Bibliotheca Classica Selecta - Énéide - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante


Énéide - Livre II

©Marie-Cécile Deproost

Chute de Troie - Mission d'Énée

[2, 1-267] [2, 268-437] [2, 438-558] [2, 559-804]


Note liminaire : La présente traduction de Virgile fait partie de la Bibliotheca Classica Selecta (BCS) mais elle s'intègre aussi dans le vaste projet Du texte à l'hypertexte mis au point à la Faculté de Philosophie et Lettres de Louvain à l'initiative de Jean Schumacher. Les possibilités de cette dernière réalisation sont multiples ; non seulement elle permet une lecture de l'oeuvre avec le texte latin et la traduction française en regard, mais elle donne également accès à un riche ensemble d'outils lexicographiques et statistiques très performants.


Plan

Cheval et Grecs dans Troie [2, 1-267]

  • Récit d'Énée. Offrande surprenante à Pallas (2, 1-56)
  • Le traître Sinon explique sa présence à Troie (2, 57-144)
  • Les Troyens abusés par Sinon et par la mort de Laocoon (2, 145-227)
  • Les ennemis dans la ville (2, 228-267)

Énée entre en scène [2, 268-437]

  • Conseil d'Hector à Énée : fuir avec les Pénates de Troie (2, 268-297)
  • Énée choisit de résister jusqu'à la mort et entraîne ses compagnons (2, 298-369)
  • Ultime et vaine résistance des Troyens (2, 361-437)

Au palais de Priam [2, 438-558]

  • Énée assiste à la destuction du palais par Pyrrhus (2, 438-505)
  • La mort de Priam (2, 506-558)

Énée quitte Troie [2, 559-804]

  • Vénus persuade Énée de quitter Troie (2, 559-631)
  • Anchise consent à fuir avec Énée (2, 634-704)
  • Un départ retardé par Créuse (2, 705-804)

Résumé 

Cheval et Grecs dans Troie [2, 1-267]

 Récit d'Énée.  Surprenante offrande à Pallas  [2, 1-56]

À la demande de Didon, Énée accepte de raconter les derniers moments de Troie, malgré l'heure avancée et la douleur que provoque en lui cette évocation. Il raconte donc que, pour simuler leur départ, les Grecs vont se cacher dans l'île voisine de Ténédos, en laissant sur le rivage un énorme cheval de bois, soi-disant pour faire une offrande à Pallas, mais en fait c'est un piège de guerre (2, 1-24).

Les Troyens, heureux du départ de leurs assaillants, examinent le cheval avec curiosité, partagés entre confiance et défiance, tandis que le prêtre Laocoon les met en garde (2, 25-56).

Le traître Sinon explique sa présence à Troie [2, 57-144]

À ce moment, des bergers amènent au roi Priam un jeune Grec qui s'est livré à eux ; hostiles a priori mais intrigués, les Troyens interrogent le captif, qui d'emblée réussit à les apitoyer. C'est Sinon (2, 57-73).

Le prisonnier explique qu'il fut contraint de fuir le camp grec, où il était tombé en disgrâce après la mort de Palamède, son compagnon d'armes, victime d'une injustice d'Ulysse. Comme il avait juré de venger son camarade, Sinon était à son tour devenu la cible d'Ulysse, qui cherchait à le perdre par tous les moyens (2, 74-104).

Sinon poursuit son récit devant les Troyens de plus en plus intéressés. Selon lui, les Grecs qui désiraient rentrer chez eux auraient été informés par un oracle d'Apollon qu'ils n'obtiendraient des vents favorables qu'en sacrifiant un Argien ; pressé par Ulysse, Calchas avait fini par le désigner, lui Sinon, comme victime (2, 105-131).

Il s'était enfui le jour prévu pour le sacrifice et s'était caché en attendant le départ des Grecs. Aujourd'hui, privé de sa patrie et de ses proches, il en était réduit à implorer la pitié des Troyens (2, 132-144).

Les Troyens abusés par Sinon et par la mort de Laocoon [2, 145-227]

Avec un art consommé de la duplicité, Sinon explique la signification du cheval aux Troyens et à Priam, qu'il réussit même à apitoyer. Il leur donne l'impression de les aider, en leur révélant les secrets des Grecs (2, 145-161).

Selon lui, Pallas-Athéna, protectrice immémoriale des Grecs, avait été offensée par l'impiété de Diomède et d'Ulysse, qui avaient dérobé de son sanctuaire troyen le Palladium ; la déesse avait manifesté son mécontentement par des prodiges (2, 162-175).

Sur les conseils de Calchas, poursuit Sinon, les Grecs sont retournés à Mycènes pour en ramener des armes et le Palladium, condition exigée par la déesse pour anéantir Troie , tout en bénéficiant à nouveau de la faveur divine. Le cheval laissé sur le rivage est une offrande à Minerve (Pallas), pour expier leur sacrilège. Les proportions gigantesques du cheval doivent en principe empêcher les Troyens de l'introduire dans leurs murs (en réalité, elles ont pour but de les y pousser, puisque un oracle aurait annoncé un désastre pour les Troyens s'ils profanaient la statue, mais une guerre victorieuse en Grèce même, s'ils l'introduisaient dans la ville). Ce récit plein d'astuce emporte la conviction de ses interlocuteurs (2, 176-198).

À cela vient s'ajouter la mort tragique du Troyen Laocoon et de ses fils, étranglés par deux serpents sortis de la mer, fait immédiatement interprété comme une manifestation de la colère divine. Laocoon avait en effet manifesté son opposition au projet troyen d'introduire le cheval dans la ville (2, 199-227).

Les ennemis dans la ville [2, 228-266]

Les explications de Sinon et la mort de Laocoon finissent par persuader les Troyens, qui vont jusqu'à percer leurs murailles pour introduire le cheval qu'ils hissent jusqu'au centre de la cité, au milieu des hymnes sacrés, dans l'inconscience et la liesse générales, en dépit de signes suspects et des avertissements de Cassandre (2, 228-249).

La nuit suivante, quand les Troyens sont endormis, la flotte grecque est revenue de Ténédos. Au signal lumineux lancé par le navire de commandement, Sinon ouvre les flancs du cheval d'où se laissent glisser de nombreux guerriers, dont Ulysse. Ces hommes se répandent dans la ville endormie, tuent les gardes et ouvrent les portes à leurs compagnons (2, 250-267).

 

Énée entre en scène [2, 268-437]

Conseil d'Hector à Énée : fuir avec les Pénates de Troie [2, 268-297]

Au cours de la nuit, Énée voit en songe le fantôme d'Hector, qui se présente sous l'aspect du guerrier vaincu et qui porte les marques affreuses de ses combats devant Troie; Énée l'interroge avec un certain espoir mais sans se défaire de sa tristesse et de son découragement (2, 268-286).

Hector affirme que Troie est perdue irrévocablement; il conseille à Énée de fuir avec les objets sacrés et les Pénates de la ville, pour les établir, après un long périple sur mer, dans une ville nouvelle (2, 287-297).

Énée choisit de résister jusqu'à la mort et entraîne ses compagnons [2, 298-360]

Énée, qui voit tout en flammes près de sa demeure, aspire à combattre, contre toute raison, pour connaître une noble mort (2, 298-317).

Panthus, le prêtre d'Apollon, qui arrive avec des objets sacrés près de la demeure d'Anchise, informe Énée de l'étendue du désastre et de la lutte désespérée des Troyens contre leurs envahisseurs (2, 319-335).

Énée alors, animé de fureur guerrière et poussé par la volonté divine, décide de se rendre sur le théâtre des opérations. De nombreux compagnons le rejoignent, dont Corèbe, amoureux de Cassandre (2, 336-345).

Énée encourage ses compagnons à lutter avec lui jusqu'à la mort et les mène au combat (2, 346-360).

Ultime et vaine résistance des Troyens [2, 361-437]

Quelques vers introduisent le récit des derniers combats de Troie, au cours desquels les deux camps payent leur tribut à la mort (2, 361-369).

Le Grec Androgée, qui prend les compagnons d'Énée pour des Grecs, se fait abattre avec ses hommes, ce qui rend momentanément aux Troyens l'espoir d'un retour de la Fortune. À l'initiative de Corèbe, les Troyens revêtent les armes de leurs victimes, et ainsi déguisés, livrent maints combats, semant la mort et la panique dans les rangs grecs (2, 370-401).

Mais Corèbe, ne supportant pas de voir Cassandre captive, attaque les ravisseurs de la jeune femme. Ses compagnons et lui deviennent une cible tant pour d'autres Troyens que pour les Grecs qui, finissant par comprendre leur méprise, se regroupent et réagissent, provoquant la mort de plusieurs Troyens, pourtant particulièrement fidèles et pieux (2, 402-430).

Énée comprend son impuissance face aux destins, et, avec deux compagnons, se dirige vers le palais de Priam (2, 431-438).

 

Au palais de Priam [2, 438-558]  

Énée assiste à la destuction du palais par Pyrrhus [2, 438-505]

Découvrant le palais du roi rempli d'ennemis, Énée s'exalte à la pensée de porter secours aux siens, qui résistent avec âpreté (2, 438-452).

Sa connaissance des lieux lui permet d'accéder, par une porte réservée jadis aux proches de Priam, au toit du palais, surplombé par une haute tour. Les Troyens détruisent la tour qui s'écrase sur les assaillants ; ceux-ci sont aussitôt remplacés par d'autres, accablés à leur tour par une pluie de projectiles (2, 453-468).

Jeune et brillant, Pyrrhus apparaît alors, suivi de quelques compagnons ; il saccage l'entrée et, par la large brèche ainsi creusée, on découvre l'intérieur du palais, en proie à la désolation, retentissant des gémissements et des cris des femmes (2, 469-490).

En digne fils d'Achille, Pyrrhus entre de force dans la demeure royale et massacre ceux qu'il rencontre. Au fil de son récit, Énée se souvient d'avoir vu les vainqueurs (Pyrrhus et les Atrides) et les vaincus (Priam, Hécube et ses brus), et le palais totalement occupé, incendié et mis à sac (2, 491-505).

La mort de Priam [2, 506-558]

Devant le désastre, Priam, malgré son grand âge, prend les armes et veut se porter contre les ennemis, prêt à mourir. Mais Hécube le contraint à s'installer avec elle et ses filles dans le lieu sacré, comme suppliants (2, 506-525).

Lorsque Priam voit sous ses yeux son fils Politès périr de la main de Pyrrhus, il reproche à ce dernier de montrer moins de générosité que son père Achille à l'égard des suppliants et tente de lui décocher un trait. Alors Pyrrhus impitoyable enlève la vie à Priam d'un coup de lance (2, 526-558).

 

Énée quitte Troie [559-804]  

Vénus persuade Énée de quitter Troie [2, 559-633]

Énée, ayant vu le cadavre de Priam et constaté que ses compagnons de lutte renoncent à vivre, se met à penser à ses proches. C'est alors qu'il croit apercevoir Hélène, qui se cachait près du temple de Vesta et redoutait à la fois les Grecs et les Troyens. La pensée qu'Hélène pourrait être sauvée suscite chez Énée un grand désir de vengeance (2, 559-587).

Mais soudain Vénus apparaît et apaise la colère de son fils. Elle lui rappelle son devoir envers elle et ses proches, et lui démontre que les responsables de la ruine de Troie ne sont ni Hélène, ni Pâris, mais bien la volonté conjuguée de plusieurs dieux (Neptune, Junon, Pallas, Jupiter). Avant de disparaître, elle lui conseille de fuir, en l'assurant de son soutien jusqu'à son installation au pays de ses pères (2, 588-621).

Énée, mis devant l'évidence par la vision des dieux en action et par le spectacle du désastre, s'enfuit du terrain des combats, grâce à une intervention divine (2, 622-633).

Anchise consent à fuir avec Énée [2, 634-704]

Énée, décidé à fuir avec les siens, cherche d'abord son père Anchise qui refuse de l'accompagner, prétextant sa vieillesse, sa faiblesse, et surtout la malédiction divine dont il est l'objet (2, 634-650).

En dépit des pleurs et de l'insistance d'Énée, Anchise reste inflexible ; Énée refuse de partir sans lui et veut reprendre le combat, résolu à lutter jusqu'à la mort (2, 651-672).

Créuse cherchait à le retenir, quand un prodige sous forme d'une flamme se manifesta sur la tête de Iule. Ce signe est interprété comme positif par Anchise, qui demande à Jupiter une confirmation. Aussitôt une étoile brillante parcourt le ciel, indiquant la direction de l'Ida. Anchise qui voit dans ce prodige une réponse décisive, se montre dès lors très pressé de partir avec Énée (2, 673-704).

Un départ retardé par Créuse [2, 705-804]

Énée organise les modalités du départ : il se chargera lui-même d'Anchise et de Iule ; Créuse marchera derrière eux ; le point de ralliement des fugitifs sera le temple de Cérès. Ensuite, une fois confiés à Anchise les objets sacrés et les Pénates de Troie, tous se mettent en route comme prévu, dans l'obscurité et dans la peur (2, 705-729).

En cours de route, le groupe croit entendre un bruit de pas, qu'Anchise interprète comme étant celui d'ennemis lancés à leur poursuite. Troublé, Énée poursuit sa fuite par des chemins inconnus ; au point de ralliement, il s'aperçoit de la disparition inexpliquée de Créuse (2, 730-744).

Malgré les risques, il part à la recherche de sa femme. Faisant le trajet en sens inverse, il se retrouve à Troie ; ce qui l'amène à décrire la progression du désastre, en particulier dans sa demeure en proie à un incendie ; il revoit le palais et la citadelle et le temple de Junon, où les occupants ont rassemblé le butin et les captives (2, 745-770).

Créuse lui apparaît enfin, lui rappelle la volonté des destins et lui assure qu'il atteindra l'Italie, après bien des épreuves ; elle se dit heureuse d'échapper à la servitude, pour suivre désormais la mère des dieux, puis elle disparaît. Énée rejoint ses compagnons, dont le nombre s'est multiplié durant son absence, et à la tête de la troupe, il quitte la ville dès le lever du jour, pour gagner les montagnes (2, 771-804).


Énéide - Page précédente - Page suivante

Bibliotheca Classica Selecta - UCL (FIAL)