venait de montrer jusqu'à quelles horreurs il pouvait conduire. Pour analyser correctement ce type de gouvernement, il est indispensable, estime-t-il, de remonter jusqu'aux Anciens et, en particulier, jusqu'au Hiéron de Xénophon. Et Strauss d'en reproduire le texte, en traduction, puis d'en faire un commentaire approfondi et de publier le tout sous le titre On Tyranny : An Interpretation of Xenophon's Hieron (NewYork, 1949). Mais les choses n'en sont pas restées là. Les idées de Strauss ont été contestées par E. Voegelin et surtout par A. Kojève, puis l'auteur leur a répondu. Et voilà notre Xénophon, avec son Hiéron, au centre d'un débat qui a mis aux prises quelques-uns des plus grands noms de la science politique de l'époque. Tout ce dossier est maintenant disponible en traduction française chez Gallimard, collection TEL, 1983.
Bibliographie
Éditions - traductions
– Anabase, éd., trad. P. Masqueray, 2 vol., 3e éd., Paris, 1954-1959 (C.U.F.).
– Helléniques, éd., trad., J. Hatzfeld, 2 vol., I (Livres I-III), 4e éd., Paris, 1960 ; II (Livres IV-VII), 1948 (C.U.F.).
– Xenophon Hellenica, ed. E.C. Marchant - comm. G.E. Underhill, Oxford, 1906 (Repr. Arno Press, New York, 1979).
– Cyropédie - Hipparque - Équitation - Hiéron - Agésilas - Revenus, trad. P. Chambry, Paris, s.d. [1958] (Classiques Garnier).
Études
– Daverio Rocchi G., Hégémonie et autonomie : les petites cités dans les 'Helléniques' de Xénophon, dans Ancient Society, 38, 2008, p.1-21.
– Delebecque E., Essai sur la vie de Xénophon, Paris, 1957 (Études et commentaires, 25).
– Durrbach F. L'apologie de Xénophon dans l'Anabase, dans Revue des études grecques, 6, 1893, p.343-386.
– Giraud J.-M., Xénophon et l'explication de la défaite spartiate, dans Dialogues d'histoire ancienne, 26.1, 2000, p.85-107.
– Golfin E., Essai sur la construction du temps dans la narration historique. L'exemple des 'Helléniques' de Xénophon, dans Antiquité classique, 72, 2003, p.75-94.
– Gray V.J., Xenophon's Hiero and the Meeting of the Wise Man and Tyrant in Greek Literature, dans Classical Quarterly, 36, 1986, p.115-123.
– Gray V., The Character of Xenophon's Hellenica, Londres, 1989.
– Lévy E., L'art de la déformation historique dans les 'Helléniques' de Xénophon, dans H. Verdin - G. Schepens - E. De Keyser (éds), Purposes of History. Studies in Greek Historiography from the 4th to the 2nd Centuries B.C., Louvain, 1990, p.125-157.
– Luccioni J., Les idées politiques et sociales de Xénophon, Paris, s.d. [1947]
– Rahn P. J., Xenophon's Developing Historiography, dans Trans. and Proceed. of the Amer. Phil. Assoc., 102, 1971, p.497-508.
– Riedinger J.-Cl., Études sur les 'Helléniques'. Xénophon et l'histoire, Paris, 1991 (Collection d'études anciennes, 120).
– Riedinger J.-Cl., Un aspect de la méthode de Xénophon : l'origine des sources dans les 'Helléniques' III-VII, dans Athenaeum, 81, 1993, p.517-544.
– Rood J., Xenophon's Parasangs, dans Journal of Hellenic Studies, 130, 2010, p.51-66.
– Tuplin Ch. (éd.), Xenophon and his World. Papers from a conference held in Liverpool in July 1999, Stuttgart, 2004 (Historia Einzelschriften, 172).
Textes choisis
ANABASE (trad. P. Masqueray)
T 1 - I, 8, 14-17 [Avant la bataille de Counaxa] Pendant ce temps l'armée des barbares s'avançait d'un mouvement égal, tandis que celle des Grecs, encore immobile, se grossissait de tous ceux qui survenaient encore. Cyrus passant à cheval à quelque distance du front regardait à droite, à gauche, examinant l'ennemi et ses propres troupes. De l'armée grecque Xénophon d'Athènes l'ayant aperçu poussa son cheval dans sa direction et lui demanda s'il avait quelque ordre à transmettre. L'autre ayant arrêté sa bête lui dit et lui ordonna de répéter à tous que les sacrifices étaient favorables, et favorables aussi les entrailles des victimes. Il parlait encore lorsqu'il entendit un bruit qui courait dans les rangs ; il demanda quel était ce bruit. Xénophon répondit : « C'est le mot d'ordre qui passe déjà pour la seconde fois. » Cyrus surpris : « Qui l'a donné ? », dit-il et il voulut savoir quel était le mot d'ordre : « Zeus sauveur et Victoire », répondit Xénophon. « Eh bien, je l'accepte, dit Cyrus, et que cela se réalise. » Et là-dessus il retourna à son poste.
T 2 - I, 8, 25-27 Quand ces troupes eurent été mises en déroute, les six cents cavaliers de Cyrus dans l'ardeur de la poursuite se dispersèrent dans tous les sens. Il ne resta autour de lui qu'un tout petit nombre de gens, ceux qu'on appelait pour la plupart, ses commensaux. Avec eux il aperçoit le Roi et le groupe qui l'entourait. Aussitôt il ne se contint plus. « Le voilà, cria-t-il, je le vois ! » et il s'élance sur lui, le frappe à la poitrine et le blesse à travers sa cuirasse, comme l'assure le médecin Ctésias, qui prétend même avoir personnellement guéri la blessure.
Au moment où il frappe, un inconnu d'un coup de javelot l'atteint sous l'œil, violemment. Ce fut alors une lutte entre le Roi, Cyrus et les gens qui les entouraient, chacun combattant pour l'un ou pour l'autre. Ctésias énumère tous ceux autour du Roi qui succombèrent, car il était auprès de lui. Du côté opposé, Cyrus fut tué et sur son cadavre tombèrent huit des principaux de sa suite.
T 3 - III, 1, 4-6 Or, il y avait dans l'armée un Athénien, nommé Xénophon, qui la suivait ni comme stratège, ni comme lochage, ni comme soldat. C'était Proxène, son hôte depuis des années, qui l'avait fait venir de chez lui. Il lui promettait, si Xénophon le rejoignait, qu'il ferait de lui un ami de Cyrus, dont il attendait plus pour lui-même, disait-il, que de sa patrie [la Béotie]. Quand Xénophon eut lu sa lettre, il se concerta avec Socrate d'Athènes pour savoir s'il devait se mettre en route. Socrate, qui appréhendait que l'amitié avec Cyrus ne fût mal vue de la cité, parce que Cyrus passait pour avoir soutenu avec ardeur les Lacédémoniens dans leur guerre contre Athènes, conseilla à Xénophon d'aller à Delphes pour consulter le dieu sur ce voyage. Xénophon y alla. Il demanda à quel dieu il devait offrir des sacrifices et des prières, pour parcourir dans les meilleures conditions la route à laquelle il songeait et pour revenir sain et sauf, après un plein succès. Apollon lui indiqua les dieux auxquels il fallait qu'il sacrifiât.
T 4 - III, 1, 44-47 Après lui Chirisophe s'exprima ainsi : « Jusqu'ici, Xénophon, je ne savais de toi qu'une chose, c'est que tu es Athénien, m'avait-on dit, mais aujourd'hui, je te félicite de tes paroles comme de tes actes, et je voudrais que les gens de ta trempe fussent aussi nombreux qu'il se peut : tout le monde y gagnerait. Et maintenant, ajouta-t-il, sans perdre un instant, mes amis, allez vous choisir des chefs, puisque vous n'en avez plus. Votre choix fait, revenez au centre du camp avec ceux que vous aurez élus. Ensuite nous convoquerons en ce lieu le gros de l'armée. Que le héraut Tolmidès reste auprès de nous. » Il avait à peine fini qu'il se leva pour qu'on prît, sans tarder, les mesures nécessaires. On procéda alors à l'élection des chefs : Cléarque fut remplacé par Timasion de Dardanos, Socrate par Xanthiclès d'Achaïe, Agias par Cléanor d'Arcadie, Proxène par Xénophon d'Athènes.
T 5 - V, 3, 4-6 A Cérasonte on partagea aussi l'argent provenant de la vente des prisonniers. Sur cet argent on préleva la dîme pour Apollon et pour Artémis d'Éphèse : chaque stratège en reçut une part à garder pour ces divinités. Celle de Chirisophe fut remise à Néon d'Asiné. Xénophon avec l'argent d'Apollon consacra au dieu une offrande qu'il plaça dans le trésor des Athéniens, à Delphes. Il y inscrivit son propre nom et celui de Proxène, qui avait péri avec Cléarque : Xénophon en effet avait été son hôte. Quant à la part d'Artémis d'Éphèse, à l'époque où il revint d'Asie avec Agésilas, pour aller en Béotie, il la confia à Mégabyzos, néocore d'Artémis, parce qu'il prévoyait que cette route ne serait pas sans dangers pour lui. Il lui recommanda, s'il revenait sain et sauf, de lui remettre cette somme ; s'il lui arrivait quelque chose, de la consacrer à la déesse, en lui offrant ce qu'il croirait lui être agréable.
T 6 - V, 6, 15-16 A cette époque Xénophon voyant cette foule d'hoplites grecs, voyant tous ces peltastes, ces archers, ces frondeurs, ces cavaliers aguerris par l'entraînement et réunis sur la côte du Pont, où l'on n'aurait pu qu'à grands frais mobiliser de telles forces, pensa qu'il serait glorieux pour lui d'accroître le territoire et la puissance de l'Hellade par la fondation d'une ville. Il lui semblait qu'elle deviendrait considérable, quand il calculait le nombre de ses compatriotes et celui des habitants autour du Pont. Dans cette intention, avant de rien dire à aucun soldat, il commença des sacrifices, car il s'était adjoint Silanos d'Ambracie, l'ancien devin de Cyrus.
T 7 - VI, 1, 19-22 Pendant qu'ils faisaient ces réflexions, ils jetèrent les yeux sur Xénophon. Les lochages allèrent le trouver ; ils lui disent le sentiment de l'armée, et chacun lui témoignant son dévouement s'efforçait de le persuader d'accepter le pouvoir. Pour Xénophon, la chose à la vérité le tentait : il pensait que c'était un moyen d'accroître sa considération auprès de ses amis et que son propre nom arriverait grandi à Athènes ; il pourrait bien aussi, le cas échéant, procurer quelque profit à l'armée. Et ces réflexions lui faisaient désirer d'être nommé général en chef ; mais quand il venait à penser qu'aucun homme ne sait de quel côté l'avenir tournera, que pour cette raison il risquait de perdre même la gloire qu'il avait précédemment acquise, il ne savait à quoi se décider. Ne sachant quel parti prendre, il pensa que ce qu'il avait de mieux à faire était de consulter les dieux. Il présenta deux victimes et fit sacrifier à Zeus-Roi, qui était précisément le dieu qui lui avait été désigné à Delphes.
T 8 - VI, 2, 15 Pour Xénophon, pendant un certain temps il avait formé le projet de quitter l'expédition et de s'embarquer, mais comme il sacrifiait à Héraclès-Conducteur, et qu'il lui demandait s'il était préférable, plus avantageux pour lui de continuer sa route avec les soldats restés à ses côtés ou de les quitter, le dieu lui fit signe dans les entrailles des victimes de rester avec eux.
T 9 - VII, 7, 57 Xénophon se tenait l'écart ; ostensiblement il se préparait à rentrer dans son pays : le vote qui devait le condamner à l'exil n'avait pas encore été porté contre lui à Athènes. Cependant les amis qu'il avait dans le camp vinrent le trouver pour le supplier de ne pas partir avant d'avoir emmené l'armée et de l'avoir remise à Thibron.
HELLÉNIQUES (trad. J. Hatzfeld)
T 10 - I, 1, 1 Ensuite, et peu de temps après, Thymocharès arriva d'Athènes avec un petit nombre de vaisseaux ; aussitôt eut lieu une nouvelle bataille navale entre Lacédémoniens et Athéniens, et les Lacédémoniens furent vainqueurs sous le commandement d'Agésandridas.
T 11 - II, 2, 10-11 Les Athéniens, assiégés par terre et par mer, ne savaient que faire, car ils n'avaient plus ni vaisseaux ni alliés, ‒ ni blé ; ils pensaient qu'ils ne pouvaient échapper au traitement qu'ils avaient infligé, non en manière de punition, mais par une injustice fondée sur la démesure, aux gens des petites cités, et cela pour la seule raison que ceux-ci étaient les alliés des autres. Ces raisons les ayant décidés à rendre leurs droits civiques à ceux qui en avaient été privés, on s'armait de courage, et malgré le nombre de ceux qui mouraient de faim, on ne parlait pas de capitulation. Cependant lorsque vint le moment où le blé eut fait complètement défaut, ils envoyèrent des députés auprès d'Agis : ils acceptaient d'être les alliés de Lacédémone en gardant les Longs-Murs et le Pirée, et ils demandaient à traiter sur ces bases.
T 12 - II, 3, 55-56 A ces mots, voici Satyros, voici les agents qui arrachent Théramène de l'autel. Théramène cependant, comme on pouvait s'y attendre, suppliait les dieux et aussi les hommes de jeter les yeux sur ce qui se passait. Cependant le Conseil ne bougeait pas : il voyait que les gens qui étaient près de la balustrade étaient pareils à Satyros, que le devant de la salle était plein de gardes, et l'on n'ignorait pas qu'ils étaient là avec leurs poignards. On entraîna à travers l'Agora l'homme qui prenait, et à grands cris, les gens à témoin de tout ce qu'il subissait. On cite encore de lui, entre autres, le propos que voici : comme Satyros lui disait qu'il aurait à s'en plaindre s'il ne se taisait pas, il demanda : « Et si je me tais, n'aurai-je donc pas à m'en plaindre ? » Et quand il dut, contraint à mourir, boire la ciguë, on raconte qu'il jeta, comme au jeu du cottabe, la dernière goutte, en disant : « A la santé du beau Critias. » Je n'ignore pas que ce ne sont là que des bons mots qui ne méritent guère de mention : mais il faut quand même, je crois, admirer que chez cet homme, malgré l'imminence de la mort, ni le bon sens, ni l'esprit, n'abandonnèrent son âme.
T 13 - III, 1, 2 La manière dont Cyrus rassembla une armée et l'emmena en Haute-Asie contre son frère, la bataille qui s'ensuivit, sa mort et la façon dont les Grecs s'en tirèrent et arrivèrent la mer, tout cela se trouve consigné dans le livre de Thémistogène de Syracuse.
T 14 - IV, 4, 12 Et les Lacédémoniens n'étaient pas embarrassés pour tuer : car c'est bien un dieu qui leur donna là une besogne qu'ils n'auraient jamais osé demander dans leurs prières. Avoir à sa merci une foule d'ennemis, stupides d'effroi, offrant leur côté découvert, sans qu'aucun d'eux se retournât pour combattre, tous faisant ce qu'il fallait pour se faire tuer, comment ne pas voir là quelque chose de divin ? À ce moment en tout cas le nombre de ceux qui tombèrent dans un petit espace fut si grand que, tandis qu'on est habitué à voir des tas de blé, de bois, de pierres, on put alors contempler des tas de cadavres.
T 15 - IV, 8, 1 Telle était donc sur terre la marche de la guerre [invasion spartiate en Argolide pendant la "guerre de Corinthe"]. Ce qui, pendant ces événements, se passait sur mer et dans les villes maritimes va maintenant faire l'objet de mon récit : parmi les événements je raconterai ceux qui méritent une mention, mais je passerai sur ceux qui n'en sont pas dignes.
T 16 - V, 3, 7 De pareils accidents, je le déclare, peuvent au moins apprendre aux hommes qu'il ne faut en règle générale châtier personne avec colère, même des esclaves ‒ car on voit souvent le maître en colère subir plus de tort qu'il n'en a fait ; mais alors, quand il s'agit d'ennemis, les assaillir dans la colère et non avec réflexion, c'est pure folie. La colère ne sait pas prévoir, tandis que la réflexion ne cherche pas moins à éviter le mal qu'à en faire à l'adversaire.
T 17 - V, 4, 1 On pourrait, d'une manière générale, citer bien d'autres faits, chez les Grecs et chez les Barbares, pour prouver que les dieux n'oublient pas ceux qui violent les lois divines et humaines ; mais je me contenterai du récit qui va suivre. Les Lacédémoniens qui, après avoir juré de laisser toutes les villes autonomes, s'étaient emparés de l'Acropole de Thèbes, reçurent leur première punition de ceux-là seuls qu'ils avaient lésés, eux que personne n'avait jamais vaincus ; et, quant à ceux des Thébains qui les avaient introduits sur l'Acropole et qui avaient voulu leur cité asservie aux Lacédémoniens afin d'y être eux-mêmes les maîtres, pour abattre leur autorité il suffit de sept bannis. Comment cela se passa, je vais le raconter.
T 18 - VI, 5, 51-52 Comme ils [les Thébains] évacuaient le territoire de Lacédémone, Iphicrate alors ramena les Athéniens de l'Arcadie à Corinthe. Dans toutes les circonstances où il s'est montré bon général, je ne lui adresse pas de reproches ; mais pour les opérations qu'il fit à cette époque, je trouve les unes sans objet, les autres même inopportunes. Car s'il entreprit de s'établir en surveillance sur l'Oneion, pour empêcher les Thébains de rentrer chez eux, il laissa sans garnison la meilleure route, qui passe par Kenchreiai. D'autre part, comme il voulait savoir si les Thébains avaient déjà franchi l'Oneion, il envoya en éclaireurs la totalité de la cavalerie d'Athènes et de Corinthe ; et cependant, pour une reconnaissance, un petit détachement n'est pas moins bon qu'un gros ; et, s'il faut se retirer, il est beaucoup plus aisé au petit qu'au gros de trouver un chemin facile et de faire une retraite tranquille ; mais envoyer en avant une troupe à la fois nombreuse et plus faible que l'ennemi, n'est-ce pas une grande folie ?
T 19 - VII, 2, 1 Les choses en étaient là, et tandis que les Argiens avaient élevé un fort sur le territoire de Phlious, au Tricaranon, qui domine l'Héraion, les gens de Sicyone fortifiaient la Thyamia sur les frontières des Phliasiens, si bien que ceux-ci étaient malmenés et manquaient de vivres ; ils n'en persistaient pas avec moins d'endurance dans leur alliance. Au fait, pour les grandes cités, quand elles ont fait quelque belle action, tous les historiens la mentionnent ; mais il me semble que si une ville, si petite soit-elle, a accompli beaucoup de belles actions, il n'est que plus juste encore de les exposer.
T 20 - VII, 5, 26-27 Ces événements eurent un résultat contraire à celui que tout le monde avait attendu. Toute la Grèce presque s'était trouvée rassemblée et affrontée : il n'y avait donc personne qui ne pensât que, s'il y avait une bataille, les vainqueurs seraient les maîtres, et les vaincus deviendraient les sujets ; néanmoins la divinité fit si bien les choses que chacun des deux partis éleva un trophée, comme s'il avait remporté la victoire, sans qu'aucun des deux empêchât ceux qui le dressaient ; que chacun rendit les morts par convention comme s'il avait remporté la victoire, que chacun les reçut par convention, comme s'il avait subi une défaite ; que, malgré la victoire que chacun prétendait avoir remportée, chacun ne fut visiblement plus riche ni en cités, ni en territoires, ni en autorité, qu'avant la bataille ; et l'incertitude et la confusion furent plus grandes après qu'avant dans toute la Grèce. Pour moi, mon œuvre s'arrêtera ici ; la suite, un autre se chargera peut-être de la traiter.
AGÉSILAS (trad. P. Chambry)
T 21 - 1 Je sais qu'il n'est pas facile d'écrire un éloge d'Agésilas qui soit digne de son mérite et de sa gloire ; il faut l'essayer pourtant. Il ne serait pas bien, parce qu'il a été un homme supérieur, d'en prendre prétexte pour lui refuser des louanges, même inférieures à son mérite.
En ce qui concerne sa noblesse, en peut-on faire un plus grand et plus bel éloge qu'en disant qu'aujourd'hui encore on peut citer son rang de descendance à partir d'Héraclès, parmi ceux qu'on appelle progones [= ancêtres], et qui furent non de simples particuliers, mais des rois. Et l'on ne peut pas dire pour les déprécier que, s'ils ont régné, c'est sur un Etat sans importance ; mais, de même que leur race est la plus honorée dans leur patrie, de même leur Etat est le plus renommé dans la Grèce en sorte qu'ils n'ont pas été les premiers parmi des peuples inférieurs, mais qu'ils ont commandé à un peuple qui exerçait l'hégémonie.
Les commentaires éventuels peuvent être envoyés à Jean-Marie Hannick
[7 juin 2011]
[ BCS ] [ BCS-BOR ] [ BCS-PUB ] [Encyclopédie de l'histoire : Introduction]