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Flodoard (893/894-966)
Editions :
– * Flodoardi Chronicon - Chronique de Flodoard de l'an 919 à l'an 976, publiée par l'Académie impériale de Reims avec une traduction par M. l'abbé BANDEVILLE, Reims, 1855.
– Les Annales de Flodoard, publiées avec une introduction et des notes par Ph. LAUER, Paris, 1905 (Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire).
Études :
– LECOUTEUX S., Le contexte de rédaction des Annales de Flodoard de Reims (919-966), dans Le Moyen Age, 116, 2010, p. 51-121 ; 283-318.
– SOT M., Un historien et son Église au Xe siècle : Flodoard de Reims, Paris, 1993.
AN 921
Rodolphe, évêque de Laon, meurt; il a pour successeur Adelelme, trésorier de la même église, qui est sacré à Reims par l'archevêque Hérivée.
Plusieurs Anglais, se rendant à Rome, sont tués à coup de pierres par les Sarrasins dans les défilés des Alpes.
Il se tient à Trosly un concile, présidé par l'archevêque Hérivée, en présence du roi Charles [Charles-le-Simple]; à la demande de ce prince, Erlebald, comte du Castrois, est relevé de l'excommunication.
Mort de Richard, marquis de Bourgogne.
Le roi Charles part pour la Lorraine; il prend quelques forts au rebelle Ricuin, et, après avoir fait un traité avec le prince Henri, pour jusqu'à la Saint-Martin, il revient à Laon.
Cette année, il y eut en divers lieux plusieurs tempêtes: des hommes furent tués et des maisons brûlées par la foudre. -- Malgré la grande chaleur de l'été le foin fut abondant. La sécheresse fut excessive et presque continuelle dans les trois mois de juillet, d'août et de septembre.
Le comte Robert assiégea pendant cinq mois les Normands qui s'étaient établis sur la Loire; ayant reçu d'eux des ôtages, il leur concéda, avec le pays de Nantes, la Bretagne, qu'ils avaient dévastée: ils commencèrent à embrasser la foi de Jésus-Christ.
Herluin, évêque de Beauvais, meurt.
Charles renouvelle son traité de paix avec Henri.
AN 936
Mort d'Ingramne, évêque de Laon.
Presque dans le même temps, le roi Raoul mourut et fut enterré à Sens, dans l'église de Sainte-Colombe, qui avait été brûlée peu de temps auparavant par des séditieux.
Les Bretons reviennent d'outre-mer se rétablir dans leur pays, avec l'ordre du roi Adelstan.
Le comte Hugues envoya de l'autre côté de la mer chercher Louis [Louis IV], fils de Charles, pour lui donner la couronne. Le roi Adelstan, son oncle maternel, après avoir reçu les serments des ambassadeurs français, fit passer le jeune prince en France avec plusieurs évêques et quelques-uns de ses fidèles. Hugues et les grands du royaume allèrent au devant du nouveau roi; et comme il débarquait à Boulogne, ils se soumirent à lui sur la plage même, ainsi qu'il était convenu. Conduit à Laon, ce prince y reçut la bénédiction et l'onction royales, et fut couronné par l'archevêque Artaud, en présence des seigneurs du royaume et de plus de vingt évêques.
L'évêché de Laon fut donné à Raoul, prêtre de cette ville, qui avait été élu par le suffrage unanime des habitants; il fut sacré par le seigneur Artaud.
Le roi et Hugues passent en Bourgogne, assiégent la ville de Langres, dont Hugues, frère du roi Raoul, s'était emparé; ceux qui devaient la défendre s'étant enfuis, la ville est prise sans combat; les deux princes reçoivent les ôtages des évêques et des grands de Bourgogne, et reviennent à Paris.
Le roi Henri étant mort sur ces entrefaites, ses fils se disputèrent ses états; enfin l'empire échut à l'aîné, nommé Othon.
La veille des nones de septembre, la lune, dans son plein, parut de couleur de sang; elle ne donnait aucune clarté la nuit.
Le pape Jean, frère d'Albéric, meurt; un serviteur de Dieu, nommé Léon [Léon VII], est élu en sa place.
Hugues, roi d'Italie, veut s'emparer de Rome; mais la disette qui épuise son armée, et la perte de ses chevaux l'obligent à lever le siége; il fait la paix avec Alberic en lui donnant sa fille en mariage. Il découvre un complot tramé contre lui par son frère Boson; il surprend celui-ci par ruse, et le met en prison.
Les Sarrasins vont piller en Allemagne; à leur retour, ils massacrent un grand nombre de pélerins qui allaient à Rome.
Hugues, fils de Robert, fait la paix avec Hugues, fils de Richard, en partageant avec lui la Bourgogne.
Mort d'Adelelme, évêque de Senlis.
AN 937
Bernuin, moine de Saint-Crépin, est ordonné évêque de Senlis.
Walbert, évêque de Noyon, meurt aussi; il a pour successeur Transmar, prévôt de Saint-Vaast.
Le roi Louis se soustrait à la tutèle du prince Hugues, et reçoit sa mère à Laon. -- Hugues fait la paix avec Héribert. -- Celui-ci reprend Château-Thierry, dont Walon lui ouvre les portes, et malgré cet acte de soumission, il le fait jeter en prison.
Une partie du ciel parut en feu: ce fut de ce côté que tomba bientôt en France l'invasion des Hongrois; les villages et les champs furent dévastés, les maisons et les églises brûlées, une multitude de personnes emmenées captives. Il y eut pourtant des églises qu'ils ne purent incendier, bien qu'ils y missent le feu. Ils avaient allumé près de l'église de Sainte-Macre deux meules de grains qui touchaient presque aux murailles: l'église ne put être brûlée. Dans l'église de Saint-Basle, un Hongrois, voulant monter sur l'autel, y appuya la main; mais cette main s'attacha aux pierres de l'autel, sans qu'il pût la retirer: il fallut que ses camarades sciassent la pierre autour de sa main; et le payen fut obligé de porter ainsi partout ce fragment de pierre adhérent à sa main, à la grande admiration de tout le monde. -- Un nommé Adalgaire, prêtre de Bouvancourt (c'est le nom d'un village de cette église), fut pris par les Hongrois, et emmené jusque dans le pays de Bourges. Comme il avait les fers aux pieds et aux mains, une de ses compagnes de captivité eut la nuit une vision: il lui fut ordonné de dire au prêtre de prendre la fuite, dès qu'il se verrait dégagé de ses liens; et en même temps les chaînes tombèrent. Mais lui, craignant la mort, dont les barbares l'avaient souvent menacé, si on venait à le reprendre, remit la chaîne à ses pieds, chercha le cadenas qui s'était détaché, et se mit à resserrer ses fers, n'osant s'échapper. La nuit suivante, la même captive eut une nouvelle vision, pour qu'elle encourageât le prêtre à s'évader; et les liens se détachèrent encore. Enfin, s'armant de courage, le prêtre s'enfuit, et se cacha plusieurs jours dans un marais. Dès qu'il sut que les barbares étaient partis, il regagna son pays. Lui-même nous a rapporté qu'il avait vu parmi les captifs un moine de l'abbaye d'Orbais, nommé Hucbald, que les payens avaient souvent voulu tuer sans pouvoir entamer sa chair; ils commençaient à dire que c'était un dieu. Une personne, dit le même prêtre, vit ce moine exposé nu en public, en butte à une grêle de flèches, sans qu'une seule pût lui faire une blessure: son corps, aussi dur que le diamant, repoussait les flèches émoussées; et on ne voyait pas sur sa peau la marque d'un seul coup. Il dit l'avoir vu lui-même frappé à grands coups de sabre, sans que son corps fût endommagé.
Les Bretons, rentrés chez eux après une longue émigration, ont de fréquents combats avec les Normands, qui avaient envahi la partie limitrophe de leur pays; ils sont plus d'une fois vainqueurs, et ils reprennent les terres usurpées.
Rodolphe, roi de la Bourgogne Transjurane et de la Gaule Cisalpine, meurt; son fils Conrad, encore enfant, lui succède.
Abbon, évêque de Soissons, meurt aussi; Gui, fils de Foulques d'Angers, chanoine de Saint-Martin de Tours, obtient son évêché.
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