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Suétone (généralités)

Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)


  Suétone, Jules César, 10

 X. Son édilité. Ses munificences

(1) Édile, César ne se borna pas à orner le comitium, le forum, et les basiliques; il orna aussi le Capitole, et y fit élever, pour le temps d'une exposition, des portiques provisoires où il étala aux yeux du peuple une partie des nombreuses collections d'oeuvres d'art qu'il avait rassemblées.

(2) Il donna des chasses et des jeux, tantôt avec son collègue et tantôt en son propre nom; ce qui fit que la popularité ne s'attacha qu'à lui pour des dépenses faites en commun. Aussi son collègue, Marcus Bibulus, disait-il, en se comparant à Pollux, "que comme on avait coutume d'appeler du seul nom de Castor le temple érigé dans le forum aux deux frères, on appelait magnificence de César les prodigalités de César et de Bibulus."

(3) César joignit à ces prodigalités un combat de gladiateurs; mais il y en eut quelques couples de moins qu'il ne le voulait; car il en avait fait venir de toutes parts une si grande multitude que ses ennemis en furent effrayés et qu'on prit la précaution de fixer le nombre maximum de gladiateurs qu'il était permis de posséder à Rome

(1) Aedilis praeter comitium ac forum basilicasque etiam Capitolium ornauit porticibus ad tempus extructis, in quibus abundante rerum copia pars apparatus exponeretur.

(2) Venationes autem ludosque et cum collega et separatim edidit, quo factum est, ut communium quoque inpensarum solus gratiam caperet nec dissimularet collega eius Marcus Bibulus, euenisse sibi quod Polluci: ut enim geminis fratribus aedes in foro constituta tantum Castoris uocaretur, ita suam Caesarisque munificentiam unius Caesaris dici.

(3) Adiecit insuper Caesar etiam gladiatorium munus, sed aliquanto paucioribus quam destinauerat paribus; nam cum multiplici undique familia conparata inimicos exterruisset, cautum est de numero gladiatorum, quo ne maiorem cuiquam habere Romae liceret.


Commentaire

Comitium : espace situé au N.-O. du forum, ancien centre de la vie politique de Rome. Le comitium a été fortement transformé à l'époque de César et d'Auguste.

Basiliques : bâtiments quadrangulaires de grandes dimensions pouvant abriter diverses actvités, officielles et privées. Les basiliques d'époque républicaine du Forum ont disparu, sauf la Basilica Aemilia, fondée en 179 mais restaurée plusieurs fois à l'époque impériale.

Chasses : divertissement offert au peuple faisant appel à des bêtes sauvages importées principalement d'Afrique. La première chasse organisée à Rome en 186 a été organisée pour célébrer la victoire de M. Fulvius Nobilior sur les Étoliens (peuple de la Grèce centrale). « C'était la première fois qu'on voyait à Rome… une chasse où des lions étaient opposés à des panthères » (Tite-Live, 39, 22, 2 - trad. A. Flobert).

Marcus Bibulus : il a déjà été question de ce personnage au chapitre précédent où il est cité comme collègue de César au consulat. Il est curieux de noter que Bibulus a mené une carrière politique strictement parallèle à celle de César : tous deux édiles en 65, comme on le voit ici, ils seront préteurs en 62 et consuls en 59.

Castor et Pollux : les Dioscures (litt. Fils de Zeus), fils de Zeus et de Léda. Venus au secours des Romains à la bataille du lac Régille (499 : bataille qui oppose les Romains à leurs voisins latins alliés à Tarquin le Superbe), Castor et Pollux sont l'objet d'un culte à Rome depuis cette époque. On leur érige un temple au Forum, remanié à plusieurs reprises, dont il ne reste aujourd'hui que le podium et trois colonnes corinthiennes. Les Romains appelaient volontiers cet édifice le temple de Castor, ou des Castores, oubliant Pollux.

Prodigalités : les édiles, on l'a vu ci-dessus, devaient organiser certains jeux pour lesquels ils disposaient évidemment d'un budget alloué par la cité. Pour gagner la faveur du peuple et assurer leur élection à des magistratures plus élevées (préture, puis consulat), les édiles puisaient dans leur cassette personnelle afin de donner à ces jeux un plus grand éclat.

Gladiateurs : d'origine étrusque, les combats de gladiateurs sont introduits à Rome en 264. En Étrurie et à Rome jusqu'à l'époque de César, ces combats sont organisés à l'occasion de funérailles : dans le cas présent, César aurait voulu célébrer la mort de son père, mort, il est vrai, une vingtaine d'années plus tôt.

Précaution : Suétone fait probablement allusion ici à un édit du consul ou du préteur urbain, fondé sur un senatus-consulte. On n'a pas de trace, à cette époque, d'une loi - au sens strict - limitant le nombre de gladiateurs.

 


[12 juillet 2004]