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Suétone(généralités)
Vie de Titus (généralités)- (latin) - (traduction)
VIII. Sa bonté. Sa déférence pour le peuple. Son règne est troublé par de grandes calamités, qui sont pour lui l'occasion de nouveaux bienfaits. Ses règlements sévères contre les délateurs
(1) D'un caractère
très bienveillant, il dérogea à la coutume
de ses prédécesseurs, qui, suivant les principes
de Tibère, regardaient tous les dons faits avant eux
comme nuls, s'ils ne les avaient eux-mêmes
conservés aux mêmes possesseurs. Il les ratifia
tous par un seul édit, et repoussa toute sollicitation
individuelle. (2) À l'égard des autres
grâces qu'on lui demandait, il avait pour maxime
constante de ne renvoyer personne sans espérance. Je
dirai plus: quand les gens de sa maison lui remontraient qu'il
promettait plus qu'il ne pouvait tenir, il répondait que
personne ne devait se retirer mécontent de l'entretien
du prince. Un soir, après son souper, s'étant
souvenu qu'il n'avait accordé aucune grâce pendant
le cours de la journée, il prononça ce mot si
mémorable et si digne d'éloge: "Mes amis, j'ai
perdu (3) En toute
occasion, il traitait le peuple avec tant de bonté
qu'ayant annoncé un spectacle de gladiateurs, il
déclara qu'il le donnerait au gré des assistants,
et non au sien. (4) En effet, non seulement il ne refusa rien
de ce que les spectateurs voulurent, mais il les exhortait
même à manifester leurs voeux. (5) Il affectait
une préférence pour les gladiateurs thraces, et
souvent, en plaisantant avec le peuple, il les applaudissait de
la voix et du geste, toutefois sans compromettre ni sa
dignité ni la justice. (6) Pour paraître encore
plus populaire, il admit quelquefois le public dans les thermes
où il se baignait. (7) Son règne fut
attristé par quelques désastres, tels qu'une
éruption de Vésuve dans la Campanie, un incendie
dans Rome qui dura trois jours et trois nuits, et une peste
comme on n'en avait jamais vu. (8) Dans ces déplorables
circonstances, il ne se borna pas à montrer la
sollicitude d'un prince, il déploya toute la tendresse
d'un père, consolant tour à tour les peuples par
ses édits, et les secourant par ses bienfaits. (9) Il
tira au sort, parmi les consulaires, des curateurs
chargés de soulager les maux de la Campanie. Il employa
à la reconstruction des villes ruinées les biens
de ceux qui avaient péri dans l'éruption du
Vésuve, sans laisser d'héritiers. (10)
Après l'incendie de Rome, il déclara qu'il
prenait sur lui toutes les pertes publiques, et consacra les
ornements de ses palais à rebâtir et à
décorer les temples. Pour accélérer les
travaux, il en chargea un grand nombre de chevaliers. (11) Il
prodigua aux malades tous les secours divins et humains,
recourant à tous les genres de remèdes et de
sacrifices pour les guérir ou adoucir leurs maux. (12)
Parmi les fléaux de l'époque, on comptait les
délateurs et les suborneurs, reste impur de l'ancienne
anarchie. (13) Il ordonna qu'ils fussent fouettés et
fustigés au milieu du Forum, et qu'après leur
avoir fait traverser l'amphithéâtre, les uns
fussent exposés et vendus comme esclaves, et les autres
transportés dans les îles les plus sauvages. (14)
Afin d'arrêter à jamais ceux qui oseraient les
imiter, il défendit, entre autres règlements, de
poursuivre le même fait en vertu de plusieurs lois, et
d'inquiéter la mémoire des morts au-delà
d'un certain nombre d'années. (1) Natura autem beniuolentissimus,
cum ex instituto Tiberi omnes dehinc Caesares beneficia a
superioribus concessa principibus aliter rara non haberet, quam si
eadem iisdem et ipsi dedissent, primus praeterita omnia uno
confirmauit edicto, nec a se peti passus est. (2) In certis uero
desideriis hominum obstinatissime tenuit, ne quem sine spe
dimitteret; quin et admonentibus domesticis, quasi plura
polliceretur quam praestere posset, non oportere ait quemquam a
semone principis tristem discedere; atque etiam recordatus quondam
super cenam, quod nihil cuiquam toto die praestitisset,
memorabilem illam meritoque laudatam uocem edidit: "Amici, diem
perdidi." (3) Populum in primis uniuersum tanta per omnes
occasiones comitate tractauit, ut proposito gladiatorio munere,
non ad suum, sed ad spectantium arbitrium editurum se professus
sit; et plane ita fecit. (4) Nam neque negauit quicquam petentibus
et ut quae uellent peterent ultro adhortatus est. (5) Quin et
studium armaturae Thraecum prae se ferens, saepe cum populo et
uoce et gestu ut fautor cauillatus est, uerum maiestate salua nec
minus aequitate. (6) Ne quid popularitatis praetermitteret,
nonnumquam in thermis suis admissa plebe lauit. (7) Quaedam sub eo
fortuita ac tristia acciderunt, ut conflagratio Veseui montis in
Campania, et incendium Romae per triduum totidemque noctes, item
pestilentia quanta non temere alias. (8) In iis tot aduersis ac
talibus non modo principis sollicitudinem sed et parentis affectum
unicum praestitit, nunc consolando per edicta, nunc opitulando
quatenus suppeteret facultas. (9) Curatores restituendae Campaniae
consularium numero sorte duxit; bona oppressorum in Veseuo, quorum
heredes non exstabant, restitutioni afflictarum ciuitatum
attribuit. (10) Vrbis incendio nihil nisi sibi publice perisse
testatus, cuncta praetorium suorum ornamenta operibus ac templis
destinauit praeposuitque complures ex equestri ordine, quo quaeque
maturius paragerentur. (11) Medendae ualitudini leniendisque
morbis nullam diuinam humanamque opem non adhibuit, inquisito omni
sacrificiorum remediorumque genere. (12) Inter aduersa temporum et
delatores mandatoresque erant ex licentia ueteri. (13) Hos assidue
in foro flagellis ac fustibus caesos ac nouissime traductos per
amphitheatri arenam, partim subici ac uenire imperauit, partim in
asperrima insularum auehi. (14) Vtque etiam similia quandoque
ausuros perpetuo coerceret, uetuit inter cetera de eadem re
pluribus legibus agi, quaeriue de cuiusquam defunctorum statu
ultra certos annos.
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[14 mars2001]