[ BCS ]  [ BCS-BOR ]  [ BCS-PUB ]

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


[Introduction] [La Grèce et Rome]  [Le moyen-âge]  [Du XVe au XVIIIe siècle]  [Le XIXe siècle]  [Le XXe siècle


Historiographie du XVe au XVIIIe siècle

 

Mezeray (1610-1683)


Texte :

-- Histoire de France depuis Pharamond jusqu'à 1596, continuée jusqu'à 1715 par LIMIERS, et depuis 1715 jusqu'à 1830 par une Société de professeurs d'histoire de l'Université de Paris, Éd. populaire et permanente..., Paris, 1839.

-- Abrégé chronologique de l'histoire de France, t.VII-X, Amsterdam, 1740.

-- L'histoire de France avant Clovis. L'origine des François & leur établissement dans les Gaules, Bruxelles, 1700.

-- Mémoires historiques et critiques sur divers points de l'Histoire de France, & plusieurs autres sujets curieux, 2 t. en 1 vol., Amsterdam, 1753.

Études :

-- EVANS W.H., L'historien Mezeray et la conception de l'histoire en France au XVIIe siècle, Paris, 1930.


Obscurité des origines françaises

Pharamond, 1er roi. Il n'est point de nation au monde plus illustre que celle des Français, mais il n'en est point aussi dont l'origine soit plus obscure, et quoique la gloire de leurs beaux faits ait excité tous ceux qui ont mérité quelque honneur dans les lettres à rechercher le lieu de leur extraction, néanmoins ceux qui ont le plus curieusement épluché les passages des anciens auteurs sur lesquels on doit faire fondement sur ce point y ont tant trouvé de différentes conjectures, qu'au lieu d'établir quelque vérité déterminée, ils n'ont fait que détruire les opinions contraires. Après tant et tant de curieuses recherches qui ont été faites sur ce sujet, certes la mienne ne saurait être qu'inutile et présomptueuse : c'est pourquoi, sans embarrasser l'entrée de mon ouvrage d'une si difficile et si épineuse question, je ne rapporterai ici que les choses les plus nécessaires et les plus assurées (Histoire de France, p.1).

 

Baptême de Clovis

Clovis reçut le baptême à Reims le jour de Pâques, par le ministère de Remy. Cette action fut célébrée à Reims, Rhemis, avec tant d'appareil, que le ciel y voulut contribuer pour quelque chose ; car nous avons la tradition qui rapporte que, par la négligence des clercs, ne se trouvant point de chrême, une colombe apporta la Sainte Ampoule, pleine de cette huile sacrée dont on oint encore aujourd'hui les rois de France, et qu'un ange donna à un ermite contemplatif la fleur de lis en champ d'azur ; à qui la voudra bien regarder, symbole de la Trinité, à raison de quoi les premiers chrétiens voulant montrer que la croix était la cause de leur bonheur, avaient accoutumé de la faire fleurdeliser par les bouts. Clovis en fit ses armoiries. La meilleure partie des Français suivit l'exemple de son prince, qui les exhorta publiquement à quitter l'idolâtrie. Sa sœur Aubeflède, promise à Thierry, roi d'Italie, et baptisée avec son frère, mourut quelques jours après ; et Lantielde, son autre sœur, renonça aux impiétés de l'arianisme (Histoire de France, p.11).

 

Deux périodes dans l'histoire de France

Dans les dix premiers siècles de la monarchie française, nous n'avons rencontré en plusieurs endroits que de vastes solitudes, ou des objets si confus et si éloignés, que le plus souvent l'esprit n'en pouvait pas distinguer les beautés ni les proportions. Il n'en est pas ainsi des siècles suivants, où tout est rempli et clairement démêlé. La multitude des évènements égale la diversité des conseils, d'où il résulte pour l'historien une autre série de difficultés et d'embarras. Tout à l'heure il souffrait de la disette, maintenant il nage dans une fallacieuse abondance (Histoire de France, p.247).

 

Affaires d'Italie

[François Ier, LVIIe roi - a.1522] Il ne se peut pas dire quel contentement eut le pape Léon de voir les Français chassés de Milan ; mais surtout le recouvrement de Parme et de Plaisance lui fut tant agréable, que le trop soudain et trop violent mouvement de la joie, lui ayant brouillé le sang et les humeurs, lui causa un catarrhe, accompagné d'une fièvre continue, dont il mourut dans trois jours, le premier du mois de décembre. Son neveu, le cardinal de Médicis et le cardinal de Sion, ayant pris la poste pour assister à l'élection d'un nouveau pape, les affaires des Français se virent encore pour un temps en assez bon état, les troupes florentines étant retournées en Toscane. D'autre côté, les Français attendaient et de l'argent et un renfort d'hommes. Ces espérances et la faiblesse des ennemis, leur donnèrent le courage de tenter la ville de Parme, s'imaginant que cette place ne ferait pas de résistance, vu qu'il n'y avait point d'autre gouverneur dedans que François Guichardin, le célèbre historien, commissaire du siège apostolique, qui n'était pas homme de guerre, et qui d'ailleurs ne devait pas, ce semblait, le pape son maître étant mort, s'exposer au danger sans savoir pour qui; mais il leur fit bien voir qu'un sage peut devenir capitaine au besoin, ayant donné si bon ordre à toutes choses que, lorsqu'ils voulurent, par faute de grosse artillerie, attaquer ses murailles par escalade, il les contint quatre heures durant, et les repoussa avec perte de trois cents hommes. La brave résistance des Parmesans, jointe aux persuasions factieuses, lettres contrefaites, fausses ambassades et autres inventions, encouragea et opiniâtra merveilleusement les Milanais dans leur faute; tellement que tous, jusqu'aux femmes, s'exerçaient aux armes et travaillaient à leurs fortifications avec tant d'ardeur qu'ils ne sentaient point l'oppression des gens de guerre espagnols, qui pillaient leur pays, où les Français avaient toujours vécu si doucement.

Tandis que ces choses se faisaient, la discorde des cardinaux ayant jusque là retardé l'élection d'un nouveau pape, il arriva le huitième jour de janvier, comme ils faisaient le scrutin au conclave, que quelqu'un proposa Adrien Florent [Adrien Floriszoon = Adrien VI], cardinal de Tortose, autrefois précepteur de l'empereur, non qu'aucun eût volonté de l'élire, mais seulement pour passer cette matinée. Toutefois Cajétan, cardinal du titre de Saint-Sixte, s'étant mis, de gaîté de cœur, à raconter et amplifier ses vertus et son rare savoir, quelques cardinaux commencèrent à lui céder, puis les autres suivirent de main en main, avec impétuosité plutôt qu'avec délibération ; en sorte qu'il fut nommé cette même matinée, sans que ceux qui l'avaient élu pussent rendre aucune raison de ce qu'ils avaient fait, sinon de dire qu'ils y avaient été poussés par un mouvement intérieur du Saint-Esprit, ce qui ne parut pourtant point dans ce qui s'en ensuivit (Histoire de France, p.359-360).

 

Querelle entre Jacobins et Cordeliers

[Eglises du XVe siècle] Il y avoit toûjours guerre entre les Jacobins & les Cordeliers, comme entre deux puissances, opposées & mutuellement jalouses, chacune épiant l'occasion de prendre l'avantage sur son adversaire. L'an 1460. un Jacques de la Marche Cordelier, ayant prêché à Bresse en Lombardie, que le sang de Jésus-Christ, tandis qu'il fut épanché hors de ses veines, au tems de la Passion, avoit perdu l'union hypostatique, & partant que durant ces trois jours-là il n'avoit point été divin et adorable. Un Jacobin Inquisiteur de la Foi, s'écria que c'étoit une héresie, lui commanda de révoquer cette proposition, & fit prêcher le contraire à un Religieux de son Ordre. La dispute s'échauffa, ce ne fut plus une opinion de deux particuliers, mais de tous les deux Ordres : Les gens devots prirent parti selon leur affection & leur attachement, le peuple fut cabalé, & se divisa à son ordinaire, sans entendre la question.

Le Pape Pie II. craignant les fuites de ces particularités, commanda aux Géneraux de lui envoyer leurs plus doctes Religieux pour écouter leurs raisons sur ce sujet. La question fut agitée trois jours entiers devant le Saint Père ; & en présence des Cardinaux, des Evêques, & de plusieurs Docteurs en Droit Canon, qui sont plus fréquents en cette Cour-là, que les Théologiens. La plus grande partie de cette Assemblée, & le Pape même penchoit à l'opinion des Jacobins: mais parce qu'il avoit besoin des Cordeliers pour prêcher la Croisade, laquelle il avoit fort à cœur, on remit la décision de ce point, à un autre tems, qui n'est pas encore venu; & cependant le Pape fit une Constitution qui défendoit, sous peine d'excommunication, & d'être rendu inhabile à tous Actes legitimes, de rien dire, prêcher, ni enseigner en public, ni en particulier, touchant cette question, ni de soûtenir que l'une ou l'autre opinion fût héretique. Il s'est trouvé néanmoins des Scholastiques dans le dernier siecle, qui par un étrange demangeaison de ramasser toutes ces pointilles, plus convenables à des Sophistes qu'à des Theologiens, ont fourré cette question dans leurs gros volumes ; & il y a encore des gens de si mauvais goût, & si ignorans de toute antiquité, qu'il aiment mieux lire ces fatras, que les Saints Peres ni les Conciles (Abrégé chronologique, t.VII, p.90-92).

 

Évolution de la coiffure masculine

Le Roi [François Ier] étant à Romorantin en Berri, le jour de la Fête des Rois, comme il folâtroit, & que par jeu il attaquoit avec des pelotes de neige le logis du Comte de saint Pol, qui le défendoit de même avec sa bande ; il arriva malheureusement, qu'un tison [pièce de bois] jetté par quelque étourdi, l'atteignit à la tête, & le blessa griévement, à cause de quoi il fallut lui couper les cheveux. Or comme il avoit le front fort beau, & que d'ailleurs les Suisses & les Italiens portoient les cheveux courts & la barbe grande, il trouva cette maniere plus à son gré, & la suivit. Son exemple fit recevoir cette mode à toute la France, qui l'a gardée jusqu'au regne de Louis XIII. qu'on a peu à peu coupé la barbe & laissé recroître les cheveux, tant qu'enfin on n'a plus conservé de poil aux jouës ni au menton; & que la nature ne pouvant pas fournir de cheveux assez longs à la fantaisie des hommes, ils ont trouvé beau de se faire raser la tête pour porter des perruques de cheveux de femmes (Abrégé chronologique, t. VII, p.286-287).

 

Origine des troubles dans l'État

Si dans un Etat, c'est une marque certaine de sa décadence, que le défaut de bonnes têtes pour le conseil, & de grands Capitaines pour l'exécution: c'est aussi une cause infaillible des troubles & des guerres civiles que la multitude des Princes & des Seigneurs trop puissans, lorsqu'il n'y a point d'autorité assez forte pour les contenir & pour les ranger à leur devoir. Ce malheur arriva à la France après la mort du Roi Henry II. Dès qu'il ne fut plus, les factions qui s'étoient formées durant son regne, commencerent à remuer, & par malheur rencontrerent pour se fortifier, les différens partis de la Religion, grand nombre de malcontens, beaucoup d'amateurs de nouveautés, & qui plus est, quantité de braves gens de guerre, lesquels ayant été licentiés se vouloient donner de l'employ à quelque prix que ce fût.

On voyait d'un côté les Princes du Sang & le Connétable qui paroissoient unis d'intérêt ; de l'autre les Princes de la Maison de Guise ; entre ces deux partis la Reine Mere [Catherine de Médicis] qui marchandoit celui dont elle pourroit mieux s'accomoder, & flattoit tantôt l'un tantôt l'autre ; au milieu la personne d'un jeune Roy [François II] aussi faible d'esprit que de corps, exposée au premier occupant; & pour prix du combat le gouvernement du Royaume (Abrégé chronologique, t. VIII, p.157-158).

 

Siège de Paris par Henry IV [1590]

Après les quinze premiers jours du siége, le peuple commençant à avoir disette, on fit la revûe des vivres par les maisons, & on commanda à tous ceux qui en avoient provision pour plus de deux mois, de porter le reste au marché, & chez les Boulangers ; par ce moyen il y eut du pain à six blancs la livre trois semaines durant. Pendant ce tems, la populace appâtée par les distributions que faisoit faire l'Ambassadeur d'Espagne sous main de bonnes pensions aux plus factieux, & publiquement à la canaille, de quelques poignées de demi sous marqués aux armes de Castille, passoit le tems à débiter & à mettre en chansons les fausses nouvelles que la Montpensier forgeoit de jour en jour pour l'amuser.

Au bout de six semaines, sçavoir vers la mi-Juin, le bled vint à doubler de prix ; & quinze jours après manqua presque tout d'un coup. Alors la famine finit leur passe-tems, & convertit leurs chansons en gémissemens & en plaintes. Les pauvres vécurent quelques jours de pain de son, puis d'herbages, dont il y avoit abondance dans les jardins. Ceux à qui on avoit commis le soin de la Police, n'avoient pas en tems & lieu mis dehors les bouches inutiles, qui montoient à plus de vingt-cinq mille. C'étoient de pauvres païsans & gens de mêtier ; la misere tomba premierement sur ceux-là.

Il s'en étoit assemblé un grand nombre à la porte Saint Victor, espérant de sortir par le moyen d'un passeport qu'on avoit envoyé demander au Roi ; mais son conseil l'empêcha de leur accorder cette grace. Quand ces misérables sçûrent qu'il l'avoit refusée, ils éleverent un si haut cri que toute la ville en fut émuë. On résolut donc avant toutes choses de donner ordre à cette nécessité ; & pour cela on fit la visite dans les logis des Ecclésiastiques & dans les Couvens, qui se trouverent tous pourvus, même celui des Capucins pour plus d'un an: on les chargea de donner à manger deux fois le jour à ceux qui manquoient de pain. Il se trouva sept mille ménages qui en demandoient pour de l'argent, & cinq mille qui n'avoient ni argent ni pain.

Ce tems expîré, la misere recommença plus grande qu'auparavant : on s'avisa de peler des avoines pour en faire des boüillies ; & parce que le vin manquoit dans les cabarets, on y débitoit je ne sçai quel breuvage fait avec de la balle d'avoine & des racines (Abrégé chronologique, t. IX, p.326-328).

 

Mœurs des Germains : leurs festins

Dans les festins chacun avoit sa petite table devant soi, & pour siege un faisceau d'herbes ou de peaux. Ils se rangoient en demi-rond, n'ayant pas loin d'eux leurs foyers, & leurs viandes qui rostissoient. Le plus vaillant, ou s'il n'y en avoit point qui le fût par dessus les autres, le plus noble tenoit la premiere place, le maître du logis la seconde, les autres s'asseoient suivant leur emploi & leur merite. Vis à vis de ce demi-rond, il y en avoit un pareil où étoient assis d'autres conviez de moindre qualité, armez de lances ou javelots, & derriere le premier, il y avoit des gens armez d'écus ou de boucliers, mais qui se tenoient debout, & qui servoient aux conviez de ce demi-rond. On apportoit des trepieds chargez de viandes sur une longue table, d'où on distribuoit les portions à chacun avec un pain levé. On donnoit les meilleurs morceaux à ceux qui avoient executé les plus beaux faits d'armes. Lorsque je fais reflexion sur l'ordre de ces festins, je remarque que la Vertu y avoit preseance sur la Noblesse; Et certes à bon droit, puisque la mere doit preceder la fille. J'y pense voir aussi quelque image des trois anciens degrez de nôtre Noblesse Françoise, celui des Seigneurs, ou autrement, Barons et Pairs, celui des Chevaliers & celui des Ecuyers. Les seconds accompagnoient les premiers; les troisiemes les servoient: mais ce n'étoit que dans des fonctions nobles, à la table, à l'écurie, au combat. Aujourd'hui que tout est confondu, cette distinction ne se connoît presque plus ; un simple Ecuyer, & dont même quelquefois la qualité est douteuse, veut aller de pair avec les Seigneurs de la plus haute noblesse, & dit hardiment qu'il n'y a pas de deux sortes de Gentils-hommes (L'histoire de France avant Clovis, p.31-32).

 

Réflexions sur l'origine des Français

Dans l'ancienne histoire, comme dans la nature, les premiers principes des choses sont si cachez qu'on ne les sçauroit découvrir. Rome & Athenes les deux plus nobles villes, & les plus sçavantes qui ayent jamais été, n'ont point sçu au vrai leurs commencemens & leurs Fondateurs ; comment est-ce donc que nos François plus guerriers que curieux, nous auroient laissé des monumens de leur origine. En effet, quoique plusieurs ayent travaillé à la chercher, pas un ne l'a encore démontrée : Ils n'ont tous reüssi qu'en ce seul point, qu'ils ont bien détruit l'opinion des autres, mais ils n'ont sçu établir la leur. Il est bon néanmoins de marquer les plus communes, sinon pour l'instruction, au moins pour la curiosité (L'histoire de France avant Clovis, p.194).

 

Sainteté de l'Église des Gaules

Si durant les cinq premiers siecles, les Gaules furent la partie de la Chrétienté la moins troublée par les Schismes & par les Heresies, c'est que Dieu leur fit la grace de les éclairer salutairement par la sainteté & par la bonne vie de grande quantité de vertueux Prelats & de sages Ecclesiastiques. Je ne parle point de ces illustres Martyrs, qui les empourprerent de leur sang, j'en ai déjà rapporté les noms ; mais de ceux qui depuis la paix l'on édifiée par leur vie exemplaire. La plus grande partie de nos Evêques durant les cinq premiers siecles, ont été illustres par leur éminente vertu. Plusieurs Evéchez comptent au nombre des Saints six ou sept de leurs premiers Pasteurs, d'autres huit à dix, quelques-uns jusqu'à douze & quatorze; mais comme on ne sçait que les noms de plusieurs d'entr'eux, & que leurs Actes ne sont marquez que dans le livre de l'Eternité, je craindrois de donner plus d'ennui que d'édification si je les voulais tous rapporter. Je puis bien néanmoins remarquer que Severin de Cologne, qui mourut à Bourdeaux, & ses reliques y sont dans un faubourg qui porte son nom, saint Maximin de Treves, Servais de Tongres, Hilaire de Poitiers, Martin de Tours, Brice son successeur, Germain d'Auxerre, Loup de Troyes, Mellon & Victrice de Rouën, Exupere de Toulouse, un autre Exupere de Bayeux, on l'appelle vulgairement saint Spire, & son corps est à Corbeil, Gaude d'Evreux, Ursicin de Sens, Euverte & Aignan d'Orleans, René d'Angers, sur lequel les Critiques disputent si c'est son nom qui a donné lieu à la croyance vulgaire, qu'il fut ressuscité de mort à vie, ou si en effet ce fut un tel miracle qui lui fit donner ce nom; Palladius ou Palais de Bourges, Sidonius de Clermont, Julien du Mans, Adventin de Chartres, Marcellin d'Ambrun, Mamert de Vienne qui institua les Rogations, & Nicaise de Digne, le seul Evêque de l'Eglise Gallicane, qui assista au premier Concile de Nicée, y sont les plus connus, & les plus reverez des peuples: mais particulierement le grand saint Martin; il a passé pour le second apôtre des Gaules, Dieu l'a honoré d'une infinité de faveurs durant sa vie; sa mort a long-tems servi d'époque pour la Chronologie à nos Ecrivains; on celebroit sa fête comme une des grandes fétes de l'année; l'Eglise qui fut bâtie sur son tombeau, étoit un asyle assuré pour toutes sortes de criminels, même en cas de leze-Majesté, nos Princes le reclamoient dans leurs plus grands besoins, ils portoient sa chape ou manteau dans les combats, & il n'y a jamais eu de Saint dans les Gaules à l'honneur duquel on ait tant bâti d'Eglises & tant de Chapelles (L'histoire de France avant Clovis, p.529-531).


[Introduction] [La Grèce et Rome]  [Le moyen-âge]  [Du XVe au XVIIIe siècle]  [Le XIXe siècle]  [Le XXe siècle


Les commentaires éventuels peuvent être envoyés à Jean-Marie Hannick.

 [ BCS ]  [ BCS-BOR ]  [ BCS-PUB ]