Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS

Suétone (généralités)

Vie de Tibère (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)


  Suétone, Tibère, 67

 LXVII. Il savait d'avance à quel avilissement il était réservé

(1) Enfin, à charge à lui-même, il fit en quelque sorte l'aveu de ses maux, en commençant ainsi l'une de ses lettres: "Que vous écrirai-je, pères conscrits? comment vous écrirai-je? ou, dans la situation actuelle, que ne vous écrirai-je pas? Si je le sais, que les dieux et les déesses me fassent périr encore plus cruellement que je ne me sens périr tous les jours".

(2) Quelques-uns croient que la faculté qu'il avait de prévoir l'avenir lui avait découvert quel serait son sort; qu'il savait longtemps auparavant à quelle infamie et à quelles horreurs il était destiné, et que c'est pour cette raison qu'à son avènement à l'empire, il avait si obstinément refusé le titre de Père de la patrie, et n'avait pas voulu qu'on jurât par ses actes, de peur que de si grands honneurs ne l'en fissent paraître bientôt encore plus indigne.

(3) C'est du moins ce qu'on peut conclure du discours qu'il tint sur ces deux objets. "Je serai toujours semblable à moi-même, disait-il, et je ne changerai point de conduite, tant que je jouirai de ma raison. Mais, pour l'exemple, le sénat ne doit point s'obliger aux actes de qui que ce soit, parce que les circonstances peuvent le faire changer".

(4) Il disait encore dans un autre endroit: "Si jamais vous doutiez de ma conduite et de mon dévouement (et puissé-je mourir avant ce malheur!) le titre de Père de la patrie n'ajoutera rien à mon honneur, et il vous exposera au reproche, ou de me l'avoir donné légèrement, ou d'avoir changé inconsidérément sur mon compte".

(1) Postremo semet ipse pertaesus, tali epistulae principio tantum non summam malorum suorum professus est: "Quid scribam uobis, p. c., aut quo modo scribam, aut quid omnino non scribam hoc tempore, dii me deaeque peius perdant quam cotidie perire sentio, si scio."

(2) Existimant quidam praescisse haec eum peritia futurorum ac multo ante, quanta se quandoque acerbitas et infamia maneret, prospexisse; ideoque, ut imperium inierit, et patris patriae appellationem et ne in acta sua iuraretur obstinatissime recusasse, ne mox maiore dedecore impar tantis honoribus inueniretur.

(3) Quod sane ex oratione eius, quam de utraque re habuit, colligi potest; uel cum ait: similem se semper sui futurum nec umquam mutaturum mores suos, quam diu sanae mentis fuisset; sed exempli causa cauendum esse, ne se senatus in acta cuiusquam obligaret, quia aliquo casu mutari posset. Et rursus: "Si quando autem," inquit, "de moribus meis deuotoque uobis animo dubitaueritis (quod prius quam eueniat, opto ut me supremus dies huic mutatae uestrae de me opinioni eripiat) nihil honoris adiciet mihi patria appellatio, uobis autem exprobrabit aut temeritatem delati mihi eius cognominis aut inconstantiam contrarii de me iudicii."


Commentaire

 


[28 février 2001]

Bibliotheca Classica Selecta - FUSL - UCL (FLTR)