FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 14 - juillet-décembre 2007


 


 

Arrêt au point d’eau
(Musée archéologique d’Arlon)

Villas et campagnes en Gallia Belgica.

Recueil de textes - V. Varia

 

par

 

Paul Fontaine

 


 

Au détour d’un buisson
(Fresque de la Maison de Livie à Prima Porta)

Table des matières - I - II - III - IV - V


Plan

54. Virgile, Géorgiques, II, 412-413

55. Palladius, De l'agriculture, I, 6, 6

56. Palladius, De l'agriculture, I, 6, 3

57. Caton, De l'agriculture, 5, 7

58. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XVIII, 31

59. Columelle, De l'agriculture, I, i, 4-5

60. Martial, Épigrammes, XII, 57, 1-28

 


 

 

54. Conseil

    (Virgile, Géorgiques, II, 412 - 413)

 

.........Laudato ingentia rura.

Exiguum colito.

 

Fais l’éloge des vastes domaines, cultives-en un petit !


55. Sans commentaire

    (Palladius, De l'agriculture, I, 6, 6 ; texte établi par R.H. Rodgers, Leipzig, Teubner, 1975 et trad. nouvelle d’après M. Nisard, Paris, 1856)

 

Tria mala aeque nocent : sterilitas, morbus, uicinus.

 

Trois maux empoisonnent également l’existence : la stérilité, la maladie, le voisin.


56. Sentence

    (Palladius, De l'agriculture, I, 6, 3 ; texte établi par R.H. Rodgers, Leipzig, Teubner, 1975 et trad. nouvelle d’après M. Nisard, Paris, 1856)

 

In rebus agrestibus maxime officia iuuenum congruunt, imperia seniorum.

 

En matière d’agriculture, l’exécution aux jeunes, la direction aux vieux.


57. On ne le répétera jamais assez.

    (Caton, De l'agriculture, 5, 7; texte établi et  traduit par R. Goujard, Paris, 1975)

 

Opera omnia mature conficias face. Nam res rustica sic est, si unam rem sero feceris, omnia opera sero facies.

 

Fais en sorte que tous les travaux soient achevés en leur temps. Car ainsi va la vie rurale : si tu es en retard pour une seule chose, tu seras en retard pour tous tes travaux.


58. À méditer

    (Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XVIII, 31)

 

Eum qui bene habitet saepius uentitare in agrum, frontemque domini plus prodesse quam occipitium non mentiuntur.

 

On ne ment pas quand on dit que celui qui est bien logé vient plus souvent sur sa terre, et que le front du maître est plus utile que son occiput.


59. Changements climatiques ?

    (Columelle, De l'agriculture, I, i, 4-5 ; texte établi par H.B. Ash, Londres-Cambridge, 1941 et trad. nouvelle à partir de L. Du Bois, Paris, 1844 et M. Nisard, Paris, 1856)

 

[4] Multos enim iam memorabiles auctores comperi persuasum habere longo aeui situ qualitatem caeli statumque mutari, eorumque consultissimum astrologiae professorem Hipparchum prodidisse tempus fore quo cardines mundi loco mouerentur, idque etiam non spernendus auctor rei rusticae Saserna uidetur adcredidisse. [5] Nam eo libro, quem de agri cultura scriptum reliquit, mutatum caeli situm sic colligit, quod quae regiones antea propter hiemis adsiduam uiolentiam nullam stirpem uitis aut oleae depositam custodire potuerint, nunc mitigato iam et intepescente pristino frigore largissimis oliuitatibus Liberique uindemiis exuberent. Sed haec siue falsa seu uera ratio est, litteris astrologiae concedatur.

 

[4] J'ai trouvé que de nombreux auteurs aujourd’hui dignes de mémoire étaient persuadés qu’à la longue, par l’usure du temps, le climat et l’état du ciel changeaient et que, parmi ces auteurs, le maître d’astrologie le plus écouté, Hipparque, avait annoncé qu'il viendrait une époque où les pôles du monde se déplaceraient. Cette opinion paraît même avoir été accréditée par Saserna1, estimable auteur d'une Économie rurale. [5] En effet, dans ce livre qu'il a laissé sur l'agriculture, il conclut que la situation du ciel s’est modifiée du fait que les contrées qui jadis ne pouvaient, à cause de la longue rigueur de l'hiver, conserver un seul des pieds de vigne ou d'olivier qu'on leur avait confiés, produisaient maintenant, grâce à l'adoucissement et à l'attiédissement des anciens froids, des récoltes d'olives et des vendanges de Bacchus en surabondance. Mais, vraie ou fausse, cette théorie est à traiter dans les ouvrages d’astrologie.

 

1 À propos de cet auteur, voir supra texte 18, note 1.


60. Le mot de la fin

    (Martial, Épigrammes, XII, 57, 1-28, partim ; texte établi et traduit par H.J. Izaac, Paris, 1933)

 

Cur saepe sicci parua rura Nomenti

Laremque uillae sordidum petam, quaeris ?

Nec cogitandi, Sparse, nec quiescendi

In urbe locus est pauperi. Negant uitam

Ludi magistri mane, nocte pistores,                      5

Aerariorum marculi die toto ; (...)

Nos transeuntis risus excitat turbae,                    26

Et ad cubilest Roma. Taedio fessis

Dormire quotiens libuit, imus ad uillam.

 

Pourquoi ai-je l’habitude de gagner les humbles champs de mon aride Nomentum1 et le foyer rustique de ma villa ? Tu veux le savoir ? C’est que, Sparsus, la méditation et le repos sont à Rome également interdits à qui n’est pas riche. Le droit de vivre [5] vous est refusé le matin par les maîtres d’école, la nuit par les boulangers, toute la journée par les petits marteaux des chaudronniers. (....) [26] Moi, les rires de la foule qui passe m’éveillent et j’ai Rome à mon chevet. Accablé de dégoût, toutes les fois que j’ai envie de dormir, je vais à ma villa.

 

1 Localité à une vingtaine de km au nord-est de Rome.

 

Table des matières - I - II - III - IV - V


FEC - Folia Electronica Classica  (Louvain-la-Neuve) - Numéro 14 - juillet-décembre 2007

<folia_electronica@fltr.ucl.ac.be>