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Historiographie médiévale

 

Sigebert de Gembloux (c. 1030-1112)


Texte :

Sigeberti chronica, éd. L.C. BETHMANN, Hanovre, 1844 (réimpr., Leipzig, 1925) (MGH, SS VI, pp.268-374).

Catalogus Sigeberti Gemblacensis monachi De viris illustribus, Kritische Ausgabe, éd. R. WITTE, Francfort, 1974 (Lateinische Sprache und Literatur des Mittelalters, 1).

Études :

CHAZAN M., L'empire et l'histoire universelle. De Sigebert de Gembloux à Jean de Saint-Victor (XIIe-XIVe siècle), Paris, 1999.

SCHMIDT-CHAZAN M., Sigebert de Gembloux, le Lotharingien, Publications de la section historique de l'Institut G.-D. de Luxembourg, 106, 1991, pp.21-48.


Extraits de la Chronique (trad. J.-M. Hannick)

381  Nommé maître des milices par Gratien, Théodose vainquit avec une incroyable rapidité et une chance étonnante de nombreux peuples barbares, et restaura en Orient un Etat épuisé. - Brillaient en ce temps: à Rome, Damase, accomplissant la 13e année de son pontificat; Didyme d'Alexandrie qui, privé de la vue depuis l'âge de quatre ans, ne connaissait rien du monde extérieur mais avait des connaissances étonnantes dans le domaine des lettres et de la philosophie; Jérôme, entièrement consacré aux divines Ecritures; Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze, Martin, évêque de Tours, Ambroise de Milan, Rufin, prêtre d'Aquilée; en Egypte, l'abbé Pachôme, Mélétius, évêque d'Antioche, surtout connu parce que Théodose avait prévu, dans un songe, qu'il serait revêtu par lui du manteau impérial et couronné du diadème.

392  La tête de Jean-Baptiste est transférée à Constantinople par l'empereur Théodose. Lorsqu'autrefois, l'empereur Valens avait voulu l'y amener, le véhicule dans lequel la tête du saint se trouvait ne put être mis en mouvement d'aucune façon.

393  Un signe effrayant apparut dans le ciel, tout à fait semblable à une colonne. - En Espagne, brille le poète lyrique Prudence.

394  Jérôme termine à cette date son livre Sur les hommes illustres; Gennadius commence ici le sien. - A Alexandrie, sur l'ordre de Théodose, les temples des idoles sont détruits par l'évêque Théophile et, le fameux temple de Sérapis ayant été démoli, un martyrium est édifié à cet endroit, dans lequel les ossements de Jean-Baptiste sont déposés. Voici comment ces ossements étaient parvenus à Alexandrie. Alors que Julien l'Apostat régnait et se déchaînait contre le Christ, des païens fracturèrent le tombeau de Jean-Baptiste, qui avait été enterré dans la ville de Samarie; ils enlevèrent les ossements et les éparpillèrent dans les champs. Puis, les ayant de nouveau rassemblés, ils les brûlèrent et les cendres saintes, mélangées à de la poussière, furent dispersées en l'air. Mais quelques moines de Jérusalem, mêlés aux païens en furie, recueillirent ce qu'ils pouvaient des ossements et les apportèrent à leur abbé Philippe, à Jérusalem. Philippe les envoya à Athanase, évêque d'Alexandrie. - Saint Patrick l'Ecossais est vendu en Irlande avec ses soeurs et là, alors qu'il était porcher du roi, il eut de fréquents entretiens avec un ange.

396  A cette époque, dans le village d'Emmaüs en Judée, naquit un enfant perfectus (?), mais divisé en deux au-dessus du nombril, avec deux poitrines et deux têtes, chaque partie ayant ses organes propres. D'un côté, il mangeait et buvait, de l'autre, il ne mangeait pas; d'un côté, il dormait, de l'autre, il restait éveillé, jamais les deux parties ne dormaient simultanément mais elles jouaient ensemble, elles pleuraient l'une et l'autre et se frappaient mutuellement. D'ailleurs, elles vécurent à peu près deux ans et l'une mourut, l'autre lui survivant de quatre jours. - L'empereur Valentinien, amené au dégoût de la vie par la sévérité excessive d'Armogast, le maître des milices, mit fin à ses jours en se pendant. - Les corps des prophètes Habacuc et Michée sont découverts. - Didyme l'Aveugle meurt à Alexandrie dans la 85e année de son âge.

1074  Le pape Grégoire [VII] ayant tenu un concile a frappé d'anathème les simoniaques, a écarté les prêtres mariés de l'office divin et interdit aux laïcs d'entendre une messe célébrée par ceux-ci. Nouveau modèle et, comme beaucoup le pensent, décision inconsidérée, allant à l'encontre de l'opinion des saints pères qui ont écrit que les sacrements qui se célèbrent dans l'Eglise -- le baptême, le saint-chrême, le corps et le sang du Christ --, comme c'est le Saint-Esprit qui, secrètement, donne de l'effet à ces sacrements, qu'ils soient dispensés dans l'Eglise par des hommes de bien ou par des méchants, parce que c'est le Saint-Esprit qui mystiquement les vivifie, ces sacrements ne sont pas grossis par les mérites des bons ministres, ni diminués par les péchés des mauvais. D'où la formule: C'est lui [le Saint-Esprit] qui baptise. De cette affaire est issu un si grand scandale que, à l'époque d'aucune hérésie, la sainte Eglise n'a été déchirée par un schisme plus grave, les uns agissant pour la justice, les autres contre; les uns ne s'écartant pas de la simonie, les autres voilant sous un nom honnête la marque de leur amour de l'argent, vendant au nom de la charité ce qu'ils se vantent de donner gratuitement et, comme le dit Eusèbe des Montanistes, acceptant adroitement des cadeaux sous le nom d'offrandes. D'autre part, peu nombreux sont ceux qui gardent la continence. Certains font seulement semblant, pour éviter les reproches et pour faire bonne impression. Beaucoup ajoutent l'incontinence au parjure et à l'adultère multiplié. Aussi, profitant de l'occasion, les laïcs se dresssent contre les ordres sacrés et se soustraient à toute autorité ecclésiastique. Les laïcs profanent les saints mystères et discutent à leur propos; ils baptisent les enfants, utilisant l'humeur dégoûtante des oreilles en guise d'huile sainte et de chrême. A la fin de la vie, ils n'acceptent pas de recevoir de prêtres mariés le viatique du Seigneur ni les soins de la sépulture en usage dans l'Eglise. Ils jettent au feu les dîmes destinées aux prêtres. Et, pour résumer le reste en un trait, les laïcs, souvent, ont foulé aux pieds le corps du Seigneur et beaucoup d'autres choses contraires au droit et à la loi divine se passent à l'Eglise. Dans ce contexte, beaucoup de pseudo-maîtres surgissent dans l'Eglise et détournent le peuple de la discipline ecclésiastique en lui proposant des nouveautés impies.

 

Extraits du De viris illustribus (trad. J.-M. Hannick)

§ 68  Le moine Bède, de nationalité anglaise, s'est exprimé lui-même en ces termes sur sa personne et son origine, sur les œuvres qu'il a écrites et sur leur nombre: "Lorsque", dit-il, "j'ai atteint l'âge de sept ans, j'ai été confié par mes proches, pour qu'il ait soin de mon éducation, au révérendissime abbé Benoît, auquel a succédé Ceolfrid. Dès lors, toute ma vie, je l'ai passée dans le même monastère et je me suis entièrement consacré à méditer les Ecritures. Pour ce que me laissaient de loisir l'observance de la règle et le chant quotidien à l'église, j'ai toujours pris plaisir soit à apprendre, soit à enseigner, soit à écrire" etc. Recherchons ce qu'il a écrit après la Vie de Saint Cuthbert. Il a composé un commentaire sur le Cantique des cantiques, en rassemblant les opinions contenues dans les différentes œuvres et livres du pape Grégoire. Il est mort l'an 734 de l'Incarnation du Seigneur, alors que Léon régnait à Rome, que Charles Martel gouvernait les Francs sous l'autorité du roi Théodéric et qu'Edilbert régnait sur les Anglais.

§ 69  Paul, diacre de l'Eglise de Naples, traduit du grec en latin la Vie de sainte Marie l'Egyptienne.

§ 70  Anianus, homme respectable, édite en un volume les lois de l'empereur Théodose, travail qui lui avait été demandé par le roi Alaric. Et, à la demande de l'évêque Orontius, il traduit du grec en latin le livre de Jean Chrysostome sur [l'évangile de] Mathieu.

§ 71  Walafrid [Strabon], abbé, compose d'abord en prose, puis en vers, la vie et les miracles de Saint Gall.


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