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Suétone(généralités)

Vie de Domitien (généralités)- (latin) - (traduction)


  Suétone, Domitien, 14

 XIV. Ses pressentiments sur sa fin. Ses soupçons

(1) Devenu odieux et redoutable à tout le monde, il périt enfin victime des complots de ses amis, de ses affranchis intimes et de sa femme.

(2) Il avait depuis longtemps des pressentiments sur l'année et le jour qui devait terminer sa vie; il soupçonnait même l'heure et le genre de sa mort.

(3) Dès son adolescence, tout lui avait été prédit par les Chaldéens. Son père, le voyant s'abstenir de champignons dans ses repas, se moqua de lui en public, et lui dit que c'était plutôt le fer qu'il devait craindre, s'il savait sa destinée.

(4) Toujours inquiet et tremblant, il s'épouvantait aux moindres soupçons,

(5) et l'on croit qu'il n'eut pas d'autre raison pour laisser sans effet son édit sur les vignes, qu'un billet qu'en fit courir, et où se trouvaient ces vers:

"Vouloir m'anéantir, c'est travailler en vain.
Lorsque par ton trépas respirera le monde,
Pour inonder ton corps, de ma tige féconde
Ruisselleront toujours assez de flots de vin".

 

(6) Des craintes semblables lui firent refuser un honneur extraordinaire que lui avait décerné le sénat, quoiqu'il fût très avide de pareils hommages: c'était que, toutes les fois qu'il serait consul, des chevaliers romains, tirés au sort, marcheraient devant lui en grand costume et avec la lance militaire, entre les licteurs et les appariteurs.

(7) À mesure que le péril approchait, tous les jours plus troublé, il fit garnir de pierres, appelées "phengites", les parois des portiques où il avait coutume de se promener, parce que leur surface polie réfléchissant les objets, il voyait tout ce qui se passait derrière lui.

(8) Il n'entendait la plupart des prisonniers que seul et en secret, et tenant leurs chaînes dans ses mains.

(9) Pour persuader aux gens de son service qu'il ne fallait pas, même dans une bonne intention, attenter aux jours de son maître, il condamna à la peine capitale Épaphrodite, un de ses secrétaires, parce qu'il passait pour avoir aidé Néron à se donner la mort, lorsqu'il fut abandonné de tout le monde.

(1) Per haec terribilis cunctis et inuisus, tandem oppressus est amicorum libertorumque intimorum conspiratione, simul et uxoris.

(2) Annum diemque ultimum uitae iam pridem suspectum habebat, horam etiam, nec non et genus mortis.

(3) Adulescentulo Chaldaei cuncta praedixerant; pater quoque super cenam quondam fungis abstinentem palam irriserat ut ignarum sortis suae, quod non ferrum potius timeret.

(4) Quare pauidus semper atque anxius, minimis etiam suspicionibus praeter modum commouebatur;

(5) ut edicti de excidendis uineis propositi gratiam faceret, non alia magis re compulsus creditur, quam quod sparsi libelli cum his uersibus erant:

Kan me phages epi rhizan, homos eti karpophoreso
Hosson epispeisai soi, kapre, thyomenoi.

(6) Eadem formidine oblatum a senatum nouum et excogitatum honorem, quamquam omnium talium appetentissimus, recusauit, quo decretum erat ut, quotiens gereret consulatum, equites R. quibus sors obtigisset, trabeati et cum hastis militaribus praecederent eum inter lictores apparitoresque.

(7) Tempore uero suspecti periculi appropinquante sollicitior in dies porticuum, in quibus spatiari consuerat, parietes phengite lapide distinxit, e cuius splendore per imagines quidquid a tergo fieret prouideret.

(8) Nec nisi secreto atque solus plerasque custodias, receptis quidem in manum catenis, audiebat.

(9) Vtque domesticis persuaderet, ne bono quidem exemplo audendam esse patroni necem, Epaphroditum a libellis capitali poena condemnauit, quod post destitutionem Nero in adipiscenda morte manu eius adiutus existimabatur.


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[14 mars2001]

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